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XIIIe siècle que les Dames de Montreuil faisaient la gloire de l'Eglise de Laon; nous ne voyons rien dans l'histoire qui puisse infirmer cet éloge; pieuses, modestes, charitables, dans la paix et la prospérité, elles furent énergiques, patientes et résignées aux jours de malheur. Elles abandonnent leur chère solitude, les exercices de la vie monastique, leur joie et leur consolation; les ornements sacrés, les objets chers à leur piété et en particulier cette Sainte Face du Sauveur si antique et si vénérée.

Qui maintenant va veiller sur la sainte image? La foi du peuple chrétien. La dévotion dont l'avait entourée de nombreuses générations attirait l'attention et commandait le respect et le sentiment populaire va se manifester après la loi du 4 septembre et celle du 10 septembre 1792. Cette dernière loi rangeait les meubles et objets en or et argent employés au service du culte, parmi les choses de pure ostentation et ne convenant nullement à la simplicité qui doit accompagner le service; de plus, elle déclarait que tous ces objets appartenaient incontestablement à la nation qui avait le droit d'en faire l'application réclamée par les circonstances. Un inventaire doit être fait de nouveau, avec plus de sévérité que précédemment. Cet inventaire doit détailler tous les meubles, objets, ustensiles d'or et d'argent qui se trouvent dans chaque église, oratoire ou chapelle, spécifier leur nature et leur poids, et le plus tôt possible, ces objets doivent être expédiés pour être convertis en monnaie. On comprend l'immense portée d'une telle loi et l'impression produite au sein de nos populations.

Aussi, quoique les temps soient mal choisis pour témoigner de ses sentiments de foi et pour montrer son attachement aux objets pieux, la vénération pour la Sainte Face était si grande et si profondément imprimée dans les cœurs qu'elle va être instamment réclamée et par toutes les voies possibles par la paroisse de Vaux, et par les paroisses de La Neuville et de St-Martin. Ici les faits sont éloquents et les documents fournis par les archives si instructifs que nous les reproduisons en entier.

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Dès le 16 septembre, une pétition est adressée aux administrateurs du district de Laon par les habitants du faubourg de Vaux.

Le même jour, avis et délibération du conseil général permanent de la commune de Laon.

Avis du conseil permanent du district de Laon. Avis du conseil permanent du département de l'Aisne qui confirme la délibération par laquelle le conseil de la commune « ne voit rien qui puisse empêcher la translation de l'lmage de la Sainte Face en l'Eglise de Vaux, et arrête que l'avis sera suivi et exécuté comme arrêté du département. ›

L'acte suivant, fait en l'étude de Me Demont, au cours du débat (2 novembre), réunit ces différentes pièces; aussi, croyons-nous devoir le donner de suite in-extenso.

Aujourd'hui, 2 novembre 1792, avant midi,

Pardevant les notaires demeurant à Laon soussignés, en l'étude de Demont, l'un deux.

Sont comparus Félix Carlier, marguillier de l'Eglise et paroisse de Vaux, l'un des faubourgs dudit Laon,

demeurant audit Vaux; Jean-François Lecat, Liévin Lecat, Louis Lefèvre et Jeau-Antoine Charpentier, tous quatre administrateurs. Lesquels ont apporté et déposé audit Demont, notaire, une pétition présentée à l'administration du directoire du district de Lacn par les citoïens paroissiens et habitans dudit Vaux faubourg de cette ville de Laon, tendante à ce que la relique de Sainte Face de Notre-Seigneur existante à la ci-devant abbaïe de Montreuil soit transférée en l'Eglise dudit Vaux ; en marge de laquelle pétition est un soit communiqué à la municipalité de Laon du 16 septembre 1792, signé Lebrun; ensuitte l'avis et consentement du conseil général permanent de la commune de Laon du même jour 16 septembre, l'avis du conseil permanent du district de Laon et l'arrêté du département de l'Aisne dudit jour 16 septembre, pour être la ditte pétition et les dits avis, consentement et arrêté mis au rang des minutes du dit Demont de ce jourd'huy et en être par lui délivré toute expédition à qui il appartiendra: duquel dépôt les dits comparants ont requis le présent acte aux dits notaires qui leur ont accordé pour servir et valoir ce que de raison.

