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ancienne de l'Orient. Ce qu'on serait tenté d'en conclure, c'est que les obstacles n'étaient pas si grands que nous les supposons, ni les contrées à traverser si peu connues. Des souvenirs de parenté liaient encore les nations de proche en proche. L'hospitalité, qui est la vertu des peuples barbares, dispensait les voyageurs de mille précautions qui sont nécessaires parmi nous. La religion favorisait leur marche, qui n'était en quelque sorte qu'un long pélerinage de temple en temple et d'école en école. De tout tems aussi le commerce a eu ses caravanes; et, dès la plus haute antiquité, il y avait en Asie des routes tracées qu'on a suivies naturellement jusqu'à l'époque où la découverte du cap de Bonne-Espérance a changé la direction des Voyages de long cours. En un mot, on a cru lẹs nations civilisées de l'ancien monde plus complètement isolées, et plus étrangères les unes aux autres qu'elles ne l'étaient réellement, parce que les moyens qu'elles avaient pour communiquer entre elles et les motifs qui les y engageaient nous sont également inconnus. Nous sommes peut-être un peu trop disposés à mettre sur le compte de leur ignorance ce qui n'est qu'un effet de la nôtre. A cet égard, nous pourrions justement nous appliquer ce que dit, par rapport à la morale, un des disciples les plus célèbres du sage dont nous venons de rechercher les opinions : « Une » vive lumière éclairait la haute antiquité; mais à » peine quelques rayons sont venus jusqu'à nous. Il » nous semble que les anciens étaient dans les ténè» bres, parce que nous les

voyons

à travers les

nuages

» épais dont nous venons de sortir. L'homme est un » enfant né à minuit ; quand il voit lever le soleil, il >> croit que hier n'a jamais existé. »

ANALYSE DE L'OUPNEK'HAT;

Par M. le Comte LANJUINAIS, Pair de France.
(Troisième suite) (1)..

LA CRÉATION.

<< Tout le monde fut d'abord caché sous les eaux, » et l'eau dans l'Atma, l'eau qui par la volonté éter>> nelle enfanta le monde. Le monde fut d'abord recu >> par le feu; c'est-à-dire, Haranguerbéhah exista >> ainsi que les subtils des bons génies. Oupn. » 8, Brahm. 88, p. 8.

corps

» L'ange ( le préposé, l'agent) de la parole, lequel » est feu, est la parole de Dieu........ La parole de Dieu » a produit la terre et les végétaux qui en sortent, et >> le feu qui les mûrit. Oupn. 11, Brahm. 99.

» La parole du Créateur est elle-même le créateur » et le grand fils du Créateur. Oupn. 48, Brahm. 168, » p. 386, et Brahm. 169, p. 391. Voy. aussi p. 118. » Le Pran' (l'ancien ou la respiration), qui était » seul, devint toutes choses. Ibid., in fine.

» Avant toute production, l'Atma existait seul. Il >> voulut produire les mondes, et tous les mondes >> furent produits. D'abord, il fit l'eau sans rivage, qui

(1) Voyez ci-devant, T. II, p. 213, 265 et 344.

» est au-dessus du paradis; puis ce qui est entre le » paradis et la terre; puis la terre, où naissent les >> choses mortelles; puis les eaux qui sont sous tous » les étages de la terre.

» Le Créateur voulut que le monde qu'il avait fait » eût des gardiens sans lesquels il eût pu tomber en cor» ruption, et il produisit les gardiens du monde » (les anges). Oupn. 11, Brahm. 100, p. 17.

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» Dans une assemblée de ceux qui cherchaient la » vérité on disait Est-ce le Créateur ou un autre » étre qui a produit le monde? et nous qui sommes » animés, qui nous a faits? qui nous fait agir? qui >> nous fait éprouver la joie ou la tristesse? quel est » enfin le principe de tout?

>> Plusieurs disent que c'est le tems qui a fait le » monde ; que le monde existe dans le tems, et va s'y >> absorber.

» D'autres, que le monde existe et va par lui>> même.

