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PRÉFACE.

L'empire du Brésil a vu ces dernières années son influence s'augmenter à tel point qu'il a attiré sur lui l'attention de l'Europe. Naturalistes, ethnographes, historiens, hommes d'État l'ont pris pour but de leurs études, dont un nombre considérable d'ouvrages importants ont été les fruits.

Sous un seul rapport le Brésil est resté jusqu'ici une terre inconnue aux Européens: sa littérature indigène et nationale est demeurée dans l'obscurité. C'est à peine si l'existence en a été révélée par quelques ouvrages sur la littérature portugaise, dont elle ne forme que l'appendice exigu.

Et pourtant la littérature du Brésil a fait de tels progrès, surtout depuis une trentaine d'années, qu'on ne peut lui refuser plus longtemps la place qui lui revient dans l'histoire des littératures nationales.

Ce qui fait que cette littérature n'a pas encore attiré l'attention, même en Allemagne, ce pays universel, c'est probablement que les sources et les matériaux en sont trop inaccessibles. Les bibliothèques européennes les plus riches possèdent à peine les oeuvres des principaux auteurs brésiliens'); et quelle difficulté n'y a-t-il pas à se les procurer!

1) Il est probable que nulle part on n'en trouverait un aussi grand choix que dans les bibliothèques de Lisbonne et de Coïmbre. Mais ce sont les derniers endroits d'où nous pourrions attendre quelque démarche dans le but de les faire connaître, sans parler d'une histoire littéraire proprement dite. Les sentiments de jalousie qu'on a pour le Brésil, l'air de dédain avec lequel on considère cette ancienne colonie, ne permettent pas d'accorder à sa littéra

On ne pouvait pas même remédier à cette lacune en traduisant quelque histoire littéraire, car les Brésiliens n'en possèdent aucune, qui aille jusqu'à nos jours ').

La bibliothèque impériale de Vienne a reçu depuis quelques années un nombre assez considérable d'ouvrages brésiliens. Un des passagers de la frégatte Novara, M. le chevalier Ferdinand de Hochstetter avait été chargé par cet établissement de profiter de son séjour à Rio de Janeiro pour acheter des livres brésiliens. En outre M. Jean Jacques de Tschudi a eu la bonté de chercher à augmenter cette collection pendant son séjour au Brésil, soit par des achats, soit par les dons nombreux qui lui ont été faits.

Ajoutons à cela que j'ai eu le bonheur de faire la connaissance de plusieurs écrivains distingués du Brésil. Je veux parler de MM. Domingos José Gonçalves de Magalhães, Manoel d'Araujo Porto - Alegre et Ernesto Ferreira França, qui m'ont fourni des matériaux de tout genre et m'ont aidé de leurs conseils. Je leur en exprime ici publiquement ma reconnaissance, ainsi qu'à M. de Tschudi qui, non content de mettre à ma disposition sa riche bibliothèque, a ouvert pour moi le trésor inépuisable de son érudition.

Telles sont les circonstances qui m'ont engagé à remplir la lacune importante que j'ai signalée dans l'histoire litté

raire.

J'ai essayé de raconter le développement des lettres au Brésil. J'ai joint à mon récit une anthologie des oeuvres des écrivains dont j'ai parlé. Ce qui m'a décidé à le faire, c'est

ture une position indépendante à côté de celle du Portugal. Le Diccionario bibliographico portuguez d'I. Fr. da Silva nous montre du reste que beaucoup d'ouvrages importants manquent à ces deux établissements. L'auteur de cet excellent livre a dû se procurer la plupart des plus modernes, surtout ceux qui ont paru depuis la séparation des deux empires.

') Il est vrai que Joaquim Norberto de Souza Silva, que ses études rendent très-capable d'une pareille entreprise, travaille depuis longtemps à une histoire détaillée de la littérature brésilienne, mais il n'en a publié jusqu'ici que quelques fragments.

d'abord la rareté de ces ouvrages, puis le désir de permettre au lecteur de juger par lui-même.

MM. les éditeurs ont désiré que la partie historique fût traduite en français. Qu'il me soit permis d'en remercier ici M. le docteur van Muyden, qui s'est efforcé de rendre aussi exactement que possible les idées de l'original.

C'est aux lecteurs à juger cet essai, fruit de trois années d'un travail opiniâtre. Je les prie seulement d'avoir égard à ce que diverses circonstances et surtout le fait que l'auteur ne connaît le Brésil que par les livres ont dû le rendre plus ou moins défectueux et incomplet.

Mon ouvrage a dans tous les cas le mérite relatif d'être le premier et le seul qui ait paru en Europe sur ce sujet. Vienne, avril 1862.

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