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incontestée des affaires administratives, il accueillait son interlocuteur par un silence qui ne laissait pas d'être parfois embarrassant, mais qui n'était qu'une réflexion mûrie chez cet esprit méthodique; la question qui lui était soumise était résolue avec clarté, et Giraud s'offrait souvent à prendre à son compte toute la besogne qu'elle exigeait. >>

Tel était bien l'excellent confrère que nous avons eu le sincère regret de perdre si prématurément et que nous ne saurions oublier.

NOTICE

SUR

M. CANONVILLE-DESLYS

Par M. LECAPLAIN

Thomy-James-Edward Canonville-Deslys naît à Paris le 31 mars 1846. Il est le dernier descendant d'une vieille famille normande les de Canonville, marquis de Raffetot, dont un des ancêtres fut compagnon de Guillaume-le-Conquérant. Il était allié par sa mère à la famille du marquis du Hallay Coëtquen qui était, à la Révolution de 1789, grand veneur de Normandie, et avait son hôtel rue Bourg-l'Abbé. Il tenait également aux familles de Chimay, de Bresson, de Colobria, de Brigode, d'Amelot de Chaillou, neveu à la mode de Bretagne du littérateur bien connu Francis Wey. En 1884, il était adopté par son oncle maternel Charles Deslys auquel on doit tant de charmants romans devenus rapidement populaires. Loin de moi la pensée de faire fi de ses titres de noblesse et des alliances qui le rattachaient à d'illustres familles, mais ses vrais titres à la reconnaissance de beaucoup ne sont pas ceux qu'il a hérités de ses aïeux, mais ceux qu'il a conquis lui-même par son constant labeur.

Il fait ses études à l'Institution Massin, qui était alors des plus florissantes, et dont les élèves suivaient les cours du lycée Charlemagne. A cette époque, trois institutions restées célèbres: Massin, Barbet et Jauffret, dirigées par des hommes de valeur, rivalisaient de zèle avec une ardeur peu commune. Il faut avoir vécu à ces temps déjà éloignés de nous pour se rendre compte de la lutte homérique que se livraient les élèves de ces trois établissements, stimulės sans cesse par des maîtres distingués. C'est à qui vaincrait ses rivaux et remporterait le plus de succès au grand concours et au lycée.

C'est dans ce milieu très entraînant, et qui comptait tant de jeunes gens pleins de promesses, que CanonvileDeslys s'initia de bonne heure aux différentes branches de la littérature et des sciences. Dès la première année, M. Massin signalait son intelligence et son amour du travail, et le jeune élève justifiait bientôt par de brillants succès les espérances de ses maîtres. Ses professeurs et ses condisciples aimaient cette franchise, cette gaietė, cette affabilité charmante, cette humour si française, en un mot, ces qualités écloses de bonne heure et qui resteront la caractéristique de son honorable carrière. Avec quel plaisir il rappelait à ses amis ses heureuses années où tout sourit et qui laissent à tous un inoubliable souvenir.

A dix-huit ans, il entre à l'Ecole centrale des Arts et Manufactures, et, malgré son jeune âge, il en sort brillamment, en 1868, muni du diplôme d'ingénieur-mécanicien. La carrière s'ouvrait pour lui sous les plus heureux auspices. A sa sortie de l'Ecole, il se rend au

Havre où on ne craint pas de lui confier d'importants travaux au bassin de la Citadelle. Bien armé pour la lutte, possédant à un haut degré la bouillante ardeur de la jeunesse, il se tire à son honneur d'une tâche difficile et mérite les éloges de ses chefs. S'il eût persisté dans cette voie, il fût devenu assurément un ingénieur de marque, mais ses goûts le font pencher bientôt vers la carrière de l'enseignement et, en 1860, il entre au lycée d'Alais, comme professeur de mathématiques et de travaux graphiques. Malgré la tâche très lourde qui lui incombe, il prépare les examens ardus de l'agrégation, prenant au besoin sur ses nuits pour ne rien dérober à ses élèves du temps qu'il estime leur devoir, et, en 1872, l'Université comptait un agrégé de plus. Il est alors nommé au lycée d'Angoulême. Il y noue de solides amitiés, en particulier avec M. Liard, qui devait devenir un jour vice-recteur de l'Académie de Paris. Cet homme éminent, qui ne se trompait guère dans le choix de ses amis, demeura fidèle à notre collègue jusqu'au dernier jour. Il ne reste qu'un an à Angoulême et, sur les rapports élogieux de tous ceux qui avaient à le juger, il est nommé au lycée de Rouen où il passera le reste de sa carrière. Ses nombreux élèves aimaient son enseignement lumineux, prenaient goût à la science qu'il avait le talent de rendre aimable. Ils étaient frappés de cette bonhomie, de cette bienveillancé qui lui avaient conquis déjà tant de sympathies au Havre, à Alais et à Angoulême. Il fut, au lycée Jeanne-Darc, le premier professeur de mathématiques. Le choix était judicieux. N'avait-il pas, en effet, toutes

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