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«<metis, et a prato Asselini usque ad exitum foresto meœ << de Orbisterio et usque ad viam que ducit viatores qui de << portu Olone ambulant apud Thalemundum, et a via que << ducit viatores de portu Olone apud Thalemundum usque «<ad torrentem Illicum, qui defluit per gulam de Doëtis in <«< mare et usque ad recessum maris, hinc et indè, et omne << nemus quod includitur infrà metas superiùs nominatas, << ad faciendam suam plenariam voluntatem. » Etc. (1).

Richard Coeur de Lion confirme la charte de son prédécesseur, en 1182 et indique les mêmes limites, modifiées très légèrement du côté de Port-Juré, par suite d'un échange.

Limites identiques dans une transaction de 1410 entre l'Abbaye et Pierre d'Amboyse, vicomte de Thouars, seigneur de Talmont.

En résumé, le territoire de l'Abbaye est nettement compris entre la mer au Sud, le ruisseau de Port-Juré à l'Est, sensiblement la route de Talmont au Port d'Olonne au Nord, et le ruisseau de l'Illicon à l'Ouest.

Si donc l'Illicon était le ruisseau de l'Ile (La Vertonne), il s'ensuivrait obligatoirement que la voie « que ducit viatores qui de portu Olone ambulant apud Thalemundum », voie qui s'allongeait entre le Château-d'Olonne et l'Océan, devrait être reportée beaucoup plus au Nord et très au-delà du Bourg du Château-d'Olonne tracé indécouvrable pour atteindre l'Illicon, aliàs la Vertonne I (Voir la carte du pays).

De ce chef, la concession faite aux moines engloberait pour ainsi dire tout l'Olonnais, couvert d'agglomérations importantes, telles que la Chaume, les Sables, Olonne, le Château-d'Olonne etc, soit une surface fortement peuplée de près de huit mille hectares, et, cela sans aucune réserve ni restriction pour les droits préexistants ... Alors qu'au contraire, il ressort des documents que le terrain concédé était surtout désertique ou forestier, et n'a été concédé en fait que pour être mis en valeur.

(1) Cartulaire de l'Abbaye de Saint-Jean d'Orbestier par M. de la Boutetière.

Dans cette concession colossale ad faciendam suam plenariam voluntatem, que seraient devenus les droits de l'Abbaye de Sainte-Croix de Talmont, pour ne citer que celle-la, sur les paroisses de Saint-Hilaire du Châteaud'Olonne et de Sainte-Marie d'Olonne lui appartenant par actes de 1042 et 1049? Quid également des droits spéciaux de ladite Abbaye de Sainte-Croix sur les offrandes des bateaux susceptibles d'entrer dans le port d'Olonne et qu'elle partageait avec l'Abbaye de Vendôme bien avant la fondation de Saint-Jean d'Orbestier ? (Différent du moine Robert, abbé de Vendôme avec dom Evrard, abbé de Sainte-Croix de 1073 à 1091). (Cartulaire de Talmont). Et le duc d'Aquitaine aurait abandonné bénévolement ses propres revenus de la contrée ! P...

Non. La fondation n'avait pas cette ampleur démesurée. Elle comportait environ 900 hectares, ce qui est déjà un joli lot, mais neuf cents hectares presqu'inhabités, et s'arrêtait au ruiseau actuel de Tanchet ou Tanchette, alors l'Illicon (1).

La rencontre comme limite de la route de Talmont au port d'Olonne, quel que soit l'emplacement qu'on suppose à ce dernier, fut-il même le fameux Portus Sicor, NE PERMET PAS D'AUTRE INTERPRÉTATION.

Cette solution basée sur des textes indiscutables, n'est pas, du reste, une opinion isolée. J'ai sous la main, cette note du regretté docteur Marcel Petiteau, qui dans une vie de labeur dévoué, modeste et constant, a trouvé le moyen de recueillir les moindres traditions de l'histoire locale, en particulier, celles ayant rapport au passé de Saint-Jean d'Orbestier, sa chère propriété, note qui corrobore ma

croyance :

« Le nom de Tanchet n'est pas très ancien. Peut-être << appartenait-il primitivement au village, mais le cours « d'eau s'appelait autrefois le Courseau des Doigtz et la « plage de Tanchet a depuis porté le nom d'anse du Savon.

(1) De Ill, rivière, et du diminutif ic, d'où Illic, (petite rivière), et, Illicus, Illicum, Illicon.

«Les ruisseaux des Doigtz ou de Tanchet (Illicon) et du « Caillou-là (Port-Juré) formaient les deux limites du << domaine de l'Abbaye qui exerçait sur toute la longueur « du rivage compris entre ces deux points, son droit de « naufrages et de débris. »

Un dernier argument du Docteur Baudouin est que la « Gula » ne peut être qu'une baie assez vaste.

Je n'oserais pas entreprendre une controverse sur la valeur de termes latins, néanmoins il me semble que le mot gula a un sens plutôt étroit, c'est le cas de le dire, et que l'expression Sinus, à mon idée, représenterait mieux une baie. Quoiqu'il en soit, le ruisseau de Tanchet pourrait prétendre à un goulet de belle taille, puisqu'il débouche dans la baie des Sables !

