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DE L'IMPRIMERIE D'A.-P. COURTOIS, LIBRAIRE,

IMPRIMEUR DU ROI, PLACE DU BOURG.

1822.

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BIBLIC

Bayerische Stallothek München

HISTOIRE

DE LA

VILLE DE LAON.

LIVRE CINQUIÈME.

Les risques de la guerre avaient tenu 1560.

,

à

1565.

Le Calvi

nisme

tous les esprits en haleine. Les loisirs de la paix leur permettant de s'occuper des nouvelles doctrines elles eurent bientôt des s'introduit sectateurs parmi ceux pour qui l'indépen– à Laon. dance des opinions avait le plus d'attrait. Ce fut en 1560 que le Calvinisme commença à se glisser dans les murs de Laon. Les prosélytes qu'il y fit se tinrent d'abord cachés: mais ils lèvèrent le masque, lorsque l'Edit de Janvier (1562) parut. Bientôt leur hardiesse s'accrut avec leur nombre, au point que le Catholicisme fût en butte à leurs dérisions et les Catholiques à leurs insultes. Ces désordres étaient tolérés par les Magistrats, dont plu

1566.

Nicole de

sieurs étaient imbus des principes de la Réforme. Le Parlement, qui en eut connaissance, fit un exemple sur le Lieutenant du Prévôt, qu'il bannit de la ville, et qu'il déclara incapable de posséder aucun office. Cet acte de sévérité rendit les sectaires plus circonspects, mais non pas plus modérés. En 1565, le ciboire et les hosties disparurent dans une Eglise : cet attentat, qui leur fut imputé, non sans vraisemblance, échauffa beaucoup les têtes; et une cérémonie expiatoire, qui eut lieu à ce sujet, ne contribua pas à les calmer. C'est dans ces circonstances, que Laon devint le théâtre d'une scène singulière, dont le dénouement passa, parmi les Catholiques, pour une preuve miraculeuse de la vérité de leur croyance.

Il y avait, à Vervins, une jeune femme Vervins, de 16 à 17 ans, ignorante, vaporeuse et sujette à des attaques de nerfs. Nicole Obry (c'était son nom) priant un jour sur la fosse de son grand-père, crut voir un spectre qui lui adressait la parole. Cette vision, qui se renouvella les jours suivans, la remplit d'épouvante, et la fit tomber dans des convulsions, dont chacun interprêtait la cause à sa manière. Le Clergé de Vervins prononça qu'elle était possédée ; et le peuple n'en douta point, quand il vit les accès se calmer, à la

suite des exorcismes. L'intérêt redoubla lorsque le diable, conversant avec ceux qui le conjuraient, nomma comme ses amis tous. les hérétiques que ce spectacle avait attirés; On ne parla bientôt plus que de la démoniaque de Vervins; et l'arrivée de l'Evêque Jean Debours, qui vint lui administrer en personne les remèdes spirituels, acheva de fixer l'attention des deux partis, sur un fait, que l'un voulait faire tourner à la confusion de l'autre.

Cependant une Eglise obscure ne suffisait plus à la célébrité de Nicole. Elle fut amenée à Laon, le 24 Janvier 1566, et exposée aux regards de la multitude, sur un échafaud dressé dans la Cathédrale. Là recommencèrent les conjurations, en présence d'une infinité de personnes venues, même des provinces voisines. Si les Protestans eussent été sages, ils se seraient bien gardés d'en grossir le nombre: ne croyant pas aux miracles, ils devaient paraître sûrs, sans qu'il fût besoin du témoignage de leurs yeux, que c'était une comédie qu'on jouait à leurs dépens. L'espoir de découvrir la fraude qu'ils soupçonnaient, les porta à surveiller tout ce qui se fit; et ce fut un surcroît de triomphe pour leurs adversaires. Nicole ne se démentit point dans toutes les épreuves auxquelles elle fut şoumise. Ses sarcasmes

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