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attente, contraint de déceler comme le tout s'étoit passé à la honte de leur maison et à la confusion et condamnation de leur fille dissolue, enterrée avec Jesabel et Hérodias ses sembla bles, et comme le mauvais riche, qui pendant sa vie ne se déjettoit qu'aux vêtemens d'or et de pourpre, et enfin reçut son payement aux Enfers. Par cet exemple véritable et nou vellement advenu, vous devez, (Mesdames) prendre garde à vous, et croire que Dieu vous manifeste, afin que Vous ayez non-seulement à corriger vos vices, mais aussi à modérer vos habits effrénés et voluptueux, pour enfin avoir une mort et un trépassement honorable qui vous conduise au Ciel en la dextre de Dieu, avec les heureuses Vierges et Saintes, ce que je prie Notre Seigneur vous accorder.

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HOMMES ET GHOSES.

Trahison de Martin Calmon.

« C'était un homme aussi léger qu'audacieux, il ne savait ni taire ce qu'il avait entendu, ni cacher ses propres excès, ni parler ou agir avec la moindre circonspection. »

SALLUSTE.

« Nous avons toujours tort de nous livrer à notre
ressentiment, en quelque circonstance que ce
COOPER.
pusse être...

Bien des tentatives ont été faites par les Français, de Louis XI à Louis XIV, pour s'emparer de la bònne, forte et avantageuse ville de Saint-Omer, passée après la mort de Charles-le-Téméraire sous la domination Espagnole. En vain, l'astucieux rival du duc de Bourgogne fit entendre ses perfides promesses; ses espions et ceux aussi de son fils étaient impitoyablement mis à mort. Les Audomarois restèrent fidèlement attachés à Charles Quint, ainsi qu'à ses successeurs. En vain, le généreux Henri IV chercha à opérer le retour de cette place à la couronne de France, il fut moins heureux que Philippe-Auguste. Châtillon se trompa grandement ensuite lorsqu'il promit au cardinal de Richelieu de la remettre en son pouvoir. C'est vainement qu'on veut lutter contre la fortune. Pour achever cet important dessein et réaliser cette glorieuse entreprise, il ne fallut de rien moins que la présence du grand Roi lui-même. Mais auparavant plus d'un obscur Catilina paya de sa vie les trames ourdies pour arracher violemment nos ancêtres Le supplice de Jacques au gouvernement qu'ils chérissaient. Gournay, en 1626, qui avait comploté principalement pour livrer Renti et Aire à l'ennemi, aurait dû être un avertissement salutaire, mais ne sait-on pas à quelle extrémité de malice et de fureur se porte l'esprit de l'homme qui ne se conduit que par l'aveugle passion?

Martin Calmont tenait, il y a deux siècles, un commerce de soieries dans la rue des Clouteries, à Saint-Omer. Tuteur de plusieurs jeunes neveux, il géra mal leurs biens. Le magistrat le ré

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primanda d'abord, et puis le menaça de poursuites judiciaires. L'affaire allait devenir serieuse, lorsque n'écoutant que son mécontentement, Martin Calmont sortit furtivement de l'enceinte intérieure, se jeta dans l'Au qu'il traversa à la nage, et se retira dans les Pays-Bas. Le magistrat, instruit de sa fuite le décréta de prise de corps, et lui interdit l'entrée de la cité. A cette nouvelle qu'il considéra comme un surcroit d'outrage, l'Audomarois troublé par son ressentiment, alla trouver le maréchal de Gassion, qui parcourait alors le comté d'Artois avec un corps considérable de troupes, et lui proposa, au moyen des instructions qu'il lui donnerait, de soumettre à ses armes la ville de SaintOmer. Gassion, brave et impétueux, applaudit à son projet, le questionna vivement, et se croyant déjà sûr de son succès, s'écria avec feu « Il y a peu de Gassion au monde ! »>

