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BEAUMEL (N.), chef de chouans, originaire | 1753, conduit à la Bastille et enfermé dans la

du Rouergue, mort vers 1795. Il était capitaine dans l'armée républicaine lorsqu'il tomba au pouvoir des Vendéens, au combat de Légé. Les royalistes massacrèrent tous les prisonniers, à l'exception de Beaumel, qui dut la vie à un de ses amis qui servait dans l'armée royale. Depuis cette époque il s'attacha à Charrette, devint un de ses principaux officiers, et aussi l'un de ses compagnons de débauche. A l'attaque des Quatre-Chemins, il fut grièvement blessé; bientôt après, il eut le commandement de l'armée du bas Poitou. Au moment ou la Vendée presque tout entière se soumit à la république, il refusa d'abandonner Charrette, qui restait encore avec quelques centaines d'hommes; et lorsque le général Travot atteignit le chef vendéen à Froidefond, il se battit en désespéré, et fut tué aux côtés de son général, qui parvint encore quelques jours à se soustraire aux poursuites de l'armée républicaine.

Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. Billard de Veau, Biographie des personnes marquantes de la chouannerie.

BEAUMELLE (Laurent ANGLIVIEL DE LA), littérateur français, naquit à Valleraugue (Gard) le 28 janvier 1726, de Jean Angliviel, négociant, et de Suzanne d'Arnal, nièce du général Carle, et mourut à Paris le 17 novembre 1773. Il fit ses études au collège d'Alais, et fut d'abord destiné au commerce, profession à laquelle il renonça bientôt. Il quitta la France à la fin de 1745, et se rendit à Genève. Après dix-huit mois de séjour en Suisse, il passa en Danemark. I était appelé à Copenhague auprès d'un seigneur danois, pour diriger, en qualité de gouverneur, l'éducation de son fils. Trois ans après, il présenta au roi de Danemark un projet d'établissement d'une chaire de langue et belles-lettres françaises. Ce projet fut approuvé, et la Beaumelle obtint cette chaire. Le professeur se sépara alors de son élève, et fit un voyage à Paris cette même année (1750), pour obtenir la permission d'exercer les fonctions de son emploi. De retour à Copenhague, il y professa la langue et les belles-lettres françaises pendant quelque temps. Il résigna sa place à la fin de 1751, pour se rendre à Berlin.

Voltaire était alors à la cour de Prusse en grande faveur auprès de Frédéric II. La Beaumelle le vit plusieurs fois. C'est de cette époque que date la brouillerie de ces deux écrivains. La Beaumelle avait récemment publié un livre intitulé Mes Pensées; il renfermait un passage qui déplut à Voltaire, et qui devint la cause de la haine que celui-ci voua à son auteur, et des persécutions qu'il lui suscita depuis.

Après avoir éprouvé à Berlin toute espèce de désagréments, la Beaumelle quitta la Prusse, séjourna quelque temps dans différentes villes d'Allemagne, et vint à Paris à la fin de 1752. Il ne tarda pas à y éprouver les effets du ressentiment de Voltaire. Il fut arrêté le 24 avril

première chambre de la tour du coin, où il eut la permission d'écrire, et de travailler à divers ouvrages déjà commencés. Le 1er août, il fut transféré dans une autre chambre; on lui enleva le papier, l'encre et les plumes. C'est alors que, privé de tout moyen d'écrire, il y suppléa en traçant sur des assiettes d'étain, avec la pointe d'une aiguille, une ode sur les couches de la Dauphine (imprimée depuis ), et sept cents vers au moins d'une tragédie restée inachevée. Cependant cet excès de rigueur que la Beaumelle eut à subir ne fut pas de longue durée. Il fut élargi le 12 octobre 1753, et exilé à cinquante lieues de Paris. Il obtint, quelques jours après, la permission d'y rester. Il dut sa liberté aux sollicitations pressantes de sa famille et de ses amis, au nombre desquels et parmi les plus dévoués il faut citer Montesquieu et la Condamine.

