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a de plus clair dans son livre, c'est qu'un être trine a formé l'univers. Pour comble de singularité, il donne à cet être un nom hébreu à peine altéré, le nom même qui désigne dans nos livres saints celui qui a été, qui est, et qui sera. Ce dernier trait confirme tout ce qu'indiquait déjà la tradition d'un voyage de Laotseu dans l'Occident, et ne laisse aucun doute sur l'origine de sa doctrine. Vraisemblablement il la tenait ou des Juifs des dix tribus que la conquête de Salmanazar venait de disperser dans toute l'Asie, ou des apôtres de quelque secte phénicienne, à laquelle appartenaient aussi les philosophes qui furent les maîtres et les précurseurs de Pythagore et de Platon. En un mot, nous retrouvons dans les écrits de ce philosophe chinois les dogmes et les opinions qui faisaient, suivant toute apparence, la base de la foi orphique, et de cette antique sagesse orientale dans laquelle les Grecs allaient s'instruire à l'école des Égyptiens, des Thraces et des Phéniciens.

Maintenant qu'il est certain que Lao-tseu a puisé aux mêmes sources que les maîtres de la philosophie ancienne, on voudrait savoir quels ont été ses précepteurs immédiats, et quelles contrées de l'Occident il a visitées. Nous savons par un témoignage digne de foi qu'il est venu dans la Bactriane. Mais il n'est pas impossible qu'il ait poussé ses pas jusque dans la Judée, ou même dans la Grèce. Un Chinois à Athènes, offre une idée qui répugne à nos opinions, ou, pour mieux dire, à nos préjugés sur les rapports des nations anciennes. Je crois, toutefois, qu'on doit s'habituer à

ces singularités; non qu'on puisse démontrer que notre philosophe chinois ait effectivement pénétré jusque dans la Grèce, mais parce que rien n'assure qu'il n'y en soit pas venu d'autres vers la même époque, et que les Grecs n'en aient pas confondu quelqu'un dans le nombre de ces Scythes qui se faisaient remarquer par l'élégance de leurs mœurs, leur douceur et leur poli

tesse.

Au reste, quand Lao-tseu se serait arrêté en Syrie, après avoir traversé la Perse, il eût déjà fait les trois quarts du chemin, et la partie la plus difficile. Depuis qu'on s'attache exclusivement à la recherche des faits, on conçoit à peine que le seul désir de connaître des opinions ait pu faire entreprendre des courses si pénibles. Mais c'était alors le tems des voyages philosophiques; on bravait la fatigue pour aller chercher la sagesse, ou ce qu'on prenait pour elle; et l'amour de la vérité lançait dans des entreprises devant lesquelles l'amour du gain eût reculé. Il y a dans ces excursions lointaines quelque chose de romanesque qui nous les rend à peine croyables. Nous ne saurions nous imaginer qu'à ces époques reculées, où la géographie était si peu perfectionnée et le monde encore enveloppé d'obscurité, des philosophes pussent, par l'effet d'une louable curiosité, quitter leur patrie, et parcourir, malgré mille obstacles et en traversant des régions inconnues, des parties considérables de l'ancien continent. Mais on ne doit pas nier tous les faits qui embarrassent, et ceux de ce genre se multiplient chaque jour, à mesure qu'on approfondit l'histoire

