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Les trois premiers volumes de ce Manuel contiennent un Dictionnaire, dans lequel on trouvera indiqués les livres anciens qui sont à la fois rares et précieux, et un grand nombre d'ouvrages modernes, qui, par leur mérite bien reconnu, leur singularité, la beauté de leur exécution, les gravures dont ils sont ornés, ou par quelques autres particularités, peuvent figurer parmi les livres précieux, et demandent quelques notes explicatives.

Ce n'est donc pas une Bibliographie complète que j'ai voulu faire, mais un Dictionnaire composé de livres choisis. D'après cela, je me suis vu en droit d'écarter de mon ouvrage une foule de livres anciens qui, malgré leur rareté, ne sont recherchés que de très-peu d'amateurs. et qui ne peuvent guère tenir un rang dans les bibliothèques, ni comme ouvrages utiles, ni même comme objets de curiosité (1). J'ai dû pareillement ne point faire entrer dans ce Dictionnaire les ouvrages modernes qui, quoique bons et recherchés, n'ont qu'une valeur médiocre : j'ai réservé ces sortes de livres pour la Table méthodique, dans laquelle ils doivent nécessairement trouver leur place.

Si je me suis quelquefois écarté de ce plan, ce n'a été que pour compléter les articles de certains auteurs, pour donner la suite des éditions d'un même ouvrage, pour indiquer les traductions des écrits dont je faisais connaître les originaux, pour annoncer quelques recueils volumineux, et enfin, par respect pour plusieurs ouvrages estimables, qui, quoique tombés en discrédit dans le commerce, n'en sont pas moins recherchés des gens de lettres.

Les livres sont placés dans ce Dictionnaire, ou sous le nom de l'auteur, ou d'après les premiers mots du titre, lorsqu'il s'agit d'ouvrages dont les auteurs ne se sont pas nommés (3); et pour ces derniers, j'ai en souvent recours à l'excellent Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes de M. Barbier.

Je me suis attaché à donner avec précision: les titres, et ne pouvant les copier en entier, j'ai tâché de garder un juste milieu entre un titre trop long et un titre tronqué. Dans les notes que j'y ai jointes, je me suis presque toujours abstenu de porter des jugemens sur le mérite des livres. De quel droit, en effet, me serais-je érigé en censeur universel ? Je me suis seulement permis de dire que tel ouvrage était estimé, que telle édition était préférable à telle autre, parce que ces observations sont, ou le résultat de l'opinion générale, ou celui de la comparaison que j'ai faite de plusieurs éditions entre elles.

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(1) Si j'avais admis indifféremment dans ce Manuel tous les livres difficiles à trouver, il est certain que j'aurais pu y faire entrer facilement plus de cent mille articles, puisque les seules annales typographiques de Panzer, qui ne vont que jusqu'à l'année 1536, m'en auraient fourni au moins quarante mille, auxquels on ne peut pas refuser la qualification de rares.

(2) J'ai pensé qu'il était convenable de placer toutes les éditions de la Bible entière, ou de l'ancien Testament, au mot BIBLIA; et toutes celles du nouveau Testament, an mot TESTAMENT. J'ai placé les romans de chevalerie, qui n'ont point de nom d'auteur, au nom du héros du roman, comme ARTUS, GYRON, LANCELOT, etc.

Le but que je me suis proposé est de faire connaître principalement les livres précieux, de donner une idée de leur valeur, de signaler les contrefaçons, de faire remarquer ces ruses trop communes par lesquelles, au moyen de titres rafraîchis, on a voulu faire passer d'anciennes éditions pour de nouvelles, et quelquefois même des ouvrages tombés dans l'oubli pour des productions récemment publiées. On doit trouver dans un livre du genre du mien, des renseignemens exacts sur les collections volumineuses, sur la manière de collationner les ouvrages composés de pièces séparées, sur le nombre de gravures contenues dans certains livres difficiles à vérifier, sur la quantité de feuillets dont se composent des volumes dépourvus de pagination ou de signatures, en un mot, tout ce qui concerne le matériel d'un livre, et ce qui est essentiellement du ressort du Libraire.

