» Le premier est celui des savans (1), de ceux qui >> voient le Créateur dans le miroir de leur intelli» gence. Le second et le troisième sont des récom» penses des œuvres. Le quatrième est propre à ceux >> qu'on appelle Salek (2) (qui sont morts après s'étre » conformés aux règles des Vedas). » Oupn. 37, n°. 154. Différens degrés de bonheur après la mort. Imaginez un jeune homme doué d'une belle figure, >> d'une santé parfaite, d'une complexion vigoureuse, » qui a lu les Vedas, qui peut les faire lire à d'autres, » qui abonde en richesses, qui est roi de toute la » terre; cent fois aussi heureux est celui qui, par les » œuvres pures, est devenu après sa mort un des bons » anges de l'ordre des musiciens célestes; et telle est » la félicité de celui qui sait les Vedas et qui a re» noncé au mérite des œuvres. >> Cent fois aussi heureux que celui qui, par les » œuvres pures, est devenu musicien céleste; cent >> fois aussi heureux est le bon génie musicien céleste » par nature; et telle est, etc. (1) Gnani, les sectateurs de la doctrine du Veda, sont appelés Savans par emphase. C'est ainsi que certains sectaires demi-chrétiens s'appelaient Gnostiques. Cette qualification particulière de savant ou gnostique, n'est pas à beaucoup près le seul point de ressemblance qu'on puisse remarquer entre les premiers et les seconds. (2) Salek. Mot arabe passé dans le persan. Son corrélatif samscrit nous est inconnu, >> Cent fois aussi heureux que le musicien céleste >> par nature est la personne qui a sa demeure pour » long-tems dans le monde des ames; et telle est, etc. » Cent fois aussi heureux que celui qui pour long>> tems demeure dans le monde des ames, est celui >> qui, par ses œuvres pures, est parvenu au monde » des bons anges, et est appelé ame divine; et telle » est, etc. >> >> Cent fois aussi heureux que l'ame divine est celui » qui, par les œuvres du culte conformes au Veda, >>> devient bon génie de l'ordre des Carma-deva; et » telle est, etc. (Carma en samsċrit, œuvre). >>> Cent fois aussi heureux que le Carma-deva est le » deva par nature; et telle est, etc. >> Cent fois aussi heureux que les Devas par nature, » est Indra leur roi; et telle est, etc. » Cent fois aussi heureux qu'Indra est Mouschta»ry (1), le maître ou l'instituteur des bons anges; et >> telle est, etc. >> Cent fois aussi heureux que Mouschtary est Prad»japati; et telle est, etc. >> Cent fois aussi heureux que Pradjapati est Ha» ranguerbéhah; et telle est, etc. >>> Et le bonheur du Créateur.... Toutes les félici»tés dont on vient de parler, jusqu'à celle de Ha (1) Ce mot arabe signifie la planète Jupiter, et répond au mot samscrit Vrihaspati, ou Brahaspati dans le dialecte du Bengale; Brahaspadi dans celui du Malabar; Braspatr en plusieurs endroits des volumes dont nous donnons l'analyse. » ranguerbêhah, toutes ensemble ne sont qu'une >> parcelle de ce bonheur. » Oupn. 38, Brahm. 158. Allégorie sur le monde du Créateur ou le paradis supréme. « Lorsque meurt celui qui est dans la voie du culte (selon les Vedas, et sans vue de la récompense), » le Créateur le fait parvenir successivement aux gé» nies du feu, de l'eau, du soleil, puis dans le monde » d'Indra, puis dans le monde de Pradjapati, puis » dans le monde du Créateur. » A l'entrée du monde du Créateur est une fosse >> pleine des eaux de la volonté, de la colère, de l'ava» rice, de la luxure, de l'orgueil et de l'envie; sur ses >> bords se tiennent les génies qui s'opposent à la mor» tification. » Après cette fosse, on trouve la mer où sont ra» jeunis les vieillards qui s'y baignent. >> Puis on trouve l'arbre Al (1), qui porte toutes » les espèces de fruits. >> Vient ensuite une ville appelée Sabeh, d'une vaste >> circonférence : au milieu de cette ville est l'édifice >> invincible. >> Ses portiers sont Indra, le roi des génies, et Prad» japati, génie préposé à l'Univers. » Aussitôt qu'on y entre, on sent qu'on est supé» rieur à tout; on ne peut s'empêcher de dire: Je suis » le Créateur. (1) Dans les livres samscrits, l'arbre du paradis est appelé mandara et calpavrikcha ; ce dernier mot signifie arbre du devoir. >> Au milieu de cet édifice est une estrade qu'on » appelle Intelligence universelle. » Sur cette estrade est un trône qu'on appelle Abon>> dance de lumière et où est assise une femme de » toute beauté, appelée Mère de l'Intelligence et du >> Sentiment. >>> A travers de ses vêtemens on découvre tous les » mondes, sous l'apparence de femmes ornées de >> voiles transparens; on y remarque des figures char>> mantes, comme celle d'une mère tendre, et qui >> tient un langage doux et gracieux. » Au milieu de la ville est la Science, celle qui pu>> rifie le cœur. >> Lorsque le nouveau bienheureux le (Maschgoul, >> c'est-à-dire contemplateur), est arrivé en cet endroit » avec le Créateur, le Créateur dit à un homme de » son monde : Allez, apportez les ustensiles de l'hos» pitalité; car celui-ci a passé la mer qui rajeunit les » vieillards sa jeunesse sera éternelle. » Aussitôt cinq cents jeunes filles viennent au» devant de lui: cent d'entre elles apportent une » guirlande de perles; cent autres apportent le vase » où il doit prendre le bain, et cent autres de magni» fiques vêtemens qui lui sont destinés. En revêtant » ces habits précieux, cette personne comprend qu'elle >> devient le Créateur. » Pour traverser, sans y être submergé, la fosse >> pleine des eaux de la volupté, de la colère, de l'a» varice, de la luxure, de l'orgueil et de l'envie, il » faut être exempt de tous ces vices, avoir le cœur pur. » Les génies opposés à la pénitence et à la contem>> plation, qui habitent les bords de cette fosse, se >> détournent et s'enfuient quand ils voient y arriver » un observateur du Maschgouli et du Selouk (un » contemplateur fidèle au culte). » Celui-ci, quand il a traversé cette fosse et la mer, >> est affranchi des liens de toutes œuvres bonnes » et mauvaises. Les mauvaises sont le partage de » ceux qui maudissent sa mémoire; et les bonnes, >> celui de ses amis, de ses compagnons, de ses en» fans (1). Il ne faut pas dire de mal d'un Maschgoul » ou contemplateur: ses ennemis tombent dans le pé» ché, et la pureté est accordée à ceux qui l'aiment. >> Le Maschgoul, dans cet état, est absolument déli» vré des liens des œuvres: il voit les bonnes et les » mauvaises aussi tranquillement que le conducteur » d'un char voit marcher les roues, et c'est alors que » le Maschgoul prend la forme du Créateur. » Quand il passe sous l'arbre Al, il sent tous les » parfums délicieux dont jouit le Créateur. » En entrant dans cette ville, il participe à la science » réservée au Créateur, en ce qu'elle a de plus ex>> cellent. » Parvenu au milieu de cet édifice, il est pénétré » de toute la lumière du Créateur: en sorte qu'Indra » et Pradjapati ne peuvent pas supporter la splendeur (1) Il est dit, Brahm. 141, qu'un savant, par ses mérites, pent sauver de la renaissance, dans les mondes inférieurs, non seu~ lement lui-même, mais ses pères et aïeux et ses descendans. T. III. 3 |