POITEVINE ET SAINTONGEAISE HISTOIRE, ARCHÉOLOGIE, BEAUX-ARTS ET LITTÉRATURE SEPTIÈME ANNÉE. 1890 MELLE ED. LACUVE, LIBRAIRE-ÉDITEUR 1890 Bunning 61 7me ANNÉE No 73. 15 JANVIER 1890. REVUE POITEVINE ET SAINTONGEAISE HISTOIRE, ARCHÉOLOGIE, BEAUX-ARTS & LITTÉRATURE. RECUEIL MENSUEL LA REINE VANDA OU UNE PRÉTENDUE MELLUSINE POLONAISE Mellusine n'aime pas les savants qui mettent leurs binocles pour lui ravir son secret; elle les attire à sa poursuite parmi les ronces et les fondrières et les y abandonne fort empêchés. Juste punition peut-être d'une entreprise de la science sur la fantaisie! Est-il bien rationnel en effet, de rechercher à coups d'érudition les origines d'une histoire de sorciers ou d'un conte de fée? N'est-ce pas écrire la généalogie des nuages que pousse le vent? Mellusine, femme d'un haut baron poitevin, grande dame, fondatrice d'églises et de châteaux, puissante, savante, fée, condamnée on ne sait par quelle puissance occulte à être demifemme et demi-reptile pendant tout un jour de chaque semaine à l'insu de son mari le sire de Lusignan, est surprise par ce seigneur dans la tour pleine d'eau où elle se baigne en pleine métamorphose et disparait avec un grand cri pour ne plus se montrer que la veille de grands malheurs. Telle est la légende poitevine. Est-il nécessaire pour la justifier qu'une colonie de Scythes ait apporté chez nous le conte d'une femme serpent oublié aujourd'hui dans le pays qui fut la Scythic? N'a-t-il pas suffi pour lui donner naissance, dans la vive et craintive imagination populaire, d'une femme supérieure à son siècle, adonnée à l'étude, se montrant rarement, possédant dans une tour de sa forteresse quelques bains à l'orientale? d'une mort subite, d'une expatriation, d'une intrigue d'amour, d'un crime peutétre? bien moins encore, de quelque bas-relief mutilé de sirène exhumé d'une fouille ou sculpté sur une courtine? d'un cri d'oiseau de nuit, et d'un manteau blanc de sentinelle derrière un créneau? Pour nous les contes surnaturels sont le produit spontané du sol. Ils empruntent au terroir leur couleur et leur saveur, et presque toujours les transplanter c'est les détruire. Il y a très TOME VII, no 73. 1 |