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AUX

PROFESSEURS

E T

DOCTEURS

EN.

THEOLOGI E.

O

N s'adreffe ici aux Maîtres de l'art, parce que les plus doctes font toû

jours les plus équitables juges. Homine imperito nihil eft iniquius. 7'espere que vos lumieres découvriront facilement l'innocence d'un ouvrage contre lequel des demi-fçavans fe font recriés. Ces fortes de gens font efclaves de certaines bypothefes dont ils canonifent les termes außi bien que les chofes. Mais pour les perfonnes fçavantes & équitables, il leur fuffit que dans le

fonds on retienne la faine doctrines &les apparences de nouveautés ne les effarouchent pas; pourvu que ces nouveautés ne donnent à l'Ecriture aucun fens violent, & qui ne foit conforme à l'analogie de la foi. De plus cet ouvrage n'est pas trop pour des Difciples, c'est une courte Analyfe de la plus longue & de la plus difficile des Epitres de S. Paul. Ceux qui ne poffedent pas cette Epître pour profiter de cet ouvrage, doivent avoir le texte fous les yeux & le fuivre de fort prés & fort exaElement, eny appliquant les obfervations de l'Auteur. On ne doute pas que les éclairciffemens qui font adjoutés à la fin de cette feconde édition, ne levent tous les injuftes Soupçons que la plus part des gens avoient conçu contre le livre fans l'avoir lû.

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L'OUVERTURE

DE

L'EPITRE

DE

SAINT PAUL

AUX

ROMA IN S.

Par l'explication du vingt feptiéme
verfet du chapitre troifiéme.

Nous concluons donc que l'homme eft justifié par foi fans les oeuvres de la Loi.

T

Our le monde tombe d'accord que l'Epître que Saint Paul écrivoit aux Romains eft difficile. Cette difficulté naît de divers principes; il y en a qui lui font communs avec les autres livres de l'Ecriture Sainte du Nouveau Teftament; par exemple, les frequens Hebraïfmes qui s'y rencontrent; le genre d'écrire, qui dans ces fiecles étoit tout

different de celui d'aujourd'hui. Outre que les Ecrivains facrez étoient affés peu ftilez dans l'art d'écrire felon la methode du monde, avec lequel ils n'avoient point de commerce; adjoûtés la difficulté & la grandeur de la matiere, qui n'avoit point encore été maniée; & l'inexactitude que ces auteurs facrez ont laiffé couler dans leur ftile, étant fi fort attachez aux chofes qu'ils ont negligé les paroles.

Outre ces fources d'obfcuritez que cette Epître peut avoir communes avec les autres écrits des Apôtres, il y en a de particulieres; & la principale de celles-ci eft, que cette Epître eft un de ces écrits qu'on appelle polemiques; Ces fortes d'ouvrages deviennent facilement obfcurs, tant à cause que les matieres controverfées qu'on y agite font naturellement difficiles, que parce que la queftion eft fouvent embaraffée & la veri té obfcurcie par les fubtilitez des contredifans. La veritable & la principale clef qui nous ouvre ces fortes d'écrits polemiques, c'eft la jufte connoiffance de l'état de la controverfe. Car fi on examine bien toutes les difputes qui paroiffent être, ou qui font veritablement embaraffées, on découvrira que l'embarras, ou de l'auteur, ou du Lecteur ne vient que de ce que, ou l'auteur en compofant n'a pas compris l'état de la controverfe qu'il veut traiter, ou que le Lecteur en lifant ne comprend pas l'état de la con

troverfe, felon qu'il a été pofé par l'au

teur.

Nous avons deffein, s'il eft poffible d'ouvrir le fens de l'Epître aux Romains, & l'on peut dire que l'intelligence de cette Epître dépend de l'intelligence du verfet 27. du troifiéme chapitre, car c'eft la conclufion de toute la difpute de l'Apôtre comme il paroît même par les termes de cette conclufion: Nous concluons donc que l'homme eft ju ftifié par foi fans les œuvres de la Loi.

Or il eft certam que de l'intelligence de la conclufion dépend l'intelligence des preuves, comme de la force des preuves dépend l'évidence de la conclufion. Nous ferons donc deux chofes fur ce Texte, la premiere c'eft que nous verrons le fens de cette Thefe, l'homme eft juftifié par foi fans les œuvres de la Loi: La feconde, c'eft que nous examinerons de quelle maniere & par quelle methode l'Apôtre prouve cette Thefe dans toute fon Epître.

Comme nous avons remarqué que l'intelligence d'une difpute dépend abfolument de l'intelligence de l'état de la controverfe, c'eft la premiere chofe que nous avons à faire & à examiner, fçavoir quel eft l'état de la controverfe que l'Apôtre traite ici. Il faut donc remarquer d'abord que tous ceux-là fe trompent qui fe font imaginez que l'Apôtre avoit en vue des controverfes à peu prés femblables à celles qui s'agitent aujourd'hui

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