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avait surnommé cette place ainsi que Thérouane, les deux oreillers sur lesquels pouvait se reposer le Roi de France. Une chose malencontreuse pour l'opinion de M. Voisin, qui ajoute en parlant de Bouteillier: « donc il était Belge, » c'est que précisément, Jean le Bouteiller, de Mortagne, se trouvait né sujet du Roi de France, et vécut et mourut serviteur du Roi de France qui le combla de bienfaits! Si nous relevons cette légère erreur de presse, c'est qu'en Belgique on est coutumier d'en commettre du même genre: ainsi, nous voyons tous les jours qu'on met Comines et Froissart parmi les Belges, qu'on y ajoute les autres célébrités du Hainaut et de l'Artois, et qu'on fait ainsi un faisceau de fort belles et bonnes illustrations auxquelles il n'y a autre chose à reprocher qu'un péché originel. Nous savons bien que du moment où l'on remonte dans l'histoire, nos annales et nos limites se confondent, et c'est bien pour cela, que nous-mêmes, qui avons plus à démêler avec le passé qu'avec le présent, nous avons réuni dans le plan de notre publication le Midi de la Belgique au Nord de la France, mais en réservant toutefois à chaque contrée ses droits de nationalité et ses archives de noblesse.

A. D.

89. ETUDES SUR L'HISTOIRE DE HAINAUT, de Jacques de Guyse, traduite par M. le marquis de Fortia d'Urban ; par J.-M.-G. Benezech, membre de la Société d'Agriculture, des Sciences et Arts de Valenciennes. Imprimerie de A Pri gnet, à Valenciennes, 1839, in-8°, 100 p., avec cartes et fac-simile.

Nous avons déjà annoncé brièvement ce travail estimable avant qu'il fut terminé, nous y revenons aujourd'hui qu'il est entièrement achevé. Nous avons souvent entretenu nos lecteurs de l'immense et louable entreprise de M. le marquis de Fortia d'Urban, qui, aidé par ses connaissances si diverses et si étendues, et sa grande fortune, a livré au public le texte latin des Annales du Hainaut de Jacques de Guise, accompagné d'une traductiou, de notes et d'éclaircissemens. Certes, il fallait un courage de Bénédictin et les forces d'une association pour mener à bien une œuvre aussi colossale M. de Fortia l'a seul terminée. C'est un bienfait que les lettres fui doivent, et le Nord lui porte d'autant plus de reconnaissance, que M. Fortia, né dans le comtat Venaissin, n'a pas ainsi que nous l'intérêt des souvenirs du pays comme moteur et comme encouragement. Mais la science véritable est de tous les pays, et le respectable membre honoraire de l'Académie des Inscriptions nous a prouvé qu'il avait pour le Nord, qu'il ne connaissait que par ses études, autant d'attachement que pour sa terre

natale. Sachons lui gré de cette largeur d'idée et de cette générosité de pensée, et qu'il en trouve ici l'expression de notre reconnaissance.

Cependant, une traduction d'un ouvrage local faite au loin par un savant étranger au pays, a dû nécessairement laisser échapper quelques erreurs dans les noms de lieu et les noms d'hommes que d'anciens manuscrits écrivirent négligemment et quelquefois d'une manière très-fautive. Cette circonstance a suggéré à M. Benezech, notre compatriote, l'idée de faire des études sur la traduction de M. de Fortia, et d'expliquer certaines positions de villes, bourgs et villages, de rétablir une foule de lieux inexactement indiqués, de mettre ses conjectures à côté de celles du savant marquis, et enfin d'expliquer par les traditions locales, des points qui ont dû paraître obscurs dans la traduction Parisienne. M. Benezech a de plus enrichi ses Etudes sur J. de Guise, d'une carte des villes et villages du Hainaut qui réclamèrent en 1186, l'appui de Baudouin, leur comte, contre les prétentions des évêques de Cambrai et d'Arras. Cette carte, partagée suivant les divisions ecclésiastiques anciennes, qui ne sont autres que la continuation des divisions romaines, est, selon nous, d'un haut intérêt historique. Nous remarquons aussi, à la fin de ce travail utile (septième étude), une indication des sept chaussées romaines qui partaient de Bavai pour aller à Mons, Tournai, Cambrai, Pont, Avette et le Câteau, et la huitième, mentionnée par Bucherius, se dirigeant vers Audenarde et Gand. Nous aurions désiré, à la vérité, que M. Benezech, si bien placé pour cela, donnât à ce chapitre de plus grands développemens; nous l'engageons à y revenir et à diriger ses investigations vers ce point d'archéologie qui mérite bien d'être traité à fond.

