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les: au lieu que fous l'alliance Evangelique les hommes deviennent enfans de Dieu, & en cette qualité font exempts de toute malediction. Il pouffe cette reflexion jufqu'au dix-huitiéme verfet, dans lequel il entre infenfiblement dans l'autre partie de l'obje tion, à laquelle il a deffein de répondre.

C'eft qu'on lui objectoit les fouffrances aufquelles les Sectateurs de l'Evangile étoient fujets, & qui fembloient porter un caractere de malediction & de condamnation. Sur cela Saint Paul dit que ces afflictions devoient être contées pour rien, à cause qu'el les n'ont aucune espece de proportion avec la gloire à venir, c'eft à dire, avec la beatitude eternelle que Dieu prepare à fes fideles dans le Paradis. Or pour rendre fa réponse folide & evidente, il prouve la grandeur de cette gloire par le témoignage de toutes les creatures, defquelles il dit: que le grand & ardent defir eft en ce qu'elles attendent la manifeftation de cette gloire des enfans de Dieu. Ce paffage contenu dans les verfets 19. 20. 21. & 22. a toûjours paflé pour fort difficile. Je croi que fa difficulté vient d'une raifon toute oppofée à celle d'où naît la difficulté de la plupart des autres paffages. Les autres Textes obfcurs paffent pour diffici·les, parce qu'on a de la peine a leur donner un fens commode, & celui-ci au contraire eft difficile, parce qu'il peut aifement rece plufieurs fens, fans faire violence aux ter

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mes. Il n'y a pas eu jufqu'à Origene qui n'ait trouvé dans cet endroit dequoi appuyer fes réveries Platoniciennes, en donnant à ce paffage un fens qui les favorisoit, fans faire violence aux paroles du Texte. Il croyoit que tout l'Univers étoit femé d'ames intelligentes, particulierement les Aftres & les Etoilles, s'imaginant que ces ames avoient été renfermées dans ces corps pour punition des pechez qu'elles avoient commis, quand elles étoient encore de purs efprits. Car il croyoit que toutes les ames avoient été creées devant le corps. Ces ames répandues dans toute la Nature & renfermées dans la matiere, foûpiroient, felon lui, pour être delivrées de cette corruption & de cette vanité, & pour fortir de ces prifons, afin de retourner à leur être de purefprit, ce qui ne fe devoit faire qu'au jugement dernier, quand la gloire des Enfans de Dieu devoit être revelée. C'eftainfi qu'il explique cette vanité à laquelle les creatures ont été affujetties, cette efperan'ce qu'elles ont d'étre delivrées de la fervitude de corruption, pour être mises en la liberté de la gloire des Enfans de Dieu, foûpirs, ces defirs, & ces travaux de ces creatures tendantes à cette delivrance; & il faut avouer que tout cela y revient fort bien. Mais la plupart des autres interpretations qu'on donne à ce Texte n'y reviennent pas moins bien. Ainfi je le compare à ces ver

ces

res

res tranfparents qui n'ont aucunes couleurs, &qui font fufceptibles de toutes les couleurs des objets qui les approchent. J'ai crû pour un temps que par ces créatures qui foûpirent, qui defirent, qui travaillent, & qui font fujettes à vanité, il faloit entendre les ames feparées des juftes, qui quoi qu'elles foient bienheureufes dans les Cieux, font pourtant dans un état qu'on peut appeller violent, c'est la feparation d'avec le corps, qui eft une espece de mort & de corruption à laquelle elles ont été affujetties par la volonté de Dieu, à caufe du peche. Ces ames fans doute defirent ardemment de voir la perfection de leur gloire, & la refurrection de leur corps. Cela s'accorde encore fort bien avec les paroles de nôtre Texte. Cependant api és y avoir bien penfé, je croi que la meilleure interpretation, c'eft la plus commune & celle qui cherche le moins de myftere, fçavoir que l'Apô tre par les créatures, entend ici toutes les créatures infenfibles qui ont été affujetties à vanité par le mauvais ufage que les hommes en font, & il donne des foûpirs & des defirs aux créatures, par ces figurès qu'on appelle Profopopées.

Aprés avoir prouvé par les defirs que les créatures ont pour cette gloire, quelle eft infiniment grande; il le prouve auffi par les defirs des fidéles,& montre que cette gloire eft une chofe que nous ne poffedons pas

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encore, mais que nous attendons en pa tience, c'eft ce qu'il fait dans le 22. 23. & le 24. verfet. Pour achever de diffiper l'objection qui fe tiroit des afflictions des fidèles, il dit dans le 25. & 26. verset, que l'esprit foulage nos foibleffes au milieu des maux que nous fouffrons: ce qui fait que ce n'eft plus une malediction. Enfin pour prouver que les maux des fidéles ne font aucune espece de prejudice à cette verité, que l'homme par lajuftification eft exempt de toute condamnation, il declare dans le verfet 27. que les afflictions concourent au falut des fideles. Et pofe dans les v. 28. & 29. que rien ne peut empêcher l'effet de la Predeftination. C'est pourquoi à ce propos il fait l'énumeration des parties de notre falut, en difant, ceux qu'il a predeftinez, illes a aussi appellez, & ceux qu'il a appellez, &c. Pour fignifier l'infeparable liaifon qui eft entre toutes ces parties. Le refte du Chapitre depuis le 30. v jufqu'à la fin n'a aucune difficulté & n'eft rien autre chofe qu'une amplification de cette propofition, que rien ne peut empêcher l'effet de la Predestination, ce qui affermit la premiere conclufion & détruit l'objection à laquelle il avoit deffein de répondre.

L'Apôtre aprés avoir levé les difficultez qu'on peut appeller internes à la justification, dans le neuviéme Chapitre leve une difficulté qu'on peut appeller externe.

11 entre en ce Chapitre dans la matiere de la rejection du peuple des Juifs & de la vocation des Gentils, & la pourfuit dans le dix & onziéme Chapitre. Voici la liaifon qui eft entre cette matiere & celle de la juftification; Selon les vûës de l'Apôtre, on lui pouvoit faire cette difficulté: Comment eft il poffible que la doctrine que vous prêchez d'une nouvelle Alliance predite, comme vous pretendez, par Moïfe & par les Prophetes, fût veritable, puifque le peuple auquel vous avez avoué que les Oracles facrez ont été commis, rejette prefque unanimement cette doctrine? Vous étes Juif, ils font Juifs auffi, mais vous étes feul contre tout un peuple, & il n'y a pas d'apparence d'oppofer vôtre autorité à celle de toute une Nation qui s'appelle le Peuple de Dicu? L'Apôtre entreprend d'invalider cette objection, en faisant voir que cette Nation qui fut autrefois le Peuple de Dieu, ne l'eft plus aujourd'hui, & que par confequent fon témoignage & fon autorité n'eft d'aucun poids contre la verité de ladoctrine de l'Evangile.

Parce que cette matiere de la rejection des Juifs étoit odieufe en elle-même, & que d'ailleurs l'Apôtre en étoit vivement touché de douleur, il s'y gliffe plûtôt qu'il n'y entre, & commence par une Proteftation de la trifteffe qu'il a de voir ce Peuple duquel il étoit forti, être re

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