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œuvres. Si c'est par grace, ce n'est plus par euvres &c. Dans le verfet 7. il reprend fa matiere, & prouve que hors ce petit refidu de Juifs que Dieu s'étoit refervez, tous les autres avoient été abandonnez à l'endurciffement. Ille prouve, dis-je, par des paffages tirez d'Efaïe, & du Livre des Pfeaumes, & ces preuves font contenuës dans les 8.9 & 10 verlets. L'autre chefe que l'Apôtre établit pour prouver que les Juifs n'ont pas été totalement rejettez, c'eft qu'ils devoient être un jour rappellez, & rentrer dans l'alliance de grace. C'est le fens du verset 11. Mais je demande; ont-ils choppé pour trébucher? ainfi n'avienne; c'est à dire, font-ils tombez pour ne fe relever jamais? Ainfi trébucher fignifie ici une chûte mortelle, dont on ne revient point. A cette queftion l'Apôtre répond, que non, que la chûte des Juifs n'eft point fans retour: qu'elle n'a été permife de Dieu qu'afin de donner lieu à la vocation des Gentils, & que cette rejection des Juifs à temps est la cause de la vocation des Gentils; parce que les Juifs étant incredules, & Dieu ne pouvant pas être fans Eglife, il a falu neceffairement que Dieu appellât d'autres gens en la place de ceux qui refufoient de le fuivre. C'est le méme fens que celui de la parabole des Nôces, dans la quelle le Seigneur Iefus Chrift fait appeller les mendians, parce que les invitez ne voule lieu des nô ces loient pas venir, afin que

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c'eft à dire, l'Eglife, fût rempli. C'est la matiere des verfets 11. 12. 13. & 14. dans lefquels l'Apôtre fait auffi une Apoftrophe aux Gentils, pour leur apprendre les raifons pourquoi il parloit fi avantageufementd'eux. La premiere étoit afin de rendre fon Miniftere honorable, & la feconde afin de provoquer les Juifs à jaloufie & les fauver. Dans le v. 15. l'Apôtre nous apprend que quand le retour des Juifs fe fera, alors l'Eglife recevra un confiderable avantage, lequel il appelle vie d'entre les morts, c'est à dire, refurrection. Quelle fera leur reception, finon vie d'entre les morts? Or je ne doute pas que cette refurrection ne foit abfolument la même que celle dont parle Saint · Jean au 20. de l'Apocalypfe, qui eft appellée, la réfurrection premiere. Par là eft fignifié cet admirable état dans lequel fe trouvera l'Eglife, quand ces trois grands évenemens feront arrivez, le rappel des Juifs; la converfion du refte des Gentils, que l'Apôtre appelle ici pleromalon Ethnon la plenitude des Gentils; & le troifiéme la chûte de Babel. Alors l'Eglife fera dans l'état le plus refplendiffant où elle puiffe être durant le regne de la Grace. Cet état durera mille ans; & c'eft ce que le S. Efprit dans le même lieu de l'Apocalypfe appelle, le regne de mille ans durant lequel Satan fera lié,

L'Apôtre prouve cette These importante du rappel des Juifs, depuis le feiziéme ver

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fet jufqu'à la fin du Chapitre; & fa principale preuve eft tirée de l'Alliance faite avec les Patriarches, & des promeffes que Dieu leur avoit données, qui font inviolables. En regardant à ces Patriarches il dit: Siles premices font faintes, auffi eft la masse; & fi la racine eft fainte, auffi font les branches. C'eft à dire, fi les Patriarches, Abraham, Ifaac, & Jacob, qui font les premices & les racines de cette Nation, font faints & confacrez à Dieu: auffi certes les branches qui fortent de cette tige font confacrées à Dieu, & il eft impoffible qu'elles foient abfolument rejettées. En fuite, depuis le verfet 17. jufqu'au 24. inclufivement,il apprend aux Gentils qu'ils ne devoient pas conclurre une rejection generale de la Nation des Juifs, à cause de l'incredulité prefente de cette Nation; & que d'autre part ils ne devoient. point vivre dans une fi grande confiance, comme fieux Gentils avoient été appellez de Dieu d'une vocation irrevocable, Illeur fait voir que les Juifs qui étoient retranchez pour un temps de l'Alliance, feroient rappellez, & que les Gentils pourroient bien cux-même être retranchez, s'ils venoient à tomber dans une incredulité semblable à celle où étoient les Juifs. C'eft le fens de cette belle allegorie de l'Olivier dont les branches naturelles ont été retranchées, & les branches de l'Olivier fauvage entées en leur place, lefquelles branches entées pourront

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bien être retranchées, & les branches naturelles remifes fur leur premier tronc. Ce tronc c'eft la famille d'Abraham; les branches naturelles qui ont été coupées à caufe de leur incredulité, ce font les Juifs; les bran ches de l'Olivier fauvage, ce font les Gentils. Ce qui nous apprend, pour le remarquer en paffant, qu'Abraham eft toûjours confideré comme le Chef & la Tige de l'Eglife, tant des Gentils que des Juifs. Saint Paul aprés avoir traité la matiére en termes figurez, l'explique en termes propres depuis le verfet 25. jufqu'au 33. C'eft-là qu'il dit, qu'endurciffement eft avenu à Ifraël en partie, c'eft à dire, pour un temps, jufqu'à ce que la plenitude des Gentils foit entrée. Ce qui fignifie que toutes les Nations Payennes feront premierement converties à Jefus Chrift, & qu'enfuite les Juifs ne pouvant pas réfister à un fi grand torrent de contradiction, & ayant honte de fe voir feuls ennemis de Jefus Chrift, ils se rangeront fous fes enfeignes. L'Apôtre prouve ce rappel des Juifs par des paffages tirez d'Efaïe & de Jeremie; & enfuite par une raifon : & la raifon c'eft que les dons & la vocation de Dieu font fans repentance. Il faut entendre par ces dons & par cette vocation de Dieu la vocation des Patriarches Abraham, Ifaac, & Iacob, qui ne fe peut révoquer, ni à leur égard, ni à l'égard de leur pofterité. Tellement qu'il faut que

tôt ou tard la promeffe qui a été faite s'accompliffe. Dans les trois versets suivants qui font le 30. 31. & 32. l'Apôtre explique pourquoi Dieu a permis d'une part que les Gentils euffent été fi long-temps étrangers des Alliances; & de l'autre, pourquoi il veut permettre que les Iuifs tombent dans. un pareil état, où ont été fi long-tems les Gentils. C'eft dit-il,que Dieu les a tous enclos fous rebellion, afin qu'il fit mifericorde à tous. C'eft à dire, qu'il a permis que tous les hommes tant Iuifs que Gentils tombaffent dans un état qui leur fit fentir leur néant, afin qu'ils fuffent convaincus qu'ils ne peuvent être fauvez que par fa mifericorde. Le refte du Chapitre depuis le 33. jufqu'à la fin, contient une exclamation fur les matiéres qu'il a traitées dans les trois Chapitres précédens, de la rejection des Juifs; de la vocation des Gentils; de la liberté de l'élection de Dieu & de la nature de cette élection, qui eft purement gratuite, des raifonspour lefquellesDieu avoit fi longtems negligé les Gentils; de celles qu'il a d'abandonner un peuple qu'il a fi long-temps chéri. Matieres qui font effectivement les plus inconcevables & les plus impenetrables de la doctrine Chrêtienne. Ici finit la partie Polemique & Didactique de cette Epître, & par confequent ce qu'il y a de difficile. Les cinq derniers Chapitres ne contiennent que des preceptes de morale generaux & parti

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