Philopator. L'inscription de Rosette est du même règne et de la 9°. année; elle contient aussi les noms de ce prêtre et de ces prêtresses: ainsi nous avons à comparer trois monumens du même règne et de trois époques différentes, l'an 4, l'an 8 et l'an 9; ce hazard peut se présenter encore pour d'autres règnes; arrêtons-nous à examiner ce qu'il peut nous apprendre sur celui de Ptolémée-Épiphane en particulier, et, en général, sur l'état, en Égypte, des prêtres chargés du culte posthume des rois et des reines qui furent ses ancêtres. Nous verrons aussi comment il peut concourir à expliquer, autrement qu'on fait jusqu'à présent, deux passages importans de l'inscription de Rosette. En faisant notre examen critique d'après la traduction française du protocole de ces deux contrats égyptiens écrits en caractères démotiques, traduction faite avec le secours de l'alphabet de cette écriture, complété et publié par mon frère (1) après les travaux de MM. Silvestre de Sacy et Ackerblad, je ne dois pas craindre qu'il s'élève des doutes sur l'exactitude de cette traduction, la certitude et la facile application de cet alphabet, les épreuves auxquelles il a déjà été soumis (2), et ses résultats naturels, devant nous dispenser de la justifier quant aux noms propres des Ptolémées inscrits dans ces contrats; et quant à (1) Lettre à M. Dacier, relative à l'Alphabet des Hiéroglyphes Phonétiques. Paris, F. Didot, 1822; in-8°., planche IV. (2) Sur le texte démotique de l'inscription de Rosette, et plusieurs papyrus démotiques aussi, du Cabinet du Roi, leurs surnoms et à quelques mots autres que des noms, qui se lisent également dans le texte des deux protocoles, le sens des signes démotiques qui les expriment ne saurait non plus offrir aucun doute, le littéré de ces protocoles étant le même dans tous les contrats, sauf le nombre des noms selon les époques, et quelques-uns de ces signes existant aussi, et avec le même sens déjà reconnu, dans l'inscription de Rosette. Toute autre démonstration est d'ailleurs hors du cadre de cette notice; nous y joignons un fac simile lithographique du protocole de ces deux contrats. Voici la traduction française de ces deux protocoles : Papyrus, no. 1. Dans l'année 4o. du roi Ptolémée, fils de Ptolémée et d'Arsinoé, dieux (Philopatores); étant prêtre d'Alexandre, et des dieux Adelphes, et des dieux Évergètes, et des dieux Philopatores, et du roi Ptolémée-Euchariste, Démétrius, fils de Sitaltès; étant Areia, fille de Diogène, athlophore de Bérénice-Évergète; étant Nicias, fille d'Apelle, canéphore d'Arsinoé-Philadelphe; étant Irène, fille de Ptolémée, prêtresse d'Arsinoé-Philopator. Papyrus, no. 2. Dans l'année 8°. du roi Ptolémée, fils de Ptolémée et d'Arsinoé, dieux (Philopatores); étant prêtre d'Alexandre, et des dieux Adelphes, et des dieux Évergètes, et des dieux Philopatores, et des dieux Soters, Ptolémée, fils de Ptolémée, fils de Horoshermès; étant Dropion, fille de Ménapion, athlophore de Bérénice-Évergète; étant Démétria fille de Philinus, canéphore d'Arsinoé-Philadelphe; étant Irène, fille de Ptolémée, prétresse d'ArsinoéPhilopator. Il n'est pas inutile de transcrire ici le protocole analogue de l'inscription de Rosette, le voici: (ligne 4), dans l'année 9o., (ligne 9), (du roi Ptolémée, fils du roi Ptolémée et de la reine Arsinoé, dieux Philopatores); (ligne 4), étant Aëtès, fils d'Aëtès, prêtre d'Alexandre, et des dieux Soters, et des dieux Adelphes, et des dieux Évergètes, et des dieux Philopatores, et du dieu Épiphane-Euchariste; étant Pyrrha, fille de Philinus, athlophore de Bérénice-Évergète ; étant Aréia, fille de Diogène, canéphore d'Arsinoé-Philadelphe; étant Irène, fille de Ptolémée, prétresse d'Arsinoé-Philopator. Nous ne croyons pas nécessaire de rapporter ici le texte grec, très-connu, de cette partie