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jetté de Dieu. C'eft ce qu'il fait dans le premier 2. & 3. verfet, où il dit même qu'il fouhaiteroit étre anathême & feparé de Chrift pour fes freres, c'est à dire, qu'il defireroit être excommunié & feparé du Corps de l'Eglife, pour le falut de fes freres Juifs. Car il n'eft pas neceffaire d'aller plus loin, ni de s'imaginer que Saint Paul defire d'être damné pour le falut d'autrui; Ce vœu ne feroit ni legitime, ni raifonnable. Dans les verfets 4. & 5. l'Apôtre étale les divers avantages de la Nation Juive. C'eft principalement à deffein d'amolir les Juifs, & de diminuer l'averfion qu'il s'attiroit de leur part en enfeignant qu'ils étoient un peuple rejetté de Dieu.

En cette matiere de la rejection des Juifs il y avoit une difficulté qui fautoit aux yeux, c'eft que cela paroiffoit abfolument oppofé à la promeffe que Dieu avoit faite à Abraham, je ferai ton Dieu & de ta femence. Si les Juifs étoient rejettez, Dieu n'étoit plus leur Dieu & la parole que Dieu avoit donnée demeuroit nulle. C'eft à cette difficulté que l'Apôtre répond dans les trois verfets fuivans depuis le fixiéme jufqu'au neuviéme inclufivement, & Voici à quoi revient fa réponse. C'eft que les enfans, ou la femence promise à Abraham, ne font point les enfans de la chair, mais ceux de la foi d'Abraham, c'eft à di

re, non point ceux qui fortiroient des reins de ce Patriarche par la voye de la generation, m is ceux qui feroient les enfans de fa foi, par la voye de l'imitation. C'est ce que fignifient ces paroles; Tous ceux qui font d'Ifraël, ne font point pourtant Ifraël, & pour étre femence d'Abraham, ils ne font pas tous enfans; mais en Ifaac te fera appellé femence; c'est à dire, non point ceux qui fons enfans de la chair, font enfans de Dieu, mais ceux qui font enfans dela promeffe, font reputez pour femence. Il déclare donc que les Gentils qui devoient croire à Jefus-Chrift par la Prédication de l'Evangile, étoient les veritables enfans de la promeffe; c'est à dire,felon la Phrase Hebraïque, les enfans promis; fçavoir dans ces paroles, je ferai ton Dieu & ta femence deviendra comme les Etoiles des Cieux & comme la poudre de la terre, & en effet cette grande multiplication de la femence d'Abraham comparée à la poudre de la terre, à caufe de fa multitude, ne peut avoir été parfaitement accomplie dans la Nation des Juifs qui n'a jamais été qu'un petit Peuple, en comparaifon des autres Nations de la terre, & cela n'a été bien accompli que par la vocation des Gentils, qui a rendu la Famille d'Abraham fi nombreuse. Car il eft à remarquer qu'Abraham étant appellé le Pere des Croyans, tout le Corps de l'Eglife & des Fideles eft confideré comme fa famille. Cela étant il eft clair que la rejection des

Juifs ne fait aucun prejudice à la verité de cette promeffe, qui avoit été donnée à Abraham; ainfi voilà la difficulté levée à cet égard.

Mais il en reftoit une autre, c'eft que l'on pouvoit demander, comment la justice de Dieu & fa bonté lui pouvoient permettre de rejetter un peuple qu'il avoit fi long-tems, aimé? La difficulté eft grande, c'eft pourquoi l'Apôtre employe beaucoup de paroles à y répondre. Il commence la répon fe à cette objection dans le dixiéme verfet, & la continue jufqu'au vingt-quatrié- me. Ce dixiéme verfet eft ainfi couché, felon nôtre verfion, & non feulement celui-ci, mais auffi Rebecca quand elle eût conçû d'un, favoir de notre Pere Ifaac. Mais il fauttourner un peu autrement. Ce mot celuici n'eft point dans le Texte Grec, il y a feulement ou monode; apres quoi l'on peut fuppléer ce que l'on veut, ou le pronom celui-ci, ou le pronom cela, ou quelqu'autre chofe de femblable; mais évidemment il y faut fubftituer le pronom cela, & non fealement cela, mais auffi Rebecca, &c. C'est à dire, outre la raifon que je viens de vous apporter, qui prouve que la parole de Dieu & fa promeffe donnée à Abraham, ne font point enfreintes par la rejection des Juifs: j'ai à vous dire fur cette rejection, qu'elle doit point être contrôlée par la raison ine, parce que Dieu eft abfolument

fibre dans le choix & dans la rejection des chofes; il ne lui faut point d'autre raison que fi volonté. Ce qui paroit par ce qui arriva à Rebecca quand elle conçût de nôtre Pere Ifaac, c'est que devant que les enfans fuflent nez & qu'ils euffent fait ni bien ni mal, il lui fut dit, le plus grand fervira au mindre. C'est donc ici le but pour lequel Saint Paul apporte l'exemple de la rejection d'Efau & de l'élection de Jacob. C'est pour faire voir que Dieu rejette & choifit qui bon lui femble, fans avoir égard à leurs œuvres ; D'où il conclud que quand les Juifs ne feroient point coupables, Dieu auroit pû rejetter leur Nation, fans que nous fuffions en droit de lui demander pourquoi. Or parce que cette liberté de l'élection & du choix de Dieu est une matiére en foi fort importante, & qui d'ailleurs faifoit beaucoup pour lever ce grand scan· dale que la rejection des Juifs pouvoit créer dans l'efprit des Gentils, il infifte beaucoup là-deffus. Et parce que Jacob & Efau avoient été les types de la reprobation & de l'élection des hommes à l'égard du falut eternel, il explique la matiere depuis le quatorziéme verfet jufqu'au vingt-quatriéme, & commence par fe faire la dif. ficulté qui naît naturellement dans l'esprit de tout le monde, que dirons-nous done? y a-t-il iniquité en Dieu ? c'eft à dire, Dieu n'eft-il pas injufte? de deux perfonnes

qui font abfolument en même état, choifir l'une & laiffer l'autre? Il differe de répondre à cette difficulté jufqu'au verfet 20. & dans les cinq verfets fuivans il établit par des témoignages de l'Ecriture cette verité, que Dieu eft libre dans l'exercice de fa mifericorde & dans la diftribution de fes gra-.

ces.

C'est à cela que tendent ces paroles de Dieu qu'il cite en difant : j'aurai compaffion. de qui j'aurai compaffion; c'est à dire, j'aurai compaffion de qui il me plaira. C'est pour cela même qu'il amene l'exemple de Pharao, que Dieu par un acte de fa volonté libre, avoit fufcité plûtôt qu'un autre pour démontrer en lui fajuftice.

que

Dans le veriet 19. il reprend fon obje&tion: Or tu me diras, pourqucife plaint-il encore, &c. La réponse qu'il y fait eft tirée uniquement de ce qui s'appelle, Summum jus Deiin Creaturas: c'eft le fens de ce qu'il dit dans le verfet 22. où il dit Dieu a reprouvé certains hommes qu'il appelle vaiffeaux d'ire four donner à connoitrefa puiffance; où ce mot de puissance, ne peut fignifier autre chofe que fummum jus, que les Latins appellent auffi fumma poteftas. Car autrement il n'y a pas grande puiffance à reprouver un homme; ce n'eft pas un acte de la force de Dieu, c'eft une action de fa liberté & un exercice de fon droit. Il illuftre cette fouveraine puiffance de Dieu par celle d'un Potier, qui d'une même masse peut

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