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sait qu'elle était alors l'exaltation des esprits. Cependant, son administration fut trouvée empreinte de tant de prudence et de sagesse, que ceux mêmes dont il ne pouvait partager les opinions, lui en firent des complimens publics, et quand le duc de Berri vint présider, en 1815, le Collège électoral du Nord, plusieurs des plus notables membres de cette assemblée présentèrent une adresse au prince, pour demander que cet honorable magistrat fut rendu à ses fonctions de Maire.

M. Gentil-Muiron avait embrassé avec chaleur, mais aussi sans exagération, les principes politiques qui, en 1789, renouvelėrent la face de la France: il y fut fidèle jusqu'au dernier instant de sa vie. A l'âge de quatre-vingts ans, tous ses vœux étaient pour le triomphe de la liberté constitutionnelle, et lorsqu'il déposa pour la dernière fois, son vote dans l'urne électorale, ce fut en faveur d'un ami de la Charte et des libertés publiques.

Il est digne de remarque, que placé dans les circonstances les plus difficiles, et au milieu de l'effervescence des passions, M. Gentil-Muiron ne fut jamais homme de parti. Juste, modéré, obligeant à l'égard de tous, il n'eut pas d'ennemis; rentré dans le cercle des affections privées, il fit jusqu'à quatre-vingts ans le bonheur de ceux qui l'entouraient, son souvenir demeurera longtemps parmi ses concitoyens et ne sera pas la part la moins précieuse de l'héritage de sa famille.

Le buste de ce digne fonctionnaire a été modelé M. Lorthioir, artiste mort depuis longtems, qui a su conserver exactement l'expression de la tête et la physionomie bienveillante de M. GentilMuiron; ce buste a servi a M. Gingembre, jeune peintre lillois de beaucoup d'espérance, pour en exécuter un portrait très ressemblant que nous joignons à cette courte notice.

M. Gentil-Muiron né à Lille le 2 novembre 1748, y est mort le 10 mai 1828. Il n'a laissé que deux enfants dont un fils, héritier de ses bonnes qualités, membre du conseil municipal de Lille, et connu dans le monde numismatique comme possesseur éclairé d'un cabinet curieuxde l'une des plus complètes collections de médailles qui existent surla Révolution française. L. D.

Bonnaire de Pronville.

Louis-Désiré-Joseph Bonnaire, naquit au Câteau-Cambrésis, le 3 janvier 1730, de parents aisés et jouissant d'une grande con

sidération (1). Il fit de bonnes études dans le collège de sa ville natale, puis il alla étudier le droit en la faculté de Douai, sous Simon de Maibelle et autres professeurs recommandables. Reçu le 27 juillet 1771, avocat au Parlement de Flandre, siégeant à Douai, il ne tarda point à s'y faire remarquer par ses talens et sa science, qui lui valurent, en juillet 1788, l'honneur de remplacer dans la chaire de droit français, le professeur Desprès, promu à la chaire de droit canonique, vacante par la mort de Briffault neveu. Peu après cette promotion, l'Université lui conféra le grade de docteur. Nommé membre de la municipalité de Douai depuis sa formation (Janvier 1790), M. Bonnaire fut élu, par les assemblées primaires tenues de nouveau le 14 novembre de la même année, maire de la ville et installé le 29 suivant, en remplacement de M. Taffin de Goulzin, démissionnaire. Il fut le premier maire élu par les habitants eux-mêmes. M. Bonnaire exerçait dignement cette charge, pénible à cette époque, conjointement avec celle de professeur, lorsque les 16 et 17 mars 1791, des mouvements séditieux éclatèrent dans cette ville à propos de la cherté des grains qu'on prétendait être accaparés par différents négocians. «Les magistrats, dit Madame Clément Hemery (Nicollon à la lanterne, dans les Hommes et les choses des ARCHIVES, page 430) au lieu de les réprimer, en requérant la garde nationale, se contentèrent d'ordonner au commandant de la place de faire prendre les armes à la garnison, sans se mettre en peine de dissiper le factieux rassemblement. Les scélérats s'enhardirent tellement qu'ils massacrèrent dans leur rage Derbaix (Jean-Pierre), d'abord avocat au Parlement de Flandre, puis imprimeur à Douai, où il avait repris l'établissement de Derbaix frères, filleul de Nicollon, puis celui-ci qu'ils pendirent par trois fois au réverbère. L'assemblée nationale instruite immédiatement de ce qui s'était passé à Douai, décréta, sous la date du 19 du même mois, qu'il y avait lieu à accusation contre les maire, officiers municipaux et procureur de la commune de Douai, et que le Roi serait prié de donner des ordres pour les mettre en arrestation, et les faire transporter à Orléans (2). Un Douaisien, chef d'une famille distinguée, qui se trouvait à l'assemblée nationale, lorsque cette loi fut portée, prit de suite la poste à franc étrier pour Cambrai, d'où il dépêcha une