Pendant la détention de la Beaumelle, Voltaire avait publié contre lui son Supplément au Siècle de Louis XIV. Rendu à la liberté, il lui fut permis de répondre à son adversaire; sa réponse parut en 1754. Cet ouvrage est regardé comme l'un des plus piquants dans le genre polémique : il obtint un grand succès.

Un ouvrage plus important l'occupait alors et depuis longtemps: c'était les Mémoires pour servir à l'histoire de madame de Maintenon. Il avait déjà sondé le goût du public par l'impression de deux petits volumes de lettres de cette dame, et d'un premier volume de sa vie, très-abrégée; mais son cadre s'agrandit par l'abondance des matériaux qui furent mis à sa disposition. SaintCyr lui fut ouvert; le maréchal duc de Noailles lui communiqua des documents dont il était possesseur, et il travailla souvent à Versailles sous les yeux de ce seigneur. Louis XV lui-même voulut lire le manuscrit de la Beaumelle. Celui-ci se rendit en Hollande en 1755, pour le faire imprimer. Il revint à Paris un an après. Il avait obtenu la permission d'y faire entrer son livre, et la levée définitive de sa lettre d'exil, qui avait été seulement suspendue tous les six mois. Son ouvrage, imprimé en février 1756 par souscription, obtint le plus grand succès. La fortune semblait sourire à la Beaumelle. Il était au moment de jouir de ses succès au sein de sa famille, lorsque, prêt à partir pour se rendre auprès d'elle, il fut arrêté le 6 août 1756, et conduit une seconde fois à la Bastille.

La Beaumelle ne se laissa point abattre sous le coup d'un malheur aussi imprévu qu'il était peu mérité. Son amour pour l'étude, son ardeur pour le travail, ne se ralentirent point. Il termina sa traduction de Tacite, entreprise pendant son premier séjour à la Bastille, tandis que les contrefaçons multipliées du livre qu'il venait de publier lui enlevaient le fruit de ses veilles et de ses travaux. Sa détention, qui porta de graves atteintes à sa santé, se prolongea au delà d'un an. La Beaumelle ne fut rendu à la liberté que le 1er sep

tembre 1757. Il rentra dans sa famille après douze années d'absence, et trois jours seulement avant la mort de son père. Un exil, qui succéda à la prison, interdit à la Beaumelle la résidence de Paris, et l'obligea de séjourner dans différentes villes de sa province (le Languedoc). C'est pendant ce temps (1760-1761) qu'il eut une affaire désagréable à démêler avec les capitouls de Toulouse, dont le résultat fut d'abord de le faire emprisonner, mais qui se termina à la honte du fameux David, capitoul, qui joua un si grand rôle dans la malheureuse affaire de l'infortuné Calas (1). La Beaumelle prit la plus grande part à la défense des victimes du fanatisme. C'est lui qui fit le placet d'après lequel madame Calas obtint la liberté de ses filles en 1762. Peu de temps après (1764), il épousa l'une des sœurs du jeune Lavaysse, de celui-là même qui fut impliqué dans le procès de Calas. Sa femme possédait auprès de Mazères (Ariége) un domaine où il se fixa. Il pouvait se flatter d'y jouir enfin du repos, lorsque Voltaire lui adressa par la poste (1767) une lettre diffamatoire imprimée (2), et la fit répandre avec profusion dans le pays de Foix. Il l'accusa auprès du ministre (le comte de Saint-Florentin) de lui avoir écrit quatre-vingt-quinze lettres anonymes, et lui adressa la dernière, qu'il assurait être de la Beaumelle, quoique sans signature. Celui-ci s'empressa d'écrire à M. de Saint-Florentin pour réfuter les calomnies de son ennemi, calomnies qui ne tendaient à rien moins qu'à le flétrir, le déshonorer, et le faire considérer comme un ennemi de l'État. Il ne se borna pas à cette démarche; il réunit des pièces authentiques, dans le but de détruire juridiquement les accusations de son ennemi; enfin il conçut l'entreprise d'une édition des œuvres de Voltaire, avec des remarques au bas des pages. La mort ne lui permit pas de l'exécuter. Ce travail se borna à l'impression de la Henriade avec des remarques (1769), et le volume même ne fut pas publié, Voltaire ayant eu le crédit d'en faire saisir l'édition.

