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XXIV. THRACIA (1).

Déjà sous la République, le littoral Sud de la Thrace, le long duquel une route menait à l'Hellespont (2), était, ainsi que la Chersonèse thracique (3), au pouvoir des Romains et compris dans la Macédoine. Plus tard, la Chersonèse devint la propriété privée d'Agrippa, dont elle passa, par héritage, à la famille. impériale.

(1) M. Alb. Dumont nous a donné sur cette province'qui, jusqu'à présent, ne nous était connue que d'une manière fort incomplète, de nouveaux et riches matériaux dans ses Inscriptions et monuments figurés de la Thrace, publiées dans les Archives des missions scientifiques et littéraires. Troisième série. Tome III, (Paris, 1876, in-8), pp. 117-200. [Il existe de ce travail un tirage à part; Paris, Imp. nat., 1876, gr. in-8. - Voy. encore MM. Gatti,

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dans le Bullettino della Commissione archeologica comunale di Roma, 1888, p. 140; René Cagnat, L'année épigraphique (1888), Paris, 1889, p. 26, no 69; W. Liebenam: Beiträge I, Iena, 1886, p. 28, et Tab. no 21, p. 40; Forschungen, Leipzig, 1888, pp. 389-396; Henri Kiepert, Manuel de géographie anc. (trad. franç. de M. Émile Ernault), Paris, 1887, pp. 184 et suiv.; J. W. Kubitschek, Imp. Rom. trib. discr., 1889, pp. 238-240; C. 1. L., t. III, 1er Supplém., Berol., 1889, fos 1328 1338.

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- Voy., pour le surplus, p. 159,

note 1, supra, et les deux études de M. Th. Mommsen citées p. 198, note

2, infer.]

(2) Cic., De prov. cons., II, 4.

(3) Cic., In Pison., XXXV, 86.

A l'époque de Trajan, elle était encore administrée, comme domaine impérial, par un procurator spécial (1). Les Romains durent faire aux peuplades de la Thrace une guerre qui se rallumait sans cesse, et qui eut pour résultat de les obliger toutes à entrer dans l'alliance de Rome et de placer dans sa dépendance absolue leurs princes indigènes, dont on connaît les noms jusqu'à Rhoemetalces II, c'est-à-dire jusqu'au règne de Caligula (2). Pendant la minorité de Cotys, Tibère confia l'administration du royaume à l'ancien préteur Trebellenus Rufus (3); procuratorienne. Sous Claude, ce royaume devint, en l'an 46, une province (4), et une province procuratorienne; c'est comme telle qu'il en est encore fait mention sous Néron (5) et sous Galba (6).

Province

Ann. 46.

C'est en vain que l'on s'est appuyé sur un passage altéré de Suétone pour soutenir que la province n'a été créée que par Vespasien (7); et l'affirmation plus récente que cet empereur

(1) Dio Cass., LIV, 29. Un procurator Augusti regionis Chersonesi de cette époque est mentionné au C. I. L., t. III, [1], no 726. Peut-être le proc. provinc. Hellespont(i), dont on ne trouve qu'une seule mention (Orelli, no 3651 = C. I. L., t. V, [1], no 875), est-il identique avec celui-ci.

[Comp. le

(2) Voy. la monnaie de ce prince frappée sous le règne de Caligula, dans Visconti, Iconographie grecque, t. III, p. 302. Comp. Cary, Histoire des rois de Thrace el de ceux du Bosphore Cimmerien, Paris, 1752, in-4; Boeckh, C. I. Gr., no 359, et, maintenant, M. Mommsen, Reges Thraciae inde a Caesare dictatore, dans l'Ephem. epigr., Vol. II, pp. 250 et suiv. même auteur, Cyriaci Thracia, eod., Vol. III, 1877, pp. 235 et suiv.] (3) Le Mediceus (Tacit., Ann., II, 67) porte Trebellenus (et non Trebellienus), ainsi que l'inscription vue par M. Mommsen, et rapportée par Borghesi, (Œuvres, t. III, p. 272). — [Voy. aussi M. W. Liebenam, Forschungen, p. 389, n° 1, et surtout l'inscription récemment trouvée à Concordia et publiée dans l'Archivio Veneto, 17e année, fasci. 68, p. 375, et par M. René Cagnat, L'année épigraphique (1888), Paris, 1889, p. 11, col. 2, no 24: T Trebelleno L f Cla. Rufo. Q. Urb legato, imp Caesaris. August trib. pl P. Octavius. T. F.] (4) Eusebii Chron. Can., p. 153, éd. Schoene: Thracia hucusque regnata in provinciam redigitur; Syncellus, p. 630, 3: Θράκη ἀπὸ τοῦδε τοῦ χρόνου ἐπαρχία ἐχρημάτισε βασιλεύουσα πρίν. L'établissement, par Claude, de la colonie d'Apros [près d'Ainadjik] dans l'intérieur de la Thrace confirme ce témoignage.

