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Malheureusement les grands feux furent loin d'avoir toujours un aussi heureux succès, et furent souvent sans action sur les miasmes pestilentiels. L'histoire rapporte cependant quelques cas où l'emploi de ces moyens fut couronné du plus heureux résultat. « Levinus Lemnius (livre II, de occultis » naturæ miraculis ), dit que la peste étant à Tournay, les » soldats pour y remédier, mettaient de la poudre à canon » sans boulets dedans les pièces d'artillerie, qu'ils destâ» chaient la nuit, et sur le point du jour. Aussi par ce son >> violent et odeur fumeuse, la contagion de l'air et la ville » furent délivrées de la peste. » La ville de Rhinberbeck, en Hollande, était assiégée par Mendoze, général espagnol, et de plus ravagée par la peste. On fait tirer à boulets rouges sur la ville, l'un d'eux pénètre dans le magasin à poudre et le fait sauter. La raréfaction de l'air fut si grande que la contagion cessa dans l'instant. Malgré tout la ville fut obligée de se reudre. On portait aussi des sachets d'arsenic ou de tout autre poison, afin qu'il accutumât le coeur au venin, et que par ainsi il en fut moins offensé, d'autant, comme pensaient les anciens, que tous venins cherchent le cœur !! Quelles étranges divagations !! Le vulgaire nourrissait aussi un bouc dans la maison, car sa vapeur ayant empli le lieu qu'il habite empêche que l'air pestiféré n'y trouve place; il ajoute encore une autre raison, si raison il y a, c'est qu'une mauvaise odeur chasse l'autre. Indépendamment de tous ces préjugés barbares et grossiers, on accordait une confiance illimitée à des recettes plus ou moins indigestes, bizarres et dans lesquelles entraient invariablement la bienfaisante thériaque, et d'autres plantes cordiales et aromatiques. Un autre fait qui prouve qu'on ne connaissait nullement à cette époque toute l'importance de l'hygiène, c'est que lorsque la peste régnait à Valenciennes, les prévôts et échevins de la ville firent établir deux lazarets, l'un situé dans les Marais de Bourlaing, et l'autre dans celui de l'Epaix !!! On conçoit facilement que tous ces préservatifs tant vantés et dont le moindre inconvénient est de ne pas préserver, étaient le plus souvent essentiellement nuisibles. Lorsque tous les secours humains avaient été inutilement employés, les populations sortaient processionnellement de leurs villes pour invoquer

la bienheureuse intervention de la Providence. Ces nombreux déplacements produisaient parfois les plus heureux résultats.... et notre fête patronale fut instituée en l'honneur de la Sainte Vierge qui, comme tout le monde sait, délivra en l'an 1008 la bonne ville de Valenciennes d'une peste cruelle qui la ravageait.

Cholera. La plupart des nosologistes modernes ont pensé que c'était pour la première fois que le Choléra Morbus Asiatique exerçait ses ravages en Europe, lorsqu'il se répandit sur nos contrées il y a quelque temps. L'histoire nous apprend que vers 1346, sous le nom de peste noire, cette affreuse maladie, déboucha de l'extrémité orientale de la Chine, et qu'en 1349, elle désola nos contrées. Notre intention n'est pas d'analyser ici les causes plus ou moins probables de son développement, ni de suivre pas à pas les progrès mortels de sa marche. Nous allons seulement relater ici le nombre des victimes qu'il a faites à Valenciennes lors de sa dernière invasion, et établir co.nparativement toute l'heureuse influence des moyens hygiéniques employés de nos jours.

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(1) Ces relevés statistiques sont textuellement copiés sur ceux de l'Etat

Civil de Valenciennes.

Jadis, comme on a pu le voir ci-dessus, le développement de la peste était fort fréquent et ses ravages fort terribles. La moitié ou le tiers de la population était victime de son invasion; tandis qu'aujourd'hui l'apparition d'une maladie pestilentielle est fort rare, et ses ravages beaucoup moins funestes. A quelles causes devons-nous donc attribuer cet heureux résultat? Les progrès incessants de la civilisation, la culture plus répandue de l'esprit, les améliorations continuelles propagées dans l'agriculture, l'introduction de nouveaux produits dans l'alimentatiou, des logements plus salubres et mieux disposés, des vêtements plus convenables, une administration plus éclairée et plus sévère pour tout ce qui a trait à l'hygiène publique et privée, l'aisance devenue plus commune qu'autrefois, les disettes, les famines beaucoup plus rares sont incontestablement les éléments principaux de la disparition des épidémies qui désolaient les temps passés. C'est là la conséquence logique, rrécusable de l'étude à laquelle nous nous sommes livrés ci-dessus, à mesure que la barbarie s'efface, que l'intérêt général n'est plus ténébreusement sacrifié aux caprices insensés d'une ambition personnelle, en un mot que la condition matérielle des individus s'améliore, la maladie respecte presqu'entièrement le corps social; elle s'amoindrit, se rapetisse, s'humilie comme un ennemi vaincu devant l'égide tutelaire et les dogmes bienfaisants de l'hygiène !!!

