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bat interieur que la Loi éleve dans les ames entre le bien & le mal: en donnant au pecheur la connoiffance du peché, fans lui donner les forces pour le vaincre; & de tout cela il conclud, felon fon intention, contre l'objection des Juifs; que l'Alliance de la Loi, felon la doctrine de la grace n'étoit ni inutile, ni mauvaise; Non inutile puifqu'elle fert à faire connoître la. turpitude du peché; non mauvaife, parce que la Loi eft bonne, fainte, & jufte en ellemême, & que fi elle produit du mal, c'est purement par accident.

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Il refte deux chofes confiderables à remarquer fur ce chapitre. La premiere que l'Apôtre y fait rouler le difcours fur fa fonne en difant: je n'euffe point connu le peché finon par la Loi, quand j'étois fans Loi je vivois. Le peché prenant occafion par la Loi m'a feduit, & par icelui m'a mis à mort, c. Surquoi on demande fi effectivement Saint Paul parle de lui-même; ou s'il parle des autres en fa perfonne? Jepuis répondre avec affurance que l'Apôtre ne parle point de lui-même ; il lui eft familier de fe fervir de cette figure, & de faire rouler fur fa perfonne les chofes aufquelles fouvent il n'a point de part. Cela fe peut voir dans le treizieme chapitre de la premiere aux Corinthiens verfets 1. 2. & 3. Dans l'Epître aux Galates chapitre 2. verfet 18. aux Romains chapitre 3. verfet

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& dans tout le difcours qu'il fait dans le premier chapitre de la 1. aux Corinthiens, où il parle des divifions qui étoient entre les Corinthiens, comme fi Apollos & lui euffent été les objets de ces divifions. Cependant dans la fuite il nous avertit qu'il n'avoit tranfporté ce difcours fur Apollos & fur lui, que par figure.

A

Mais l'autre queftion qui eft plus importante, c'eft de fçavoir dans quel état l'Apôtre Saint Paul confidere l'homme dont il parle. La premiere opinion de Saint Auguftin étoit que Saint Paul parle là d'un homme fous la Loi non encore regeneré, mais il changea de fentiment. En difputant contre les Pelagiens, parce qu'il avoit à faire de paffages pour prouver contr'eux que les regenerez & les Saints ne font point parfaits en cette vie, il fe fervit de ce chap. & établit que l'Apôtre y parle d'un homme regeneré, d'un homme déja faint. Cette opinion est suivie par le gros des Theologiens, mais elle ne fe peut en façon du monde foûtenir. Car il dit ici plufieurs chofes qui ne peuvent du tout convenir à un homme regeneré. Par exemple, le peché m'a feduit par icelui m'a mis à mort, au verfet 11. Je fuis charnel vendu fous peché, au verfet 14. Quand j'étois fans Loi, je vi vois, verfet 9. Mais quand le peché eft venus à revivre en moi je fuis devenu mort. Оп abeau donner la gêne à ces expreffions, ja

mais elles ne fçauroient convenir à un homme regeneré. La lutte que l'Apôtre reprefente ici n'eft point la même, quoi qu'on dife, avec celle qu'il reprefente au 5. des Galates entre l'efprit & la chair; C'eft la lutte qui eft dans un homme non regeneré, entre fon entendement éclairé par la Loi & fes paffions folicitées par les objets. Cela. paroît clairement, parce qu'il donne à l'une de ces parties combatantes le nom de Loides membres, & à l'autre le nom de Loi de l'entendement. La Loi des membres evidemment c'eft la cupidité; & la Loi de l'entendement, c'eft la partie fuperieure où sont la raifon, la volonté, la confcience.

Dans le chapitre 8. il continue à répondre aux objections qui pouvoient naître dans Pefprit fur la maniere dont il avoit expliqué la matiere de la juftification, & voici la quatriéme difficulté qu'on lui pouvoit faire. Il avoit dit, qu'étant justifiez par foi nous avons paix envers Dieu, nous avons été reconciliez à Dieu par la mort de fon Fils. Sur quoi on pouvoit lui dire, comment cela fe peut-il faire, puifque Dieu fait tomber encore tant de maux fur ceux qui croyent à l'Evangile, comme font la mort & les perfecutions qu'ils fouffrent ? Cela ne s'appelle pas être reconciliez à Dieu, & exempts de condamnation. Contre cette difficulté l'Apôtre prononce dés le commencement du chapitre, qu'il n'y a nulle.

condamnation à ceux qui font en Jefus Chrift c'est à dire, à ceux qui font Chrêtiens, & qui ont embraffé l'Evangile. Car être en Jefus-Chrift, c'eft être Chrêtien, vray Chrêtien. Mais en même tems il pofe la condition, fous laquelle les Chrêtiens peuvent être rendus exempts de toute condamnation. C'eft qu'ils doivent cheminer felon l'efprit, non point felon la chair. Sur cela il fait une digreffion qui dure jufqu'au neuviéme verfet inclufivement, dans laquelle il explique ce que c'eft que la chair, ce que c'eft qu'être en la chair, & quels font les fruits de la chair & de l'efprit; Ou pour mieux dire dans cette digreffion il explique les deux propofitions dont fa Thefe, qui eft contenue dans le premier verfet, eft compofée. Dans le 2.3. & 4. verfet il explique comment il n'y a point de condamnation pour ceux qui font à Jefus Chrift, c'est par ce que la Loi de l'efprit de vie, c'est à dire, l'Evangile a tiré les hommes de deffous le joug de la Loi, du peché & de la mort. Car en effet c'étoit-là les trois fources de condamnation, la Loi, le peché, la mort. Dans les cinq autres verfets qui fuivent il explique la feconde propofition de fa Thefe; ce que c'eft que cheminer felon l'efprit, & felon la chair. Dans le dixiéme verfet il commence à répondre à l'objection contre la quelle il avoit pofé fa Thefe, & parce que le fort de cette objection confiftoit dans ce

que les Sectateurs de l'Evangile n'étoient point exempts de la mort, ce qui fembloit être une grande condamnation; il montre que la mort n'eft plus une condamnation ni un effet du jugement de Dieu, parce que fi le corps fouffre encore des atteintes de cette mort, l'ame reçoit une nouvelle vie par la juftification. Et d'autre côté il ajoûte que ce corps qui meurt, ne meurt que pour reffufciter, & qu'ainfi la mort n'eft point une vraye condamnation, & ne fait aucun préjudice à la verité de la juftification, c'est le fens du dixiéme & onziéme verfet. Dans

les trois fuivans il revient à toucher la neceffité de cette condition de ne point vivre felon la chair, mais felon l'efprit, afin que la mort ne foit pas une vraye condamnation, car il déclare qu'aux pecheurs la mort eft une vraye condamnation. C'eft le fens de 'ces paroles du treiziéme verfet: Si vous vivez felon la chair, vous mourrez. C'est à dire, fi vous étes pecheurs le caractere de condamnation & de malediction naturellement attaché à la mort, n'en fera pas feparé. Dans les verfets 15. 16. & 17. il explique comment le fidele eft exempt de toute con. damnation par l'alliance Evangelique, en faifant oppofition de cette alliance à l'alliance legale, & montrant que dans celle-ci les hommes n'avoient que l'efprit de fervitude, & étoient foûmis à la crainte & à la malediction de Dieu en qualité d'esclaves rebel

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