(5) Dans Josèphe, (Bell. Iud., II, 16, 4), le roi Agrippa dit, en l'an 66, en énumérant toutes les provinces des Romains : τί δὲ Θράκες; — οὐχὶ δισχιλίοις Ῥωμαίων ὑπακούουσι φρουροῖς;

(6) Dans Tacite, (Hist. I, 11), il est dit, au sujet de l'an 69: Thracia et quae aliae procuratoribus cohibentur.

(7) Les meilleurs manuscrits de Suétone, (Vesp., VIII), le Memmianus lui-même, portent, il est vrai: Achaiam, Lyciam, Rhodum, Byzantium, Samum

aurait séparé la Thrace de l'Europe pour la rattacher à l'Asie repose peut-être sur un malentendu (1); il est certain, en effet, que, jusqu'à Trajan, la Thrace fut placée sous l'autorité d'un procurator (2), lequel relevait du leg. pr. pr. Aug. Moesiae (3). Mais, sous Trajan, cette administration fut changée; et c'est un legatus impérial prétorien (4) qui devint gouverneur de la province (5); sous ses ordres se trouve également

libertate adempta, item Thraciam, Ciliciam et Commagenen ditionis regiae usque ad id tempus, in provinciarum formam redegit, et ces mots sont répétés par Eutrope, (VII, 19), dans lequel le Cod. Gothanus porte Thraciam et le traducteur grec écrit Θρακάς τε ἐπὶ τούτοις καὶ Κίλικας, puis par saint Jérôme, (Eusebii Chron. Can., p. 159, éd. Schoene), dans lequel le Codex de Leyde porte trachia, enfin par Aurelius Victor, (Epit., IX). Mais j'ai déjà fait observer ci-dessus, et Borghesi, (Œuvres, t. III, p. 273), a démontré en détail que, dans Suétone, il faut lire trachiam Ciliciam ou tracheam Ciliciam. Tout d'abord, en effet, c'est un point acquis que la Thrace était devenue province dès avant Vespasien (Tacit., Hist., I, 11); il est faux, d'autre part, que la Cilicie ait été ditionis regiae usque ad id tempus, puisque, dès l'année 103 avant notre ère, il y avait une province Cilicia, et que la partie plane de la Cilicie était province depuis 64; enfin, saint Jérôme se contredirait lui-même, s'il faisait devenir la Thrace province sous Claude, puis ensuite derechef sous Vespasien. Tout, au contraire, est exact, si on lit tracheam Ciliciam, ainsi que le reconnaissaient déjà Scaliger et Turnebus [Turnèbe Tournebœuf].

(1) Eustath., Ad Dionys. perieg. v. 270 : κἀκεῖνο δὲ γνωστέον, ὅτι Εὐρώπη μὲν πάντα τὰ κατὰ δύσιν, ἀρξαμένοις ἀπὸ Ἑλλησπόντου. Οἱ δὲ παλαιοί φασιν, ὅτι Ουεσπασιανὸς ἐχώρισε την Θράκην ἀπ' αὐτῆς. Εt, sur le no 323, il dit que les Thraces étaient une grande tribu et habitaient aussi de l'autre côtó de Hellespont en Asie, καὶ τάχα διὰ τὸ οὕτω πολυτενὲς τῆς χώρας καὶ περιφανὲς ἰδίασεν αὐτὴν τῆς Εὐρώπης Ουεσπασιανὸς ὡς προείρηται. Le sens de ce passage est donc que Vespasien aurait compté la Thrace dans l'Asie. Autre est le sens de l'information que nous donne Malalas, (X, p. 262, éd. Bonn.), lorsqu'il nous parle de la province postérieure de Thrace, Europa, et qu'il en attribue la création à Vespasien : καὶ τὴν Εὐρώπην ἀπὸ Θράκης ἐμέρισε, κτίσας Ηράκλειαν πόλιν, τὴν πρώην λεγομένην Πείρινθον, ἥντινα ἐποίησε μητρόπολιν, doùs autý áрxovta. Naturellement, ce passage est interverti, ainsi que celui de la p. 261, d'après lequel Vespasien doit avoir partagé la Macédoine en prima et en secunda, ce qui n'eut lieu au plus tôt qu'en 386.