J'ai apporté une attention particulière aux éditions princeps des auteurs classiques grecs et latins, et aux premières productions typographiques des plus anciens imprimeurs; mais n'ayant que fort peu d'espace à consacrer à mes notes, et me trouvant resserré dans des colonnes étroites, je n'ai pu figurer exactement les souscriptions de ces anciens livres. Je me suis donc contenté de composer les titres que j'en donnais, de fragmens pris soit au commencement, soit à la fin des volumes; d'en conserver exactement l'orthographe, bonne ou mauvaise, et de donner, dans de courtes notes, les signes caractéristiques qui les distinguent. Cependant je me suis quelquefois étendu davantage au sujet de certains articles très-précieux qui avaient échappé aux recherches des Bibliographes, ou qui n'avaient été qu'imparfaitement décrits..

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Je n'ai pas cru nécessaire de répéter à chaque édition publiée avec date, dans les premières années de la typographie, qu'elle était imprimée sans chiffres, réclames ni signatures, parce qu'on sait bien qu'à cette époque ces signes nécessaires pour indiquer l'ordre des feuillets d'un livre, n'étaient que très-rarement mis en usage. J'ai réservé ces détails pour les éditions sans date, ni nom d'imprimeur, ni désignation de lieu, qu'il était essentiel de décrire de manière à les faire reconnaître facilement. Ces indications doivent mériter d'autant plus de confiance, qu'elles ont presque toujours été prises sur les livres mêmes. Qu'il me soit permis, à cette occasion, de témoigner à M. Van Praet toute ma reconnaissance pour la complaisance qu'il a bien voulu avoir de me communiquer les livres les plus précieux que possède la Bibliothèque du Roi, dont il est l'un des conservateurs les plus distingués: si mon ouvrage contient quelques notes intéressantes relatives aux premiers monumens de l'art de l'imprimerie, c'est principalement à la facilité d'avoir eu sous les yeux ces précieux objets que j'en suis redevable.

Cependant, comme il ne m'a pas été possible de me procurer toutes les éditions anciennes dont je parle, j'ai cru pouvoir m'en rapporter, pour celles que je n'avais pas eues à ma disposition, aux ouvrages du P. Audiffredi, aux Annales typographiques de Panzer, à la nouvelle

édition des Typographical Antiquities, donnée par M. Dibdin, et quelquefois même au Dictionnaire de M. la Serna Santander. (1)

D'après les recherches que j'ai faites sur cette importante partie de la Bibliographie, j'ai lieu d'espérer que mon ouvrage pourra, à cet égard, être regardé comme un supplément nécessaire de la Bibliographie instructive, et même des Annales de Panzer.

Quoique les éditions du quinzième siècle m'aient paru mériter un soin particulier, je n'ai pas négligé les livres plus modernes ; les auteurs classiques grecs et latins, les ouvrages qui servent à leur intelligence, l'ancienne littérature française, les sciences et l'histoire ont aussi partagé mon attention, et ont été tour à tour l'objet de mes recherches. J'ai donné une étendue raisonnable à ce qui concerne la littérature italienne, espagnole et anglaise ; et l'on verra que j'ai eu, pour cette dernière, des secours qu'aucun bibliographe français n'avait eus avant moi, mais dont je n'ai usé qu'avec la mesure qui convenait au plan et à la nature de ouvrage. Bien que la littérature allemande soit en général trop négligée en France, elle y trouve cependant encore assez de partisans, pour que j'aie dû lui consacrer une place, soit dans mon Dictionnaire, soit dans le Catalogue qui l'accompagne. La littérature orientale n'a pas non plus été oubliée ; mais ignorant complétement les langues qui la composent, je n'ai pas pu en faire un des objets essentiels de mes recherches.

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Pour les éditions sorties des presses des Alde, je m'en suis presque toujours rapporté à l'ouvrage de M. Renouard, dont j'ai reconnu, par expérience, toute l'exactitude. L'ouvrage d'Angelo-Maria Bandini m'a été également utile pour les éditions des Junte.

