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NATURELLE

DE L'HOM M E.

INSULAIRES

DE LA MER DU SUD.

A L'EGARD des peuplades qui se sont

trouvées dans toutes les îles nouvellement découvertes dans la mer du Sud, et sur les terres du continent austral, nous rapporterons simplement ce qu'en ont dit les voyageurs, dont le récit semble nous démontrer que les hommes de nos antipodes sont comme les américains, tout aussi robustes que nous, et qu'on ne doit pas plus les accuser les uns que les autres d'avoir dégénéré.

Dans les îles de la mer Pacifique, situées à quatorze dégrés cinq minutes latitude sud, et à quarante-cinq dégrés quatre minutes de longitude ouest du méridien de Londres

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le commodore Byron dit avoir trouvé des hommes armés de piques de seize pieds au moins de longueur, qu'ils agitoient d'un air menaçant. Ces hommes sont d'une couleur basanée, bien proportionnés dans leur taille, et paroissent joindre, à un air de vigueur, une grande agilité. Je ne sache pas, dit ce voyageur, avoir vu des hommes si légers à course. Dans plusieurs autres îles de cette même mer, et particulièrement dans celles qu'il a nommées îles du Prince de Galles, situées à quinze dégrés latitude sud, et cent cinquanteun dégrés cinquante-trois minutes longitude ouest; et dans une autre à laquelle son équipage donna le nom d'île Byron, située à dix-huit dégrés dix-huit minutes latitude sud, et cent soixante-treize dégrés quarantesix minutes de longitude, ce voyageur trouva des peuplades nombreuses. Ces insulaires, dit-il, sont d'une taille avantageuse, bien pris et proportionnés dans tous leurs membres; leur teint est bronzé, mais clair; les traits de leur visage n'ont rien de désagréable : on y remarque un mélange d'intrépidité et d'enjoûment dont on est frappé. Leurs cheveux, qu'ils laissent croître, sont noirs; on en voit qui portent de longues barbes, d'autres qui n'ont que des moustaches, et d'autres, un

seul petit bouquet à la pointe du menton (1).

Dans plusieurs autres îles, toutes situées au-delà de l'équateur, dans cette même mer, le capitaine Carteret dit avoir trouvé des hommes en très-grand nombre, les uns dans des espèces de villages fortifiés de parapets de pierre; les autres en pleine campagne, mais tous armés d'arcs, de flèches, ou de lances et de massues; tous très-vigoureux et fort agiles. Ces hommes vont nus ou presque nus; et il assure avoir observé dans plusieurs de ces îles, et notamment dans celles qui se trouvent à onze dégrés dix minutes latitude sud, et à cent soixante-quatre dégrés quarante-trois minutes de longitude, que les naturels du pays ont la tête laineuse comme celle des nègres, mais qu'ils sont moins noirs que les nègres de Guinée. Il dit qu'il en est' de même des habitans de l'ile d'Egmont, qui est à dix dégrés quarante minutes latitude sud, et à cent soixante dégrés quarante-neuf minutes de longitude; et encore de ceux qui se trouvent dans les îles découvertes par Abel Tasman, lesquelles sont situées à quatre dégrés trente-six minutes latitude sud, et cent

(1) Voyage autour du monde, par le commodore Byron, tome I, chap. VIII et X.

cinquante-quatre dégrés dix-sept minutes de longitude. Elles sont, dit Carteret, remplies d'habitans noirs, qui ont la tête laineuse comme les nègres d'Afrique. Dans les terres de la nouvelle Bretagne, il trouva de même que les naturels du pays ont de la laine à la tête comme les nègres, mais qu'ils n'en ont ni le nez plat ni les grosses lèvres. Ces derniers, qui paroissent être de la même race que ceux des îles précédentes, poudrent leurs cheveux de blanc et même leur barbe. J'ai remarqué que cet usage de la poudre blanche sur les cheveux, se trouve chez les papous, qui sont aussi des nègres assez voisins de ceux de la nouvelle Bretagne. Cette espèce d'hommes noirs à tête laineuse, semble se trouver dans toutes les îles et terres basses, entre l'équateur et le tropique, dans la mer du Sud. Néanmoins, dans quelques-unes de ces îles, on trouve des hommes qui n'ont plus de laine sur la tête, et qui sont couleur de cuivre, c'est-à-dire, plutôt rouges que noirs, avec peu de barbe et de grands et longs cheveux noirs : ceux-ci ne sont pas entièrement nus comme les autres dont nous avons parlé ; ils portent une natte en forme de ceinture; et quoique les îles qu'ils habitent soient plus voisines de l'équateur, il paroît

que la chaleur n'y est pas aussi grande que dans toutes les terres où les hommes vont absolument nus, et où ils ont en même tems de la laine au lieu de cheveux (1).

« Les insulaires d'O-Taïti, dit Samuel Wallis, sont grands, bien faits, agiles, dispos et d'une figure agréable. La taille des hommes est en général de cinq pieds sept à cinq pieds dix pouces; celle des femmes est de cinq pieds six pouces. Le teint des hommes est basané; leurs cheveux sont noirs ordinairement, et quelquefois bruns, roux ou blonds; ce qui est digne de remarque, parce que les cheveux de tous le naturels de l'Asie méridionale, de l'Afrique et de l'Amérique sont noirs; les enfans des deux sexes les ont ordinairement blonds. Toutes les femmes sont jolies, et quelques-unes d'une trèsgrande beauté. Ces insulaires ne paroissent pas regarder la continence comme une vertu, puisque leurs femmes vendent leurs faveurs librement en public: leurs pères, leurs frères les amenoient souvent eux-mêmes. Ils connoissent le prix de la beauté, car la grandeur des clous qu'on demandoit pour la jouissance

(1) Voyage autour du monde, par Carteret, ch. IV, V et VII.

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