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dernieres paroles & non pas comme elles font dans vôtre Verfion Françoise, Dieu eft-il injufte quand il punit? Dans le feptiéme verfet il pourfuit la même objection, & il répond dans le fixiéme par ces paroles: Ainfi n'avienne, autrement, comment Dieu jugera-t'il le monde? C'est à dire, Dieu n'est pas injufte quand il punit des pechez qui fervent à fa gloire, car s'il étoit injufte, il ne pourroit pas être le juge du monde. II eft à remarquer, comme nous l'avons obfervé fur le chapitre precedent, qu'il y a ici une metathefe du verfet 6. qui contient la réponse à l'objection; car naturellement l'objection contenue dans le cinquiéme & feptiéme verfet, devoit être exprimée tout d'une fuite, & la réponse devoit venir apres, au lieu que la réponse eft au milieu de l'ob-' jection & la coupe en deux. L'Apôtre revient à fa matiere au verfet 9. & prouve que les Juifs quant au peché & à l'incapacité d'être fauvez, étoient égaux aux Gentils. Quoi done fommes-nous plus excellens, dit-il ? nullement, car nous avons ci-devant convaincu que tous, tant Juifs que Grecs, font fous peché. Enfuite de quoi il amene une grande fuite de paffages par lefquels il prouve que les Juifs ont été prevaricateurs, & par confequent non juftifiez Et afin que les Juifs n'euffent pas lieu de répondre que dans tous ces paffages il étoit parlé des Gentils, & non des Juifs, il leur déclare a

verfet 19. que c'eft à eux que la Loi parle, & que c'eft d'eux dont elle parle: Orfçavonsnous que tout ce que la Loi dit, elle le dit à ceux qui font fous la Loi, afin que toute bouche foit fermée. Jufques ici font ce qu'on peut appeller les premiffes des raisonnemens de S. Paul, & dans le verfet 20. commence la conclufion; Parquoinulle chair ne fera juftifiée devant lui par les œuvres de la Loi; car c'eft comme s'il difoit: Je viens de prouver que les Juifs font prévaricateurs des alliances dans toutes leurs parties, d'où il s'enfuit que les Juifs ni les Grecs ne peuvent être fauvez par ces alliances.

Dans le verfet 21. & fuivans, il produit & met en avant le nouveau moyen de juftification, que Dieu a manifefté par l'alliance de grace, c'eft la juftification Evangelique, & aprés avoir établi cette juftification Evangelique, il tire fa conclufion generale dans le texte que nous avons expliqué: Nous concluons donc que nous fommes justifiez par foi fans les œuvres de la Loi;c'eft à dire, nous concluons que la feule alliance qui fauve fe trouve dans l'Evangile.

Dans le Chapitre quatriéme l'Apôtre prouve par un exemple, ce qu'il avoit établi par des raifons dans les Chapitres precedens, ce qui eft felon toutes les regles de la Methode la plus exacte. Il avoit prouvé ces trois chofes dans les Chapitre precedens. La premiere que l'on n'eft ni juftifié,ni fau

vé dans l'alliance de la Nature avant la vocation de la Grace. La deuxième qu'on n'eft point juftifié, ni fauvé par l'alliance Mofaïque. La troifiéme que l'alliance Evangelique ou l'alliance de grace eft la feule, par laquelle les hommes foient juftifiez. Il prouve prefentement ces trois chofes par l'exemple d'Abraham, lequel pour cet effet il confidere en trois états: 1. dans l'état où où il étoit avant qu'il fut appellé de Dieu : 2, dans l'état où il fe trouva quand il fut dit que la foi lui fut alloüée à juftice: 3. enfin dans l'état de la Circoncifion. Le premier état étoit de l'alliance de la Nature, le troifiéme état fçavoir celui de la Circoncifion, étoit de l'alliance Mofaïque. Car on peut commencer cette œconomie, non pas du tems de Moïfe qui y mit la perfection, mais du tems d'Abraham qui en reçût les premiers fondemens. L'Apôtre prouve dans ce Chapitre qu'Abraham ne fut juftifié, ni dans ce premier état, ni dans ce troifiéme état, d'où il conclud qu'il fut juftifié dans le deuxième. Or il eft à remarquer que ce fut dans ce deuxième état qu'Abraham reçût les promeffes de la femence benite & que Dieu traita alliance avec lui, qu'en fa femence feroient benites toutes les nations de la terre. Et c'eft-là proprement l'Evangile & l'alliance de Grace par laquelle auffi l'Apôtre prouve qu'Abraham à été juftifié avant que de recevoir la

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Circoncifion. Les Interpretes pour n'avoir pas bien diftingué ces trois états, dans lefquels l'Apôtre confidére Abraham, ont trouvé dans ce Chapitre des embarras, d'où ils n'ont pas pû se tirer.

Voici donc comme l'Apôtre commence ce Chapitre selon nôtre verfion: Que dirons-nous donc qu'Abraham nôtre Pere a trouvé, felon la chair: Paroles que les In. terpretes, felon mon fens, n'ont point entenduës. Je croi qu'au lieu de tourner, que dirons-nous done? il faut dire, quoi donc ? s'arrêter-là par un point d'interrogation, & continuer, dirons-nous qu' Abraham nôtre Pere a trouvé felon la chair? Ici trouver est une façon de parler qu'on appelle Elliptique, qui fignifie trouver grace, c'est à dire, étre juftifié, étre agréable à Dieu. C'eft ainfi qu'il fe prend au 6, Chapitre de la Genefe quand il eft dit de Noë, qu'il trouva grace devant Dieu. Selon la chair, c'est à dire, dans l'état de la nature & avant la vocation de Dieu. Et je ne fçai pas comment les Interpretes qui veulent, que dés ce verset Abraham foit confideré comme étant déja dans l'Alliance de Dieu, fe peuvent imaginer, qu'étre felon la chair, fe prenne en bonne part, vû que la chair & étre en la chair fe prennent par tout pour la corruption. Ainfi le fens du premier v. eft, Quoi done? dirons-nous qu' Abraham nôtre père a étéjustifié a trouvé grace devant Dieu étant enco

re dans l'état de la chair, & dans l'alliance de la nature? L'Apôtre continuë ainfi, Certes fi Abraham a été justifié par les œuvres, il a de quoi fe vanter, mais non pas envers Dieu, & ces paroles donnent encore de la peine aux Interpretes; parce que l'Apôtre femble avouer qu'Abraham à été juftifié par les œuvres, ce qui eft tout à fait oppofé à fon intention. Voici le fens; dans cet état de la nature Abraham étant encore en la chair, a bien pû être juftifié, c'est à dire, il a pû paffer pour jufte par fes œuvres qui étoient moralement bonnes: Mais dans cet état il ne paffoit pour jufte que devant les hommes & non pas devant Dieu, qui connoît le fond des cœurs & les défauts effentiels de ces œuvres qui ne font que moralement bonnes. Ainfi dans ces deux premiers verfets. l'Apôtre établit qu'Abraham n'a point été justifié dans l'état de la Nature. Dans le troifiéme verfet il ajoûte: Que dit l'Ecriture? Abraham a crû à Dieu & il lui a été alloué à juftice. Par lefquelles paroles il marque le point dans lequel Abraham commença d'être juftifié, c'eft celui dans lequel il crût à fes promeffes. Voici donc le deuxième état dans lequell'Apôtre confidere Abraham. Depuis ce verfet 3. jufqu'au 9. Saint Paul explique ce que c'eft qu'être alloüé à juftice, & prouve par le Pfeaume 32. que ces paroles fignifient une juftification gratuite fans merite

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