Cependant, après un long exil, et malgré toutes les tentatives de Voltaire pour le perdre, nonseulement la Beaumelle eut la permission de revenir à Paris au commencement de 1770, mais, peu de temps après son retour dans cette ville, il fut attaché à la bibliothèque du Roi, et bientôt après une pension lui fut accordée. Il n'en jouit pas longtemps. Il mourut à l'âge de quarantehuit ans, dans la maison habitée par son ami la Condamine, qui ne lui survécut que de quelques mois (3).

(1) Voy. le Mémoire de Laurent Angliviel de la Beaumelle contre le procureur général du toi; Toulouse, 1760, In-12.

(2) Madame de la Beaumelle ayant reçu et ouvert le paquet adressé à son mari, qui était malade, voulut lui en dérober la connaissance, dans l'espoir, blentôt déçu, d'amener une réconciliation. Elle écrivit à Voltaire dans ce sens; son père, M. Lavaysse, entra en correspondance avec lul, dans le même but. Ces démarches furent inutiles.

(3) La Beaumelle laissa en mourant deux enfants en bas

Les principaux ouvrages de la Beaumelle sont la Spectatrice danoise, ou l'Aspasie mo· derne, ouvrage hebdomadaire; Copenhague, 1749-1750, 3 vol. in-8° : la Beaumelle y eut la plus grande part; - l'Asiatique tolérant, 1750, in-12; Suite de la défense de l'Esprit des lois, 1751, in-12; - Mes Pensées; Copenhague, 1751, in-12 (Voici le passage de ce livre qui déplut à Voltaire : « Qu'on parcoure l'histoire an<< cienne et moderne, on ne trouvera point d'exem << ple de prince qui ait donné sept mille écus de << pension à un homme de lettres, à titre d'homme « de lettres. Il y a eu de plus grands poëtes que « Voltaire, il n'y en a jamais eu de si bien ré«< compensés, parce que le goût ne met jamais de «< bornes à ses récompenses. Le roi de Prusse «< comble de bienfaits les hommes à talent, pré«< cisément par les mêmes raisons qui engagent << un petit prince d'Allemagne à combler de bien<< faits un bouffon ou un nain »); Pensées de Sénèque, avec le latin à côté; Paris, 1752, 2 vol. in-12; Réponse au Supplément du Siècle de Louis XIV, 1754, in-12, reproduite sous le titre de Lettres de la Beaumelle à Voltaire, 1763, in-12; Mémoires pour servir à l'histoire de madame de Maintenon; Amsterdam, 17551756, 6 vol. in-12, suivis d'un recueil de lettres de cette dame, 9 vol. in-12; Préservatif contre le déisme, 1763, in-12; - Examen de la nouvelle Histoire de Henri IV, de Bury (sous le nom du marquis de B***); Genève, 1768, in-8° cet ouvrage excita la colère de Voltaire, qui réussit à en faire mettre six cents exemplaires au pilon (voy. Barbier et Quérard, qui rapportent des faits curieux sur ce livre); - Lettre à Philibert et Chirol (dans l'Année littéraire), 1770; la Henriade, avec des remarques, 1769, in-8° : Fréron en publia une 2e édition avec des changements, sous le titre de Commentaires sur la Henriade, 1775, in-4° ou 2 vol. in-8°; - l'Esprit, ouvrage posthume; Paris, 1802, in-12.

Parmi les nombreux manuscrits laissés par la Beaumelle, nous indiquerons une traduction de Tacite, une Vie de Maupertuis, un ouvrage considérable en faveur des protestants, etc. MAURICE ANGLIVIEL.

M. Nicolas, Notice sur la vie et les écrits de Laurent Angliviel de la Bcaumelle, Paris, 1852, in-8°. Quérard, la France littéraire.- Charles Nisard, dans l'Athenæum français, 1852.

