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NOS MORTS

JACQUES DE LA DÉBUTRIE

La dernière fois que je le vis, ce fut le jour de la fête des Rois de l'an passé, alors que j'avais suivant une vieille coutume réuni à ma table quelques fidèles amis de nos glorieuses traditions nationales. Il était débordant de santé et d'esprit et nous avait régalés de sa franche gaieté et de son intarissable verve. Qui de nous aurait pu croire alors que quelques semaines plus tard, il serait impitoyablement terrassé par la mort ?

J'en reçus la nouvelle à Paris, où j'avais été appelé par l'Assemblée Générale de l'Association de la Presse Monarchique dont il faisait partie lui-même, et j'eus l'immense chagrin de ne pouvoir m'associer que de loin à la douleur des siens et à celle aussi de tous ceux qui avaient pu comme moi apprécier les éminentes qualités de son esprit et de son cœur.

Fils de M. Stanislas Majou de la Débutrie, ancien officier de cavalerie sous le second Empire, puis conseiller général de la Vendée durant de longues années, et de Madame Radegonde de Tusseau de Maisontiers, d'une ancienne famille du Bas-Poitou aujourd'hui éteinte, Jacques de la Débutrie était de par sa grand'mère le petit neveu de l'héroïque général Vendéen de Sapinaud.

Digne continuateur des grandes traditions de foi et de vaillance de sa famille, Jacques de la Débutrie fut un serviteur passionné de la cause Monarchique, et lorsqu'une mort glorieuse priva la section Vendéenne d'Action Française de son dévoué Secrétaire, Henri Esgonnière du Thibeuf, c'est lui qui fut appelé à le remplacer. On sait avec quel dévouement il remplit jusqu'au bout la mission qui lui était confiée et avec quel talent il se dépensa par la parole comme par la plume pour assurer le triomphe de la cause dont il s'était fait l'ardent champion.

C'est précisément au lendemain de la conférence qu'il était allé bien que souffrant donner à Saintes aux côtés de Bernard de

Vesins, qu'il fut atteint du mal violent qui devait avoir raison de

son magnifique tempérament d'athlète.

Mais Jacques de la Débutrie n'était pas seulement un admirable soldat de la Monarchie; il professait de même pour l'Eglise un amour profond et un dévouement sans bornes.

Comme on l'a dit très justement, il avait la foi simple et rude, sans aucune diminution, de ces anciens Vendéens dont il savait si bien l'histoire et dont il perpétuait fidèlement le glorieux souvenir parmi nous.

Ami des Lettres et des Arts, écrivain distingué et orateur de talent, Jacques de la Débutrie avait peuplé sa belle et hospitalière demeure de Rochetrejoux de livres précieux et d'oeuvres d'art au milieu desquels il aimait à vivre et à travailler. Son activité, du reste, était telle qu'entre les heures consacrées aux œuvres religieuses et politiques et celles réservées à l'administration toute paternelle de sa commune, il trouvait encore le temps de s'occuper de questions hippiques et de s'adonner avec passion, en digne petit-fils d'un grand veneur, au plaisir de la chasse à courre, tout en sachant toujours sacrifier ce plaisir à son devoir.

Le devoir sous toutes les formes fut, en effet, la règle constante de sa vie. Aussi lorsque la mort vint à lui l'accueillit-il avec calme et fit-il courageusement le sacrifice de son existence, sans une plainte, sans un murmure, confiant à ceux qui l'entouraient ses suprêmes recommandations avec une parfaite résignation.

Sa mort particulièrement édifiante fit l'admiration de tous, et ses obsèques furent une véritable et unanime manifestation de sympathies, et comme un écho fidèle des profonds regrets qu'il laissait non seulement parmi les siens et dans sa commune, mais aussi dans la Vendée tout entière.

Royaliste sans peur et Catholique sans reproche, il a pu au moment de paraître devant le Souverain Juge se rendre ce témoignage qu'il ne cessa jamais d'affirmer sa foi religieuse et de proclamer ses convictions politiques. Et c'est avec la plus sincère et la plus affectueuse émotion, que j'ai tenu à célébrer ici sa mémoire, comme celle dun vaillant ami, tombé au service de son Roi et dans l'amour de son Dieu.