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A. D.

go. HISTOIRE DE JEANNE DE CONSTANTINOPLE, Comtesse de Flandre et de Hainaut, par Edward Le Glay. Lille, Vanackère, 1841, in 8o. Prix : 4 fr.

M. Edward Le Glay, dont nous annoncions naguères les romans historiques, vient de publier un ouvrage purement historique, et nous l'en félicitons. C'est l'histoire de la fille de Baudouin de Constantinople, de cette femme qui fut tant éprouvée par la perte de son père, la longue captivité de Fernand de Portugal son époux, les malheurs de famille de sa sœur Marguerite, l'audace d'un imposteur qui voulut usurper sa souveraineté par la ruse, et la dureté de Philippe-Auguste et de Louis VIII pour les Flamands ses sujets. Cette sage comtesse, qui eut une vie courte par les années, mais bien longue par les événemens et les peines, est un type historique qui réclamait les honneurs d'une monographie.

Elle comptait Charlemagne parmi ses ancêtres, et Charles-Quint pour arrière petit neveu et pour héritier; elle mérite bien, comme l'insinue M. E. Le Glay, d'être le lien qui doit unir dans la pensée des Flamands ces deux grands empereurs.

L'histoire de Jeanne de Constantinople a déjà paru dans le Messager de Gand et dans quelques journaux belges qui l'ont découpée en feuilletons; mais là, elle était dénudée, mutilée, privée de notes et de pièces justificatives, et ne présentait point un corps d'histoire complet comme celui que nous avons sous les yeux.

Les faits importans pour l'histoire de Flandre traités dans cet ouvrage, le sont avec conscience, lucidité, et surtout vérité. L'auteur a puisé aux bonnes sources: il a enrichi son livre de notes instructives et il l'a fait suivre de pièces justificatives, trèssouvent inédites, et prises dans le vaste et riche dépôt des Archives de l'ancienne Chambre des Comptes de Lille. Si nous ajoutons qu'au mérite de la sûreté des recherches l'histoire de Jeanne joint celui d'un style coulant, naturel et souvent élégant, nous n'aurons fait que rendre justice au jeune historien que nous voyons avec plaisir entrer dans une carrière qu'il ne peut manquer d'illustrer.

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A. D.

91 HISTOIRE DE TOURNAI ET DU TOURNÉSIS, depuis les tems les plus reculés jusqu'à nos jours, par A. G. Chotin, licencié en droit, juge-de-paix (d'Anthoing). Mon pays avant tout. » T. I, Tournai, Massart et Janssens, 1840, in-8", 376 pp.

Déjà la ville de Tournai comptait trois histoires: Cousin, Poutrain et le sénateur Hoverlant, avaient payé leur dette à leur cité natale en écrivant ses annales. M. Chotin, arrivant après eux, a pris tacitement l'engagement de les faire oublier. Si d'un côté il a trouvé le chemin frayé, d'autre part, il a rencontré la difficulté d'être supérieur à tous ses devanciers. Certes, l'histoire, dont la première partie seulement vient de paraître, eut été très remarquable dans une ville qui ne possédait encore aucune chronique particulière, mais nous devons dire qu'elle laisse peut-être à désirer comme quatrième histoire, comme le dernier mot sur une cité aussi connue et aussi remarquablement célèbre que la ville de Tournai. Le style de l'écrivain n'est pas toujours parfaitement égal et pur, ses citations auraient pu être souvent mieux choisies que dans Jacques de Guise et autres annalistes peu exacts; les chartes originales et les sources authentiques n'ont pas toujours été bien fouillées; l'auteur s'est laissé quelquefois emporter trop avant dans l'histoire générale et d'autre part a négligé les faits particu

liers et restreints à la cité; on y regrette l'absence de la partie littéraire des tems anciens du berceau de la langue comme de la monarchie française; enfin, on y désire des peintures franches et larges des mœurs et des coûtumes de la ville pendant les siècles du moyen-âge qui occupent ce premier volume. Si nous entrons dans les petits détails, nous n'admettons pas l'étymologie de Bricq-el (poncel) donnée au village de Bruyelles, qui, comme Bruille, Brillon, Bruay, etc., signifie véritablement marais, marécages; sa position topographique explique assez cette étymologie naturelle. En somme, l'histoire de Tournai aurait pu satisfaire davantage, mais elle tiendra une place honorable sur les tablettes des amis de l'histoire locale.