BEAUMELLE (Victor - Laurent - SuzanneMoïse ANGLIVIEL DE LA), publiciste français, fils du précédent, naquit à la Nogarède près Mazères le 21 septembre 1772, et mourut le 29 mai 1831. Appelé par la réquisition aux armées de la république, il fit les campagnes de 1793 et 1794, d'abord comme simple dragon, puis en qualité d'officier du génie. Sa santé l'obligea, peu de temps après, à quitter le ser

åge une fille, qui vit encore (1852), veuve de J.-A. Gleizes, écrivain distingué (voy, ce nom dans cette biographie), et un fils mort colonel du génie.

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vice. I enseigna ensuite à l'école centrale de Saint-Girons, petite ville de l'Ariége, la physique et la chimie. Lors de la suppression des écoles centrales, il reprit la carrière militaire; il entra au service du roi Joseph en 1808. D'abord capitaine du génie, ensuite chef de bataillon, il fit les campagnes d'Espagne, et servit sous le maréchal Gérard durant la campagne de 1815. Mis en non-activité de service, il se livra à l'étude des sciences, et surtout de la littérature espagnole. Il passa ensuite au service de don Pedro, empereur du Brésil, en qualité de colonel du génie.

Après l'abdication de l'empereur don Pedro, et lors de la réaction qui se fit sentir contre les étrangers, la Beaumelle se vit dépouillé de son emploi, et peu de temps après il mourut à Rio-deJaneiro.

La Beaumelle, qui a laissé en manuscrit des ouvrages d'une étendue considérable sur l'histoire de la Péninsule et sur la statistique du Brésil, a publié les travaux suivants : De l'excellence de la guerre avec l'Espagne, 1823, broch. de 80 p.; Encore un mot de l'excellence de la guerre avec l'Espagne; mars 1823, broch. in-8 de 36 p.; Coup d'œil sur la guerre d'Espagne de 1808 à 1814; 1823, broch. in-8° de 124 pag.; De l'Empire du Brésil considéré dans ses rapports politiques et commerciaux; Paris, 1823, broch. in-8° de 260 P.; Arithmétique maternelle; Toulouse, 1841, in-12, ouvrage posthume; - des traductions de pièces dramatiques de Caldéron, Lope de Vega, etc., insérées dans les Chefs-d'œuvre des théâtres étrangers; Paris, 1822 (1). FERDINAND DENIS.

Mich. Nicolas, Notice sur la vie et les écrits de Laurent Angliviel de la Beaumelle, Paris, 1852, in-8°.

* BEAUMER (madame DE), femme littérateur, morte en 1766, se disant parente du maréchal de Belle-Isle. Elle résida longtemps en Hollande, et mourut pauvre. On a d'elle les Caprices de la Fortune; le Temple de la Fortune;— le Triomphe de la fausse gloire ; — quelques poésies et deux allégories. Les ouvrages de madame de Beaumer ont été imprimés ensemble sous le titre d'Euvres. Le Journal des Dames paraissait sous son nom.

Histoire littéraire des femmes savantes.

BEAUMESNIL (Henriette - Adélaïde VILLARD, dite), comédienne, née le 31 avril 1748, morte à Paris le 15 juillet 1803. Elle parut sur la scène encore enfant, et à sept ans elle jouait des rôles de soubrette avec une intelligence qui promettait une habile actrice à la ComédieFrançaise. C'est à ce théâtre que mademoiselle Beaumesnil se destinait; mais les comédiens, par négligence ou par jalousie, lui témoignèrent

(1) La Beaumelle a laissé en manuscrit un beau travail sur la topographie du Brésil; ce travail a disparu lors de la mort de l'auteur, et a été vu, dit-on, il y a plusieurs années, dans une ville de la province de Minas-Geraës. (F. D.)