Certes, aujourd'hui mon Illicon, né de bourbes au N.-E. du Château-d'Olonne, déverse ses flots purs dans le service d'eau de la ville des Sables, mais jadis il les mêlait directement aux ondes marines par un goulet appréciable, au sortir d'un marécage maintenant les bassins ou lacs de Tanchet qui répond au Doët de la charte du duc d'Aqui. taine et aux Doigtz du Docteur Petiteau. Inutile d'aller à la Gâchère pour cela, d'autant plus qu'en fouillant le chartrier de Saint-Jean-d'Orbestier on s'apercevrait que dans certains actes de 1222, les noms de lo doit et la Pironère (actuellement la Pironnière du Château-d'Olonne), ressortent comme proches l'un de l'autre, ce qui est conforme à la situation des lieux, la Pironnière étant à un kilomètre environ des bassins de Tanchette. Et M. de la Boutetière dans sa table du Cartulaire indique Doit, Doiz, Doetum, sur le Château-d'Olonne, ainsi que la Pironère !

La question de l'Illicon supposé à tort la Vertonne, voisine avec celle du Port Sicor, que d'aucuns placent à la Gâchère et dont l'emplacement est toujours indéterminé. Port Sicor! Ce nom légué involontairement à notre curiosité comme une énigme par ces géographes des âges passés,

Ptolémée et Marcien, a de longue date, fait couler des flots d'encre.

Sans entrer dans des détails rétrospectifs, je rappellerai seulement que tous les points de la côte océanique depuis Luçon jusqu'à Pornic ont, tour à tour, été désignés comme susceptibles d'avoir eu l'honneur d'abriter la flotte de César au cours de ses expéditions contre les Venètes. (En passant, cela prouve une singulière élasticité dans les données des anciens géographes ou une grande imagination de la part de leurs commentateurs !). Je n'essaierai pas de jongler avec les chiffres de Ptolémée et de Marcien, je me bornerai à une suggestion que je n'ai vue nulle part, donc à mes yeux inédite, et, qui, en tous cas, me paraît de nature à déterminer, non l'endroit exact, mais au moins la région où a existé le Port Sicor.

que

Si l'on admet comme vérité historique démontrée, LE FAIT le rassemblement de la flotte de César pendant la guerre des Venètes a eu lieu au Port Sicor, nous ne pouvons voir ce port que dans la baie de BourGNEUF.

En effet, la base d'opération terrestre des Romains était le pays des Namnètes et se développait sur la Loire, de Nantes à la mer en s'appuyant sur la région Pictonne soumise. En conséquence, César était contraint de rechercher une base navale à proximité de sa base terrestre. Cette base devait être assez vaste pour contenir les centaines d'embarcations réquisitionnées dans les ports de Saintonge, du Poitou, etc, celles construites en Loire et les puissantes galères envoyées de la Méditerranée. Cette base devait être non seulement à la portée du commandement, mais aussi suffisamment éloignée de l'ennemi et défendable en cas de surprise. Elle devait également offrir à la flotte disparate de l'expédition aux ordres de D. Brutus, un abri assuré contre les gros temps, des eaux relativement profondes et des accès côtiers abordables, avec facilités de hâlage, de ravitaillement, le tout entouré de peuples alliés.

Où trouver ces conditions réunies ailleurs que dans la baie de Bourgneuf ? non point tant dans un endroit

restreint que dans l'ensemble. Si l'on regarde la carte des côtes, de la baie de l'Aiguillon au Morbihan, aucune hésitation n'est possible.

Par conséquent, le Portus Sicor gît dans la région ou l'hinterland de la baie de Bourgneuf, et, si l'on veut le retrouver, les recherches sont à orienter par là (1)

Et ce n'est pas parce que l'on découvrira dans un endroit ou dans un autre, des traces d'un port plus ou moins important, qu'il sera permis de s'écrier «Ecce Portus Sicor». Nullement, car les ports antiques ne manquent pas sur nos rives maritimes, mais aucun n'est capable de présenter les conditions requises. Et tant qu'un document authentique, inscription votive ou de borne milliaire, n'infirmera pas mon argumentation stratégique, celle-ci sera pour moi, valable et décisive.

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M. le Docteur Baudouin penche il n'est pas le seul pour le havre de la Gâchère comme port Sicor, notamment parce qu'il a relevé avec son infatigable sagacité sur le pourtour de l'antique et problématique baie d'Olonne, quantité de débris attestant l'ancienneté de l'habitat.

Oui, mais la baie de Bourgneuf est plus riche encore à ce point de vue, sans compter les immenses amas de pierres de délestage de navires signalés par M. de Sourdeval en 1872!

Et si nous nous en référons aux documents écrits, c'està-dire aux données des géographes Ptolémée et Marcien, celles-ci confirment la priorité de la baie de Bourgneuf.

Dans la traduction de Ptolémée par C. Müller, (1883) les lieux importants sont cotés en longitudes et latitudes.

(1) A ce propos, il conviendrait de ne pas négliger absolument la côte actuelle, car assurément l'envasement de la rade de Bourgneuf était déjà fort avancé à l'époque romaine, quoiqu'on dise, et, il n'y aurait rien d'étonnant à ce que le port soit peu distant.

Mais si l'on songe par exemple au port de Ravenne, principale station militaire romaine des flottes d'Orient, qui recevait plus de deux cent cinqante grands vaisseaux à la fois, et qui, dès le temps de Jornandès, l'illustre évêque-historien des Goths, était déjà par suite des alluvions du Pô, abandonné et transformé en jardins fruitiers en 552, on se demande devant cette disparition aujourd'hui totale, ce qui peut survivre d'un modeste port de province éloignée?

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