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règne de la canaille et de la guillotine. La République ou la mort! Dans cette effroyable anarchie, de quel côté se tourner? Le Roi étant la suprême expression de la Patrie, il fallait défendre sa cause. Pas de droit contre ce droit là.

Guerre de géants au cours de laquelle les Vendéens, sans armes s'emparèrent de dix villes, battirent presque tous les généraux républicains. Guerre de martyrs où l'on vit périr tous les chefs et plus de cent mille victimes; mais guerre qui ne pouvait aboutir, car les chefs divisés entre eux n'avaient pas de plan d'ensemble, et les paysans, après chaque victoire, dédaignant de poursuivre leur tâche guerrière, ne se doutant pas de l'énormité de leur succès, reprenaient le chemin de leurs villages pour revoir femme, et enfants. Tout était à recommencer.

M. Gabory le dit avec raison: « à la Vendée il manqua un chef ». Je dirai plus: il lui manqua un prince du sang royal capable d'apaiser les rivalités, d'imposer une direction unique. Et l'auteur ajoute en finissant: « Qu'eussent fait les Vendéens entre les mains d'un tel homme? Ils auraient pris Nantes et marché sur Paris, peut être la Terreur et vingt ans de guerres étrangères eussent été épargnés? » Peut être angoissant!

« Le Roi perdu, Louis XVII retrouvé », c'est le roman dans l'histoire, en ce sens que partant de certaines données que les archives ont pu fournir sur la question Louis XVII, l'auteur en tire, imaginativement une conclusion possible: l'évasion par les soins de Barras et de Fouché, le départ hors de France avec Laurent, l'un des gardiens du Temple, au service de Barras et la mort de l'enfant-roi au loin, dans les colonies.

M. Aubry a donné à son livre la forme d'un mémoire pour créer par le langage du temps une atmosphère parti

culière, et cette ambiance est telle, le récit est si bien vécu que parfois on se demande s'il n'est pas historique, au sens précis du mot.

L'auteur croit à l'évasion et à la mort de Louis XVII, sous le Consulat. C'est une version qui a l'avantage d'expliquer certains côtés mystérieux de la vie de Fouché et l'attitude des Bourbons pendant la Restauration; mais l'histoire dit que Louis XVII s'est éteint au Temple, lentement, sous l'outrage et le désespoir, jusqu'au jour, où, suivant la belle ode de Victor Hugo, les Séraphins, prophètes et archanges le reçurent:

« Courbez-vous, c'est un Roi; chantez, c'est un martyr ». Evidemment les circonstances qui avaient accompagné la captivité et la mort de l'enfant ont été parfois assez vagues et équivoques pour prêter à des interprétations fantaisistes. Après la Terreur, on voulut croire et espérer que le Dauphin avait été délivré; de là à conclure qu'il avait réellement échappé à ses bourreaux, la distance fut vite franchie.

Dès 1801, un auteur, Regnault Waren, publia une œuvre d'imagination qui résume toutes les hypothèses émises en faveur de l'évasion. D'après ce roman, l'enfant-roi avait été reçu par Charette à Fontenay!

Tout cela ne se réclame d'aucune vérité historique; ce qui est vrai, c'est que le cœur de Louis XVII pris par le chirurgien Pelletan, lors de l'autopsie, fut remis à dom Carlos, neveu du comte de Chambord, et déposé dans la chapelle de Frohsdorf.

Edmond BÉRAUD.

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Puis tandis que, las, je m'endors,
Dans le rapide qui m'emporte
Vous déroulez à chaque porte
Le film ardent de vos jeux d'ors.

Et je vois défiler en songe,
La lune par dessus le tout,

Les champs calmes de mon Poitou
Après les champs de la Saintonge.

Je vous retrouve et vos secrets
Que les feuilles tôt envolées
Celent aux bords de vos allées
Où s'avancent mes pas discrets.

Je reconnais le paysage:
Chaque tournant qui va venir
Evoque un nouveau souvenir
De mes vacances d'enfant sage.

Je n'ai point le cœur oublieux,
Belle Automne voluptueuse !
Mais vous restez insoucieuse...
- Et je reviens un peu plus vieux.

Monbail, octobre 1923.

Jacques DE MAUPEOU.

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Qu'il soit bien entendu, en tout cas, que ces remarques n'ont point pour but d'excuser des coupables ni de revendiquer pour eux les circonstances atténuantes. Même une fois admis le fait de la conjuration à main armée, nous croyons que les Lézardière et leurs amis avaient parfaitement le droit d'entrer en lutte avec les tenants de la Constitution nouvelle. Par suite de l'abdication, plus ou moins effective, du Roi entre les mains de la Constituante et par suite de l'incapacité de celle-ci à diriger les événements, il existait dans le pays c'est un autre fait deux partis extrêmes: les réactionnaires qui aspiraient à rétablir le régime battu en brèche et les révolutionnaires qui s'acharnaient à le détruitre; ceux-ci représentés dans le District des Sables par les Amis de la Constitution et les délégués des clubs, qui étaient alors les maîtres au Directoire et à la municipalité. Quant aux nobles de la région, qui voyaient, non sans humeur, grossir chaque jour, grâce aux menées clubistes, le mouvement de la Jacquerie rurale, on peut bien admettre qu'ils ne fussent pas disposés à se laisser faire. Se jugeant opprimés, et de fait, l'attitude des patriotes sablais commençait à leur donner tout lieu de le croire ne pouvaient-ils pas, eux aussi, invoquer le principe qui avait servi de programme ou de prétexte à leurs adversaires: «< La résistance à l'oppression est le plus imprescriptible des droits et le plus sacré des devoirs ? >>

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Seul un gouvernement établi et loyal a le droit d'exiger l'obéissance; or, sans vouloir préjuger ce qu'il fut plus tard, nous pouvons bien

(1) Voir 4 fascicule 1923 et 1er fascicule 1925.

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