une froideur qui la rebuta; et comme elle était bonne musicienne, elle se tourna du côté de l'Opéra, où elle fit un brillant début, en 1766, dans la pastorale de Sylvie. Sa jeunesse, sa beauté, la grâce savante de son jeu, la précision de son chant, lui firent un parti nombreux dans le public; mais sa voix manquait d'étendue et de souplesse, et n'était pas assez docile dans les moments passionnés. Aussi l'ardeur des applaudissements diminua-t-elle bientôt, et fit place à l'estime. Cette actrice joua dans beaucoup de rôles; elle remplaça mademoiselle Arnould dans les opéras de Dardanus, de Castor et Pollux, d'Iphignénie en Aulide. Elle joua d'original dans le Carnaval du Parnasse et dans l'Union de l'Amour et des Arts. Mlle Beaumesnil était bonne musicienne; elle avait appris l'harmonie et l'accompagnement sous la direction de Clément. On lui doit la musique des Saturnales, qu Tibulle et Délic, des Fêtes grecques et romaines représentées à l'Opéra en 1784. En 1792, elle fit jouer, au théâtre Montansier, Plaire, c'est commander, ou les Législatrices, opéra en 2 actes, dont le marquis de *** avait fait les paroles. Fétis, Biogr. universelle des Musiciens. Le Ras, Encyclopedie de la France.

BEAUMESNIL (Pierre DE), archéologue, vivait dans la deuxième moitié du dix-huitième siècle. Né de parents pauvres, il se fit comédien de province, afin de pouvoir plus aisément satisfaire son goût pour les voyages et les recherches archéologiques. Il parcourut aussi plusieurs provinces en dessinant et expliquant tous les monuments qu'il rencontrait. Quoique ses travaux puissent rarement supporter l'examen de la critique moderne, ils furent récompensés par le titre de correspondant de l'Académie des inscriptions et par une pension de 1,500 francs. Il existe encore quelques cahiers de Beaumesnil à la bibliothèque Mazarine à Paris, à celle de la ville de Poitiers, et dans d'autres endroits. Cet archéologue est mort à Limoges, quelques années avant la révolution.

Feller, Dictionnaire historique, édit. de M. Weiss.

BEAUMETZ (Albert-Marie-Ausguste BRUNEAU, marquis DE), magistrat français, né à Arras le 18 janvier 1759, mort en 1824. Avant la révolution, il exerçait les fonctions de procureur général au parlement de Flandre. Il entra au corps législatif sous le gouvernement impérial, et fit, au nom de la commission de législation civile et criminelle, différents rapports sur les dispositions du code pénal. Il fit l'éloge le plus pompeux de Napoléon, ce qui ne l'empêcha pas, en 1814, de voter l'un des premiers sa déchéance. En 1815, Beaumetz siéga à la chambre des représentants comme député du Pas-de-Calais. Au retour de Louis XVIII, il fut nommé président du collége électoral de ce même département, et, peu de temps après, procureur général près la cour de Douai. Par suite de l'épuration de 1816, il rentra dans la vie privée.

Biographie des Contemporains.