(2) On trouve : sous Néron, en l'an 61, T. Iulius Iustus proc. provinciae Thrac. (Mommsen, C. I. L., t. III, [2], n° 6123); sous Domitien, K. Outτίδιος Βάσσος, ἐπιτροπεύων Θράκης (Borghesi, OEuvres, t. III, p. 274).

(3) C'est ce qu'il est permis de conclure de ce fait que, sous Trajan, les habitants de Byzance avaient coutume d'envoyer tous les ans un ambassadeur pour saluer le legatus Moesiae (Plin., Epist., X, 43 (52)).

(4) Voy. Borghesi, OEuvres, t. III, p. 278.

(5) Appartiennent encore au règne de Trajan: Iuventius Celsus, прeσẞEUTЯs ávtiospátnyos (Monnaies de Perinth, dans Borghesi, Œuvres, t. III, p. 275;

Province prétorienne.

Villes.

un procurator, mais ce dernier ne remplit plus les attributions. d'un praeses (1).

Les villes que les Romains trouvèrent en arrivant en Thrace étaient des établissements d'origine grecque; les unes recurent le privilège de la liberté, comme Abdera [Balastra] (2)*, Aenus [Aenos], Byzantium [plus tard Constantinopolis, auj. Constantinople; en turc, Istambul] (3) et l'ile de Samothrace [Samathraki] (4), qui dépendait de la Thrace (5); au contraire, l'intérieur du pays, où l'on habitait surtout dans des villages (vici) (6), était pauvre en villes; comme la Cappadoce et la

M. Mommsen, dans les Epist. de Pline, éd. Keil, p. 416), et Aulus Platorius Nepos leg. pr. pr. provinc. Thraciae (C. I. L., t. V, [1], no 877, ibiq. M. Mommsen);

on trouve sous Hadrien: Tineius Rufus, пpeσ. xxì άvti. Tod Ceẞx5. (Borghesi, OEuvres, t. III, p. 275); -sous Marc-Aurèle: en l'an 172, C. Pantuleius Graptiacus leg. Aug pr. pr. (Dumont, op. cit., no 52 [= C. I. L., t. III, 2, no 6121]); -sous Commode, en 187: Cl. Maternus (Dumont, no 61° [= Bulletin de corresp. hellen., 1882, p. 181] : ἡγεμονεύοντος τῆς Θρ[ακῆς ἐπαρχεί]ας Κλ. Ματέρ[ν]ου πρεσβ[ευτοῦ] Σεβαστοῦ] ἀντιστρατήγου); - sous Sévère: C. Sicinius Clarus (Dumont, no 110a); Q. Atrius Clonius, leg. Aug. pr. pr. provinciarum Thraciae Cappadociae Syriae (C. I. L., t. II, no 4111); Statilius Barbarus — leg. Augg. prov. Thrac. (Henzen, no 5501 [= 6. I. L., t. VI, 1, no 1522]; Borghesi, OEuvres, t. III, pp. 263 et suiv. ; - Dumont, n° 72ο : ἡγεμονεύοντος Στατιλίου Βαρβάρου): -sous Gordien Catius Celer (Dumont no 3. n° 61% [voy. aussi Bulletin de corresp. hellén., 1882, p. 183]). Il en faut joindre deux d'une époque indéterminée (Dumont, nos 60. 64. 64). [La liste qui précède doit, au surplus, être complétée par celle de M. W. Liebenam, Forschungen, loc. sup. cit.] C'est donc une erreur de conclure, ainsi que le fait Eckhel, (Doctr. Num., t. II, pp. 20. 43), du titre des gouverneurs, suv, que l'on trouve sur les monnaies des villes de Thrace, que, depuis Antonin le Pieux, les legati Thraciae auraient disparu, et que des procuratores auraient de nouveau été institués à leur place; il vaut mieux entendre sous le titre d'iyapóv le légat lui-même.

(41) Un fonctionnaire de ce genre est l' ἐπίτροπος ἐπαρχείας Θράκης, dont une inscription de la fin du second siècle (C. I. Gr., no 3751) nous révèle l'existence.

