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La maison avait perdu depuis longtemps son caractère hospitalier, lorsqu'en 1622 les premiers Oratoriens vinrent s'y installer (1).

Vers 1658, ils construisirent une église nouvelle, mais, jusqu'à cette époque, ils s'étaient contentés, pour leurs offices, de l'ancienne chapelle de l'hôpital, située vers la rue Beauvoisine, et qui resta debout jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.

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Près de l'église Saint-Vivien existait encore autre hôpital. Fondé au xiv siècle par un bourgeois de la ville, sans doute Jean Lefèvre, nommé deux fois maire de Rouen, il était affecté au logement gratuit des pauvres passants, ce qui était alors l'objet le plus habituel des établissements de charité (2). Un jour vint cependant où les trésoriers de la paroisse, qui en avaient été constitués les administrateurs, trouvèrent les charges trop onéreuses et sollicitèrent la suppression de l'hôpital. N'était-ce pas, disaient-ils, un établissement dangereux? Si dans chaque ville il se trouvait de pareils hospices, si partout les vagabonds étaient accueillis sans frais ni dépenses, n'était-ce pas favoriser la vie errante des mendiants? Ces doléances ne furent

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(1) Ch. de Beaurepaire : Notice sur l'Oratoire de Rouen. (2) Ch. de Beaurepaire Notice sur l'hôpital Saint-Vivien, dans Nouveau Recueil de notes historiques et archéologiques et Bulletin de la Commission des Antiquités, t. VI. Hôpital de Saint-Martinde-Briquedalle, à Sassetot, pour recevoir les pauvres passants. Hôpital fondé au XIVe siècle, à Petit-Couronne, «ouquel seront receuz et hebergiez les pourez pèlerins et autres poures passanz par le païs ». Nouveaux Mélanges historiques et archéologiques et Bulletin de la Commission des Antiquités, t. XI.

pas écoutées et l'hôpital fut maintenu avec charge d'accueillir ces passants. Au XVIIe siècle, on y logeait, pendant deux nuits, ceux qui s'y présentaient et on leur fournissait, depuis la Saint-Michel jusqu'à Pâques, à chacun deux fagots. Notons que le nombre de ces pauvres voyageurs s'éleva souvent à plus de quinze cents par an.

L'hôpital Saint-Vivien, qui avait survécu à quantité d'établissements du même genre et qui subsistait encore en 1792, ne fut point épargné malgré son but populaire et philanthropique. Il fut vendu comme bien national le 22 octobre 1793.

Un siècle plus tard, un jeune vicaire devait, sur cette même paroisse, reprendre l'œuvre interrompue. Emu du sort de tant de pauvres hères qui s'en vont le soir à travers les ruelles et cherchent un pas de porte pour s'y blottir furtivement, il ouvrit un asile où tous ces passants pourraient dormir d'un sommeil réparateur. L'oeuvre de l'hospitalité de nuit, créée tout d'abord rue Ambroise-Fleury, fut plus tard transportée boulevard Saint-Hilaire. C'est là que l'Académie est venue chercher l'abbé Bazire pour lui remettre le prix Dumanoir. L'œuvre est bien connue; après le beau discours que fit alors notre confrère, M. Le Verdier, il est superflu d'insister; mais il était juste de constater que « la maison du curé ne peut rien envier à l'hôpital SaintVivien.

De tous les anciens hôpitaux rouennais, le plus intéressant est, sans contredit possible, l'Hôtel-Dieu ou prieuré de la Madeleine.

Je ne tenterai pas d'esquisser, même à grands traits, son histoire dont les débuts semblent se confondre avec les origines de l'église de Rouen. Cependant, qu'il me soit permis de rappeler l'installation primitive près de la Cathédrale. L'église du prieuré, dont certains gros murs subsistent encore aujourd'hui, se trouvait à l'angle de la place de la Calende. Elle avait succédé à un premier monument qui donnait sur la rue de la Madeleine. Il y a quelques années — au cours de travaux exécutés dans une maison de la rue du Change on eut la bonne fortune de remettre en lumière l'ancien portail qui donnait sur la cour du Pelletier (1). C'est le seul vestige intéressant de l'église construite au xvr° siècle par Nicolas Coquet. Malheureusement, ce prieur semble s'être beaucoup plus préoccupé de l'embellissement de sa maison que du soin des pauvres. Avec son successeur, les abus augmentent et nécessitent une réforme qui sera générale à cette époque. La direction des établissements charitables appartenait depuis des siècles à des communautés d'hommes et de femmes. En vertu d'une ordonnance de François Ier, le contrôle et la direction des hôpitaux furent, à partir de 1545, attribués à des Conseils administratifs. L'Hôtel-Dieu subit le sort

