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colonnemens, dont les piliers correspondaient aux piliers supérieurs. Ces piliers présentaient une masse carrée en grès, terminée par un large tailloir, d'où se dégageaient des torses à boudin formant des arcs transversaux et parallèles, dont l'ogive émoussée se rapprochait beaucoup en plein cintre. La date de cette ogive semble étre 1030, époque connue d'un des remaniemens de l'église l'ogive, du reste, offre le plus grand rapport avec celle de l'église Saint Germain (Oise), dont la date certaine se trouve justement aussi être de 1030. Quant à la partie inférieure, dont les matériaux ne sont pas les mêmes, on serait porté à la croire antérieure. Les carènes formées par le croisement des arcs sont occupées par des moëllons beaucoup plus longs que larges, et dont les dimensions vont en décroissant de bas en haut.

L'extrémité droite de cette crypte s'élargissait en formant deux salles dans la première, était une cheminée pour des chaudières; dans la seconde, on lavait les linges sacrés.

L'édifice était surmonté sur le chœur, la croisée et une grande partie de la nef, d'une charpente en bois de chène, couverte en ardoises, le reste de la nef était une plate-forme couverte de plomb. Là se trouvaient les quatre réservoirs d'eau, en cas d'incendie.

Quant à l'extérieur, on entrait dans cette église par un grand portail, donnant sur la partie du cloître conduisant à l'évêché, aujourd'hui la préfecture. Il était accompagné de deux tours carrées, entre lesquelles s'ouvrait une grande porte double. Les deux tours étaient d'inégale hauteur; la plus élevée était une tour carrée en grès bien piqués, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, couverte en plomb. On comptait trois cent vingt-neuf marches pour arriver à la chambre du guetteur. Cette chambre carrée avait quatre fenêtres et huit pieds de largeur Le guetteur, payé par la commune, répétait l'heure le jour et la nuit, sonnait pour le feu et l'arrivée des troupes.

Le transept à gauche était flanqué à chaque extrémité d'une tour; celle à droite était celle de St.-Pierre, l'autre celle de Notre-Dame.

Près de ce transept, contre le bout de la nef, s'élevait un autre portail formant un porche, surmonté d'une voûte sous laquelle naissent des arcs ogives, en retrait, les uns au-dessous des autres, garnis de sculptures, représentant Jésus-Christ, les douze Apôtres et un arbre de Jessé.

Au-dessus de la voûte était une chambre à jour, où l'on trouvait encore à l'époque de la démolition, un four où la tradition, d'accord en cela avec l'observation d'un vieillard qui connaissait parfaitement le monument, veut qu'aient été autrefois les fourneaux destinés à la cuisson des vitraux. La tradition prétend encore que c'était là qu'on cuisait le pain destiné au sacrifice.

Pour terminer ce qu'il y aurait à dire sur l'extérieur, il faudrait parler des contre-forts sans nombre, dont les pyramides aiguës s'élançaient vers le ciel ; des arcs boutans, de ces galeries en dentelle qui ceignaient la cathédrale d'Arras. Tout cela existait; on en a la preuve par les débris qui ont été recueillis et déposés par les soins de l'architecte, au Musée d'Arras.

Telle était Notre-Dame d'Arras, grande, belle et riche, lorsqu'éclala la révolution française. M. DEBRAY.

La Grande-Court à Taisnières-en-Thiérache (1).

Cette cense, située au hameau de Lez Catiau, a été possédée de toute ancienneté, par les moines de l'abbaye de Maroilles. Cependant, elle n'a pas toujours existé au lieu où on la voit actuellement: il paraît même que dans la suite des siècles, elle a éprouvé plusieurs déplacemens. On présume qu'elle existait d'abord au nord du grand chemin du village, sur un terrain longeant les aisemens et faisant aujourd'hui partie de la pature du Parc. cette opinion, déjà accréditée par la tradition, a encore acquis plus de consistance depuis que l'on a découvert, en 1821, sur Ce terrain, presqu'à fleur du sol, sous une couche de cendres mêlées à des parcelles de bois carbonisés, à des tuileaux et à d'autres débris de bâtimens, un très-beau pavé, de plusieurs mètres d'étendue, composé de petites pierres bleues, carrées , bien polies et symétriquement rangées, ayant à peu près les dimensions de nos carreaux de terre cuite, et que malheureusement on n'a pu conserver, parceque, en les déplaçant, elles sont tombées en poussière comme s'ils elles eussent été complètement calcinées. On se perd en conjectures sur l'origine de ces ruines, qui dénotent un certain luxe peu en rapport avec les anciennes habitations villageoises. Elles pourraient bien effectivement provenir de la Grande Court, qu'on suppose avoir été brûlée et détruite dans les guerres du 13° ou du 16° siècle. Quoiqu'il en soit, en 1639, on voyait à cent pas de là, de l'autre côté du chemin, sur un fond marécageux traversé par le ruisseau des Viviers, dont le cours a été depuis détourné, une vaste cense qui n'était autre que la Grande-Court, mais dans un état de délabrement accusant quelque grand désastre. Le corps de logis, bâtiment à un étage dont les fenêtres encadrées et subdivisées par de massifs croissillons en pierre de taille, les hauts pignons à aîles dentelées,