Fait et passé audit Laon, en la ditte étude, les dits jour et an.

Lecture faite ont signé en la minute des présentes demeurée audit Demont, notaire, laquelle a été enregistrée à Laon le 3 novembre suivant. Reçu vingt sous. Signé Tirrion.

Suit la teneur de la ditte pétition, des dits avis, consentement et arrêté.

A Messieurs Messieurs les administrateurs du direc toire du dictrict de Laon.

Vous exposent les citoïens paroissiens et habitants de Vaux, faubourg de cette ville. Qu'il existe à l'abbaïe de Montreuil une relique de la Sainte Face de Notre Seigneur, ce qui occasionne un pélerinage considérable. L'Eglise de la ditte abbaïe était située sur le territoire de la ci devant paroisse de SaintMarcel réunie à celle de Vaux, la maison abbatialle et conventuelle était située sur le terroir de La Neuville réuni à la paroisse de Saint-Martin de cette ville.

Pourquoi les susdits citoïens et habitants de Vaux demandent que la ditte relique soit transportée dans leur Eglise, fondé sur le droit d'égalité autant qu'il est possible.

Il y a dans l'Eglise de Saint-Martin le pélerinage de Saint-Laurent de Saint-Hipolite, etc...

Il y a dans celle de Notre-Dame le pélerinage de Saint-Gourgon, de Saint-Béat, de Saint Quirain, etc, en accordant la relique de la Sainte Face à la paroisse de Saint-Martin, ou à celle de Notre-Dame, ce serait entretenir et soutenir la supériorité que les curés de ville ont toujours cru avoir sur ceux des fauxbourgs à cause de l'affluence du peuple qu'ils attirent dans leur Eglise par la multiplicité de leur pélerinage.

Les presbytères de Notre-Dame et de Saint-Martin sont éloignés de leur Eglise, ce qui nuirait beaucoup à la dévotion des pélerins. Celui de Vaux tient à l'Eglise. D'ailleurs, le pélerinage de la Sainte Face conduit à celui de Liesse, de plus les marchands et aubergistes de Laon profitent beaucoup de l'affluence du monde

que les administrations attirent en cette ville et ce serait une injustice de ne pas accorder aux citoïens de cette paroisse les moiens de profiter qu'ont ceux de la ville.

Signé Lefèvre, Legros, Delvincourt, curé; Picard, Bergnier, Diepdal, Mailfer, Magrat, Lavacry, Delabarre, Vannerean, Couturier, Carlier, Clarot, Charles Carlier, Siné, Husson, Turquin, Félix Carlier jeune, François Lecat, thuillier; Jean-Pierre Chevalier, Husson, J. Bleux, Talbot, Lavacry, Geffrin, JeanClaude Carlier, Deliancourt, L'hotte, Raulain, Liévin Lecat, Jacques Détré, Jean-François Lecat, Méreaux, J.-F. Lecat, Simon Frion, Fromage, Derval, JuvignyCanoel, Félix Carlier, marguillier; Lemaire-Dupérier, Goyot, Simon Lecat, Charpentier, Méreaux, Fraillon, Juvigny, Watier, Chevalier, Besville, Rousseau, Dupérier, Jacques Watier, Louis Watier, Jacques Planchette, Desnoyers, greffier; Charpentier, Frion, l'ainé.

En marge est écrit:

Soit communiqué à la municipalité de Laon, ce seize septembre mil sept cent quatre vingt douze Signé Lebrun.

Plus bas est écrit :

Le conseil général permanent de la commune de Laon, ayant entendu la lecture de la pétition des citoïens de Vaux et du soit communiqué du Procureur sindic du district et les conclusions de son Procureur, considérant que l'Eglise de la ci-devant abbaïe de Montreuil où repose l'image de la Sainte Face se

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