BEAUMETZ (Bon-Albert BRIOIS, chevalier DE), membre de l'ancienne assemblée constituante, né à Arras le 24 décembre 1759, mort à Calcutta vers 1809. Il était premier président du conseil supérieur d'Arras, lorsqu'il fut élu presque à l'unanimité, par la noblesse de l'Artois, député aux états généraux. Il s'y montra d'abord opposé à la réunion des trois ordres; mais lorsque cette réunion fut opérée, il se rangea dans la partie gauche de l'assemblée, parmi les députés qui formaient le parti constitutionnel. Lors de la discussion sur la sanction royale, il parla pour le véto suspensif, en exigeant que le roi fût obligé de faire connaître ses motifs. Le 29 septembre 1789, après un éloquent rapport sur la réforme de la législation pénale, il fit décréter la publicité des débats judiciaires, l'abolition de la torture; demanda qu'un conseil fût accordé à tout accusé, et appuya fortement l'institution du jury. En novembre il se prononça contre la vente des biens du clergé et contre l'éligibilité des juifs. Le 27 mai 1790, il fut nommé président de l'assemblée nationale; le 24 septembre, il proposa la création de huit cents millions d'assignats; quelques jours après, il fit accorder au célèbre La Grange un traitement de six mille livres. En octobre, quand les comités déclarèrent que les ministres avaient perdu la confiance de l'assemblée, Beaumetz demanda que Montmorin fût excepté de cette déclaration. En 1791, il présenta un nouveau projet de comptabilité, fit décréter l'établissement d'un comité de trésorerie, demanda l'insertion, dans la loi sur la responsabilité ministérielle, d'un article accordant au corps législatif le droit de provoquer le renvoi des ministres, et aux citoyens celui de les accuser criminellement après leur sortie du ministère; enfin il appuya la proposition de Robespierre, portant qu'aucun membre de l'assemblée ne pourrait accepter de place dans le ministère que quatre ans après la session. Il s'opposa d'abord à l'émission de petits assignats; mais, convaincu par les arguments de RabautSaint-Étienne, il appuya fortement cette mesure, et fut un des orateurs qui contribuèrent le plus à la faire adopter. Il fit ensuite un rapport sur la manière dont l'acte constitutionnel devait être présenté au roi; puis il fit adopter un décret sur la police de sûreté, et sur la procédure par jurés. Après la session il fut nommé membre du directoire du département de Paris, et appuya, en cette qualité, la pétition adressée au roi par les prêtres insermentés, pour qu'on leur accordât la pension promise aux membres du clergé, lorsque les biens de cet ordre avaient été déclarés propriétés nationales. Accusé, en 1792, de chercher à rétablir l'ancien gouvernement, il émigra, erra quelque temps en Allemagne, puis passa en Angleterre, de là aux États-Unis, et enfin aux Indes orientales, où il mourut. Suivant une autre opinion, il aurait obtenu, après le 18 brumaire, sa radiation de la liste des émi

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française, originaire du Dauphiné. Elle remonte BEAUMONT (famille DE), ancienne famille à Humbert Ier, qui vivait en 1080, et se divise en deux branches principales, subdivisées ellesmêmes en plusieurs rameaux. La première branche est celle des seigneurs de la Freyte, d'Autichamp, des Adrets et de Saint-Quentin. Elle descend d'Artaud IV, qui en 1326 fit son hommage à Amédée, comte de Genève. Le plus célèbre de ses membres est François II, qui combattit à la bataille de Verneuil, sous le règne de Charles VII. De cette branche est issu le rameau des seigneurs de Pelafol, Barbières, la BastieRolland et Autichamp. Le premier est Humbert III, mort vers 1436, dont le fils Jacques, baron de Sassenage, acquit beaucoup de gloire à la bataille de Montlhéry. On cite encore Claude de Beaumont, seigneur de Pelafol, etc., qui suivit Charles VII en Italie; Charles, seigneur de Mirabel, d'Onay et de Saint-Christophe, qui se distingua dans les guerres de Catalogne de 1645 à 1646, et à la bataille de Lens, et mourut en 1692. La seconde branche de la maison de Beaumont est celle des seigneurs de BeaumontMontfort en Dauphiné, de Pompignan en Languedoc, et de Payrar en Quercy. Elle descend d'Amblard de Beaumont, protonotaire de Humbert II, dauphin de Viennois (voy. BEAUMONT [Amblard de]), et se divise en deux rameaux celui des seigneurs de Pompignan et Villeneuve, qui descend de Jean-Laurent de Beaumont, mort en 1743; et celui des seigneurs du Repaire et de la Roque, issu de Charles de Beaumont, mort vers 1605.

Les Beaumont antérieurs au seizième siècle sont rangés ci-dessous, par ordre chronologique; les autres sont disposés par ordre alphabétique de prénoms.

BEAUMONT (Geoffroy DE), évêque de Laon et pair, né à Bayeux au commencement du treizième siècle, mort en 1273. Il fut légat du saintsiége en Lombardie, et suivit, en qualité de chancelier, Charles d'Anjou, frère de saint Louis, au royaume de Naples. En 1265, il amena au roi de Sicile un secours de trois mille chevaux, qu'il avait réunis à Mantoue. Nommé à son retour évêque de Laon, il remplit la charge de pair, l'an 1272, au couronnement de Philippe le Hardi.

