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tous ceux qui croironten Jefus Chrift feront fauvez; & c'est ce qu'il prouve dans le verfet 12. & les fuivans, fçavoir, que tous les Croyans feront fauvez indifferemment tant Juifs que Grecs, & cela par rapport à la matiere de la rejection des Juifs, & de la vocation des Gentils. Pour établir l'une & l'autre, aprés avoir dit dans le v 12. Il n'y a point de difference du fuif du Grec,il n'y a qu'un mê me Seigneur de tous qui eft riche en envers tous ceux qui l'invoquent: dans le v. 13.il prouve par un paffage de Joël ce qu'il venoit de pofer dans le v. precedent, que tous ceux qui invoqueroient le nom du Seigneur feroient fauvez. Orde ce qu'il venoit d'établir la generalité du falut pour tous ceux qui croiroient & l'invoqueroient, il prouve dans leverfet 14. & fuivans, la neceffité de la predication de l'Evangile à tous les Gentils; & il la prouve par un argument que les Logi ciens appellent Sorites, Comment donc invoqueront-ils celui auquel ils n'ont point crû? Comment croiront-ils en celui du quel ils n'ont point oui parler? comment orront-ils, fans qu'il y ait quelqu'un qui leur prêche ? & comment prêchera-t-on, finon qu'il y en ait qui foient envoyez? C'eft ainfi que nôtre Verfion a tourné. Mais pour rendre le fens de l'Apôtre clair, il ne faut pas tourner en termes d'Indicatif, mais en terme d'Optatif, Comment invoqueroient-ils celui auquel ils n'auroient point cru? & comment croiroient-ils en

celui duquel ils n'auroient point oui parler? c. Car voici le fens de tout le paffage: Tous ceux qui croiront & invoqueront le Seigneur Dieu feront fauvez. Je dis tous, en comprenant les Gentils; ce qui fait voir clairement que nous autres Apôtresfommes bien fondez à prêcher aux Gentils. Car puifqu'ils doivent être fauvez en croyant en Dieu, & en l'invoquant comment pourroient-ils l'invoquer, s'ils ne croyoient en lui? & comment croiroient-ils en lui, s'ils n'oyoient parler de lui? & comment entendroient-ils parler de lui, s'ils n'avoient quelqu'un qui leur prêchât? comment enfin feur prêcheroit-on, s'il n'y avoit des gens qui leur fuffent envoyez pour prêcher? De l'un à l'autre il s'enfuit que les Apôtres ont été veritablement envoyez aux Gentils, & qu'ils n'ont point entrepris de leur prêcher fans une Miffion de Dieu. La conclufion de ce raifonnement dévroit fe rencontrer dans le v. 16. Mais elle fe trouve dans le v. 17.Tellement qu'il y a ici ce qu'on appelle une Metathefe,& ces parolesdu v. 17. La foi eft de l'onie, l'ouïe eftde la parole de Dieu, doivent être mifes en la place du v. 16.& c'eft une fuite de ce que l'Apôtre a dit, qu'afin que les Gentils pûffent croire, il faloit qu'il y eût des gens qui leur prêchaffent la Parole, car la foi, eft de l'ouïe, c'eft à dire, on ne fçauroit croire qu'on n'oye; & l'ouïe eft de la parole de Dieu, c'eft à dire, qu'on ne fçauroit ouïr, à moins qu'il n'y ait quelqu'un qui prêche la Parole.

Aprés ce raifonnement, l'Apôtre fe fait une objection qu'on doit reprendre au verfet 16. en le joignant avec le 18. Il avoit dit, que felon l'intention du S.Efprit,& felon les oracles des Prophetes, l'Evangile devoit être prêché à tous les Gentils. Là-deffus on lui pouvoit dire, qu'étoit-il befoin que l'Evangile fût prêché à tous les Gentils? car felon vous, la predication n'eft néceffaire que pour produire la foi: Or tous les Gentils n'ont point crû, & n'etoient point destinez à croire, Il n'étoit donc pas neceffaire que l'Evangile fût prêché à tous ces gens-là. C'est ce que l'Apôtre veut dire dans le verfet 16. Mais tous n'ont pas obei à l'Evangile; car Efaie dit: Seigneur, qui a crû à nôtre Predication? Paroles que les Interpretes ordinaires eftiment être dites par l'Apôtre, par rapport aux Juifs, mais qui certainement regardent les Gentils. Saint Paul répond à cette difficulté dans le verset 18. mais je demande, ne l'ont-ils point ouï, c'est à dire, il 'eft vrai que les Gentils n'ont pas crû à l'Evangile, mais tous l'ont oui, c'eft leur faute s'ils n'ont pas voulu croire. Ceux qui ont crû que dans ces paroles l'Apôtre parle de la predication qui fe fait par la voix de la Nature, fe font fort trompez. Le pretexte de leur erreur eft dans les paroles que l'Apôtre tire du Pfeaume 19. leur fon est allé par toute la Terre, qui dans leur fens litteral expriment effectivement le langage des creatures,

& la predication des Cieux. Mais l'Apôtre ou bien ne les cite que par allufion, ou bien, felon le fentiment des Peres, il y avoit un fens mystique dans ce Pf. 19. caché fous le fens litteral; & ce fens myftique regardoit la predication de l'Evangile,

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Tout ce que nous venons de voir depuis le verfet 11. prouve la vocation des Gentils, & là-deffus l'Apôtre S. Paul demande aux Juifs à qui cette vocation étoit fi fort en fcandale, s'ils n'avoient donc jamais ouï parler de cette vocation future des Gentils? C'eft ce qu'il veut dire au verset 19. Mais je demande, Ifraël ne l'a-t-il point connu? Cela ne veut pas dire, comme on l'interprete ordinairement, Ifraël n'a-t-il point ouï parler de l'Evangile, auffi bien que les Gentils? Cela fignifie: Ifraël n'a-t-il point connu ou n'a-t-il point dû connoître que les Gentils devoient être un jour appellez? Il répond, qu'oüi; & le prouve par un autre paffage formel de Moïfe, & par un autre d'Efaïe qui ne l'eft pas moins. Dans l'un & dans l'autre, Dieu prédit la vocation des Gentils. Enfin parce que la rejection des Juifs étoit infeparablement liée dans l'ordre des decrets de Dieu, avec la vocation des Gentils, dans le verfet 21. & dernier, l'Apôtre ajoûte un paffage tiré du même Efaïe, qui prouve la rejection & l'endurciffement des Juifs. Voilà l'interpretation de ce dixiéme chapitre, qui pour le fens, & pour les

liaifons eft peut-être le plus difficile de toute

l'Ecriture.

Dans l'onziéme chapitre, l'Apôtre ache ve & pourfuit cette matiere de la rejection des Juifs. Il fe fait une grande difficultéladeffus, qui revient à ceci: Comment eft-il poffible que Dieu ait rejetté un peuple qu'il avoit élû & diftingué par tant de privileges L'Apôtre répond à cela : Il n'eft pas vrai que Dieu ait abfolument rejetté ce peuple. Et là deffus, pour prouver que le peuple des Juifs n'étoit pas abfolument rejetté, il dit deux chofes la premiere regarde le prefent, & l'au tre l'avenir. Sur, le prefent il dit qu'encore que l'incredulité de la nation Juive fût bien univerfelle, cependant elle ne l'étoit pas à tel point qu'il n'y eût eu un nombre confiderable de Juifs qui avoit embraffé l'E vangile. Il y a, dit-il, au temps prefent un ré fidu felon l'élection de grace. Il compare ce refidu à celui qui étoit demeuré de refte dans les dix Tribus, quand Elie fe plaignoit, qu'il étoit demeuré lui feul, & Dieu lui répondit, qu'il fe trompoit, & qu'il y avoit un refidu de fept mille hommes. C'eft l'a bregé des cinq premiers verfets. Le fixiéme eft une parenthese, où à propos de ce qu'il avoit dit que Dieu s'étoit refervé quelques Juifs par l'élection de grace, il traite de l'éJection gratuite, & montre que Dieu ne choifit point les hommes à caufe de leurs

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