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& fans oeuvres. Dans le neuviéme verfet & les fuivans il confidere Abraham dans le troifiéme etat, c'eft celui de la Circoncifion, & montre que ce n'a point été dans cet état precifement qu'il a été juftifié, parce qu'il avoit été juftifié dans le prepuce avant que de recevoir la Circoncifion. Oril faut toûjours fe fouvenir que la Circoncifion par metonimie fignifie ici l'alliance legale toute entiere, tellement que l'Apôtre prouvant qu'Abraham n'ayant pas été justifié dans la circoncifion, prouve par cela même qu'Abraham n'a pas été juftifié par l'alliance legale. Depuis le treiziéme verfet jufques à la fin, l'Apôtre s'occupe à prouver, amplifier & expliquer cette thefe, que. la juftification n'eft point arrivée à Abraham par l'alliance legale, mais par l'Evangile.

L'Apôtre paffe aux objections qui fe pouvoient faire contre la doctrine qu'il avoit établie, & par raifons & par exemple, dans les chapitres precedens, & il y répond. C'est dans le cinquiéme chapitre qu'il commence à fe faire des difficultez, & a y ré- · pondre. Depuis le verfet 1. jufqu'au 12. du chapitre 5. exclufivemeut, il'explique les fruits de la juftification, fçavoir la paix, la reconciliation avec Dieu, l'amour, l'efperance, le fecours de Dieu dans les afflictions. Dans le douziéme il commence à entrer dans la matiere des objections, &

voici qu'elle eft la premiere à laquelle il répond. Il avoit établi que les hommes font juftifiez par l'alliance de grace de JesusChrift; ce qui emporte que les hommes font juftifiez uniquement, par la justice qui. découle de Jefus-Chrift. Or cela faifoit une grande difficulté dans l'efprit des Juifs & peut-être des Gentils qui lui pouvoient dire, comment fe peut-il faire que par la juftice qui découle d'un feul homme plufieurs foient juftifiez? L'Apôtre n'exprime pas cette objection, il la fupprime par une methode qui luy eft affez ordinaire, & met feulement la réponse, en montrant par le peché d'Adam, que fi le peché d'un feut homme a pû fe répandre fur tout le genre humain, la juftice d'un feul peut auffi fe repandre fur tous ceux qui font juftifiez. C'est dans cette vûë que jufqu'à la fin du chapitre il fait une oppofition perpetuelle entre la justice de Jesus-Chrift & la peché d'Adam.

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Or le

Sur ce Chapitre il nous faut faire brievevement deux chofes,devant que de le quiter.' La premiere c'eft d'expliquer le 13. verfet quia de la difficulté. L'Apôtre dit, jufques à la Loi le peché étoit au monde. peché n'eft point imputé quand il n'y a point de Loi. L'Apôtre dit cela pour prouver ce qu'il avoit avancé dans le verfet precedent, que tous les hommes ont peché; & il le Prouve en difant que les hommes avant que C

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la Loi fut donnée étoient reputez coupables. Mais quand il ajoûte: Or le pechén eft point imputé, quand il n'y a point de Loi, felon nôtre verfion, il femble détruire ce qu'il vient de dire: Car fi le peché n'a point été imputé avant la Loi de Moife, les hommes alors ne devoient donc pas être réputez coupables. Les Interpretes fe feroient tirez de cette difficulté, s'ils avoient apperçû que l'on doit lire ces paroles avec un point d'interrogation de cette maniere: Le peché n'efl-il point imputé quand il n'y a pas de Loi? C'eft à dire, avant la Loi de Moïfe, les hommes n'étoient-ils pas reputez pecheurs? C'est une interrogation affirmative, quieft une forte negation, felon l'axiome des Grammairiens; Interrogatio affirmativa eft fortis negatio. Pour prouver que les hommes étoient reputez coupables avant la Loi, l'Apôtre ajoûte que la mort a regné deLuis Adem jufqu'à Moyfe. Car.en effet, fi les hommes n'avoient point été reputez coupables dans cet efpace de tems, ils ne feroient pas morts.

L'autre chofe que nous avons à faire, c'est de dire un mot fur la queftion, fçavoir fi dans ce chapitre l'imputation du premier peché d'Adam eft établie par l'Apôtre? Je répons qu'oüi, 1. Parce que Saint Paul fe fert de diverfes expreffions, qui emportent cette imputation; par exemple quand il dit au verfet 12. que tous ont peché en Adam, car c'eft ainfi qu'il faut tourner ces paroles

e'ph 'o pantes emarton, in quo omnes peccaverunt;avec la Vulgate. C'est la fignification de la propofition epi dans cette conftruction, comme on peut voir,1, Theff.3.7.Heb.9.17. Marc2.4. Ce qu'il dit auffi dans le 16.v.que la coulpe eft d'une feule offenfe en condamnation, emporte affez clairement l'imputation.Mais fur tout cette imputation eft prouvée par le but de l'Apôtres.Paul, car il a deffein de faire un paralelle exact entre la maniere dont le peché d'Adam s'eft répandu fur les hommes, & la maniere dont la juftice de J.Christ fe répand fur les élûs. Or la juftice de J. Chrift fe répand par deux voyes, par voye d'imputation, & par voye d'infufion & d'inherence, car les fatisfactions de Jefus-Chrift nous font imputées d'une part, & fa fainteté d'autre part nous eft donnée par le S. Efprit. Le paralelle feroit donc tout à fait imparfait & défaillant, file peché d'Adam ne paffoit à nous que par voye de propagation & d'inherence, & non par voye d'imputation. Ainfi afin que ce paralelle foit jufte, le peché d'Adam doit paffer à nous par voye d'imputation & de propagation, comme la juftice de J. Chrift nous eft donnée par l'imputation & par infufion: Le dogme de la non imputation, eft à mon fens, l'un des plus temeraires qui ait été avancé dans l'Ecole des Reformés, car outre qu'il nie une verité foûtenuëd'un confentement de feize fiecles,il donne beaucoup de prise aux Sociniens, quinient l'imputation

Car tous les

de nos pechez à Jesus-Christ. argumens dont on fe fert pour la non imputation du peché d'Adam, feroient bons aux Sociniens contre l'imputation de nos pechez à Jefus-Chrift.

Dans le 6. Chapitre l'Apôtre fe propofe úne feconde objection contre la matiere de la juftification, c'eft la feule qu'il propofe, & à laquelle il réponde en forme. Il avoit établique par l'alliance Evangelique, les hommes font juftifiez purement par grace, par la remiffion des pechez, & par la couverture de leurs offenfes. De là naturellement femble naître Pobjection des profanes, qui difent, fi ainfi eft, nous n'avons qu'à pecher hardiment, car la grace effacera tous nos pechez: Pechons donc afin que la grace abonde. C'eft là l'objection laquelle il propofe dans le 1. verfet, & il répond dans les fuivans, en prouvant que bien loin que la doctrine de la grace nous engage dans le defordre & dans le peché, au contraire, elle nous porte neceffairement à la fantification. Il le prouve par deux raifons; la premiére, c'eft que par la grace nous fommes morts au peché, c'est à dire, que le peché eft mortifié & ancanti en nous par la grace juftifiante, ainfi il ne fe peut pas faire que cette grace nous conduife au peché, puis qu'elle donne la mort au peché. C'eft ce qu'il établit dans le deuxième verfet. Ainfi n'avienne! car nous qui fommes morts qu peché, comment

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