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Mémoires de la Belle Vendéenne

Sophie-Céleste-Eléonore de Sapinaud de la Rairie, surnommée «la Belle Vendéenne », était fille de Charles-Daniel, chevalier, seigneur des Noues et du Sourdy, et de Charlotte-Henriette Gaborin, Dame du Sourdy.

Elle avait six frères et cinq sœurs: Esprit, dit le chevalier de Sapinaud, chevalier de Saint-Louis; Charlotte-Bonne, dont il sera longuement question dans ce travail; - René-Prosper-Marie-Henri, mort en bas-âge; Charles-Henri-Félicité, comte de Sapinaud, Généralissime des armées vendéennes en 1815, Pair de France, Lieutenant général des armées du Roi, Grand Croix de l'Ordre Royal et Militaire de Saint-Louis, époux de Marie-Louise de Charette, belle-fille de l'illustre général de ce nom; Anne-Henriette-Françoise, morte en bas-âge; - Louis-Casimir, chevalier de Saint-Louis; Aimée, dont les tragiques aventures seront retracées plus loin; - Louise-AmbroiseCallixte; Isaac-Gaspard-Edouard, chevalier de Saint-Louis; MarieAnne-Geneviève, morte en bas-âge; Henri-Aimé-Pierre, tué pendant la guerre de Vendée.

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Les Sapinaud sont d'origine du Bas-Poitou; il est probable qu'ils acquirent leur noblesse au service des Vicomtes de Thouars.

Ils possédèrent les seigneuries de Laubraire, la Marrière, l'Herbergement, Varanne, la Louisière, Saint-Varent, Bouillé, Riperoux, le Bois-Huguet, la Bretonnière, la Rairie, les Noues, le Sourdy, etc. Leur blason: d'argent à trois merlettes de sable.

Antérieurement à la révolution, les Sapinaud se sont alliés, entre autres, aux maisons de Barbarin, seigneurs de Nouzières, en 1648; Barlot, vers 1460; de Baudry, en 1511; Baudry d'Asson, en 1739; Bouhet, seigneurs de l'Herbergement-Ydreau, en 1578; de Boussiron, vers 1450; Caillé, seigneurs de la Louisière, en 1537; Duvau de Chavagnes, seigneurs de la Barbinière, en 1788; Gaborin, seigneurs de Puymain, le Sourdy, en 1759; de Gastinaire, seigneurs de la Breuille, en 1655; de Granges de Surgères, seigneurs de la Fouchardière, en 1719; de la Haye-Montbault, seigneurs de la Dubrie, vers 1750; Jarno, seigneurs du Pont, en 1637; Joubert, seigneurs de Fayolle, vers 1520; de Massac, en 1618; le Noir seigneurs de Bois-Huguet, en 1651; Richard de Beauchamps, en 1791; Robert, seigneurs de Boisfossé, en 1695; de Rorthays, seigneurs de Montbail, vers 1700; de Rorthays, seigneurs de SaintHilaire, vers 1710; du Rousseau, seigneurs de Péroux, en 1624; de Saint-Astier, vers 1600; de Tryon-Montalembert, seigneurs de Légurat, en 1621; de Vaugirault, en 1639; du Verdier de la Sorinière, vers 1770, de Vieux-Pré, en 1610.

Nous nous proposons ici de publier les mémoires inédits de celle que sa beauté avait fait surnommer « la Belle Vendéenne. >>

Nous possédons deux textes originaux; l'un écrit par Sophie de Sapinaud elle-même, sous forme de lettre à M. de Rangot, maire de la Gaubretière, et ayant pour but de faire obtenir à cette commune l'attribution d'une somme d'argent laissée en testament par M. Bertrand-Auguste de Sarrien, vivant à Montrejean (Haute-Garonne) et destinée à fonder une école de Frères des Ecoles chrétiennes à la paroisse ayant manifesté le plus hautement ses sentiments religieux et monarchiques (1).

L'autre mémoire a été écrit sous sa dictée par sa fille, Eléonore de Joannis.

Les deux mémoires ont été, en 1914, fondus en un seul par Marie des Douleurs-Geneviève de Vial, épouse de François-Xavier-MarieAuguste de Joannis, petit-fils de l'héroïne. Cet amalgame reproduit scrupuleusement les termes des deux originaux.

Les aventures tragiques d'Aimée et Charlotte de Sapinaud ont été mises à part et ont pu être complètées grâce au travail très approfondi de l'abbé Yves de Joannis, mort au champ d'honneur en 1914, et arrière-petit-fils de Sophie de Sapinaud.

