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Madame SIMONNE.

Sans doute, on m'avoit cherché z'un garçon qui me

donnoit un souper égal au dîner que j'apportois.

FANCHON,

Oh! je vous vois venir, Mame l'intérêt; mais ça ne prendra pas avec Guillaume. Il se moque des noyaux, lui; il n'a des yeux que pour mon petit mérite.

Madame SIMONNE.

En vérité, ma petite. Eh ben! il ne t'aura pas pour

tant.

FANCHON.

Dame ! il dit que fi.

Madame SIMONN E.

Et moi, je dis que non, trognon.
FANCHON.

Et là, là, Mame soupe au lait.

Madame SIMONNE.

Quiens, mon fils n'aime pas les yeux au beurre noir;

faut que j'y mette les tiens.

FANCHON.

N'y venez pas, ou je vous retape.

(Les deux Femmes, se montrant les poings, restent dans l'attitude de Combattantes à la vue

de

Thomas.)

SCENE XIII.

LES PRÉCEDENS, THOMA S.

QUeft-ce

THOMAS, entrant.

Uest-ce que c'est donc que st'explication-là.

FANCHON.

C'est Mame Simonne qui veut me bassiner les yeux.

THOMAS.

Morguenne! Mame Simonne, vous êtes ben téméraire, toujours. Je m'en ai doute que vous fefiez ici votre sabat. Je vous ai vu passé, & je suis resté sur z'un verre de vin pour vous fuivre. Croyez-moi, filez doux; car si eune fois la colere m'aveugle, je ne me connoîtrai pus en sesque, déja.

Madame SIMONNE.

Pourquoi qu'a me dit qu'alle aura mon fils malgré moi?

THOMAS.

Eh! votre fils, que le Diable l'emporte, & vous auffi !

Madame SIMONN E.

Ah! mais, Thomas......

THOMAS.

Pardine! pour vous parler, faut-il pas prendre des mitaines, tandis que vous prenez le moule des vôtres pour careffer m'nenfant.

Madame SIMONNE.

Queu dommage! faut prendre garde, quand on le magne, dea! ce beau bijou d'Almagne. Et vous croyez que ça épouseta mon fils, ça ?

THOMAS.

Ma foi, on a vu des chofes pus incrédules.

Madame SIMONNE.

On ne verra pas celle-là, Thomas; ça feroit un beau ménage, pas trop; oh! que non. Je sis comme la Boulangere, moi; j'ai d'z'écus, Faut que ma bru me ressemble; fans ça, bernique!

THOMAS.

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Et qu'eft qui vous demande tout ça ? Gardez vos écus, & fur-tout vos fottises.

Madame SIMONNE.

Rendez-moi mon fils, vous autres. Vous m'avez volé fon cœur, & le và aujourd'hui la proie z'amoureuse de je ne fais quelle fille.

FANCHON.

Ah! taisez-vous donc, Mame Simonne , avec votre fille. Quiens, ste magniere! fille.... Est-ce que vous ne l'avez jamais été, pour me reprocher ça ?

THOMAS.

C'est vrai, ça; & pis; il ne tient qu'à vous qu'a ne le foit pus, fille.

SCENE XIV.

LES PRÉCÉDENS, VIEUX-CANON.

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VIEUX-CANON, à demi-ivre.

H ben! Thomas, tu me laisse là dans ce Cabaret, comme une folitude.

THOMAS.

Ah! excuse, mon Vieux-canon; c'est que.....
VIEUX-CANON.

Oui, sec! fec! je suis diablement mouillé, moi. Il a

fallu que je boive pour moi & pour toi.

THOMAS.

Est que ça te désole, mon ancien

VIEUX-CANON.

Tout au contraire, ça m'égaye; mais je dis....... (Il apperçoit Madame Simonne, en trébuchant du côte de Thomas & il la regarde.) Quiens! v'ià z'une femme qui me creve les yeux, & je ne la voyois pas.

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THOMAS, à part, & à Vieux-canon. C'est Mame Simonne, la mere de Guillaume. VIEUX-CANON, haut.

Ah! ah! ça se laisse-t-il embrasser, une Mame Simonne? (Vieux-canon, en trebuchant, va à elle pour l'embraffer.)

Madame SIMONNE, le repoussant.

Allons, ouffe! je n'aime pas l'ordure.

VIEUX-CANΟΝ.

Ah! mais la femme, à bas les mains, pas de gestes. FANCHON.

Comme ça vous boufcule un homme, donc, ste Mame Simonne!