(1) Court, Cort, pour Ferme.'

les toits aigus et saillans sur une sorte de corniche ou encorbellement en bois uniformément découpé annonçaient une construction déjà ancienne, n'avait plus ni vitrages ni portes, ni boiseries : il ne restait guère que les murailles nues. Toutefois, il avait eneore beaucoup moins souffert que les divers bâtimens ruraux qui l'environnaient, dont les murs dégradés et éboulés, les toits abattus ou enlevés, laissaient à peine reconnaître leur destination primitive. Long-temps abandonnée pendant les guerres qui, à partir de 1655, avaient constamment désolé la contrée, cette ferme alternativement occupée par les armées belligérantes, avait été ainsi dévastée de fond en comble. Elle était dans ce pitoyable état quand l'abbé Alexandre de Brissy entreprit de la restaurer, peu de temps après la paix des Pyrénées (1659).

Cent vingt ans plus tard, vers 1780, le dernier des abbés de Maroilles, dom Maur Senepart, faisait démolir cette même maison qui tombait de vétusté, et la faisait rebåtir dans un goût moderne, à portée de là, sur un sol moins humide où elle subsiste toujours.

Confisquée, lors de la Révolution française, comme les autres biens de l'abbaye, la Grande-Court fut acquise par la commune de Taisnières-en-Thiérache, avec d'autres domaines déclarés nationaux, pour le prix de 62,243 livres 5 sols; mais bientôt disloquée, elle passa en différentes mains. M. Cuel, ingénieur en ehef des ponts et chaussées, possesseur actuel de tous les bâtimens et de quelques dépendances, a transformé le corps d'habitation en une jolie maison de campagne, et a fait, du surplus, une petite ferme qu'il a surtout beaucoup embellie par des plantations de toute nature.

La Grande-Court a été louée, en 1659, moyennant un fermage annuel de 1,000 liv. et 150 rasières de grains de diverses espèees, et en 1789, le fermage était plus élevé de 660 livres et de 100 rasières de grains. A l'une comme à l'autre époque, les religieux avaient eu soin d'imposer au fermier, outre certaines prestations, les frais d'une récréation qui devait leur être offerte un jour par an.

La Petite-Court, à Taisnières-en-Thiërache.

Dans des temps déjà fort éloignés, il existait sur la rive droite de l'Helpe-Majeure, entre la cense dite la Grande-Court et l'église paroissiale, une maison de quelque apparence nommée la PetiteCourt,

Assise au milieu des aisemens communaux ou pâtures de ville, sur un monticule appuyé contre la rivière et formé à force de bras et à grands frais, de terres rapportées pour élever le sol au dessus

du niveau des plus fortes inondations, cette maison semble avoir été batie, en cet endroit, dans un but d'utilité publique. Tout porte à croire, en effet, que ce fut moins une ferme qu'une maison forte destinée à protéger à la fois la cense seigneuriale et le corps du village. Cependant, on manque de renseignemens précis à cet égard.

Mais ce qui est plus certain, c'est que les bâtimens de la Petite Court, brulés et entièrement détruits, comme les autres habitations de la localité, par les troupes de Henri II, en 1552 et 1534, n'offraient plus, en 1559, qu'un monceau de décombres. Le terrain, évidemment d'origine communale, était aussi devenu une propriété particulière.