L'attaque fut fixée au jour de la Trinité, le 16 ( ou 22) juin 1647. On devait commencer au point du jour, par la surprise d'un petit fort, près des quatre moulins; les maréchaux de Ramsai et de la Viefville (ce dernier déjà nommé gouverneur de la place), accompagnés du traitre Calmont, auraient été prêts ensuite à descendre par les faubourgs et à s'avancer à la lueur de leur incendie, pendant que Gassion lui-même essayerait de tourner le fort St.-Michel, et s'approcherait vers la porte SainteCroix, le point le plus faiblement fortifié. Mais tout ce beau projet s'écroula bien vite... Des torrens de pluie empêchèrent le gros des français de passer à travers Arques et Blendecques, et ceux de leurs camarades qui étaient déjà arrivés à Clairmarais, ayant appris que l'escalade pratiquée sur le fort des quatre moulins avait complètement échoué, à cause de l'active vigilance de la garnison, s'empressèrent prudemment de rétrograder. Gassion ne tarda pas à terminer vaillamment sa carrière devant Lens.

La trahison de Martin Calmont ainsi éventée, fut bientôt connue de tous ses compatriotes. Il s'était hâté de s'éloigner, mais peu de temps après, il eut l'imprévoyance de reparaître à Cassel sous le costume d'un tambour. Malgré son déguisement, il fut reconnu et appréhendé par plusieurs soldats de la garnison de St.-Omer, que son malheureux destin avait amenés au Castellum Morinorum. Son procès s'instruisit, et sa détention fut longue. Enfin, en 1650, il fut condamné à être pendu et décapité. Après l'exécution, son corps fut exposé sur une roue à l'endroit des quatre moulins, et sa tête resta plantée sur la porte du Haut-Pont, tournée vers Watten, jusqu'en 1714, a-t-on écrit, ce qui n'est guère probable, parce qu'en 1677, les Français l'auraient fait disparaî tre. Ainsi avaient été fixées sur des verges de fer au haut du même mur les tètes d'Aimery de Pavie et de Tarmaker. — Vers la fin du même siècle, des enfans jetèrent à bas la tête de Martin Calmont,

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et l'on vit longtems le fer, qui l'avait suspendue. La fille de cet infortuné était obligée de passer souvent sous la porte du HautPont, et (cruel spectacle!) d'apercevoir attachée au-dessus la tête de son père... La douleur la rendit folle. On dirait que nos pères, comme on vient de l'observer justement, se mettaient l'esprit à la torture pour inventer les moyens les plus atroces de faire souffrir leurs semblables.

Louis XIV, en apprenant le mauvais succès de cette échauffourée, avait dit avec humeur: « Ces deux trous de Saint-Omer et d'Aire me choquent plus que toutes les forces d'Espagne ! » Mais trente ans après, il pensa tout différemment.

A. PIERS.

Origine de l'Imprimerie à St.-Omer.

a Imprimeurs, les âges vous nommeront les bienfaiteurs de

la raison.n

MONTEIL.

Une société savante du Nord de la France invita, il y a quelques années, le congrès de Blois à provoquer la confection des bibliographies locales, et à donner l'histoire de l'imprimerie dans les différentes localités. Cette invitation fut-elle suivie de quelques résultats positifs? nous l'ignorons; mais nous ne pensons pas qu'aucune ville du Pas-de-Calais ait encore sa bibliographie. C'est qu'une entreprise semblable est réellement colossale et que pour l'essayer même un peu décemment, il faut être doué d'une patience infinie, se livrer à de fort longues et minutieuses recherches, être favorisé par des découvertes inattendues, et avoir eu au moins en communication les catalogues des bibliotheques publiques et particulières de son département.