A. D.

92 MÉMOIRES DE LA SOCIÉTÉ ROYALE ET CENTRALE d'Agriculture, Sciences et Arts du Nord, séant à Douai, 18391840. Douai, V. Adam, imprimeur de la Société. 1841, grand in 8° de 500 pages, figures.

Les Sociétés ont leur destinée comme les livres : il y a 20 à 23 ans, on ne parlait dans le département du Nord que de la Société d'Emulation de Cambrai, ou du moins ce corps savant, brillant sous le rayonnement de la gloire de Fénélon, donnait le mouvement du progrès littéraire dans le pays, et marchait en tête des associations scientifiques du Nord. Aujourd'hui, la ville de Fénélon semble avoir déposé pour quelque tems le sceptre glorieux qu'elle tint si bien pendant plusieurs années, et c'est Douai, la ville parlementaire, qui paraît l'avoir relevé. Nous n'examinerons pas les causes de ce détrônement qui n'est peut-être que passager, mais nous avons à en constater les effets. La publication que nous venons à annoncer aujourd'hui en est un des principaux : il y a peu de villes en France qui puissent offrir un volume de mémoires d'une société de province d'une telle importance. Nous passons sous silence les documens d'agriculture qui l'enrichissent et qui ne sont pas du ressort des Archives; mais en ne citant que les pièces historiques et littéraires (et elles sont bien assez nombreuses), nous avons ample matière à louer et à donner en exemple. Le compte-rendu des travaux de la Société, par M. Parmentier, avocat, ouvre cette série de morceaux d'une lecture agréable et utile. Le rapport de M. Deledicque, sur les divers concours, appelle également l'attention; et bien qu'on ne lise plus guères de vers aujourd'hui, on ne saurait s'empêcher de s'arrêter sur ceux de MM. Wains-des-Fontaines et d'Erbigny, et sur quelques chansons inédites de Marguerite de Navarre, communiquées à la Société par M. Foucques. Mais la pièce capitale de ce volume, est sans contredit le Mémoire sur Hucbald, moine de Saint

Amand, et ses traités de musique, par E. de Coussemaker, collecteur infatigable de tout ce qui regarde l'histoire ancienne et moderne de la musique, et l'un des hommes consciencieux et patiens qui entendent le mieux les origines d'un art qui fait les délices du monde. Le mémoire de cet érudit rechercheur est nourri, curieux, savant et lucide, il est orné de figures et fac-simile nombreux, qui le rendent précieux pour tous les antiquaires. Ce beau travail prend rang dès à présent à la tête des meilleurs ouvrages sur l'histoire de la musique. M. Tailliar a mis à la suite de ce mémoire une notice sur la langue romane d'Oil, ou du Nord, qui aura bien des charmes pour les amis de notre vieille littérature et de nos vieux monumens du langage; enfin, le volume est terminé par une notice nécrologique de M. Delecroix, par M. de Warenghien; il appartenait à ce vénérable et ancien magistrat de la ville de Douai de jeter quelques fleurs sur la tombe de son vieil ami et de celui qui lui avait succédé dans la même carrière.

Nous ne quitterons pas la Société d'Agriculture de Douai, sans citer honorablement le Catalogue de la Bibliothèque que M. Brassart vient de publier; cette notice, de plus de 100 pages, établie dans un ordre bibliographique rigoureux des matières, indique déjà quelle est l'importance du corps savant duquel il émane.

A. D.

93 DOCUMENS BIOGRAPHIQUES SUR P. C. F. DAUNOU, par M. A. H. Taillandier, député du Nord, Conseiller à la Cour Royale de Paris; un volume in-8°, imprimerie et librairie de Firmin Didot frères, imprimeur de l'Institut de France, rue Jacob, 56. Se trouve aussi à la librairie de Téchener, Place du Louvre, 12.

Sous ce titre fort simple, M. Taillandier vient de publier un remarquable écrit que nous allons essayer d'analyser, et où il embrasse toute la carrière politique et littéraire de l'un des hommes les plus purs et les plus honorables qui aient traversé nos troubles civils; de l'un de ces hommes qui, dans leur vieillesse, portent la couronne des vertus et des talens, et auxquels toutes les opinions ne sauraient refuser leur estime.

Daunou, que nous devons revendiquer comme un des fils de 'cette contrée, est né à Boulogne-sur-Mer, en 1761 (*). Il entra,

(*) L'Académie d'Arras a mis au concours, pour le mois de juillet 1841, l'Eloge de Daunou.- Une délibération du Conseil municipal de Boulogne-sur-Mer, a décidé qu'un buste en bronze sera érigé à Daunou, dans la bibliothèque de cette ville.

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