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26. il prouve la rejection des Juifs, par le témoignage d'Efaie. Depuis le trentiéme verfet jufqu'à la fin du chapitre, il montre quelle eft la raison de cette rejection des Juifs; comment & pourquoi ils ont été rejettez? c'eft qu'ils ont pourchassé la Loi de justice; c'est à dire, qu'ils ont cherché la juftice de la Loi. Car il y a ici cette figure de Grammaire qu'on appelle, bypallage cafus, la Loi de juftice, pour la justice de la Loi; & cela fignifie, qu'ayant cherché à être juftifiez par l'alliance legale, ils n'ont pû être juftifiez par l'alliance evangelique; parce qu'ils le font aheurtez contre Jefus Chrift, & contre l'Evangile, par un amour aveugle pour la Loi de Moïfe.

Dans le dixiéme chapitre, l'Apôtre continuë la même matiere de la rejection des Juifs. Mais parce que le fujet étoit odieux, il fait encore une nouvelle protestation du zele qu'il a pour le falut de ce peuple, & du chagrin qu'il a de fa perte. Aprés quoi dans le verfet 3. de ce chapitre & les fuivans, il commence à expliquer la caufe de cette chûte des Juifs; c'eft qu'ils avoient cherché d'établir leur propre justice, c'est à dire, leur maniere de juftification qu'ils avoient conçûë; ne fe font point rangez à la justice de Dieu, c'eft à dire, qu'ils n'ont point you lu accepter la maniere de juftification que Dieu leur avoit prefentée par l'Evangile.

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Atre ajoûte dans le verfet 4. car Chrift

eft la fin de la Loi en juftice à tout croyant ; paroles qui ne fignifient pas, comme on fe l'imagine que Jefus Chrift étoit le but des ceremonies légales, mais elles fignifient, que Jefus Chrift donne la juftification que la Loi cherche, & qui eft la fin de la Loi. Chrift eft la fin de la Loi, c'eft à dire, Jefus Chrift fournit cette juftification que la Loi cherche comme fa fin. Ce qui paroît par ces paroles qui font ajoûtées, en justice à tout croyant, c'est à dire, en juftifiant tous les croyans; Chrift obtient la fin que la Loi cherche, qui eft la juftification, parce qu'il ju ftifie tous les croyans.

L'Apôtre aprés avoir declaré que la caufe de la chûte des Juifs, c'eft qu'ils avoient. cherché d'être juftifiez par l'alliance legale, montre dans la fuite pourquoi les Juifs ont cherché inutilement d'être juftifiez par cette alliance, & déclare que cela vient de ce que la juftification legale eft tres-difficile, au lieu que la juftification evangelique.cft tres-facile. C'eft à quoi tend ce qu'il dit depuis le cinquiéme verset jufqu'à l'onziéme inclufivement. Dans le cinquiéme verfet il décrit la difficulté de la juftification legale, en ce que cette alliance de Moïfe demande un parfait accompliffement de la Loi, lequel eft abfolument impoffible à l'homme corrompu. C'est ce que fignific ce que l'Apôtre dit, La justice qui eft par la Loi dit ainfi que l'homme qui fera ces choses

vivra par elles. Dans les vs. fuivans l'Apôtre oppofe la facilité de la juftification evangelique en ce que l'Evangile pour juftifier les hommes, demande feulement d'eux la confeffion de la bouche,& la foi du cœur;car, du cœur on croit à justice, de bouche on fait confeffion à falut. C'est à dire, que celui qui croit du cœur eft juftifié,& que celui qui fait confeffion par la bouche eft fauvé. Or l'Apôtre prouve la facilité de la juftification Evangelique par un paffage tiré du 30.chap. du Deuter. où Moïfe dit: Ce commandement que je te commande aujourd'hui, n'est point trop haut pour toi, il n'eft point trop loin, mais sette parole eft fort prés de toi en ta bouche en ton coeur pour la faire. Ne dis done point en ton cœur, qui montera au ciel, ou qui defcendra dans l'abyme? Il y a deux difficultez à cette preuve. La premiere eft, fçavoir, fi l'Apôtre cite ce paffage dans le même fens, dans lequel il avoit été dit par Moife? Ce qui femble n'étre pas, parce que Moïfe parle là de la facilité des commandemens de la Loi, & ici l'Apôtre parle de la facilité des commandemens de l'Evangile. C'est pourquoy la plupart des interpretes veulent que ces paroles de Moife foient citées purement par allufion. Mais comme nous n'en devons venir là qu'à la derniere extremité, & que quand on ne peut faire autrement ? j'aimerois mieux dire que Moïfe, quand il préche la facilité de la Loi, ne regarde pas

l'alliance legale precifement par elle même, mais conjointement avec l'Evangile, & le relâchement Evangelique qui y étoit mêlé. Car il eft certain que l'oeconomie Mofaïque étoit compofée en partie de l'alliance de la nature, & de l'alliance de grace, & c'eft avec ce temperament que Moïfe prêche la facilité de la loi; Autrement il ne feroit pas vrai que l'alliance legale confiderée precifement en ce qu'elle a tiré de l'alliance de la nature, fût une chofe facile à accomplir. Car au contraire elle est tresdifficile, & même impoffible à l'homme charnel. C'est donc par rapport à ce qu'il y a d'Evangelique dans l'oeconomie de Moïfe, que les commandemens de cette œconomie font aifez; & par confequent l'Apotre ne s'éloigne point du but & du fens de Moife, quand il prouve la facilité de l'Evangile par ces mots du Deuteronome.

L'autre difficulté de cette preuve, c'eft, de fçavoir ce que veulent dire ces paroles: ne dis point en ton cœur, qui montera au Ciel? cela eft ramener Chrift d'enhaut; cut, qui defcendra en l'Abîme? cela eft ramener Chrift des morts. Sur quoi il faut remarquer que ces paroles, ne dis point en ton cœur, qui montera au Ciel, ou qui defcendra dans l'Abîme? étoient des façons de parler proverbiales entre les Juifs, qui fignifioient qu'on ne devoit point regarder une chofe comme difficile. Comme qui diroit: ne vous ima

ginez point qu'il faille monter aux Cieux, ou qu'il faille defcendre dans des abîmes, pour faire ce que je vous commande. Je ne vous demande rien que d'aifé. L'Apôtre Saint Paul y a ajoûté du fien de ces paroles, cela eft ramener Chrift des morts, prenant occafion des mots de monter, & de defcendre. qui font dans ces façons de parler proverbiales. Ne dis point en ton cœur, qui montera au Ciel? cela eft ramener Chrift d'enhaut ; c'est à dire, ne vous imaginez pas que la parole Evangelique foit quelque chofe de fi difficile; car quand même il faudroit monter aux Cieux, pour cette juftification Evangelique, l'Evangile a celui qui y eft monté; & parler ainfi, qui est-ce qui montera au Ciel? avec un efprit d'incredulité, comme fi cela étoit impoffible à l'Evangile, c'eft nier que Jefus Chrift foit monté en haut. Ne dites point femblablement, qui defcendra dans l'abîme? car dire cela avec un efprit d'incredulité, c'eft nier que Jefus Chrift foit tombé dans l'abîme de la mort. Tellement que s'il eft neceffaire pour la juftification Evangelique, que quelqu'un defcende dans l'abîme, l'Evangile nous fournit celui qui y eft defcendu pour cet effet. L'Apôtre conclud cette preuve de la facilité de la juftification Evangelique par la foi, par un paffage tiré d'Efaïe. Car l'Ecriture dit, quiconque croit en lui ne fera point Confus; ce qui fignifie felon l'Apôtre, que

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