VIEUX-CANON.

C'est qu'a n'aime pas le vin, je vois ça.

THOMAS.

Pourquoi donc que ces femmes en veulent tant au Cabaret; quand on en fort pourtant, on a ben d'z'intentions pour elles.

IEUX-CANON.

C'est vrai, ça, au moins, Mame Simonne. Moi, tenez, je vous aime, ou cinq cent mille canons me fracaffent.

Madame SIMONNE.

Eh ben! me v'là-t-il point z'une conquête ? J'ai envie de m'en faire cadeau, de st'amoureux-là; ça par'ra ma cheminée.

VIEUX-CANΟΝ.

Ah! mais je dis au bout du compte, pas tant de rigueur; on se passera ben de vous.

Madame SIMONNE.

Le faudra ben, Monfieur grigou.

VIEUX-CANON.

Allons, adieu, bon foir; je ne vous aime pus. Dis

donc, eh! Thomas,

Eh ben?

THOMAS.

VIEUX-CANON.

Je viens de faire une affaire fuperbe.

FANCHON.

Queulle affaire don?

VIEUX-CANON.

Ça te conviendroit ben à toi, Fanchon. Joli garçon, ma foi! je l'ai dans ma poche. Brun, bel homme, quatre pouces, facé. J'y ai donné rendez-vous ici pour li don-/ ner sa premiere leçon d'exercice.

Madame SIMONNE.

Je serois ben curieuse de connoître un libertin comme

ça; ça vous a p't-être une mere?

THOMAS.

Et p't-être pus d'un pere, que fait-on?
VIEUX-CANO Ν.

Ah! je peux déja vous dire son nom. V'là son enga gement.

FANCHON, á part.

Ahi! v'là le goujon; comment ce qu'a' va l'avaler, la mere Simonne?

VIEUX-CANON, lifant.

Gui....Gui.... Guillaume.

FANCHON, feignant d'être surprise.

Guillaume!

Guillaume!

THOMAS, feignant d'être surpris.

Madame SIMONNE, effrayée.

Comment que vous dites, Monfieur?

VIEUX-CANON.

Je dis Guillaume; lifez pustôt.

Madame SIMONNE.

Ah! c'est mon fils.

VIEUX-CANΟΝ.

C'est qu'apparemment vous êtes sa mere.
Madame SIMONNE.

C'est ste morveuse - là qu'en est cause. Faut que je l'étrangle.

FANCHON.

N'y venez pas, ou je vous.... Je fis t'assez à plaindre, moi-même. Mon cher z'Amant, je ne te verrai pus. Madame SIMONNE.

Tu ne l'as que trop vu, Satan. Ah! mon cher Monfieur, est qu'on ne peut pas arranger ça ?

SCENE XV & derniere.

Les précédens, GUILLAUME, en habit de Soldat, un fufil en main.

M

GUILLAUME, entrant.

E v'là, mon Sergent.

Madame SIMONNE, courant à lui. Ah! mon fils, tu me perces comme ça mon pauvre

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Comment, Guillaume ! Mon ami....
GUILLAUME.

Mon parti z'est pris. J'ai barguiné z'allez long-tems; assez long-tems j'ai t'été bridé par mon respect pour ma mere. Me v'là lâché; tout z'est dit. Allons, mon Sergent, apprenez-moi s'a me battre en symmétrie.

VIEU X-CANON, levant la canne. Allons, Va-de-bon-cœur, mets-toi sous l'z'armes. Madame SIMONNE, criant.

Non, Monfieur, il ne s'y mettra pas.

VIEUX-CANΟΝ.

Femme, respectez le Service.

Madame SIMONΝΕ.

Gn'y a Service qui tienne, je veux mon fils.
FANCHON, à part.

Alle l'aime; c'est bon.

GUILLAUME.

Ma mere, laissez-moi faire mon devoir au vis-à-vis de la guerre. J'ai rempli ma tâche de fils envers vous; toujours je vous ai t'obéi. Je vous dois tout, c'est vrai; mais vous ne m'avez pas fait garçon pour des prunes. Vous me deviez t'une femme, vous.

Madame SIMONNE.

C'est-il t'en refuser que de vouloir t'en donner z'eune de ton calibre.

GUILLAUME.

Gn'y a pas de calibre à ça. Je voulois Fanchon, vous ne l'avez pas voulu; ça m'a procuré z'un désespoir qu'a fait que je me suis mis dedans..... Suis-je ben, mon Sergent?

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