ERMINIE. Eh bien, cette Berline enfin arrive-t-elle? HORTENSE, à M. Sophanès, qui parcourt une brochure. Ah! Monfieur Sophanès, que lifez-vous donc-là? Elle regarde le titre. ANGOLA? Mais vraiment je connais Angola; C'est un conte charmant. N'est-il pas de Voltaire? Monfieur SOPHANÉS. Très-certainement, non. ERMINIE. De qui donc? de Moliere? Monfieur SOPHANÉS. L'auteur est inconnu. ERMINIE. Mais très-injustement, Car il fait tout gazer fi délicatement, D'un ton fi-je croyais entendre la Berline, ARTENICE, à Rosalie. En vérité, mon cœur, ce retard me chagrine. Montrant Lyfimon. Quel est ce loup-garou? ROSALIE. Un parent de Gernance, une espèce de fou. HORTENSE, à Rofalie. Ma chere, nous perdrons les frais de nos parures. Et Gernance, à la fin, n'ouvrirait pas les yeux! ERMINΙΕ. Le traître de Mondor! le tour est odieux! ROSALIE. Peut-être, le Cocher a fait quelque méprise. HORTENSE. Il faut, ma Reine, il faut qu'on nous cherche un Remise. ROSALIE. Que l'on ait un Remise, au plus vite, Marton. ERMINΙΕ. Parbleu! Monfieur Mondor, vous m'en ferez raison ! ARTENICE. Il aura sûrement oublié sa parole. HORTENSE. Oui, c'est son maudit jeu, son chien de cavagnole. Puiffe-t-il éprouver des revers inouis! ARTENICE. Non vraiment, j'en serais d'un écu par louis. ERMINIE Comme ils font impolis, tous ces gens de Finance! HORTENSE. Ah! c'est une noirceur qui doit crier vengeance. On ne vous trouve rien, ce qui s'appelle rien. MARTON, qui rentre. Le Vaux-hall a tout pris. HORTENSE. Oh! je m'en doutais bien! Mais il faudrait pourtant parer cette disgrace. MARTON. J'aurais bien une idée-on pourrait, sur la place, Trouver quelque cocher. ARTENICE. Un fiacre! ah! quelle horreur! HORTENSE. Pourquoi pas? dans le fonds, cest un petit malheur. Voyez, consultez-vous, il ne fait pas de lune. Il serait trop piquant de manquer le Vaux-ha. A Artenice, à demi-voix. UN LAQUAIS, apportant une lettre à Lifsimon. De Mylord Carlinfort - cette lettre est de lui. Monfieur SOPHANÉS, couvrant son embarras d'un ton de perfiflage. Et de Londres, sans doute, elle arrive aujourd'hui! ROSALIE, du même ton. La supposition par bonheur est notoire, LYSIMΟΝ. Vous avez dû le croire; Moi-même, ce matin, je le croyais auffi : A Gernance A Gernance. Lifez. GERNANCE, avec du trouble, du dépit & un refte d'incertitude. Vous le voulez-il faut vous satisfaire, Mais craignez. LYSIMON, avec nobleffe. Respectez l'ami qui vous eclaire. ERMINIE. D'où peut donc provenir tout ce grabuge-là? Vraiment, après le bal, cela s'éclaircira. : SCENE VIII. & derniere. MARTON, UN FIACRE, LES ACTEURS précédens. Gernance est tour-à-tour occupé de la Scène, & de la Lettre de Carlinfort. Il doit marquer dans son jeu l'étonnement & l'indignation. MARTON. CE Je n'ai pu m'en défaire, il a voulu me suivre; Il veut faire son prix, dit-il. LE FIACRE. Certainement. Dans notre état, ma mie, on doit être prudent. Vous savez qu'un Vaux-hall est un jour de ressource. HORTENSE. Va, tu seras content, partons. LE FIACRE. C'est très-bien dit; Mais, j'aurais mieux aimé, pour éviter le bruit, Regardant Rosalie avec une attention marquée. Mais je me donne au diable - ou c'est ma fœur Javotte. ROSALIE, confondue & s'appuyant sur Marton. Quel funefte embarras! LE FIACRE. Oui, parbleu! c'est ma sœur. Elle est, ma foi, très-bien dans ses meubles ! d'honneur, F Je ne lui croyais pas une fi grande aisance. GERNANCE. Qu'entens-je, & qu'ai-je lû? quel état, juste ciel! MARTΟ Ν. Ah! le malheureux bal! ARTENICE. Le revers est cruel. Je sens à quel degré son ame est au supplice. HORTENSE, éclatant de rire. Mais vraiment, c'est bien pis que la fille du suisse ! LYSIMΟΝ. N'ajoutez, pas l'insulte à sa confufion. Eh bien, Gernance, eh bien ! r GERNANCE. Ah! moncher Lysimon, Dans quel abîme, ô ciel, j'étais prêt à descendre! LYSIMΟΝ. Le hazard a plus fait que je n'osais attendre. Il l'emmene. LE FIACRE, à Rosalie. Monfieur SOPHANÉS, à Rosalie Sans adieu, belle enfant: Va, pour un de perdu, l'on en retrouve cent. : ! |