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Depuis la découverte de l'imprimerie, « le génie partagea avec le soleil le droit d'éclairer le monde. » Pour un infortuné, « un livre devint un ami. » Tout changea dans les conditions sociales, et aujourd'hui le silence de la presse serait la mort de la liberté. Pierre Caron publia, dit-on, à Paris, en 1474, le premier ouvrage en français. C'était la traduction de l'Aiguillon de l'Amour divin. Une œuvre d'une nature semblable, Le Traité de l'amour de Dieu, in-12, 1603, par Grégoire Martin, maître-èsarts, à Oxford, paraît être le premier produit certain des presses de François Bellet, à St.-Omer. Cependant les ouvrages suivans semblent avoir quelque antériorité: Apologie de la hiérarchie ecclésiastique et catholique, établie par le pape Clément VIII, St.- Omer, 1601, par Robert Parsons. Défense de la cause catholique, St.-Omer, 1602, par Thomas Fitz-Herbert de Staf

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ford. (Biographie Universelle, T. 33. Table universelle des auteurs ecclésiastiques, T. 2.)

Nous n'avons pu découvrir le lieu où fut imprimé, en 1495, l'opuscule intitulé: Statuta synodalia ad usum Morinensem, in4° de 16 feuillets gothiques, inclus dans le n° 80 des mss. de la Bibliothèque de St.-Omer, mais nous sommes à peu près convaincu qu'aucune imprimerie n'a jamais été foudée à Thérouanne.

François Bellet fut nommé imprimeur à St.-Omer, le 4 décembre 1601. Déjà il résidait en cette ville, au moins depuis quelques mois, peut être même dès l'année précédente.

Voici à ce sujet les opinions de nos annalistes: Hendricq dit qu'au commencement d'août 1601, vint notre premier imprimeur a demeurant du premier en la Tenne-Rue près le Blanc Chapon. Le grand cartulaire de St.-Be tin énonce une date identique Deneufville allègue que François Bellet était venu à St.-Omer, en l'an 1600. Don Devienne est muet. Collet mentionne la date de 1601. On trouve dans nos Archives communales des lettres d'Albert et d'Isabelle, du 4 décembre 1601, qui reçoivent François Bellet pour exercer l'imprimerie à St.-Omer. Une délibération du magistrat de la même année, accepte ledit Bellet comme imprimeur, et lui donne cent florins. Il n'est donc pas impossible, d'après l'autorité de Deneufville, que François Bellet soit d'abord arrivé à St.-Omer, dans l'année 1600, mais nous avons vainement cherché dans le manuscrit de Hendricq aprèscette indication de M. Eudes à l'égard dudit Bellet: « C'est dans cette rue, La Litte Rue, que le 4 septembre 1600, François Bellet, élève du célèbre Christophe Plantin, établit la première imprimerie qui oncques fut en cette ville. (Mémoires de la Morinie, T. 2. Archives du Nord, 2o S., T. 1, p. 38). Hendricq déclare qu'il y est venu au commencement d'août 1601: alors, il ne lui aurait pas été impossible d'imprimer en cette même année, L'Apologie de la hierarchie ecclésiastique, et certes l'auteur de la Biographie Universelle peut avoir raison en assignant à cet ouvrage la date remarquable, St.-Omer, 1601.

Les ouvrages ascétiques de Jean Wimbrot, religieux de Clairmarais, furent imprimés de 1603 à 1608, par François Bellet, ce qui est attesté par le manuscrit incomplet de cette abbaye.

En février 1610, environ six semaines après son départ, (Bio graphie de la ville de St.-Omer, p. 104), Charles Boscard (Deneufville seul le nomme Jacques), le remplaça à St.-Omer. C'est par erreur aussi qu'on l'a confondu avec Jean Bogard, de Douai. (Mém. de la Morinie, T. 2, p. 131). Ce dernier, dont le nom est différent d'ailleurs, imprimait encore en 1616, la traduction de la Vie du B. L. Gonzaga, in-8°, par Antoine de Balinghem. Charles Boscard imprima entr'autres à St.-Omer, en 1612, le

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