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faire des vaiffeaux à honneur & des vaiffeaux à deshonneur.

Mais il y a fur cette matiere une remarque importante à faire, c'eft de fçavoir precilement de quelle élection l'Apôtre parle dans cet endroit ; fi c'eft de cette election qu'on appelle eternelle, qui n'eft autre chofe que le decret de Dieu, par lequel il a ordonné de choifir dans le temps certains hommes pour les conduire au falut; ou bien fi c'est d'une élection & d'un choix qui fe faffe dans le temps. Les Interpretes entendent par l'élection dont parle Saint Paul en cet endroit, le decret de l'election éternelle; mais je puis dire avec affurance qu'en cela ils fe trompent, & qu'ici l'élection est precisement cette action de Dieu purement gratuite, par laquelle dans le temps il appelle efficacement & convertit certains hommes, en negligeant les autres. Il eft vray que les verfets 21. 22. & 23. peuvent être rapportez à la predestination éternelle, comme on verra dans les éclairciffemens. Mais les verfets precedens doivent être entendus de l'élection & du choix qui fe fait dans le temps. Si on examine bien toute l'Ecriture Sainte & tous les paffages dans lef quels les mots d'élire, d'élection, & d'élûs, fe rencontrent, on n'en trouvera aucun où ces mots fignifient neceffairement l'électionéternelle; & au contraire il y en a beaucoup où clairement ces mots doivent fignifier

l'election qui fe fait dans le temps. Par exemple au chap. precedent l'Apôtre dit, qui intentera accufation contre les elûs de Dieu? Ileft clair que le terme d'élú fe doit prendre là pour convertis & pour fideles? autrement il eft certain que l'on pourroit fort bien intenter accufation contre les Elûs precifement comme elûs, fi l'election ne fe prenoit que pour le decret eternel. Saint Paul, par exemple, n'étoit-il pas élû quand il perfecutoit l'Eglife? & cependant il eft certain qu'il étoit fujet à la condamnation, & qu'on pouvoit intenter accufation contre lui? Ainfi les elûs dans cet endroit fignifient ceux que Dieu a convertis & juftifiez actuellement par un acte de grace abfolument gratuit, contre lefquels il n'y a plus d'accufation à intenter, parce qu'ils ne font plus dins la coulpe. Au 9. chap. des Actes verfet 15. Saint Paul eft appellé un Vaiffeau d'election, skeus eklogés. Il est évident que le mot d'élection dans cet endroit ne fignifie pas l'élection éternelle. Un Vaiffeau d'élection, c'est à dire, un Vaiffeau élû dans le temps, & feparé de tous les autres actuellement. It eft clair auffi que dans ce celebre paffage du 20. deSaint Mathieu où le Seigneur dit,qu'il y a beaucoup a'appellez, & peu d'élus, le mot d'élus fignifie ceux qui font choifis actuellement par la converfion, & par la vocation efficace. Car le fens eft, que

Dieu appelle bien des gens, mais qu'il en convertit tres-peu. Au 13 chap. du Livre des Actes l'Apôtre Saint Paul dit, que Dien a élú nos peres; & Jefus-Chrift au 15. de Saint Jean dit, ce n'est pas vous qui m'avez élú, mais je vous ai élûs; Et dans le 19. v. du même, chap. il dit à fes Apôtres, je vous ai élûs du monde. Il eft clair que dans ces paffages le mot d'élire ne fe prend point pour un decret éternel, mais pour une action faite dans le temps, par laquelle on fepare actuellement du milieu des autres celui que l'on choifit. Selon cette interpretation, nous trouvons facilement le fens de ces paroles de Saint Pierre dans fa feconde Epît re chap. 1. affermiffez vôtre vocation & éleEtion par bonnes œuvres. Si l'élection fe prenoit pour un decret eternel, il feroit peut-être affez difficile d'expliquer comment nous pouvons affermir un decret de Dieu abfolument independant de nous. Mais, fi vous entendez par le mot d'élection cette action par laquelle Dieu nous fepare a&tuellement du refte des hommes en nous convertiffant, alors il eft clair que c'eft nôtre affaire de confirmer cette élection par nos bonnes œuvres. Enfin l'on peut dire avec certitude, qu'il n'y a aucun paffage dans toute l'Ecriture où ces mots d'élire, d'élûs, & d'élection fe doivent neceffaire ment prendre pour des actes faits de toute é ternité,

Ileft vrai que Saint Paul au 4. verfet du 1. chap. aux Ephefiens dit, que Dieu nous avoit élus en Chrift, devant la fondation du monde; mais c'eft au même fens qu'il eft dit au 13. de l'Apocalypfe que l'Agneau a été mis à mort dés la fondation du monde. Ce qui fignifie, que Dieu avoit decreté de toute éternité de faire mourir fon Fils. Pareillement élûs devant la fondation du monde, c'eft à dire, que Dieu a decreté devant la fondation du monde d'élire dans le tems." Et nous avons un paffage paralelle dans le 1. Chap. de la feconde à Timoth. qui donne une grande lumiere à celui-ci. Ĉ'est que S. Paul dit, que la grace nous a été donnée en Jefus-Chrift devant les temps éternels. Il eft clair que cela fignifie que Dieu a decreté de nous donner la grace devant les temps eternels. Ainfi élire devant les temps éternels, c'est decreter d'élire. Il faut donc fçavoir que Saint Paul exprime le decret de l'éle&tion, & de la predeftination par le mot de prothefis, & de proorifmos, que nous tournons propos arrêté. Mais le mot d'eklogè ou d'election, fignifie cet acte purement gratuit,par lequel fans avoir regard aux œuvres niaux merites, Dieu fepare certaines gens du refte des hommes, par une vocation efficace, & veritablement convertiffante. Il eft tres-certain que c'eft en ce fens que fe prend le mot d'election dans toute cette difpute de l'Apôtre Saint Paul, touchant la rejection

des Juifs, & la vocation des Gentils, contenue dans les chapitres 9. 10. & II.

Mais s'enfuit-il donc de là, comme les Arminiens le pretendent, que tout ce neuvieme chapitre ne fait rien pour l'élection & pour la predeftination gratuite? Nullement; car il faut fçavoir que Dieu ne fait rien dans le temps à quoi ne réponde un decret dans l'éternité. Tellement que fi Dieu choifit les hommes gratuitement dans le temps, fans avoir aucun égard à leurs œuvres precedentes, il eft auffi certain que Dieu les á predeftinez dés l'eternité, & élûs d'une élection eternelle, fans aucune previfion de leurs œuvres, pour y avoir é gard. Ainfi tout ce chapitre prouve invinci Blement contre les Semi-Pelagiens, que Dieu n'a point élû les hommes ex operibus pravifis.

L'Apôtre aprés avoir ainfi expliqué les deux fondemens de la rejection des Juifs, qui font, le premier, que la promeffe que Dieu avoit faite à Abraham & à fa femence, appartenoit aux Gentils, qui devoient être appellez; le deuxième, la fouveraine liberté de Dieu : Il paffe dans le v 24. & dans les fuivans, à prouver que cette rejection des Juifs, & cette vocation des Gentils, fe devoient faire felon les Oracles des Prophetes. Dans le 25. & 26. verf. il apporte le témoignage d'Ofée pour prouver la vocation des Gentils. Dans le 27. 28. &

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