» D'autres, qu'il est l'effet d'une cause.

>> D'autres, qu'il est l'effet nécessaire de la lune. » D'autres, qu'il provient du mélange des élémens. » D'autres, que ce qui a produit tout, c'est le juste >> tempérament des trois qualités productrice, con» servatrice et destructrice.

>> D'autres, que c'est le Haranguerbéhah (les élé» mens purs, la matière première).

» D'autres, que tout cela est la cause du monde.. >> Ceux qui cherchent la vérité, méditant en eux>> mêmes, ont vu que cet être, qui est lumière pure,

» a produit le monde par sa puissance voilée sous les » trois qualités..... C'est Maïa (l'apparence illusoire) qui, mêlée avec le Créateur, a produit le monde. » Qupn. 13, Brahm. 110.

» C'est Dieu qui a fait paraître le monde, ce fantôme » sans réalité. Oupn. 23, Brahm. 111, p. 123.

>> Il est une personne (universelle) qui a des têtes à >> l'infini, des sens extérieurs et intérieurs à l'infini. » Elle est tout ce qui a été, fut et sera; elle est le Seigneur qui sauve. Tout ce qu'il y a de grand » dans le passé, le présent et le futur, c'est sa gran» deur.

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» Tout l'univers est portion d'elle-même....

>> Elle a trois pieds, et dans ces trois pieds sont la production, la conservation et la destruction.

>> Pour elle, respirer, c'est produire; retenir son >> haleine, c'est conserver; la retirer, c'est opérer la » grande résurrection (l'absorption en Dieu ).

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>> Quand elle veut créer de nouveau, sa première

production est le Haranguerbéhah (Dieu sous l'ap» parence de matière première).

» Du Haranguerbéhah, sortit la figure de tout le » monde (Pradjapati) ou Vrath (1). (Ce dernier mot veut dire personne universelle).

» Vrath produisit un homme qui fut appelé Man, » qui est composé de cinq élémens (l'eau, le feu, » l'air, la terre et l'éther).

(1) Mais Vrath n'est pas samscrit. Si ce mot est de la famille du mot samscrit, Prathama, il signifie le premier, ce qui rentre assez dans le sens du texte persan.、

T. II.

>> Et cet homme unique se multiplia dans ses en» fans.... Oupn. 46, Brahm. 160.

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>> Au tems que le Créateur, l'être unique voulut paraître multiple, en se méditant lui-même, lorsqu'il eut rendu le monde apparent, entré dans l'in» térieur de tout, il fut lui-même avec figure et sans » figure, universel et particularisé, et tout ce qui lui » est attribué, fut et ne fut pas ; il fut deux (en appa»rence).

>> Il fut dans le lieu et hors le lieu, subtil et gros» sier, vérité et mensonge; car il fut tout, et renferma » en soi les caractères, parce qu'il est tout ce qui » existe véritablement. Oupn. 38, Brahm. 158. »

C'est Maïa qui nous trompe, nous faisant paraître le monde comme une figure sans ame, et qui nous fait croire à la pluralité. Comme il fait paraître le néant, ce qui est absurde, ce qui n'existe pas; il est aussi luimême le néant, l'absurde; il a toujours été le néant absolu (1). Oupn. 50, Brahm. 180, p. 444 et 446.

LE MONDE ET LES ANGES.

Dans cet ouvrage, il est tantôt parlé d'un monde unique, tantôt de deux, tantôt de trois et davantage.

sent

(1) Un célèbre illuministe de nos jours, feu M. de St.-Martin, trouvait qu'on n'aurait pas dû blâmer si légèrement ceux qui penque la matière n'est qu'apparente, page 405 du livre des Erreurs et de la Vérité; et dans le Tableau naturel des rapports entre Dieu, l'homme et l'univers, page 83, il dit nettement : « Il est très-vrai » pour les corps, que les corps existent... mais aussi, cela n'est » vrai que pour les corps... La matière est vraie pour la matière, » et ne le sera jamais pour l'esprit.

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