Anselme, Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France. Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France.

BEAUMONT (Amblard DE), né, à la fin du

treizième siècle, dans les environs de Grenoble, mort en 1375, fut pour son siècle un savant légiste, et devint le ministre et le confident de Humbert II, dauphin de Viennois. Le Dauphin ayant perdu son fils, et désirant se décharger du fardeau de l'administration en cédant ses États à un prince assez riche pour payer les nombreuses dettes qu'il avait contractées, était disposé à faire cette cession au roi de Naples, à qui le Dauphiné, limitrophe de la Provence, convenait admirablement. De Beaumont, qui avait toute la confiance du souverain, le détermina à écouter de préférence les propositions de Philippe de Valois. Il fut envoyé par lui en ambassade auprès de ce prince; et après deux premiers traités qui n'accordaient au roi de France qu'une succession éventuelle, et sujette à bien des incertitudes, il signa enfin à Romans, le 29 mars 1349, une convention définitive, en conséquence de laquelle eut lieu immédiatement l'abdication de Humbert II et le couronnement de Charles V, surnommé le Sage, petit-fils de Philippe de Valois. Amblard ne perdit rien de son crédit auprès du nouveau Dauphin, et conserva toute la confiance de l'ancien. Il mourut après avoir administré les affaires du Dauphin pendant vingtdeux ans.

Allard, Histoire généalogique du Dauphiné, t. III; Grenoble, 1680, in-4°. — Bourchenu, Mémoires pour servir à l'histoire du Dauphiné.

*BEAUMONT ( Jean DE), dit le Deramé, seigneur de Clichy et de Courcelles-la-Garenne, mort à Saint-Omer en juillet 1318. Il fut nommé maréchal de France en 1315, à la place du sire Miles de Noyers, qui venait de se démettre de cette dignité, et reçut le gouvernement de l'Artois. Désigné dans la même année comme arbitre dans le différend qui s'était élevé entre la comtesse Mahaud, veuve d'Othon IV, comte de Bourgogne, et les nobles du comté de l'Artois, il sut faire respecter les conventions qui avaient été arrêtées entre les parties, et rendit de grands services dans les guerres que Philippe V, dit le Long, eut à soutenir en Flandre de 1317 à 1318. A. S....Y. Pinard, Chronol. milit., t. II, p. 119. Anselme, Hist. gêneal. et chron. de la maison royale de France, t. VI, p. 658-659.

BEAUMONT (Jean de Hainaut, sire DE), célèbre capitaine français, que Froissart présente comme un héros, mort en 1356. Il était frère cadet de Guillaume Ier, dit le Bon, comte de Hainaut. Il soutint vaillamment la maison d'Angleterre, représentée alors par Édouard II et par Édouard III. Ce dernier, en reconnaissance de ce dévouement, épousa la nièce du sire de Beaumont, qui resta en Angleterre jusqu'à la mort de Guillaume. En 1345, il entra dans le parti de Philippe de Valois, qui lui offrit des avantages dignes de lui. Jean de Beaumont se conduisit avec l'intrépidité du lion à l'affaire de Blanchetaque et à la bataille de Crécy. Voyant Philippe renversé avec son cheval, qui venait

d'être tué, il saute de dessus sa monture qu'il offre à Philippe, et combat à pied à ses côtés. Colin de Hainaut, poëte de sa maison, a célébré le courage de Beaumont dans un poëme sur la bataille de Crécy.

Froissart, Chroniques.

BEAUMONT (Antoine-François, vicomte DE), officier de marine, né le 3 mai 1753 au château de la Roque, en Périgord; mort à Toulouse le 15 septembre 1805. Il était chef d'escadre en 1781, et se fit remarquer dans le combat du 11 septembre de cette année, où il se rendit maitre de la frégate anglaise le Fox. