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Si les convives voyaient le cachet apposé sur les vases qui la contiennent, la vue de ce cachet serait capable de les faire tomber dans l'ivresse.

Que l'on arrose de cette liqueur la terre sous laquelle repose l'homme qui n'est plus, aussitôt il revient à la vie, et il se lève droit sur ses pieds.

Si l'on portait un homme que la mort est près de saisir, à l'ombre du mur servant d'enceinte à la plante que produit cette liqueur, nul doute que son mal ne l'abandonnát

au même instant.

Si l'on approchait un boiteux du lieu où elle se vend, il marcherait incontinent; et le muet, au seul récit de son goût délicieux, retrouve la parole.

Que dans l'Orient elle exhale son odeur embaumée, et qu'il se trouve dans l'Occident un être privé de l'odorat, alors celui-ci recouvre la faculté de sentir.

Qu'une goutte de cette liqueur colore la main de celui qui tient la coupe, non, il ne s'égarera pas au milieu des ténèbres: il est guidé par un astre éclatant.

La présente-t-on en secret à un aveugle-né, la vue lui est aussitôt rendue. La fait-on passer d'un vase dans un autre la clarifier, le sourd, à ce doux murmure, repour trouve l'ouïe.

Si parmi des voyageurs qui se dirigent, montés sur leurs chameaux, vers le sol qui lui donne naissance, il se trouve quelqu'un de mordu par un scorpion, hé bien! le venin de cet animal ne saurait lui nuire.

Si l'enchanteur (1) traçait les lettres qui forment le nom

(1) Par l'enchanteur ( Arráky) le poète désigne un homme si avancé dans la connaissance de Dieu, qu'il est capable de conduire les autres.

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de cette liqueur sur le front d'un homme frappé de démence, oui, ces caractères le guériraient.

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Si son nom glorieux était écrit sur le drapeau de l'armée, cette marque sacrée enivrerait tous ceux qui se sont rangés sous ce drapeau.

Elle rend plus douces et plus aimables les mœurs des convives; et par elle est guidé dans la voie de la raison celui à qui la raison n'est point donnée en partage.

Il devient généreux celui de qui la main ignorait la générosité; il devient doux au moment où sa colère s'allume, celui qui n'était point doué de douceur.

Si le plus stupide d'entre les hommes pouvait appliquer un baiser sur la partie scellée du vase où cette liqueur est contenue; ce baiser sans doute lui communiquerait la connaissance intime de ses sublimes perfections.

Décris-nous, me dit-on, cette liqueur, toi qui connais si bien ses attributs merveilleux. Oui, je vais la décrire, parce que ses qualités me sont dévoilées.

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C'est ce qu'il y a de plus pur, et cependant ce n'est point de l'eau; ce qu'il y a de plus léger, et pourtant l'air ne la compose point; c'est une lumière que le feu n'engendre pas; c'est une ame qui n'habite point de corps.

Sa mémoire a précédé anciennement tous les êtres créés, alors qu'il n'existait aucune forme visible, aucun corps apparent.

Par elle se sont établies toutes choses: ensuite par une sagesse qui lui est particulière, elle s'est dérobée aux regards de ceux qui n'ont pu la comprendre.

A sa vue mon ame égarée est tombée en extase; et toutes deux se sont confondues tellement l'une dans l'autre, que l'on ne pourrait pas discerner si une substance a pénétré une autre substance.

Ce vin considéré seul représente mon ame que je tiens T. III.

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d'Adam; la vigne, elle seule considérée, signifie mon corps qui comme elle a la terre pour mère.

La pureté des vases, je veux dire des corps, provient de la pureté des pensées qui s'étendent et se perfectionnent par cette ineffable liqueur.

On a voulu établir une différence entre ces choses, mais le tout est demeuré un et indivisible. Or, nos ames sont le vin et nos corps la vigne..

Avant cette liqueur il n'est rien, et après elle il n'est rien encore. Le tems où a vécu le père commun des hommes, n'est venu qu'après elle, et elle a toujours existé par elle

même.

Avant les siècles les plus reculés elle était; et l'origine des siècles n'a été que le sceau de son existence.

