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tre défigne l'une & l'autre alliance, par des termes qui fignifient les conditions de ces alliances; la foi eft la condition de l'alliance Evangelique, & renferme toute l'alliance, les œuvres font la condition de l'alliance legale, & fignifient auffi toute cette alliance. Ainfi les œuvres de la Loi fignifient la Loi des œuvres par une metathese qui est assez familiere à Saint Paul. Cela eft clair par verfet qui precede celui que nous expliquons, où l'Apôtre dit, Où eft la ventance? Elle eft forclofe. Par quelle Loi? Eft ce par. celle des œuvres? non, mais la loi de la foi. Dans ces paroles Saint Paul pofe qu'il y a deux loix, la loi des œuvres, & la loi de la foi. La loi de la foi c'eft l'Evangile; la loi des œuvres c'est la Loi de Moïfe, & ce qu'il vient d'appeller la loi des œuvres, il l'appelle incontinent aprés les œuvres de la loi. Cela même est évident par l'Epître aux Galates, où l'Apôtre fe fert fouvent des mêmes termes dans la même fignification, par exemple dans le 3. chapître aux verfets 2. & 5.ildit, Je voudrois feulement entendre ceci de vous: Avez-vous reçu l'esprit par les œu vres de la Loi, ou par la predication de la foi? Il eft clair, que ces paroles fignifient, avez-vous reçu l'Efprit par l'alliance legale, ou par l'alliance evangelique ? Dans le dixiéme verf. du même chapitre il dit, Tous ceux qui font des ouvres de la Loi font fous la malediction; il eft évident que dans ce

texte les œuvres de la Loi fignifient l'alliance legale, car ces paroles fignifient que ceux qui font fous l'alliance legale, font fous la malediction. Enfin ce que l'Apôtre Saint Paul appelle les œuvres de la Loi, il l'appelle par tout ailleurs la Loi fimplement, établisfant que nous ne fommes pas juftifiez par la Loi. Par la Loi nul n'eft justifié envers Dieu, Gal. 3. v. 11. l'heritage n'eft point de la Loi, v. 18. Ce qui fait voir que la loi & les œuvres de la loi fignifient la même chofe, c'est à dire, l'œconomie Mofaïque. Je n'infifterai pas davantage là-deffus, parce qu'à mon fens, la chofe ne peut pas fouffrir de difficulté.

Prefentement que nous avons l'intelligence de ces trois mots: Justifiez, par foy, juftifiez fans les œuvres de la loi : nous avons auffi trouvé le fens de ce paffage, nous avons rencontré le but de l'Apôtre, & nous tenons la clef de toute l'Epître. Juftifier fignific être tranfporté de l'état du peché & de mort, en celui de falut & de vie, par la remiffion des pechez & par l'infufion de la juftice. La foi fignifie toute l'alliance de grace. Les œuvres de la loi fignifient l'alliance legale. Ainfi le fens de l'Apôtre eft, je conclus que nous fommes transportez & mis en l'état de grace, mis en poffeffion de la veritable juftice falutaire, par la feule alliance Evangelique, & point du tout par l'alliance legale. Voilà la these de Saint Paul, voyons

prefentement comment il la prouve,& faifons pour cet effet une courte analyse de ses principales preuves.

Je commence par le premier chapître dans lequel l'Apôtre employe les 15. premiers verfets à fes falutations & prefaces ordinaires, destinées à prevenir les efprits des Romains, afin qu'ils écoutaffent avec attention les chofes importantes qu'il avoit à leur dire. Il entre en matiere dans le 16. verf. 16.en difant, qu'il ne prend point à bonte l'Evangile de Chrift, parce que c'est la puiffance de Dieu falutaire à tout croyant, aux Juifs premierement, & puis auffi aux Grecs. Voilà la Thefe que l'Apôtre veut prouver dans toute l'Epître, c'eft que ni le Grec par l'alliance de la nature, ni le Juif par l'alliance de Morfe ne pouvoit être fauvé, & que l'Evangile étoit la feule alliance falutaire. aux uns & aux autres. Cette proposition a deux membres generaux; le premier, que le Grec ne peut être fauvé par l'alliance de la nature: le fecond que le Juif ne peut trouver fon falut dans l'alliance de Moïfe. L'Apôtre commence par le premier de ces deux membres, comme par celui fur lequel il avoit moins de chofes à dire, & qui fouffroit fe moins de difficulté. Ainfi dans ce premier chapître il prouve que les Gentils ne peuvent être fauvez dans leur œconomie, & c'eft à cette fin qu'il fait une description fi vive & fi longue de leurs crimes, & de la

grandeur de leur corruption. Il établit d'abord dans les verfets 20. & 21. que la connoiffance que les Payens ont tiré des œuvres de la nature & de la creation ne peut fervir qu'à les rendre inexcufables. En fuite il fait une longuej enumeration des pechez qui les ont engagez dans la mort eternelle.

Cette affaire étant vuidée dans le chapitre premier. L'Apôtre paffe dans le chap.2. à ce qu'il y avoit de plus important, c'eft au deuxième membre de la propofition generale, fçavoir que le Juif ne peut être Lauvé ni juftifié par la loi des œuvres ou par l'alliance legale. Et c'eft aux Juifs aufquels il s'addreffe quand il dit, Pourtant ô homme quiconque fois-tu qui juges des autres, tu és fans excufe. Mais parce que cela fouffre de la difficulté dans l'efprit de quelques-uns, fçavoir à qui l'Apôtre parle au commencement de ce chapitre, s'il continuë de parler aux Juifs, je veux bien m'arrêter un peu ici pour faire voir que c'eft aux Juifs qu'il parle & non pas aux Gentils.

1. Tout le monde tombe d'accord que l'Apôtre fait une grande parenthese depuis ces paroles du verfet 6. quirendra à chacun felon fes œuvres, jufques à celles-ci du verfet 17. Voici tu és furnommé Juif. Dans cette parenthese, à propos de ce qu'il dit, que Dieu rendroit à chacun selon ses œuvres, il explique quels font les jugemens de Dieu, qui doivent tomber au dernier jour

&fur le Juif, & fur le Grec. Mais la difficulté eft fur les 5. premiers verfets. Or il eft évident que c'eft aux Juifs qu'il parle. 1. Parce qu'il a dans le chapitre precedent renfermé & conclu tout ce qui fe peut dire contre les Gentils. En finiffant le chapitre il a prononcé fentence de mort contr'eux difant, que ceux qui commettent telles chofes font dignes de mort. C'eft la derniere chofe qui fe puiffe dire, & il n'y a point d'apparence que l'Apôtre revienne àeux aprés cela. 2. L'Apôtre change de perfonne, car en parlant aux Gentils il s'eft toûjours fervi de la troifiéme perfonne: Ils n'ont point connu Dieu: ils font devenus vains en leurs dif cours, ils ont changé la gloire de Dieu incorruptible, ils font remplis de toute injustice,

c.. Maisici il fe fert de la feconde perfonne, ô homme qui és-tu qui juge des autres ; & que ce foit à l'égard des Juifs qu'il change ainfi de perfonne, il paroît parce que depuis le dix-feptiéme verfet du même chapitre jufques à la fin, où du confentement de tout le monde il parle aux Juifs, il fe fert auffi de la feconde perfonne: Voici tu és furnommé Fuif, tuconnois la volonté, tu penfes être le conducteur des aveugles, &c, 3. Si l'Apôtre parloit ici aux Gentils, ils fe contrediroit, car dans le dernier verfet du premier chapitre il a dit des Gentils, que non feulement ils commettent ces crimes, mais qu'ils favorifent ceux qui les commettent.

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