J'ai puisé de bons renseignemens dans la Bibliothèque de D. Clément : dans la Bibliothèque de la France, du P. le Long; dans la Bibliographie de de Bure; dans les Catalogues du duc de la Vallière, par MM. de Bure et Nyon; de Crévenna; de Pinelli, par M. Morelli; de M. Banks;

(1) En faisant usage de ces ouvrages, j'ai eu grand soin de ne m'y arrêter qu'à des éditions bien avérées et de rejeter celles dont l'existence n'est pas confirmée par de bonnes autorités; cette circonspection était d'autant plus essentielle, que, si l'on adoptait sans examen toutes les notes qui se trouvent dans les ouvrages de Bibliographie, même dans ceux qui sont justement estimés, on serait souvent induit en erreur. Par exemple, je trouve dans le Catalogue de Crévenna, édition de 1775, tome 3, prem. partie, page 246, l'indication bien circoustanciée d'une édition du Commentaire de Calderin sur Juvenal, Romæ, kal. septembris 1474, pet. in-fol. ; qui ne croirait, d'après cela, que cette édition a été véritablement imprimée à Rome en 1474? cependant le P. Audiffredi ( Catalogus Romanarum edit. sæculi xv, pages 15, et 158) a prouvé que cette édition, publiée par Calphurnius Brixiensis, avait été imprimée à Venise, postérieurement au Commentaire de Caldérin sur Martial, sorti des presses de Jac. de Rubeis, Idib. sept. 1474, et que la date kal. septembris, 1474, était relative à la composition de l'ouvrage, et non pas à son impression. Convaincu par le raisonnement du savant bibliographe romain, le rédacteur du second Catalogue de Crévenna, tome 3, no 4o55, a terminé le titre qu'il donne de cette édition, de la manière suivante: Editi Roma, kal. septembris 1474, sine anno, et loco typogr. (sed Venetiis, per Antonium Moretum, circa 1490); et d'après cette annonce volume n'a été vendu qu'un florin ( 2 liv. 4 s. ), ainsi qu'on peut le voir dans la liste imprimée des prix de la vente de Crévenna.

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du lord Spencer, etc. J'ai aussi fréquemment consulté les Bibliothèques italiennes de Fontanini et d'Haym, la Serie de' testi de M. Gamba, le Répertoire de M. Schoel, le Journal des Savans, l'Esprit des Journaux, le Magasin encyclopédique, le Journal de la Littérature étrangère, et avec beaucoup plus de confiance, le Journal de l'Imprimerie et de la Librairie, qui est devenu un répertoire bien important depuis que la rédaction en est confiée à M. Beuchot. Je ne dois pas oublier non plus, parmi les ouvrages qui m'ont été utiles, ceux d'Harwood, de M. Dibdin, le Bibliographical Dictionary de M. Clarcke, et les Anecdotes of Literature de M. Beloe. Enfin je n'ai fait usage que des ouvrages de Bibliographie les plus accrédités, et me suis, autant que je l'ai pu, tenu en garde contre ces compilations faites sans soin, dans lesquelles il n'est guère possible de trouver des renseignemens exacts.

Pour me conformer au goût des amateurs et des libraires, j'ai apprécié les livres que j'indique ; mais ces appréciations sont basées différemment, selon le genre de livre auquel elles ont rapport. Ainsi, comme il eût été ridicule de vouloir assigner une valeur fixe à des livres qui ne passent que très-rarement dans le commerce et dont le prix dépend entièrement de la volonté des vendeurs ou de celle des acquéreurs, j'ai cru plus raisonnable d'indiquer les prix auxquels les livres de ce genre ont été, portés dans les ventes les plus connues, faites depuis 50 ans, tant en France qu'en Angleterre et en Hollande; par ce moyen, non-seulement je fais voir la variation que ces sortes d'objets peuvent éprouver dans leur prix, mais encore, en citant les catalogues où ils sont indiqués, je donne, une garantie de leur existence. Il est certain que si tous ceux qui ont publié des Dictionnaires bibliographiques avec des prix, avaient suivi cette méthode, ils n'auraient pas apprécié des livres qui n'existent pas, ou qui ne se sont jamais présentés dans le commerce,