Telles sont les infinies perfections de cette liqueur, qui engagent à la décrire tous ceux qui sont épris de ses attraits. Que la prose ou les vers célèbrent ses louanges, n'importe, les louanges ont un mérite égal.

Celui qui en entend parler pour la première fois, tressaille d'allégresse comme l'amant passionné au seul nom de sa bien-aimée.

Plusieurs m'ont dit : Tu as bu l'iniquité. Non, non, aije repris; le vin que j'ai bu est un vin que je n'aurais pu refuser sans crime.

Qu'elle soit salutaire cette liqueur aux pieux anachorètes combien de fois ils en ont été enivrés ! et pourtant ils n'en ont point bu, ils n'ont fait que la désirer.'

Mon esprit en a été troublé dès mon jeune âge; et cette douce ivresse m'accompagnera sans cesse après même que mes os seront réduits en poudre.

Savoure-la dans toute sa pureté; mais si tu veux la mélanger, songe bien alors que te détourner de l'haleine de ta bien-aimée, ce serait commettre un crime.

Cours la demander aux lieux où elle se distribue; qu'on vienne te l'offrir dans toute sa splendeur, parmi des chants mélodieux. Qu'il est grand l'avantage de savourer cette liqueur au doux bruit des concerts!

Jamais cette liqueur et les soucis n'habitèrent ensemble, et jamais le chagrin ne résida au milieu des concerts.

Si tu étais enivré de cette liqueur, ne fut-ce qu'un instant, tu verrais la fortune soumise à tes ordres, et la puissance te serait donnée sur toutes choses.

Il n'a point existé ici-bas l'homme qui a passé ses jours sans jamais la goûter; et celui qui est mort sans en être enivré, jamais la raison n'a été son partage.

Qu'il pleure donc sur lui-même l'infortuné qui n'ayant point pris sa part de cette merveilleuse liqueur, a traîné une vie inutile et déshonorée.

Observations sur quelques Ouvrages de RammohunRoy, par M. LANJUINAIS.

LA Chronique religieuse, p. 388-403, contient sur la personne, les opinions, la vie et les principaux ouvrages de Rammohun-Roy, des détails sur lesquels on peut compter.

On a donné dans le présent Journal Asiatique, T. III, p. 117-119, un catalogue général des écrits publiés par ce brahmane, qui s'était fixé à Calcutta où il jouissait d'une grande fortune.

Voici quelques remarques sur les livres qu'il a publiés, en commençant par les plus remarquables, ses versions de quatre Oupanischadah et d'un abrégé du Vedanta.

Les quatre Oupanischadah sont l'Isha et le Kuth, donnés comme extraits de l'Fajour-veda, le Kéna tiré du Samaveda, et le Mandhaka tiré de l'Atharva qui est le quatrième livre du Veda

L'Isha est le 5 Oupnek hat; il est intitulé dans la version persanne Eischavasieh, ce qui donné en sanskrit le mot Irza ou Iza, ou Ischavasyam, et en français le Seigneur, le Dieu unique, couvert, vêtu, caché sous la figure de l'Univers, visible ou apparent aux sens par l'œuvre de la création, laquelle est sans réalité absolue. Voilà toute la doctrine de cet Oupanischadah, je l'ai fait assez connaître dans l'analyse des Oupnek❜hat.

Rammohun-Roy aurait pu se dispenser de traduire ce texte en anglais, puisqu'il y en a déjà une version anglaise dans les œuvres de William-Jones, T. VI, P. 433.

Les deux versions anglaises de W.-Jones et de R.-Roy sont assez ressemblantes; mais cette dernière est beaucoup plus concise; si on les rapproche de la version persanne, par l'intermédiaire de la version latine d'Anquetil-Duperron, on trouvera qu'il n'y a que deux reproches à faire à celle-ci : 1° la paraphrase longue et inutile ; 2o l'insertion de termes et de dogmes tout musulmans, savoir: du Tanzi et du Táhbi, que je ne dois pas expliquer ici, mais qui sont fort étranVedah les mots et pour gers aux circonstance rend d'autant moins dangereuse l'addi

pour

le sens.

tion inexcusable faite par les Mahometans,

de la version persanne.

Cette

auteurs

Je passe au Kuth-Opounishoud, publié en anglais.

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