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Au moyen des jointures des doigts, usitée dans l'Orient.

Le voyageur danois Niebuhr, dans sa Description de l'Arabie, dit : « Je crois avoir déjà lu quelque >> part, que les orientaux ont une méthode particu>>lière de conclure un marché devant plusieurs per>>sonnes, sans qu'aucune d'elles sache le prix stipulé; <«< ils se servent encore très-souvent de cet art. Je » voyais avec peine que quelqu'un m'achetât quel» que chose de cette façon, parce qu'elle donne oc>>casion au courtier ou au commissionnaire, de » tromper, même en sa présence, celui pour lequel >> il fait le marché. Les deux parties donnent à con»> naître ce qu'on demande et ce qu'on veut payer, » en se touchant les doigts ou les jointures de la

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» main, qui marquent 100, 50, 10, etc. On ne fait » pas un mystère de cet art, qui, si c'était un secret, >> ne serait pas d'une grande utilité, mais, à cause » des assistans, on se couvre la main du pan de sa » robe. » (Descr. de l'Arab., éd. de 1770, p. 91.) Hadji-Khalfa a fait mention de ce procédé dans son Dictionnaire bibliographique, au motus, ple

T. III.

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, et il a indiqué deux écrivains qui en ont traité. Le premier est Ebn-Alharb; son ouvrage

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le second ارجوزه في حساب العقود est intitute

est Schéref-eddin-Yezdi, et il a donné à son ouvrage le titre de . M. de Hammer n'a pas omis d'en parler dans son ouvrage intitulé Encyclopaedische Uebersicht der Wissenschaften des Orients, page 315 (1). Mahomet, dit-on, s'est servi quelquefois de ce procédé.

On trouve dans le sixième volume de l'Asiatic Journal, cahier d'octobre 1818, un morceau très-curieux sur cette manière de compter. L'auteur de cet article, qui déguise son nom sous celui de Gul-chin, a donné un texte extrait d'un dictionnaire persan, où se trouve exposé en détail ce système de numération, et il a observé que ce même passage se lit dans le dictionnaire nommé Djihan-ghiri. Le texte persan, donné par M. Gul-chin, et auquel il a joint une traduction anglaise, renferme quelques omissions et des fautes assez graves; mais on peut le corriger au moyen du Djihan-ghiri. C'est ce que j'ai fait, et j'ai pensé qu'il serait utile d'en donner une traduction française littérale, dans le Journal de la Société Asiatique. En effet, comme l'a déjà observé M. Gul-chin, la connaissance de cette méthode de numréation est nécessaire pour entendre certains passages des poètes per

(1) Voyez aussi Ward's A view of History, Litterature and Mythelogy of the Hindoos, 3e, édit., To. III, p. 209.

sans qui y font allusion. Il cite pour exemple un vers de Senaï, qui dit :

و صد باشد نزد شمال انجه دوم

بیست شمارند بسوی بهین

« Ce qui exprime 200 de la main gauche, de la » droite ne compte que pour 20. » Le poète Khakani dit aussi :

عاشق بکشی به تیغ غمزه جددان که بدست جب شماری

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« Tu tues ton amant par le glaive acéré de tes œil» lades, autant de fois que tu peux compter avec ta >> main gauche. » C'est-à-dire mille et mille fois, parce que c'est la main gauche qui sert à nombrer les centaines et les mille. Hariri, dans sa quarante-neuvième séance, emploie aussi une expression empruntée de cette numération, qu'on appelle en arabe

numeration des jointures des, حساب عقد الاصابع

doigts, quand il dit : « On rapporte qu'Abou» Zeid, quand il toucha de près à la main fermée, etc. » On voit dans le commentaire joint à mon édition, que la main fermée, dans cette méthode de numéras tion, signifie 93, et, quoique quelques commentateurs entendent autrement ce texte, cette métaphore me paraît convenir tout-à-fait au style de Hariri, et je suis fort porté à croire que c'est là le vrai sens de ce passage.

Voici le passage du Djihan-ghiri.

Explication des jointures des doigts.

<< Il est bien connu des hommes instruits qu'au

moyen des figures et des positions des doigts de la main humaine, de ces instrumens auteurs de tant de merveilles, on a formé dix-neuf figures, correspondant aux divers ordres de nombres, de sorte qu'on peut chiffrer avec les doigts depuis un jusqu'à dix mille. Voici comment se fait cette numération. Des doigts de la main droite, l'auriculaire, l'annulaire et le doigt du milieu servent à exprimer les neuf unités ; l'index et le pouce à exprimer les neuf dixaines; des cinq doigts de la main gauche, l'index et le pouce sont employés à exprimer les neuf centaines; l'auriculaire, l'annulaire et le doigt du milieu expriment les neuf unités de l'ordre des mille; ainsi les figures des nombres depuis un jusqu'à neuf, et celles des mille, depuis mille jusqu'à neuf mille, sont semblables. Par exemple, si l'on place l'extrémité du doigt du milieu sur la paume de la main, cela vaut 5 du côté de la main droite, et 5,000 du côté de la main gauche. Les figures des dixaines et des centaines sont aussi les mêmes, et ne diffèrent entre elles que parce que l'on fait usage pour les unes de la main droite, et pour les autres de la main gauche : d'où il suit que la même figure qui dans la main droite exprime go, vaut dans la main gauche 900. Après ces premières notions, nous allons décrire en détail les dix-neuf figures dont il s'agit.

» Pour le nombre un, il faut baisser le doigt auriculaire; pour deux, joindre l'annulaire à l'auriculaire; pour trois, joindre aux deux doigts précédens celui du milieu; mais dans ces trois figures, il

le

faut avoir soin que l'extrémité du bout des doigts soit aussi près que possible de leur racine; pour nombre quatre, il faut lever le doigt auriculaire, les deux autres restant dans la position précédemment indiquée; pour cinq, il faut lever aussi l'annulaire; pour six il faut lever le doigt du milieu, en laissant l'annulaire seul baissé, en sorte que le bout de ce doigt soit sur le milieu de la paume de la main; pour exprimer sept, on lève aussi l'annulaire, et l'auriculaire seul doit demeurer plié, de sorte que son extrémité s'incline fortement vers le poignet; pour huit, il faut faire la même chose avec l'annulaire, et pour neuf, faire aussi de même avec le doigt du milieu. Dans ces trois dernières figures, il faut avoir attention que les bouts des trois doigts reposent sur l'extrémité de la paume de la main, afin qu'elles ne ressemblent pas aux trois premières figures. Pour dix il faut appliquer l'ongle de l'index de la main droite sur la première articulation du pouce, en sorte que l'intervalle laissé entre les deux doigts ressemble à un cercle; pour vingt, la partie de la phalange inférieure de l'index qui est près du doigt du milieu, doit être passée sur la convexité de l'ongle du pouce, en sorte qu'il semble que le bout du pouce soit serré entre les racines de l'index et du doigt du milieu, sans toutefois que le doigt du milieu contribue en rien à l'indication du nombre vingt, parce que les positions de ce doigt sont réservées à indiquer par leurs variations les figures des unités, et que la réunion de l'ongle du pouce avec le bord de la phalange inférieure de l'in

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