A une époque où, comme alors, les brigandages n'étaient guère moins funestes au plat pays que les invasions des armées ennemies, et tandis que, dans la partie méridionale du Hainaut, on élevait partout des retranchemens afin de résister aux bandes organisées, sur la frontière de France, pour le pillage et la dévastation des campagnes où, toujours, elles portaient l'épouvante et la mort, il était naturel que, de leur côté, les habitans de Taisnières pensassent à compléter leurs moyens de défense, dont, maintes fois, ils avaient eu l'occasion de reconnaitre l'insuffisance. Aussi, immédiatement après la paix du Câteau-Cambrésis (1339), les bailly, mayeur et eschevins et la plus grande et saine partie des mannans, habitans et communaulté de la ville de Taisnières, se réunirent, en assemblée générale, pour délibérer et aviser sur cet objet important. Ils convinrent unanimement qu'une petitte pasture nommée la Petitte Court, tenant de trois sens aux aisemens et à la rivière... estoit fort duisable ( convenable) à la ditte ville pour édiffier ung fort pour retirer les mannans d'icelle ville et leurs bestiaulx durant la guerre, et firent incontinent les diligences nécessaires pour en obtenir la propriété par voie d'échange. Cet arrangement ne fut pas plutôt ratifié par le massart, dans un acte du 25 juillet 1559, qu'on se mit à l'œuvre. On poussa les travaux avec une telle activité que, au bout de quelques années, on voyait, sur l'emplacement de la Petite Court, une espèce de forteresse formant un carré régulier de 50 mètres de face, et dont les épaisses murailles, renforcées par des terrassemens en forme de parapets, étaient entourées d'un large et profond fossé plein d'eau où passait le ruisseau des Viviers avant de se jeter dans l'Helpe. Le fort proprement dit, sorte de grosse tour quadrangulaire, très-massive, ayant des souterrains, des meurtrières et des créneaux, occupait, sur l'éminence, la partie la plus occidentale de l'enclos, et, du côté opposé, se trouvait une cour vaste et creuse, réservée pour les bestiaux, et que, pour cela, on appelait la basse cour. On entrait dans l'en

ceinte fortifiée par un pont-levis placé vers l'angle N.-O, et aboutissant à une petite chaussée de 7 mètres de largeur, établie à partir du grand pont, sur la digue de la rivière, pour l'exploitation des pâtures de ville. Les habitans trouvèrent souvent leur salut dans ce fort qui, pendant plus d'un siècle, fut toujours leur réfuge, en cas d'alerte. Bien des fois ils furent attaqués dans cette retraite et même quelquefois très-vivement. On peut citer principalement l'entreprise faite, le 8 août 1637, par un détachement de soldats irlandais venus de Maroilles pour surprendre et forcer le fort qu'ils n'abandonnèrent qu'après avoir obtenu, par composition, la somme de 36 livres, prélevée sur les taxes extraordinaires des bestiaux.

A partir de la réunion du village de Taisnières à la France par le traité des Pyrénées, en 1639, le fort ne fut plus que rarement utile. On finit même, dans la suite, par ne plus s'en occuper, et, à la longue les murailles, faute de réparation, s'écroulèrent dans les fossés. Pendant les guerres du commencement du 18° si cle, c'était dans l'église du lieu que les habitans retiraient leurs meubles et effets. En 1706 et 1708, la commune donna en location. moyennant 50 liv. par an, l'enclos du fort, les digues et les fossés qui, quoiqu'à sec, ne produisaient que des roseaux et quelques mauvaises herbes; mais elle s'était réservé, avec la plate forme, alors couverte d'épines et de broussailles qui poussaient à travers des tas de cailloux et de débris de maçonnerie, le droit de passage pour y aller au besoin Ce ne fut qu'en 1764 qu'on entreprit de défricher, déblayer et égaliser le terrain qui, en définitive, ne fut mis en culture qu'à partir de 1769. On démolit aussi, en même temps, une ancienne masure qui se trouvait entre le grand et le petit fort, et qui avait long temps servi de corps degarde pour un poste avancé. Quoique les terres de la butte du fort et des parapets appelés vulgairement les digues du grand fossé furent jetées dans les excavations pour les remplir, ce fossé ne conserve pas moins en différens endroits, une profondeur de 1 m. 30 c. sur 7 à 8 de largeur.

Comme la Petite Court, le fort à son tour a disparu. Bientôt rien ne rappellera, sur le terrain, l'existence de l'un ni de l'autre, et viendra le temps où le souvenir en sera entièrement effacé de la mémoire des hommes. Ainsi passent les choses d'ici bas ! MICHAUX, aîné.

Avesnes, le 11 juin 1841.

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