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tion, ou l'infufion de la juftice inherente, fous le don de la juftification dans le huitiéme chapitre de cette Epître au 29. verset où il dit, ceux qu'il a predeftinez, il les a auffi appellez; & ceux qu'il a appellez, il les a auffi justifiez; & ceux qu'il a juftifiez, il les a glorifiez. L'Apôtre dans ces paroles fait la chaine du falut, c'est à dire, qu'il fait l'énumeration de toutes les graces par lefquelles Dieu nous conduit à la gloire. Mais entre les graces il oublie celle de la fanctification, car il ne met rien entre juftifiez & glorifiez. Or il n'y a point d'apparence que l'Apôtre eût negligé une grace fi effentielle que celle de la fanctification, & de laquelle il dit ailleurs, que fans elle nul ne verra le Seigneur. C'est pourquoi nous ne pouvons pas douter que fous le terme de juftifier, il ne comprenne l'infufion de la juftice inherente; & Beze qui étoit grand défenfeur du fens du barreau, eft pourtant demeuré d'accord de cette verité, qu'ici le terme de juftifier comprend le don de la juftice evangelique dans toute fon étendue. Il eft encore tresremarquable que l'Apôtre attribuë la juftification au S. Efprit: c'eft dans ce paffage de l'Epître à Tite que nous avons déja cité; où nous lifons ces paroles: Par le lavement de la regeneration par le don du Saint Efprit, lequel il a épandu abondamment en nous par Jefus Chr.nôtre Sauveur,afin qu'étant juftifez par la grace d'icelui nous foyons heritiers

que

Il dit que nous avons reçu le Saint Efprit afin que nous foyens justifiez; C'est donc au S.Efprit qu'il attribue la juftification. Or fi nous prenons le terme de juftification, in fenfu forenfi, ce n'eft point le Saint Efprit qui nous juftifie, car la juftification en ce fens eft un acte de Dieu le Pere, par lequel il nous relâche la peine de nos pechez en nous imputant la fatisfaction de fon Fils. De forte qu'il faut neceffairement que le terme de juftifier fe prenne ici pour la communication de la juftice evangelique dans toute fon étendue, & en ce fens il eft certain le Saint Efprit nous juftifie, parce que c'est lui qui nous communique la juftice. On ne me doit pas objecter que dans cette difpute l'Apôtre S. Paul oppofe le mot de juftifier à celui de condamner: Qui eft-ce qui intentera accufation contre les élus de Dieu? Dieu est celui qui juftifie, qui fera celui qui condamner a? Car même dans ce paffage & dans les autres femblables, s'il y en a, le mot de juftifier fe prend tres-commodement pour la communication de toute la juftice evangelique. Qui eft-ce qui intentera accufation contre les Elûs de Dieu; puifque Dieu eft celui qui juftifie les fideles, c'eft à dire, qui les rend juftes & faints, & par voye d'imputation, & par voye de fanctification. Il est même neceffaire qu'ici la juftification fignifie l'un & l'autre, afin que le raifonnement de l'Apôtre demeure abfolument en fon entier.

Car

Car fi Dieu en juftifiant les fideles leur pardonnoit fimplement leurs pechez, & ne les fantifioit pas, il y auroit encore lieu d'intenter accufation contr'eux, & le Demon pourroit dire qu'ils ne feroient pas juftes devant Dieu, puifqu'ils ne feroient pas juftes en eux-mêmes. Au lieu que fi l'homme par le benefice de la juftification eft delivré du peché à tous égards, & pour la foüillure, il eft clair qu'on peut dire d'un ton ferme, qui eft-ce qui intentera accufation contre les Elûs, Dieu eft celui qui juftifie. On me dira peutêtre encore, que hors de cette difpute, le mot de juftifier fe prend plus ordinairement in fenfu forenfi, pour l'abfolution & la remiffion des pechez. J'en tombe d'accord, & je dis que ce n'eft pas fans raifon que l'Apôtre, pour nous exprimer l'action qui nous communique la juftice evangelique, s'eft fervi d'un terme qui fignifie ordinairement abfoudre & déclarer jufte. C'est pour nous fignifier que la principale partie de cette juftice evangelique confifte dans nôtre abfolution, comme l'a remarqué en quelques endroits Saint Auguftin: Que nôtre juftice confifte plus dans la remiffion de nos pechez que dans nos vertus. C'est une maxime du Bon fens auffi bien que de la Philofophie, que, res denominanda eft à potiori parte; ainfi, comme l'abfolution & la remiffion des offences eft dans l'affaire de nôtre falut ce qu'on appelle pars potior, il ne faut pas s'é

B

tonner que cette principale partie ait donné le nom au tout. Mais ce qui eft le principal & qui a caufé de cela donne le nom, ne doit pas exclurre la partie qui eft moins principale.

Au refte il ne faut point s'imaginer qu'en prenant le terme de juftifier en ce fens on favorife en façon du monde les fentimens des Jufticiaires, des Pélagiens, & de ceux qui veulent renouveller le Pélagianifme, ni qu'on faffe aucun tort aux veritez que nous foûtenons contre les Doctenrs de l'Eglife Romaine. Au contraire cela établit beaucoup mieux le falut abfolument gratuit, qui eft ce que nous avons intereft de foûtenir. Quand nous disons avec Saint. Paul, que nous fommes juftifiez par grace, non point par œuvre, mais que c'est un don de Dieu qui ne vient point de nous, nous entendons que nous recevons de Dieu gratuitement & le don de la remiffion des péchez, & celui de la fanctification. Et cette These ainfi expliquée combat bien plus fortement les fentimens des Docteurs de l'Eglife Romaine, car ils avoüent que la remiffion des péchez eft gratuite, & c'est une maxime de leurs Ecoles; Remiffio peccatorum non cadit fub meritum. Mais ils foûtiennent o la fantit que fication tombe fous le merite, & qu'un homme par fes premieres œuvres merite que Dieu lui donne augmentation de grace, pour en faire de nouvelles. C'eft ce qu'ils

Or

appellent juftification feconde. Ils appellent juftification premiere, la premiere infufion de juftice que Dieu fait dans un homme auparavant méchant, & ils avoüent que cette premiere juftification ne tombe point fous le merite. Ils appellent juftification feconde les progrés & les nouveaux degrez de fantification que la grace ajoûte de jour à autre, & ce font ces progrés de fantification lefquels on peut meriter, felon eux. fi nous donnons au terme de justifier la vertu de fignifier toute la juftice evangelique qui confifte dans la remiffion des péchez, & dans les degrez de la fantification, Saint Paul pofant expreffement que nous fommes juftifiez par grace, il eft clair que par ·là nous établiffons beaucoup mieux que tout ce que nous recevons de Dieu eft gratuit, & remiffion des pechez, & fantification. C'est affez du mot de juftifier, paffons à celui de FOY qui eft l'autre terme important, dans ce Texte & dans cette Epître.

La foi fe prend en divers fens dans l'Ecriture Sainte. Je laiffe à part tous ces fens, excepté ceux qui regardent nôtre fujet, c'eft à dire, que la foi dans la difpute de la juftification & dans les Ecrits de Saint Paul fe prend en deux fens. Dans le premier elle fignifie l'habitude & l'acte de la foi, dans le fecond elle fignifie l'objet de la foi, c'eft à dire, l'Evangile ou l'Alliance de grace. Dans le premier fens Saint

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