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Et dans premier verfet du fecond chapitre, au contraire il dit à ceux aufquels il parle, qu'ils commettoient bien les mêmes crimes, mais qu'au lieu de favorifer ceux qui les commettoient, ils les condamnoient: Car en ce que tu condamnes autrui, tute condamnes toi-même, vû que toi qui condamnes, commets les mêmes chofes, &c. C'étoit-là veritablement le caractere du Juif qui faifoit le procés fans mifericorde aux Gentils, & cependant il étoit coupable des mêmes crimes. 4. Qui voudra lire avec attention depuis le verfet 17, jufqu'à la fin du chapitre, on verra que ce n'eft rien autre chose qu'une paraphrafe de ce qu'il dit, en termes plus abregez, dans ce premier verset. Car il leur reproche qu'en jugeant, enseignant, & condamnant les autres fur le vol, fur l'a. dultere, fur idolatrie, eux-mêmes fe rendoient coupables de mémes pechez. Il est donc clair qu'il parle en l'un & en l'autre endroit aux mêmes gens, puisqu'il leur dit les mêmes chofes. 5. Mais la maniere avec laquelle l'Apôtre commence fon difcours au v. 17. Voici tu es furnommé Fuif, ne fait-elle pas voir clairement qu'il parle à des gens à qui il venoit déja de parler? Il avoit defigné le Juif d'une maniere couverte, en difant, homme quiconque fois-tu, en fuite il prend hardieffe & franchit le pas, & l'appelle par fon nom, pour lui faire fon procés. 6. Enfin c'est-là le vrai caractere

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d'un Juif; en ce que tu juges des autres tu es fans excufe, car les Juifs étoient temeraires. dans leur jugement, condamnoient les Gentils & les avoient en horreur, & cependant ils n'étoient pas meilleurs, c'eft pourquoi ils étoient fans excufe. Il n'y a là-deffus qu'une feule difficulté qui eft dans le mot, partant; c'eft qu'il femble que ce mot faffe la liaison de ce chapitre avec le prece, dent, & que l'Apôtre y parle aux mêmes gens. Mais il faut faire ici une trés-belle obfervation. dont nous fommes redevables à Origene, c'eft qu'il y a ici une tranfpofition de verfet, le fecond doit être mis en la place du premier, dans cet ordre: Or fçavansnous que le jugement de Dieu eft, felon verité, fur tous ceux qui commettent telles chafes; partant & homme, &c. Vous voyez que la liaifon eft tres-belle & tres-naturelle avec le chapitre precedent, où l'Apôtre a décrit une multitude de crimes. Il commence ce chapitre en prononçant que Dieu châtiera tous ceux qui les commettent. D'où il conclud en fuite par le terme de partant, que ceux qui condamnent ces actions, & qui les commettent font fans excufe; On peut dire qu'en laiffent le partant au commencement du chapitre comme il eft, cela ne revient à rien, & ne fait aucune liaison naturelle avec le chapitre precedent, non pas même dans l'hypothefe de ceux qui veulent que l'Apôtre continuë de parler aux. Gen

tils. En transportant ainfi ces versets, com me certainement il les faut transporter, toute la difficulté eft levée, & il demeure clair que l'Apôtre parleaux Juifs. Aufte de femblables tranfpofitions font tout à fait familieres à l'Apôtre Saint Paul, & dans le chapitre 3, on en voit une notable;_le verfet 6. doit être mis à la place du 8. Dans le chapitre 10. il y en a une autre où le dixfeptiéme verfet doit être mis en la place du feiziéme. Quoiqu'il en foit, Saint Paul recommence à parler aux Juifs dans le dixfeptiéme verfet: Voicy tu és furnommé Fuf, &tu terepofes du tout en la Loi, & te glorifies en Dieu. Dans tout le refte du chapitre il travaille à convaincre les Juifs de peché, comme il en avoit convaincu les Gentils dans le premier chapitre, & cela à deffein d'établir fa Thefe, c'eft qu'il n'y a point d'autre moyen d'être justifié par l'alliance de grace; car fi le Gentil eft pecheur dans l'alliance de la nature, & le Juif convaincu de peché dans l'œconomie legale, il faut neceffairement une troifiéme difpenfation, pour faire l'expiation des pechez de l'un & de l'autre. C'eft dans cette vuë qu'il reproche ici aux Juifs de dérober, de commettre adultere, de fe rende coupables de facrilege, pendant qu'ils fe glorifioient dans la Loi. Depuis le vingt-cinquiéme verfet jufques à la fin où il dit, Il est vray que la circonfion eft profitable fi tu garde la Loi, il

