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sentinelle à l'habit bleu, au pantalon garance, qui se promèDe là haut sur les tours : l'homme-d'armes du 16° siècle vous est apparu, et c'est le fer poli de sa hallebarde qui vient de briller soudainement à vos yeux sous un rayon de l'astre nocturne Tel est l'effet ordinaire, tel est le prestige des ruines. Cette vue, qui pourtant manque de fuite et de lointain, a souvent tenté les crayons du dessinateur: c'est que là, en effet, est tout le pittoresque actuel de l'ancien château de Selles. FIDELE DELCROIX.

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LE SCULPTEUR SALY.

Sculpturam canere aggredior, seu marmora circùm,
Aut lapides versatur agens; seu marmoris expers,
Aut lapidis, vitam infundit sensumque metallo.
DOISSIN. Sculptura carmen.

S'il est un art dont les produits donnent une haute idée du génie de l'homme et portent le plus à la méditation et à l'admiration, c'est sans doute la sculpture, que les hommes apprirent presqu'avant toute chose, et que l'antiquité perfectionna à un point désespérant pour notre époque, qu'on dit si progressive et si avancée. Soit que le génie des anciens se portât plus naturellement que celui des modernes vers l'art de la statuaire, soit qu'ils eussent des modèles plus parfaits que ceux de notre ère décrépite sous le rapport des formes humaines, et qu'imitant le créateur qui fit l'homme à son image, ils aient pu trouver parmi eux des Apollon, des Hercule et des Vénus, encore est-il que la sculpture antique reste pour nous à l'état de beau idéal, et que depuis deux mille années, qui ont vu surgir tant de choses, personne n'a reçu du ciel la somme de génie et d'adresse suffisante pour créer une production sculpturale, non pas capable de faire oublier les statues antiques, ce qui est impossible, mais d'entrer en comparaison avec elles et d'en balancer les beautés. Cependant, disons-le, le découragement ne s'est jamais emparé des hommes courageux qui se sont voués à la statuaire, et, à toutes les époques, des efforts généreux ont été tentés pour tâcher de soutenir et de ranimer cet art sublime. Notre contrée a constamment vu sortir de ses écoles, surtout

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parmi ses enfans placés sur les derniers degrés de l'échelle ciale, d'inappréciables artistes dont la vie et les travaux méritent la reconnaissance particulière des citoyens du même pays et l'hommage de tous les vrais amis des arts. Le sculpteur qui va nous occuper est de ce nombre. On en jugera par les détails qui suivent et qui sont presque tous inédits et inconnus.

La ville de Valenciennes avait déjà produit des artistes célèbres quand naquit dans son sein Jucques-François Saly, le 20 juin 1717, l'année même qu'Antoine Watteau, autre enfant de la même cité, était reçu tout d'une voix membre de l'Académie royale de peinture de Paris. Jacques-François était fils de François Suly, bourgeois de Valenciennes, et de Marie-Michele Jardet; il appartenait à une famille obscure, mais honnête, et ses parens voyant se manifester en lui de bonne heure d'heureuses dispositions pour les arts, le m:rent entre les mains de Pater, sculpteur de Valenciennes, et de Gilis, à la fois peintre et sculpteur, qui tous deux développèrent le germe de son génie, et guidèrent ses premiers pas. Saly, d'une nature ardente et précoce, acquit bientôt tout ce qu'on pouvait apprendre, en dessin et en sculpture, dans une ville de province, et ses essais furent si heureux que ses maîtres et ses parens n'hésitèrent pas à faire quelques sacrifices pour l'envoyer continuer ses études à Paris, premier but des vœux de tous les jeunes gens qui suivent la séduisante carrière des Beaux-Arts.

Avant même qu'il eut vingt ans, Saly fut donc adressé à Coustou le cadet, sculpteur distingué dans l'atelier duquel il entra et où il puisa de bonnes inspirations. Guillaume Coustou, admirateur de la nature et de l'antique, perfectionna par l'inspiration de l'une les principes puisés dans l'autre. Saly, qui saisissait comme une cire molle toutes les impressions que son maître lui faisait subir, se modela bien vite sur son genre et fit des progrès étonnans. En 1737, il fut admis au concours de sculpture, et remporta deux petits prix et un second grand prix à l'Académie royale de Paris. Il n'avait guères plus de vingt années ; si cette date n'était pas

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