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cessèrent pendant plusieurs années à la suite de l'exécution du prédicant Jean Bigot. Peu à peu, l'intendant diminua ses rigueurs.

Lorsqu'en octobre 1695 d'Ableiges remplaça Foucault, la noblesse calviniste paraissait définitivement soumise, tandis que laboureurs et artisans s'entêtaient plus que jamais dans l'hérésie. Les lettres pastorales des ministres réfugiés à l'étranger circulaient sous le manteau, venant périodiquement raffermir les cours. Propagande uniquement spirituelle, car rien absolument dans la conduite des religionnaires bas-poitevins, il faut le reconnaître, n'autorise à penser qu'ils aient noué des intelligences avec les ennemis du roi. Seuls quelques nobles émigrés sans esprit de retour s'engagèrent dans les armées de Guillaume d'Orange et se firent tuer à son service même contre les Français. La situation géographique de la Vendée aurait d'ailleurs rendu bien difficile tout essai de collusion avec Anglais ou Hollandais.

Pourtant les embarras extérieurs du gouvernement n'étaient pas pour déplaire aux huguenots bas-poitevins, qui en attendaient des facilités pour l'exercice du culte calviniste. De fait, la fin de l'année 1697 vit de nouvelles assemblées, principalement aux environs de Mouilleron. De nuit, mystérieusement, la foule des protestants gagnaient en silence, le long des chemins creux, l'endroit désert et romantique où pendant quelques heures un ministre ou un simple prédicant audacieux venait réchauffer leur foi en leur commentant la Bible et en dirigeant le chant des psaumes. Bientôt les catholiques s'émurent du nombre des assemblées et des assistants, qui sans cesse grandissait. L'intendant informa en janvier 1698, sans que les protestants s'en inquiètassent; les assemblées devinrent même de plus en plus importantes et eurent pour théâtre le pays de Pareds tout entier. Nouvelle information et décisive intervention à la suite de l'affaire du Bois-Pouvreau, dans la paroisse du Boupère. Des dégâts avaient été commis par les protestants chez le fermier du Bois-Pouvreau au cours d'une immense assemblée qui réunit 7 à 8.000 personnes.

Celui-ci s'était plaint, une enquête avait aboutit à de nombreuses arrestations et condamnations. Les assemblées prirent fin; mais la situation religieuse ne changea guère. Le seul diocèse de Luçon comptait en 1699 650 convertis sincères et 5.100 protestants, qui continuaient à ne tenir aucun compte des prescriptions de l'édit.

Ce dangereux état de choses inquiétait les autorités ; elles surveillèrent plus étroitement que jamais les huguenots, bien que le roi, décidément édifié sur les résultats obtenus, conseillât la modération, intraitable seulement sur le chapitre de l'instruction des enfants des « nouveaux catholiques » dont il payait lui-même une partie des pensions. Sur ces entrefaites, Monseigneur de Barrillon mourut le 8 mai 1699, après avoir lutté avec une ardente conviction pour le triomphe de la foi catholique dans son diocèse.

(à suivre)

J. DE LA MONNERAYE.

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L' << Héroïque Comtesse >>

Correspondance de la Comtesse Auguste de la Rochejaquelein

(Suite) (1)

II. La première alerte. (Septembre 1831)

La duchesse de Berry arriva à Gênes le 7 Juillet. Après maintes hésitations, on envisageait le soulèvement pour le début d'Octobre.

Vers le 15 Août, Félicie reçut et transmit aux chefs de divisions les instructions prescrivant d'intercepter les communications entre les villes le jour de la prise d'armes, de désarmer les garnisons isolées, d'occuper les villes et les bourgs «qu'on aurait pu enlever de prime abord», d'organiser ensuite des corps royalistes réguliers, de rétablir les autonomies provinciales, de secouer ainsi le joug «d'une capitale turbulente qui depuis si longtemps troublait le repos et le bonheur de la France » (2).

(1) Voir 4. fascicule de la Revue 1922.

(2) Instructions datées du 10 août, destinées à la rive droite et recopiées par Félicie pour être appliquées à la rive Gauche.