(1) Ch. de Beaurepaire : Notice sur l'église de l'ancien Hôtel-Dieu de Rouen, dans Nouveaux Mélanges historiques et archéologiques, et dans le Bulletin de la Commission des Antiquités, t. XII, et Notice historique sur l'église de la Madeleine, dans Mélanges historiques et archéologiques et dans le Bulletin de la Commission des Antiquités,

commun et reçut comme premiers administrateurs deux conseillers au Parlement, deux chanoines, deux bourgeois et deux conseillers de la ville. La réforme fut accueillie avec faveur par l'autorité religieuse. La présence de deux membres du Chapitre en est un premier témoignage que semble confirmer la visite faite. en grande pompe par le cardinal de Vendôme. De son palais, il se rendit à pied à l'Hôtel-Dieu où il pénétra par la grande porte de l'église. Après avoir été congratulé par le président Petremol, il visita la salle des pauvres dont les lits avaient été recouverts pour la circonstance de belles tapisseries aux armes de Mgr d'Amboise.

Et si l'on veut maintenant se faire une idée de ce qu'était devenu l'hôpital au milieu du xvr siècle, il faut se rappeler que le Bureau, en prenant possession de la Madeleine, au mois de juillet 1551, y trouva quatre-vingt-cinq pauvres, quatorze religieux et quatorze religieuses. Enfin, à la fin de décembre 1556, il y avait quatre pauvres par lit.

Lors de la terrible peste de 1619, c'est à l'HôtelDieu que le premier cas sera constaté (1), mais, avec des conditions hygiéniques aussi peu satisfaisantes, on ne s'étonnera pas de voir le fléau se propager et ravager la ville pendant des années.

Si nous n'avons pas à nous préoccuper de la peste, à rappeler les mesures de protection qui étaient alors prises, il est juste d'ajouter que les malades étaient

(1) Ch. de Beaurepaire La Peste à Rouen, 1619-1623.

transportés au Lieu-de-Santé où ils étaient installés dans des loges ou constructions légères. Bientôt on allait édifier pour eux, sur les plans de l'architecte Hardouin, les deux hôpitaux Saint-Roch et SaintLouis (1), tels que nous les connaissons aujourd'hui.

Nous sommes au XVIIIe siècle; désormais, l'HôtelDieu apparaît comme tout à fait défectueux, mais pour se décider à le transporter ailleurs, que de difficultés ! Tout d'abord, il ne fut question que de réparations et de reconstructions, et l'architecte Parvys fut, en 1746, chargé d'un premier examen des bâtiments (2). Au mois de juillet 1748, on reconnaît la nécessité de soutenir par des étais la salle des pauvres qui menace ruine. L'année suivante, Parvy's déclare indispensable la reconstruction d'une grande partie de l'Hôtel-Dieu, et il propose d'affecter à ces travaux la somme de 200,000 livres.

Les bâtiments de l'Hôtel-Dieu exigeaient trop de réparations; ils étaient, de plus, insalubres et insuffisants. Quant aux hôpitaux du Lieu-de-Santé, ils se dégradaient faute d'occupants. On y avait bien logé, à certaines époques, des soldats et des pauvres; on y avait emmagasiné des grains; on s'en était servi souvenir plein d'actualité pour héberger plusieurs familles dont les domiciles se trouvaient inondés par le débordement de la rivière. Une idée devait se présenter

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(1) Dr G. Panel: Le Lieu-de-Santé de Rouen. - Société rouennaise de bibliophiles.

(2) Archives de la Seine-Inférieure: Délibérations du Bureau de l'Hôtel-Dieu,

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