Quant aux livres qui, sans être communs, se rencontrent assez fréquemment pour qu'une longue expérience du commerce et l'habitude des ventes puissent en faire connaître la valeur, je les ai appréciés d'après un terme moyen qui, toutefois, ne peut être regardé que comme approximatif. En faisant cette appréciation, j'ai supposé les livres en bon état, mais sans reliûre de luxe, et j'ai dû citer (pour faire voir combien la belle conservation et l'élégance de la reliûre d'un livre en augmentent la valeur) quelques exemples de prix excessifs auxquels certains exemplaires, d'une condition extraordinaire, ont quelquefois été portés. (1)

Les livres nouvellement publiés ne peuvent point être appréciés de la même manière que les autres ; car n'ayant point encore subi l'épreuve du temps, ils sont censés n'avoir d'autre prix que celui qui leur a été

(1) D'après cela, il n'y aura pas de ma faute, si l'on prétend s'autoriser du prix excessif auquel aura été porté un très-bel exemplaire d'un livre rare, pour apprécier tout autre exemplaire ordinaire du même livre: ou si, au contraire, on ne veut attacher à un exemplaire très-bien conservé et magnifiquement relié, d'autre prix que celui d'an exemplaire commun.

assigné par leurs éditeurs, bien qu'il soit possible de se procurer, au-dessous des prix fixés, une grande partie de ces livres de luxe modernes, si peu utiles, et si ridiculement magnifiques, ou quelques ouvrages qui n'ont pas eu de succès, ou même des ouvrages estimés dont un trop grand nombre d'exemplaires se sera trouvé tout à coup jeté dans le commerce.

Dans un ouvrage destiné spécialement aux amateurs, je ne devais pas onblier d'indiquer les exemplaires des éditions des auteurs classiques grecs et latins, et de quelques autres ouvrages qui ont été tirés en Grand Papier: aussi ai-je fait des recherches particulières sur cet objet, ainsi que sur les livres imprimés sur VÉLIN ; toutefois, pour ne point trop multiplier les indications de ces derniers, je n'ai pas voulu en citer un trop grand nombre, et je me suis presque uniquement borné à ceux qui ont été exposés en vente publique, et sur le prix desquels je pouvais avoir quelques notions.

J'ai rarement déterminé d'une manière positive le nombre d'exemplaires auquel certains livres rares ont été tirés, car il est difficile d'avoir des renseignemens bien exacts à ce sujet; et il ne serait point raisonnable de s'en rapporter à ce qu'en ont dit plusieurs personnes intéressées ou mal informées, puisqu'il n'est pas impossible de se procurer 100 exemplaires de tel ouvrage dont on prétend qu'il n'y a eu que 50, ou même 35 exemplaires d'imprimés. Si j'ai quelquefois donné de ces sortes d'indications, j'ai cité, lorsque je n'étais pas assuré de leur exactitude, les sources où je les avais puisées.

Je ne m'étendrai pas davantage sur ce Dictionnaire ; ce que j'en ai dit suffit pour en faire connaître l'utilité, et démontrer qu'il est au moins le plus complet qu'on ait encore publié.

Le quatrième volume contient une Table méthodique en forme de Catalogue raisonné, dans laquelle tous les ouvrages indiqués dans le Dictionnaire, et de plus, 7 à 8000 ouvrages utiles, mais d'un prix ordinaire, et qui n'ont pas dû faire partie du Dictionnaire, sont classés selon l'ordre adopté dans le système bibliographique le plus généralement suivi en France; système qui, quoique imparfait, est encore le plus raisonnable que nous ayons: il a d'ailleurs l'avantage d'être connu de tout le monde ; je ne me suis permis d'y faire quelques légers changemens que dans les sous-divisions.

Cette Table, dont l'usage doit être d'une grande utilité, réunit, dans le moindre espace possible, l'indication de la plupart des bons ouvrages et d'un certain nombre de livres précieux; elle présente, pour ainsi dire, l'ensemble d'une grande bibliothèque bien composée, et elle peut tenir lieu d'un grand nombre de catalogues. Dans la vue de n'y rien mettre d'inutile, j'ai cru ne devoir y faire entrer, ni plusieurs éditions d'un même ouvrage, niles traductions qui en ont été faites, puisque cela se trouve détaillé dans le Dictionnaire, auquel cette Table renvoie. (1)

(1) Le nombre des articles compris dans ce Catalogue est de plus de 1800ớ, en y

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