A la fin du même mois d'Août, Ulric Pelloutier vint exposer à Charette les intentions du Maréchal: Madame pensait débarquer en Provence le 3 Octobre: il fallait s'attendre à l'insurrection du Midi et à la proclamation de la République à Paris; au surplus les chefs de l'Ouest décideraient du moment le plus opportun pour leur soulèvement. Pelloutier vit aussi la comtesse de la Rochejaquelein: «... J'ai causé longuement avec elle, écrivait-il le 3 Septembre au fils aîné du Maréchal, et j'ai eu tous les renseignements que je désirais car elle connaît très bien le pays, et est d'ailleurs en rapport avec tous les chefs de son mari... En général le pays est très froid... Il n'y a pas d'élan, m'a dit même Madame Félicie qu'on pourrait cependant accuser parfois de voir trop en beau.... Il est bien utile que Monsieur Félicie arrive; sa présence est même indispensable pour une foule de choses; quoique sa femme fasse son possible pour le remplacer, il n'y a que lui qui puisse entretenir utilement des rapports avec ses chefs de division.... Mme Félicie, Lejeune [Cathelineau] et Bertrand [Marquis de Maquillé commandant en Maine-et-Loire] indignés de la conduite de certaines personnes que vous connaissez bien, veulent adresser une lettre à Madame pour lui déclarer que si elle ne veut pas se séparer de son entourage pour s'appuyer entièrement sur M. Laurent [Bourmont], ils sont décidés à renoncer à tout.... >>

Les dernières lignes indiquent que la lutte d'influence qui, en Italie, allait sévir durant plusieurs mois autour de Madame, la lutte contre le duc de Blacas et le comte de Mesnard, préoccupait aussi les Vendéens. Au moment d'agir, les légitimistes se divisaient. Félicie elle-même allait emprunter un mot de soldat pour stigmatiser les mauvais conseillers; mais Pelloutier exagérait son pessimisme. Dans sa lettre à Bourmont du 19 Septembre, elle déclare du moins son pays prêt à marcher. Elle attend l'arrivée de son mari, loue les mérites de Cathelineau et expose dans quelles conditions les vues du Maréchal seraient exécutables.

DOCUMENT II

La Comtesse de La Rochejaquelein au Maréchal de Bourmont

19 Septembre 1831.

J'ai tardé à vous écrire ignorant pendant longtemps le moyen de le faire. J'ai écrit pour vous à...... une très longue lettre qu'on a dû...... faute d'indication.

J'ai reçu de vos nouvelles du 4 et l'ordre de nous tenir prêts pour le commencement d'Octobre. Je puis vous assurer que le pays est bien disposé, qu'il y aura de l'élan. Quelques chouans se sont rendus, mais c'est bien peu, et cela est très mal vu des autres. J'ai reçu vos instructions par M Ulric, j'en ai fait part à Cathelineau et il nous semble d'après la....... du pays que tout est exécutable à peu de choses près. On pourrait effrayer nos jeunes gens, en leur demandant un engagement pour toute la durée de la guerre, mais nous pensons qu'il sera facile de leur faire souscrire d'abord un engagement de trois mois, surtout en leur promettant de les libérer après. Il y aura aussi des mariés qui s'engageront, et des jeunes gens depuis 16 ans. Nous pensons qu'il sera facile au bout des 3 mois, si c'est utile, de les garder encore pendant le même temps. Le Vendéen une fois sous les armes y reste par goût.

Beaucoup de personnes sages et qui connaissent le pays, voudraient le soulever autrement que par le tocsin cela jetterait l'alarme en certaines localités. Nous pensons que vous trouverez bon que les chefs jugent, suivant leurs localités, du meilleur moyen à employer, pourvu qu'il y ait simultanéité. Je sais que celui que j'attends (1) doit être ou sera bientôt sur les côtes de B. ordres seront transmis, et je ne doute pas qu'ils ne le déterminent. Ignorant s'il y avait quelque chose de positif ou de rapproché, il était indécis s'il débarquerait ou non, dans ce moment-ci même : ici tout le pays est en attente...

VOS

La nomination de Cathelineau a fait un effet excellent. Elle donne confiance à tous. Une seule chose était à craindre : c'était que cet excellent homme n'eût pas assez de confiance en lui-même parce qu'il est extrêmement modeste. Mais votre choix, M. le Maréchal, la certitude d'avoir M. Bourinal ? auprès de lui (2) la droiture et la fer

(1) Son mari le comte Auguste de Larochejaquelein.

(2) Jacques Cathelineau eut Gangler pour chef d'Etat-Major.

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