(2)* [Cette ville d'Abdera ne doit pas être confondue avec une autre du même nom (auj. Adra), dans l'Hispania Baetica. (Voy., à ce sujet, MM. Hübner, C. I. L., t. II, fo 267, et Ett. de Ruggiero, Dizionario epigr., fasc. 1, Roma, 1886, p. 12, col. 2, qui a du reste le tort de passer sous silence l'Abdera de la Thrace.)]

(3) Plin., Nat. hist., IV, $$ 42. 43. 46.

(4) Plin., Nat. hist., IV, 73.

(5) Ptolem., III, 11, 14.

(6) Les inscriptions [diplômes] militaires (dans Henzen, Bullettino municipale, 1875, pp. 36 et suiv.) et la liste dressée par M. Dumont, (op. cit., p. 178), donnent les nombreux noms de ces vici.

grande Arménie, il se divisait en stratégies, dont le nombre était de 50, suivant Pline, de 14, suivant Ptolémée (1); peutêtre ce désaccord s'explique-t-il par ce fait que les Romains euxmèmes auraient transformé en circonscriptions urbaines un certain nombre de ces stratégies, ainsi qu'il arriva, vers la même époque, nous l'avons vu, dans les provinces espagnoles. En effet, ici encore, on doit aux Romains la création de villes nouvelles. Apri [environs d'Ainadjik] (2), ou colonia Claudia Aprensis (3), remonte à Claude; les colonies Devellus et Flaviopolis (4), et sans doute aussi la Colonia Abλaíov teïyos (Oleiticos), que mentionne un diplôme militaire de Domitien de l'an 86 (5), à Vespasien; les villes de Plotinopolis, de Marcianopolis [Pravadi] et de Traianopolis (6) à Trajan, auquel Anchialus [Ankhialo] et Serdica [Sófia] ont également emprunté le nom d'Ulpia (7); enfin, Philippopolis [en turc, Filibé; en slave, [Povdiv] (8), la métropole de la province (9) et le lieu de rassemblement du zov Opazov (10), est aussi, depuis Marc-Aurèle,

Dans une ins

(1) Plin., Nat. hist., IV, 40; · Ptolem., III, 11, 8 sqq.. cription de Perinth (Mommsen, Ephem. epigr., Vol. II, p. 252), se trouve mentionné un Τιβέριος Ιούλιος Τούλλος στρατηγός Αστικής. Les Astae sont une tribu de la Thrace. (Voy M. Mommsen, ubi supra.)

(2) Voy. Zampt, Comment. epigr., t. I, p. 386; 3685; Boecking, Notit. Dignit. Or., p. 302.

Boeckh, C. I. Gr., n°

(3) Voy. M. Waddington, dans Le Bas, Voy., t. III, no 1731 = Orelli, no 512 C. I. L., t. III, 1, no 386]. [Sur Apri, voy. M. Ett. de Ruggiero, Dizionar. epigr., fascic. 17, Roma, 1890, p. 531, col. 1.]

(4) Voy. Zumpt, op. et loc. sup. citt., p. 396.

(5) Henzen, no 5433 [= C. 1. L., t. III, 2, Dipl. XIV, fo 857].

(6) Traianopolis était située, ainsi que cela a été pour la première fois établi dans ces derniers temps (voy. Dumont, op. cit., p. 171), à l'embouchure de l'Hebrus (Maritza).

Ammian., XXVII,

(7) Voy. Eckhel, Doct. Num., t. II, pp. 45. 47. 24. 46. 4, 12: Marcianopolis est a sorore Traiani principis ita cognominata. (8) La ville doit avoir eu un territoire considérable, étant donné que l'inscription [diplɔ̃me] militaire publiée par Henzen, (Bullettino municipale, 1875, p. 87), mentionne dix-sept vici en dépendant.

(9) Elle porte le nom de metropolis sur les monnaies depuis Sévère (voy. Eckhel, t. II, p. 44); il en est de même dans les inscriptions: aμmρoτát [τῶν Θρακῶν ἐπαρχείας μητρόπολις (sous Gordien; Dumont, op. cit., n° 3); ἡ λαμπροτάτη μητρόπολις (Dumont, no 12. 60).

(10) La mention du zo:vòv Opzxöv év Þikimñoпó: se trouve pendant le règne de Caracalla sur les monnaies (Eckhel, t. II, p. 43). Il paraît être également mentionné dans une inscription incomplète de Philippopolis Dumont, no 29),

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