ancienne de l'Orient. Ce qu'on serait tenté d'en conclure, c'est que les obstacles n'étaient pas si grands que nous les ni les contrées à traverser si supposons, peu connues. Des souvenirs de parenté liaient encore les nations de proche en proche. L'hospitalité, qui est la vertu des peuples barbares, dispensait les voyageurs de mille précautions qui sont nécessaires parmi nous. La religion favorisait leur marche, qui n'était en quelque sorte qu'un long pélerinage de temple en temple et d'école en école. De tout tems aussi le commerce a eu ses caravanes; et, dès la plus haute antiquité, il y avait en Asie des routes tracées qu'on a suivies naturellement jusqu'à l'époque où la découverte du cap de Bonne-Espérance a changé la direction des voyages de long cours. En un mot, on a cru les nations civilisées de l'ancien monde plus complètement isolées, et plus étrangères les unes aux autres qu'elles ne l'étaient réellement, parce que les moyens qu'elles avaient pour communiquer entre elles et les motifs qui les y engageaient nous sont également inconnus. Nous sommes peut-être un peu trop disposés à mettre sur le compte de leur ignorance ce qui n'est qu'un effet de la nôtre. A cet égard, nous pourrions justement nous appliquer ce que dit, par rapport à la morale, un des disciples les plus célèbres du sage dont nous venons de rechercher les opinions; «Une » vive lumière éclairait la haute antiquité; mais à >> peine quelques rayons sont venus jusqu'à nous. Il » nous semble que les anciens étaient dans les ténè»bres, parce que nous les voyons à travers les nuages

L

» épais dont nous venons de sortir. L'homme est un

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>> enfant né à minuit ; quand il voit lever le soleil, il » croit que hier n'a jamais existé. »

ANALYSE DE L'OUPNEK'HAT;

Par M. le Comte LANJUINAIS, Pair de France.

(Troisième suite) (1).

LA CREATION.

<< Tout le monde fut d'abord caché sous les eaux, » et l'eau dans l'Atma, l'eau qui par la volonté éter>> nelle enfanta le monde. Le monde fut d'abord recu >> par le feu ; c'est-à-dire, Haranguerbéhah exista, >> ainsi que les corps subtils des bons génies. Oupn. » 8, Brahm. 88, p. 8.

» L'ange (le préposé, l'agent) de la parole, lequel » est feu, est la parole de Dieu.... La parole de Dieu » a produit la terre et les végétaux qui en sortent, et » le feu qui les mûrit. Oupn. 11, Brahm. 99.

» La parole du Créateur est elle-même le créateur » et le grand fils du Créateur. Oupn. 48, Brahm. 168, » p. 386, et Brahm. 169, p. 391. Voy. aussi p. 118. » Le Pran' (l'ancien ou la respiration), qui était » seul, devint toutes choses. Ibid., in fine.

>> Avant toute production, l'Atma existait seul. Il >> voulut produire les mondes, et tous les mondes » furent produits. D'abord, il fit l'eau sans rivage, qui

(1) Voyez ci-devant, T. II, p. 213, 265 et 344.,

» est au-dessus du paradis; puis ce qui est entre le » paradis et la terre; puis la terre, où naissent les >> choses mortelles; puis les eaux qui sont sous tous » les étages de la terre.

» Le Créateur voulut que le monde qu'il avait fait >> eût des gardiens sans lesquels il eût pu tomber en cor» ruption, et il produisit les gardiens du monde (les anges). Oupn. 11, Brahm. 100, p. 17.

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» Dans une assemblée de ceux qui cherchaient la » vérité on disait Est-ce le Créateur ou un autre >> étre qui a produit le monde? et nous qui sommes » animés, qui nous a faits? qui nous fait agir? qui » nous fait éprouver la joie ou la tristesse? quel est >> enfin le principe de tout?

>> Plusieurs disent que c'est le tems qui a fait le >> monde ; que le monde existe dans le tems, et va s'y >> absorber.

» D'autres, que le monde existe et va par lui>> même.

» D'autres, qu'il est l'effet d'une cause.

» D'autres, qu'il est l'effet nécessaire de la lune.. » D'autres, qu'il provient du mélange des élémens. » D'autres, que ce qui a produit tout, c'est le juste » tempérament des trois qualités productrice, con» servatrice et destructrice.

» D'autres, que c'est le Haranguerbéhah (les élé» mens purs, la matière première).

» D'autres, que tout cela est la cause du monde.. >> Ceux qui cherchent la vérité, méditant en eux>> mêmes, ont vu que cet être, qui est lumière pure,

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