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(1) L'avant dernière abbesse de Fontenelles, dame Angélique Bonnaire était sa tante.

(2) L'article 2 de la même loi chargeait le Directoire du département du Nord de nommer huit commissaires pour remplacer provisoirement cette municipalité:

personne sûre à M. Bonnaire pour l'informer du danger qu'il courait. Prévenu à sept heures du matin, il en donna de suite avis à ses collègues qui, comme lui, abandonnerent immédiatement la ville. Une heure après leur départ, la gendarmerie se présentait pour les arrêter : il était trop tard.... Une fois en sûreté, les fugitifs publièrent un mémoire justificatif, dans lequel ils s'attacherent à démontrer que s'ils avaient publié la loi martiale, il en serait résulté de plus grands désastres encore. Le décret du 14 septembre suivant mit fin à l'accusation et permit aux fugitifs de rentrer dans leurs foyers. Plusieurs profitèrent de cette faveur que refusa M. Bonnaire. Accompagné de son épouse, dame Jeanne-Catherine Desruenes, sa cousine germaine, aussi native du Câteau, il se rendit à Paderborn (Wesphalie) où ils se séparèrent (5). De là, il s'avança jusqu'à Wolfenbuttel, qu'il quitta après un court séjour pour se retirer à Brunswick (Basse-Saxe) où il fut accueilli avec la plus grande cordialité par le duc de Brunswick, chez lequel même il demeura jusqu'à sa mort. En échange de l'hospitalité généreuse qui lui était accordée, le docteur Bonnaire occupa une partie de son temps à faire l'éducation d'un jeune fils du duc, et, ce qu'il lui restait de loisir, était employé à recueillir des documens sur le droit administratif et judiciaire dont il avait besoin pour la composition de différens ouvrages qu'il préparait et dont un seul a vu le jour: Sa mort, arrivée le 11 novembre 1801, et non en 1795, comme l'a dit l'auteur de la Biographie Douaisienne (Ephémerides historiques de la ville de Douai, 1828), à l'âge de 31 ans, l'a empêché d'utiliser la majeure partie de ses matériaux.

Ce titre de Pronville qu'ajoutait à son nom M. Bonnaire, lui venait d'un fief portant ce nom (4), que lui avait donné, par contrat de mariage, son épouse, dans le cas où lui survivrait sans lignée, ainsi qu'il est arrivé.

L'ouvrage qu'il a publié a pour titre :

Pouvoir législatif sous Charlemagne, par M. Bonnaire de Pronville, à Brunswick, chez Pierre-François Fauche et compagnie, imprimeurs-libraires, 1800, 2 vol. in-8°.

Le 1r contenant la première partie, a 4 chapitres en 198 pp.

(3) Mme Bonnaire revint en France pour mettre ordre à ses affaires. Elle mourut à Ivuy (Nord), le 23 brumaire an V (13 novembre 1797), chez un de ses amis, M. Boulanger, qui ne put lui faire rendre les honneurs funėbres par un prêtre, le clergé étant alors en fuite, et les églises transformées en clubs populaires.