STIÉVENART,
Docteur-Médecin.

EXTRAITS

DE MÉMOIRES INÉDITS

LAISSÉS

PAR MONNIER DE RICHARDIN,

Professeur de Droit, et successivement Recteur et Vice-Recteur à l'Université de Douai.

Maintenant que par d'utiles investigations des hommes amis des lettres et de l'histoire cherchent sur tous les points de la France à mettre en lumière les titres de gloire de la province ou de la cité qui les a vus naître, maintenant que partout on encourage ceux qui entrent dans cette voie et que l'on recueille avec indulgence tous les écrits qui ont pour objet soit de rappeler des faits presque tombés dans l'oubli, soit d'en révéler de complètement inconnus, pourquoi nous aussi ne ferions-nous pas tous nos efforts pour ajouter une feuille à la couronne de notre ville natale, en lui signalant l'existence d'œuvres laissées par un de ses enfans adoptifs.

Douai a toujours été une ville de repos, de calme et d'études sérieuses, où loin des hazards et des émotions si vives des affaires commerciales, une jeunesse pleine de gravité et d'une pieuse mélancolie, chantait dans la confrérie des Clercs Parisiens les louanges de la Vierge Marie, ou discutait avec ardeur dans notre savante Université les questions les plus difficiles, soulevées par l'étude des lois et de la jurisprudence. Aussi cette ville, où l'émulation du savoir a fait naître tant d'hommes célèbres, a-t-elle mérité qu'un auteur ancien la baptisât du glorieux surnom d'Athènes des PaysBas.

Si tout le monde connait les travaux historiques des Gaguin, des Caoursin et des De Raisse; les poésies de Gandor

et des Loys, les relations des voyages avantureux des Lesaige et des Trigaut, et les ouvrages de droit et de jurisprudence des Broïdes, des Pollet et des Defrance, on ignore partout que parmi les professeurs de la docte université de Douai, il en est un qui a laissé deux volumes in-4° de mémoires manuscrits, contenant une foule de révélations curieuses sur les différends qui se sont élevés en 1699, entre l'Université de Douai, les jésuites et l'abbaye de St.-Bertin de St.-Omer, sur les missions dont ce professeur a été charge à Paris et sur son exil à Bourges.

Ces mémoires fourmillent de faits intéressants, car ce jurisconsulte, pendant son séjour dans la capitale, a eu des audiences de plusieurs augustes prélats, notamment de Bossuet et de Fénélon, et a été reçu par quelques ministres de Louis XIV. Homme érudit, à la fois archéologue et jurisconsulte, assiste-t-il à une audience du parlement, si l'affaire est de haute importance, il vous donne l'analyse des plaidoieries; visite-t-il une église, il en décrit les tableaux, les statues et les mausolées des grands hommes qui y ont reçu la sépulture. Va-t-il admirer les monumens de Paris et ceux de Bourges, il nous apprend qui les a élevés, quelles ont été leurs vicissitudes et leurs grandeurs, et enfin les artistes qui les ont décorés de leurs œuvres.

Cependant, pour être juste dans Jappréciation de cet ouvrage, il faut reconnaître que l'auteur a eu le tort de s'arrêter sur des détails oiseux, de consigner des circonstances minutieuses et de laisser quelques incorrections dans son style.

Maintenant que l'on connait sommairement les mémoires dont on a l'intention de donner des extraits au public, on croit nécessaire de dire quelques mots sur leur auteur.

On sait seulement qu'ils sont de Louis Monnier, seigneur de Richardin et de Castille, qui fut professeur royal de droit civil et canonique de 1695 à 1709, et pendant plusieurs années Recteur et vice-Recteur de l'Université de Douai. On ignore l'époque de sa naissance, mais on sait qu'il était fils de Pierre Monnier, lieutenant-général de la Chatellenie de

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