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La paix était immense et le calme était plein.
A peine un chant d'oiseau flûté dans le lointain
Eveillait l'écho mort des campagnes profondes...

...Une couleuvre heureuse auprès de moi dormait ;
Et dans l'air vaporeux et chaud on entendait
Les mouches bourdonner autour des vaches blondes.

L'AUTOMNE

Mes beaux buissons touffus tout fleuris de chansons
Effeuillent leur verdure et se dépeuplent d'ailes
Et le vent qui gémit pleure des ritournelles
Dans leur pauvre squelette où passent des frissons.

Novembre La Toussaint Les cloches ont des sons
Funèbres, et leurs glas dans l'air mouillé se mêlent
Aux plaintes des agneaux transis de froid qui bêlent
Aux barrières des prés sans brouter les gazons.

C'est la triste saison où se meurt la nature;

Pourtant, malgré leur corps dépouillé de verdure,

Les vieux chênes, dans les chemins, sont toujours beaux.

Fiers témoins d'un passé de célèbre mémoire,

Immuables ils ont encor des tons de gloire

Quand les couchants d'automne empourprent leurs rameaux,

L'HIVER

La campagne grelotte et l'aigre bise mord.
Une houppe invisible a poudré l'étendue :
Jusqu'à l'horizon gris la terre s'est vêtue
Du linceul que le gel y met, aux jours de mort.

L'arbre exhale sa plainte en un lugubre accord;
Chantres du triste hiver à la voix suraiguë;
Les pies et les corbeaux, depuis l'aube apparue
Jusqu'à la sombre nuit, jacassent sans effort.

Vers le ciel terne et bas montent des flots de brume.

La haute cheminée entre les arbres fume;

Mais la ferme bien close est à l'abri des vents.

Adieu le temps heureux des courses vagabondes 1 Prés fleuris, bois discrets, solitudes profondes !... ...On est bien près de l'âtre où flambent des sarments.

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La Vendée au Salon

Deux Vendéens seulement exposent à la Nationale, M. Astoul et Mademoiselle Thiré.

Les portraits que le premier de ces artistes nous présente sont remarquables par le délié de leur facture, l'impression de vie qui s'en dégage et ce caractère esthétique, dont, hélas ! sont dépourv ies trop d'œuvres ultra-modernes.

M. Charles de Suyrot, en costume de chasseur, résume aux yeux des moins avertis le type traditionnel de nos gentilshommes terriens, à la fois vigoureux et fins, mais que ne déparerait ni la cuirasse du grand siècle, ni le jabot de dentelles, ni le collet de l'incroyable.

Mademoiselle Renée Pierny, de l'Odéon, est une artiste charmante, toute de délicatesse et de lumière, qui a trouvé en M. Astoul un exact traducteur de sa poêtique beauté.

Simple question pourquoi M. Astoul ne présenterait-il pas au public, l'an prochain, une toile familiale, pour laquelle il a sous les yeux des modèles vivants, je veux parler de ses neuf beaux enfants qui lui vaudraient, à défaut de quelque médaille, les félicitations des bons Français et un laurier aimable de la Ligue des Familles Nombreuses ? Neuf enfants, à l'heure où nous sommes, ne constituentils pas un magnifique chef-d'œuvre !

Mademoiselle Marie Thiré, de la Châtaigneraie, a peint avec un sens aiguisé de pittoresque et de couleur un Petit Italien, qui attire l'attention par la verve et la joie qu'il dégage, en vrai fils du pays du soleil.

Plusieurs artistes, étrangers à la Vendée, lui ont consacré quelques œuvres tels M. Vauthrin avec son Moulin et son Paysage vendéen, d'une belle richesse de ton et d'une facture extrêmement délicate : M. Castro, une Route de Noirmoutier perdue sous les ombrages des chênes verts; M. Pontoy, d'aimables Baigneuses aux Sables-d'Olonne, et Mademoiselle Esther Dumas, un joli Port en Vendée.

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M. Daniel Girard, excellent graveur, nous offre des sujets tirés de l'île d'Yeu, dont un Thonnier, sur bois, d'une franche allure.

Et pour clore cette courte visite à la Nationale, un très beau buste en bronze de M. Eugène Raguet, notre sympathique compatriote, secrétaire général de la Société, œuvre où M. Paulin a fixé à merveille le caractère à la fois spirituel et aimable de son modèle.

Aux Artistes Français, notons un Vieux pont à Chartres, de M. Chatry, des Clouzeaux, toile intéressante par son souci de la vérité ; de Mademoiselle Magde, de la Châtaigneraie, deux bonnes natures mortes, Faïences et Tasse de thé. M. Chatry a signé également d'excellents pastels inspirés par la vieille ville de Chartres, la Rue Chanteaud et la Rue du Cheval blanc.

M. Cabié s'est inspiré des Chênes verts de Noirmoutier, et M. Perboyre nous montré un Hussard de la République attaqué par des Vendéens, qui sont bel et bien des Chouans de Bretagne : à vrai dire, pour plus d'un artiste et même d'un historien, la Vendée militaire englobe tout l'Ouest insurgé et l'on ne se donne pas la peine de faire la distinction, pourtant nécessaire, des costumes très divers que portaient les Blancs, et dont l'étude approfondie fournirait aux artistes des éléments nouveaux et plus véridiques.

Avec M. Rousseau-Decelle, nous sommes en présence d'une œuvre toute de douceur et d'une subtile finesse. Ce portrait de femme, si clair sur le fond tendre du jour naissant, présente une gamme de nuances légères et comme irisées, relevées par un grand chapeau rose, ombrageant un frais minois et deux yeux intenses de vie et de jeunesse curieuse. Cette toile, intitulée Au Matin, avait été déjà très remarquée à l'exposition du Cercle Volney, et ne dépare pas, tant s'en faut, la série des œuvres précédentes de notre sympathique compatriote, qui expose d'autre part un charmant pastel de Mademoiselle R., fort délicatement traité.

A la section de gravure, M. Marcel Fleury a signé une eau-forte commémorative de la mort héroïque du lieutenant marquis de Lespinay, fills du regretté député de la Vendée. Cette planche, sorte de vision à la Gustave Doré, réunit en un ensemble romantique les

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