SPICILÉGE. INTRODUCTION. En histoire, les moindres faits ont de l'importance. Ce sont les détails qui donnent, sinon la vie, du moins la physionomie aux récits de l'historien. Jadis, on les dédaignait trop; aujourd'hui, peut-être, on en est prodigue. C'est au narrateur judicieux à en faire vivant au milieu des un usage modéré et circonspect. Pour nous, dépôts qui recèlent ignorés tant de documents, notre tâche est de les livrer, discrètement aussi, à l'attention publique. A nous donc de choisir au préalable ce qui nous paraît propre à jeter une lumière nouvelle dans l'obscurité de nos annales; mais, à l'histotorien lui-même le soin de démêler parmi ces matériaux divers ce qui lui convient, quid utile, quid non. Voici sous le titre de SPICILEGE quelques épis glanés çà et là. Tous les grains qu'ils renferment ne sont pas de même nature et de même qualité, mais aussi tous les oiseaux ne cherchent pas la même pâture. Si ce modique tribut payé par nous à la science historique n'est pas trop dédaigné, nous le renouvelerons de tems à autre, Car ce champ ne se peut tellement moissonner, FOUR SERVIR A L'HISTOIRE DES FAITS, DES MOEURS, DE LA LITTÉRATURE ET DES ARTS. (1) Chambre de Jacqueline de Bavière à Valenciennes. A Jehan de Florence, ouvrier de tappiserie et de haulte liche, demorant à Valenchiennes, pour sen sallaire de avoir renettyet et relavet le blancq cambre de ma très-redoutée dame la ducesse, ycelle ouvree de haulte-liche, de pappegais et figurée de damoisielles juwans de le harpe, restoupet plusieurs traux qui estoient en plusieurs lieux, destachiet et destroet, puis icelle toute fourée de nuefve toile de Bourgogne pour tant que onques ne le avoit estet; et pour otel avoir fait et ouvrer, nettyer et relaver une autre cambre et une salle verde, l'une semée et figurée de cachevres et l'autre de le battaille de Jhérusalem, ouquel ouvraige faire, mist li dis ouvriers le terme et espasse de XVIII sepmaines accom plies en le moyenne dou mois de juing; a estet payer au rapport de Thiery, le cambrelent de ma ditte dame XXIIII s. pour cascune sepmaine: font parmi VI lib. XVI s. VI d. à lui payer pour icelles nettyer, relaver et rendre couleur comme dit est, et ainsi en fu marchander par le dit Thieri et que li recepveres compte chiendroit..... .... .XXVIII lib. VIII s. VI d. t. Recette générale du Hainaut. Compte de 1419. (1) La plupart de ces documents sont extraits des archives générales du département du Nord, à Lille. Fous des Comtes de Flandre. Le savant baron de Reiffenberg dans son histoire des fous en titre d'office n'a parlé que très-succinctement des fous des comtes de Flandre. Nous permettra-t-il d'ajouter en complément les notes que nous avons recueillies jnsqu'à ce jour sur ces personnages, dont la plupart sont encore inconnus ? Louis de Mâle avoit trois fous, Cokinet. Coffin, Hannin Minne et un nain qui ne porte pas de nom. Nous possédons dans nos archives quelques rôles des années 1380, 1381 et 1382, intitulés · Chezt les nécessités pour les sots de Monsei gneur de Flandre. Voici un de ces comptes : Premiers, achaté pour les folz Monseigneur: Cokinet, Coffin et Hannin Minne et le nein et leurs vallés I drap mellé de Menin dont ont a fait pour eux VI houpelandes et IX caperons, coûtant........ XXXIIII. XVI '. It. Pour eux achaté X aulnes de blanc drap dequoy on fist III blanchetz pour les III sots à XVII solz l'aune; montant..... It. Pour I jupon de fustane pour le nein..... It. Pour III fourrures tenant VIII pennes d'angniaux pour fourrer les III houpelandes des folz à XXVII solz le penne, puis le faichon...... It. Pour le faichon et estoffes des IX garnemens dessus dits à XV solz le pièce; montant..... VIII '. X '. XL $. XVI '. VI1. XV. Somme de ces parties soixante trois livres quatre sos por mon compte ou compte des despens d'ostel Monseigneur de Flandre et passés présent nous Jehan de Menin, chevalier, et Gilles de le Biest, maistre d'ostel de nostre dit seigneur, tiesmoing de nos scelz plaqués à cest brief donné à Bruges, le pén ultième jour de juing, l'an III[** et un. Nous trouvons dans l'état des dépenses faites à l'occasion de l'institution de la Toison d'or et du mariage de Philippele-Bon, en 1431, que ce prince fit bailler robes de soie fourrée de renardeau et chaperons à Coquinet, son fou. Ce Coquinet est-il le même que le sot de Louis de Mâle, vivant en 1381 ? Nous avons peine à le croire. Etoit-ce son fils? Cela est peu probable? Il vaut mieux penser que Cokinet étoit chez les fous des comtes de Flandre, un sobriquet héréditaire. En 1433, au temps de Coquinet, vivoit auprès du duc Philippe un autre fou en titre d'office lequel avoit nom Plateaux. A son départ de Flandre pour aller en Bourgogne son maître lui fit cadeau, sans doute pour qu'il put l'accompagner, d'un cheval qu'il acheta de Claiz Vanden Bourg, hôte de l'hôtel du Miroir à Bruxelles, moyennant 46 livres XVI solz. Madame d'Or, folle du même duc Philippe, est plus connue. M. de Reiffenberg en a parlé dans son histoire de l'Ordre de la Toison d'Or. Introd. XX. Le duc l'aimoit beaucoup et la combloit de présents. Voici ce que nous extrayons du compte de l'année 1433 : « ung fermail d'or gerny de 1II perles, une esmeraude au milieu et ung rubi dessus que >> monseigneur a donné à la dame d'Or, sa folle pour ses >> étrennes le premier jour de l'an dernier passé XII I. Il lui donna en outre dans la même circonstance une belle chaîne d'or. Un des fous de Charles-le-Téméraire avoit nom Pasquet. Au mois d'octobre 1468, c'est-à-dire à l'époque de la célèbre entrevue de Péronne le comte, voulant sans doute que son fou figurât dignement devant Louis XI, lui fit faire une longue robe fourrée, une jaquette, une brigandine et une barrette au prix de 12 livres trois solz pour le tout. Van Eyck, diplomate. A Johannes de Eeck, varlet de chambre et peintre de monseigneur, tant pour considération des services qu'il luy a faiz journelment et espoir que encores fera ou temps à venir ou fait de sondit office, comme autrement, comme en récompensation de certains voyages secrez que, par l'ordonnance et pour les affaires d'icellui seigneur, il a faiz et du voyage qu'il fait présentement avec et en la compaignie de Monseigneur de Roubais, 160 livres. Recette générale des finances. octobre. Compte de 1428, fo 2170 Le Comte de Flandre, Louis de Mâle, emprunte 6000 fl. d'or à un bourgeois de Valenciennes. Le 21 août 1361, le comte Louis de Mâle emprunta de Jeun Moyse, bourgeois de Valenciennes, la somme de 6000 florins d'or et lui remit en gage ses joyaux, bijoux et diamants. Moyse les lui rendit le 13 juillet 1362 sur paiement desdits 6000 fl. ainsi qu'il appert d'une quittance donnée le même jour à Gand par le prince. Wenceslas Eoberger. Coberger, architecte et ingénieur du Roi, ne mourut pas en 1630, comme le dit Foppens, mais bien le 23 novembre 1634, ainsi qu'il appert d'une mention de paiement fait à sa femme et inséré au compte de la recette générale des finances de 1635, fo 421. Abbé des fous de l'église Saint-Pierre de Lille. A Messire Ector de Mailly, prestre, abbé des folz de l'église Saint-Pierre de Lille, pour don à luy fait par mondit seigneur pour luy aidier à supporter les fraiz qu'il luy a convenu sousten ir à entrenir la feste de ladite abbaye IX I. XII * Evêque des fous de Tournai. A Messire Loys du Lieu, evesque des folz de Tournay, pour semblable don à luy fait par mondit seigneur, pour semblable cause. |