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Tel fut le point de vue sous lequel nous considé râmes les médailles musulmanes à figures. On voit qu'à ne juger que l'ensemble, nous nous sommes rencontré avec M. Frohn sur deux ou trois points. Nous pour rions par la même occasion faire une réclamation semblable sur un fort grand nombre de médailles publiées depuis trois ans, et considérées seulement sous le rapport des légendes et des inscriptions. Nous avons entre les mains une grande partie des médailles publiées dans cet intervalle par M. Froehn, et surtout par M. le comte Castiglioni, et en dernier lieu par un

taux,

sous le même nom, ou sous un autre tout différent, dans d'autres contrées que l'empire ottoman actuel; mais ici nous ne parlons du togra que relativement aux médailles et aux monnaies. Au reste, cette question, et tout ce qui regarde les marques et armoiries, sera beaucoup plus développée dans un traité que nous avons fait sur les bagues, les cachets, les sceaux et les pierres gravées des Orien considérés dans leurs rapports avec les usages de la vie civile, les opinions religieuses, etc. Dans ce traité nous ne nous sommes pas contenté de mettre en œuvre tous les passages relatifs à notre sujet, qui sont venus à notre connaissance, nous avons fait quelchez ques rapprochemens avec ce qu'on connait du même genre les Grecs et les Romains. Nous avons encore examiné, pour le même objet, une partie des archives du ministère des affaires étrangères, à Paris, pour ce qui concerne les relations de la France avec les pays mahométans d'Afrique et de Turquie; cette recherche nous a fourni des pièces fort intéressantes, et il y a lieu d'espérer que nous en trouverons d'autres dans ce qui regarde la Perse et le reste des pays mahometans. Ce traité n'est donc pas encore achevé; il est destiné à paraître en tète des pierres gravées orientales de M. le duc de Blacas, au nombre de près de cent, chacune porte quelque inscription arabe, persane ou turque. Les explications de ces pierres sont finies.

dont

savant anglais nommé M. Marsden. Ayant les mêmes ressources et les mêmes monumens, on conçoit que nous avons dû naturellement nous rencontrer en bien des choses. Cependant ces savans ont fait imprimer leur travail, et le nôtre est manuscrit, en donnant pour le moment cette partie de nos recherches, notre intention a été de montrer par cet échantillon quelle est notre manière d'envisager les antiquités orientales. Au reste il ne faut pas se faire illusion; certes, à présent même, quand on veut pénétrer jusqu'au fond des choses, on est presque effrayé des difficultés qui environnent encore la numismatique arabe, et généralement les antiquités mahométanes. C'est une raison de plus d'être reconnaissant envers ceux qui les premiers ont ouvert la carrière, et ceux qui, comme M. Frohn et M. Castiglioni, ont fait faire des progrès importans à la science. Sous ce rapport, personne ne leur en sait plus de gré que nous, personne ne met plus de prix à leurs savans écrits. Pour ce qui est de notre travail, ce qui nous a empêché de le publier plus tôt, c'est l'obligation où nous nous sommes trouvé d'achever la traduction des extraits arabes relatifs aux croisades, qui paraissent avec l'Histoire des croisades de M. Michaud. Il s'imprime actuellement une nouvelle édition de ces extraits, refaite en entier et trèsaugmentée. Dès qu'elle sera finie, nous reviendrons aux médailles orientales, que depuis deux ans nous avions presque perdues de vue.

Notre travail sur les médailles arabes sera divisé en deux parties. La première sera consacrée à un traité

de numismatique arabe. On nous a représenté qu'il n'existe jusqu'ici aucun traité de ce genre qui soit à la fois exact, méthodique et complet, de manière à pouvoir servir de guide aux amateurs des médailles orientales. Nous réunirons dans ce traité tout ce qui a été dit de bon sur le même sujet, en y joignant nos propres observations, et nous tâcherons d'y mettre l'ordre et la clarté indispensables dans ces sortes d'ouvrages. Cette partie contiendra tout ce qui, dans la science des médailles arabes, peut se réduire en règle. La seconde sera consacrée à l'explication particulière des médailles du cabinet de M. le duc de Blacas, et renfermera de plus une notice historique des princes qui les ont fait frapper (1).

(1) Nous citerons aussi les médailles du Cabinet du Roi. Ce cabinet est fort riche en médailles orientales. Nous profitons de cette occasion pour témoigner notre reconnaissance à MM. Gosselin et Raoul-Rochette, conservateurs du Cabinet du Roi, pour l'extrême complaisance qu'ils ont mise, dans le tems, à nous les communiquer. Il est également de notre devoir de citer M. Mionnet, premier employé du même Cabinet, qui a bien voulu nous procurer toutes les facilités possibles dans l'examen de ces médailles.

Sur les Ambassades en Chine (1).

LA Russie a conclu, en 1728, un traité avec la Chine par lequel la frontière entre les deux empires se trouve définitivement fixée, et le commerce réciproquement établi sur des bases solides. Après la lec ture de ce traité, qui ne contient rien d'humiliant pour la Russie, on se tromperait si l'on supposait que cette puissance est regardée par la Chine comme son égale. Dans le traité même, il n'y a rien qui puisse faire présumer que la Chine s'arroge une suprématie sur la Russie, mais qu'on lise la description de cet empire, dans la géographie officielle des Mandchoux; on y verra que la monarchie des czars est traitée comme un état soumis au prince qui gouverne l'empire du Milieu. Le chemin même par lequel on doit recevoir les ambassadeurs et le tribut russe, y est indiqué par le réglement chinois.

Les diplomates répondront peut-être, que puisque la Chine n'a jamais reçu la moindre marque de soumission de la Russie, on doit traiter la vanité ridicule de la première, avec le mépris que mérite toute prétention insoutenable. Ces diplomates auront tort aux yeux des Chinois, et aux yeux des Européens en état de juger la question.

(1) Voyez, sur le même sujet, un article de M. Abel Rémusat sur l'ambassade de lord Amherst, inséré dans le Journal des Savans & année 1821. p. 259–269.

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D'après les idées reçues en Chine, toute puissance étrangère qui y envoie une ambassade, se reconnait par le fait soumise à l'empereur.

En chinois cet acte de soumission est désigné par les mots 來 laitchhao, «venirrendré hommage.»

Cette expression ne s'applique ordinairement qu'à la

première ambassade du même peuple; pour les sui

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vantes on se sert des mots

貢來 lai koung, 《 venir

porter le tribut». Qu'on ouvre les annales chinoises, et on verra qu'en l'an 166 de notre ère, l'empereur romain Antonin (Marc-Aurèle) envoya une ambassade qui offrit le tribut à Houon ti, de la dynastie des Han; qu'en 284 une autre l'apporta aux Tsin, et que la même chose eut lieu en 637 et 719. On trouvera que l'Espagne est soumise depuis 1576, la Hollande depuis 1653, et le Pape depuis 1725.

Dans l'explication d'une mappemonde publiée en 1794, à Peking, on lit : « A la cinquante-huitième » année de Khian loung (1793), les Anglais, qui se >> trouvent à l'extrémité du nord-ouest du Monde,

et qui dans les anciens temps n'avaient jamais pé» nétré en Chine, traversèrent les deux Océans pour » venir rendre hommage à l'empereur. » La seconde légation anglaise sera traitée dans les annales de l'empire comme ayant porté le tribut.

On voit donc que l'envoi d'une ambassade est une marque de soumission, et que les présens qu'elle apporte sont regardés comme une chose due à l'empe

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