de l'inscription de Rosette, ni de soumettre à ses formules le texte des deux autres protocoles, leur discussion devant entièrement porter sur les faits et non pas sur les mots de ces textes. Nous ferons donc remarquer dès l'abord l'analogie de ces trois protocoles : dans les trois, la date de l'année se trouve à leur commencement, et nous expliquerons plus bas celles des deux papyrus. Le nom du souverain régnant y suit immédiatement cette date de l'année; et ce souverain est le cinquième des Ptolémées, le fils et le successeur de Ptolémée et d'Arsinoé Philopatores, comme le disent les trois textes: il s'ensuit que les deux nouveaux'papyrus que nous examinons, sont les plus anciens de tous ceux des tems des Lagides que l'on connaît jusqu'ici. Immédiatement après le nom du prince régnant, on y lit les noms du prêtre d'Alexandre et des quatre Ptolémées, ses premiers successeurs, Soter, Soter, Philadelphe, Évergète et Philométor: on doit toutefois avertir que le nom des dieux Soters (Ptolémée Soter et Bérénice, sa femme) est omis dans le papyrus, n°. r et que, dans le n°. 2, ces mêmes noms, qui doivent être les premiers dans l'ordre des tems, y sont au contraire les derniers. Mais de semblables inadvertances peuvent exister sans conséquence dans des contrats de cette nature, ouvrages d'officiers publics plus ou moins attentifs à la régularité chronologique de ces protocoles, desquels la valeur du contrat ne pouvait dépendre nullement. Nous avons déjà fait remarquer, dans le texte du contrat grec de Ptolémaïs, des irrégularités d'un autre genre, d'abord dans la mention des prêtresses des trois reines Lagides auxquelles cet honneur fut déféré, οὐ Pécrivain mit καὶ θεᾶς ̓Αρσινόης au lieu de ἱερέιας Apacóns, et je dis l'écrivain, parce que je crois que M. Boëck a très-bien lu ce passage du fac simile du manuscrit original, et que les mots za zas sont trèsapparens dans les copies gravées, publiées par le même M. Boëck, à Berlin, et par M. Jomard, à Paris. Il en résultait contre le texte formel des monumens existans, que la canéphore d'Arsinoé-Philadelphe était en même tems la canéphore d'Arsinoć-Philopa tor, et que celle-ci n'avait pas sa prétresse particulière. Nous avons exposé, dans nos Éclaircissemens historiques sur le contrat de Ptolémaïs (pages 32 à 36), nos doutes sur l'exactitude de cette leçon, sur la certitude du fait historique qui en résultait, et nos motifs pour y substituer, d'après l'inscription de, Rosette, les mots καὶ ἱερέιας Αρσινόης qui conservaient l'ordre ordinaire de ces faits; ces motifs paraissent avoir été admis postérieurement dans une Notice insérée au Journal des Savans (1); et comme on l'observe très-bien à ce sujet, la question est résolue par le contrat grec de la quatrième année du règne de Cléopâtre et de Soter II, analysé par M. Saint-Martin dans cette Notice que nous citons, contrat qui porte sans difficulté ἱερέας ( pour ἱερέιας ) Αρσινόης. Ainsi nos doutes et notre substitution se trouvent pleinement confirmés; et M. Young a admis cette correction dans le texte de ce contrat, qu'il vient de réimprimer dans son ouvrage tout récemment publié à Londres (2). On trouve encore dans le même contrat de Ptolémaïs le surnom du quatrième Ptolémée, écrit evrátwp au lieu de piλonátop, et nous avons aussi indiqué ce mot comme une fausse leçon; on a cru, et MM. Letronne (3) et Saint-Martin (4) se sont rencontrés sur (1) Notice sur quelques Manuscrits grecs apportés récemment d'Égypte ; par M. Saint-Martin. Cahier de septembre 1822, page 559. (2) An Account of some recent Discoveries in Hieroglyphical Literature, and Egyptian Antiquities. London, Murray, 1823, p. 147. (3) Recherches pour servir à l'Histoire de l'Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, p. 125. (4) Notice précitée, p. 560 et note 1, |