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explique ce qui eût été neceffaire afin de pouvoir être juftifié par l'Alliance Legale, c'eft d'accomplir parfaitement la Loi, & ayant ci-devant convaincu le Juif de l'avoir violée dans tous fes points, il lui fait sentir qu'il ne peut être juftifié par cette alliance. Dans le chapitre troifiéme l'Apôtre pourfuit fa matiere & tend à fon but qui eft, de convaincre le Juif de ne pouvoir être juftifié par l'alliance Legale. Mais au commencement du chapitre il réfout une difficulté qui naiffoit dans l'efprit du Juif, fur la matière contenue dans les deux chapitres precedens. C'eft qu'il avoit convaincu & le Grec & le Juif d'être également prevaricateurs de la Loi, & de ne pouvoir être fauvez par les œconomies dans lefquelles ils avoient vêcu. De là on pouvoit conclurre que donc le Juif & le Grec font égaux, & que le Juif n'a aucun avantage fur le Gentil. C'eft ce qui lui fait dire, quel est donc l'avantage du Fuif? à quoi il répond, grand en toute maniere, & il explique en quoi confifte cet avantage du Juif fur le Grec, nonobftant l'égalité de leur peché. C'est que les oracles de Dieu avoient eté commis aux Juifs: où par les oracles de Dieu, il ne faut pas entendre generalement toute la revelation dans fon étenduë, mais il faut entendre l'alliance que Dieu avoit traitée avec ce Peuple pour le prefent, & la promeffe du Meffie pour l'avenir. Car c'étoit precifement dans ces C

deux chofes que confiftoit l'avantage du Juif fur le Gentil. En fuite dans le troifiéme verfet & les fuivans, il prouve que l'infidelité des Juifs, qui avoient violé les alliançes n'empêchoit pas qu'ils n'euffent un tresgrand avantage fur les Grecs, que cela n'anéantiffoit pas les privileges de leurs Alliances, & que Dieu ne pouvoit être accufé de leur avoir manqué de foi. C'étoit purement leur faute, s'ils n'avoient pas été juftifiez par leur obeïffance à la Loi. L'Apôtre établit qu'au contraire, bien loin que les prevarications des Juifs contre l'alliance, accufaffent Dieu d'infidelité & de peu de fermeté dans fes promeffes, cela mettoit plûtôt la bonne foi de Dieu dans un grand jour, par la raifon qu'un contraire mis auprés d'un autre contraire, lui donne plus de jour, & c'eft ce que veulent dire ces paroles; leur incredulité aneantira-t-elle la foi de Dieu ? ainfi n'avienne, au contraire Dieu foit veritable & tout homme menteur. Mais de là il naiffoit une nouvelle difficulté, c'eft que fi l'infidelité des Juifs rendoit plus recommandable la fidelité de Dieu, il femble que Dieu ne devoit point punir cette infidelité, au contraire il la devoit récompenfer comme fervant à fa gloire. C'eft ce qu'il veut dire, quand il dit au verset 5. ft nôtre injuftice recommande la justice de Dieu, que dirons-nous? Dieu n'est-il pas injufte quand il punit? C'eft ainfi qu'il faut lire ces

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