(4) Situé sur le territoire du Pommereuil, près du Câteau; il consistait en 43 mencaudées de terres, appartenant maintenant à Mme Lefebvre Leroy, nièce du professeur Bontmire.

Le 2 renferme la seconde partie et les chapitres & à 9 en 96 pp., et 2 pour la table méthodique.

Cet ouvrage, plein de recherches et d'érudition, dénote en son auteur un savant des plus distingués. N'est-il pas étonnant que M. Plouvain, lui, en son vivant, Conseiller à la Cour Royale de Douai, ait omis de citer une œuvre aussi importante dans la notice qu'il consacra à ce professeur, dans sa Biographie Douaisienne, laquelle, soit dit puisque l'occasion s'en présente, est aussi incomplète que fautive.

Le docteur N. BELVAL.

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Premier Livre imprimé à Liège.

M. C. M., de Liége, a trouvé ces jours derniers, parmi un tas de vieux bouquins, un livre très rare et dont aucun bibliographe ne fait mention. C'est un petit in-4°, sans chiffres, ni réclames, intitulé: « Les sermons du désireux qui aspire à suivre le train de >> nostre doulx Seign. Iesus-Christ, tournés du latin en françois, » à la requeste de noble et courtois M. Jehan, comte de Hornes, » prévost de lenglise de Liege, etc. » et au bas d'un monogramme curieux on lit : « Et se vendent à Liége a la rue del Wagge en >> la bouctique de Josse Warnier, à l'enseigne Saint Hierosme. » A la fin du volume, on trouve ces mots : « Cy finist les sermons... (on rappelle tout le titre) Nouvelement imprime en la cite de Liege pour Josse Warnier par Balthasar de Holongne, typographe jure demourant en la rue de Foulon, à l'enseigne des » Trois Roys, près de Nostre Dame aux fonts, et a esté achevé de » imprimer le xxij de Juing mil cinq cens et dix septiesme. » M. C. M. a l'intention de faire don de sa précieuse trouvaille à l'université de Liège.

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BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.

69. HISTOIRE GÉNÉRALE DE L'EUROPE, durant les années MDXXVII, XXVIII, XXIX, composée par Robert Macqueriau, de Valenciennes, sous le titre de Ce est la maison de Bourgogne pour trois ans. Publiée pour la première sur le manuscrit autographe (par M. J. BARROIS)".

Notre contrée a de tout tems fourni d'excellens chroniqueurs ayant eu le haut privilége d'être les témoins oculaires de ce qu'ils écrivaient: c'est qu'aussi les habitans de la noble et franke ville de Valenciennes, comme dit Froissart, les chevaliers du Hainaut et les hauts barons de la Flandre, se trouvaient partout où il y avait quelque bon coup de lance à donner, quelque belle fète à voir, quelqu'aventureuse entreprise à mener à fin: et ce fut toujours la prérogative de ceux qui firent bien, de pouvoir bien raconter, témoins les Commentaires de César.

Henri de Valenciennes, continuateur de Villehardouin, est le premier en date de nos chroniqueurs naïfs qui consignèrent par écrit ce qu'ils virent eux-mêmes. C'est lui qui dit si bien : « Hen>> ris vit oell à oell tous les faits qui là furent, et sot (sut) tous les » consaus (projets) des haus hommes et des barons. »>

Après lui, vint le Valenciennois Froissart, dont la réputation est européenne; puis Enguerrand de Monstrelet, prévôt de Cambrai, Philippe de Comines et Olivier de la Marche, attachés aux ducs de Bourgogne; Georges Chastelain et Jehan Molinet, tous deux Indiciaires (historiographes) de cette illustre maison, tous deux enterrés à la Salle-le-Comte de Valenciennes. Enfin, se présente pour clore cette série d'historiens naïfs, exacts et colorés, le trop longtems oublié Robert Macquériau, de Valencien

(1) Paris. Téchener, Place du Louvre, uo 12. 1841, 1 vol. in-4o, ave fac-simile. Prix : 15 francs.

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