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CHRONIQUE

Portrait de Maraichin.

L'Exposition Charles Milcendeau.

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En février dernier une exposition des œuvres de notre regretté compatriote le peintre Charles Milcendeau, a eu lieu à Paris dans la galerie Druet. A cette occasion un catalogue de ses œuvres a été publié avec un élogieux avantpropos du célèbre critique d'art. Gustave Geffroy. Mais ce que ne raconte pas cette notice et que seuls savent ceux qui ont vécu à ses côtés dans les marécages du Bois Durand, qu'évoquait dernièrement ici l'habile crayon de notre ami Fleury, ce sont les débuts du dessinateur

et les forces agissantes qui ont soutenu ses premiers pas dans sa vie d'artiste. Comme on l'a justement rappelé c'est dans le Marais Vendéen qu'il trouva les meilleures sources d'inspiration et tout ce qu'il en a tiré -- harmonies grises faites de ciels lourds de pluie et de terrains trempés d'eau, sobres et fermes portraits où le caractère est marqué âprement, dessins et croquis à la fois pleins d'accents et très souples est d'un artiste de race et sûr de se survivre.

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On voit par la reproduction que nous donnons d'une des œuvres de Milcendeau, grâce à l'obligeante communication de notre confrère le Phare de la Loire, avec quelles sûres libertés de métier, il a su

rendre le type Vendéen du Marais dont il nous a laissé l'image

fidèle, et a traduit si exactement la mélancolique poésie.

Pour le Salon prochain. Nous sommes heureux d'apprendre que deux des dernières et très belles œuvres du bon peintre Vendéen, André Astoul, viennent d'être admises au Salon de la Nationale : le portrait de notre excellent ami M. Charles de Suyrot, et celui de Mademoiselle Renée Pierny, la gracieuse artiste de l'Odéon.

On pourra également admirer au Salon prochain des ChampsElysées, une nouvelle et magistrale œuvre, de notre éminent compatriote Arthur Guéniot, une statue de Saint-Sébastien, martyr, tout à la fois académie et œuvre de sentiment, où s'affirme une fois de plus son magnifique talent.

Exposition Marcel Fleury. L'exposition, que nous avons annoncée, à diverses reprises, des vingt eaux fortes originales destinées à former une monographie nouvelle dédiée par notre maître graveur Marcel Fleury, à la belle et curieuse ville d'Angers, retient présentement l'attention des nantais amoureux des choses artistiques.

Plusieurs planches où vignettes sont consacrées au château, mais la Cathédrale et le Musée, le Mail et le Palais de Justice, mais les Tours Saint-Aubin et des Anglais, et le logis Barrault et les ruines Toussaint et la fameuse Montée Saint-Maurice n'ont pas été non plus oubliés par l'infatigable chercheur de pittoresque.

Les amateurs de gravures vont pouvoir enrichir leurs collections d'un nouveau et superbe album.

Nos Statuaires. En même temps qu'au Salon des Indépendants, les statuaires Joël et Jean Martel exposaient à l'Ecole spéciale d'Architecture différentes sculptures, notamment le monument de Néron, des, bas-reliefs, des dessins et reproductions de monuments exécutés et des projets conçus avec Jean Burkhalter, professeur d'architecture à l'Ecole des Arts appliqués de Grenoble.

Le dernier numéro de la Revue « L'Architecture Usuelle » consacre un long et très élogieux article au Monument aux Morts d'Olonne, illustré de la vue en perspective de ce monument et des deux suggestifs bas-reliefs qui l'accompagnent. « Le Poilu, créé par le ciseau de nos jeunes et talentueux concitoyens, n'est pas le guerrier farouche criant en bondissant à l'assaut, mais le soldat stoïque, regardant la mort sans peur, en songeant à tous ceux qui l'attendent au village et ne le reverront probablement pas, hélas ! »

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LE MONUMENT DES MORTS D'OLONNE

EUVRE DE MM. JOEL ET JEAN MARTEL, STATUAIRES.

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