Nous faisons suivre ce travail des 32 quartiers généalogiques de Sophie, Aimée et Charlotte, ce qui permettra à bon nombre de familles vendéennes et poitevines de revendiquer parenté avec les Sapinaud. J. DE JOANNIS.

(1) La Gaubretière et Chambretaud se virent attribuer le prix.

CHAPITRE I

SOPHIE DE SAPINAUD

E suis née au château du Sourdis, en la Gaubretière, le 18 juin 1770 (1).

Mon père, Charles-Daniel Sapinaud de la Rairie, seigneur des Noues, eut de Mademoiselle Charlotte Gaborin, Dame du Sourdis, douze enfants, six garçons et six filles, dont trois moururent en bas-âge; j'étais la seconde et ressemblais beaucoup à mon père. Ma mère mourut fort jeune, et mon excellent père resta veuf à 33 ans avec une famille de neuf enfants à élever.

Ma grand-mère maternelle, Madame de Saudelet, eut soin de notre petite enfance; aussitôt que mes frères furent en âge, mon père prit un instituteur, M. Fôret, qui les mit plus

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(1) Extrait des Régistres de baptêmes, mariages de la commune de la Gaubretière, canton de Tiffauges, département de la Vendée.

Le dix-huit juin mil-sept-cent-soixante-dix, par moi, prêtre soussigné, a été baptisée Sophie-Céleste-Eléonore Sapinaud, fille légitime de Messire Charles-Daniel Sapinaud, chevalier, seigneur des Noues, et de Dame Charlotte-Henriette Gaborin, son épouse. Le parrain a été Messire René-Prospert (sic) Sapinaud, chevalier, seigneur de BoisHuguet, et la marraine demoiselle Céleste-Esprit de Surgères, qui ont signé.

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Signé au régistre: Céleste-Esprit de Surgères; Sapinaud de Boishuguet; Céleste de la Boucherie; Renée Chesneau; Rosalie Chesneau de la Chardière; - Louis de la Boucherie; Sapinaud des Noues; Chesneau, prêtre vicaire.

« Nous, agent municipal de la commune de la Gaubretière, canton de Tiffauges, département de la Vendée, attestons à qui il appartiendra que l'extrait ci-dessus transcrit est conforme au régistre et que foi doit y être ajouté.

Délivré en la maison commune de la Gaubretière le 12 nivôse an 5 de la République Française une et indivisible Un mot rayé nul. Signé: CHERDUBOIS, agent,

tard en état d'entrer au collège de Beaupréau. On me mit à Mortagne, dans une petite pension, où une de mes tantes, Madame de la Verrie, était supérieure. Je n'avais que quatre ans, et c'est là que commencèrent mes souffrances. Je ne savais rien faire, pas même m'habiller, et divertissais mes compagnes et même mes maîtresses. Un jour, on me trouva couchée sous mes draps, sur le matelas, n'ayant pu trouver l'entrée de mon lit; une autre fois, c'étaient mes bas, dont je mettais le talon sur le cou de pied. Mais ce n'étaient encore que de petites misères.

Je restai là jusqu'à douze ans, où je pus rejoindre ma sœur Aimée, qui se trouvait au couvent du Calvaire, à Angers.

Mon excellent oncle, Louis-Esprit de Sapinaud, frère de mon père, chanoine et grand-vicaire d'Angers, avait pour nous mille bontés et lorsque notre éducation fut terminée, nous restâmes chez lui: ce sont là les plus belles années de ma vie, trop vite écoulées.

Mon oncle nous permettait tout ce qu'il pouvait et nous menait dans plusieurs familles de sa connaissance, où nous trouvions des plaisirs de nos âges, sans être lancées dans le grand monde. Il poussait la complaisance et l'indulgence jusqu'à nous donner lui-même des leçons de danse. Ce cher oncle était le meilleur homme du monde et la piété la plus éclairée que j'ai jamais connue. Deux traits feront particulièrement connaître sa piété vraie et son cœur d'or. Ayant manifesté à son père le désir de se faire prêtre, celuici lui fit toutes les représentations possibles, et, le voyant toujours dans les mêmes résolutions, exigea de lui une ter rible épreuve: il le fit entrer au régiment comme officier et ce ne fut qu'après deux ans qu'il lui permit de suivre sa vocation qui ne laissait plus de doutes. Son cœur resta toujours dévoué à sa famille, et, lorsqu'il fallut faire des partages, il ne voulut jamais qu'il en fut question, disant que mon père, qui avait une nombreuse famille, avait bien plus besoin que lui de fortune; qu'entre deux bons frères, il n'y

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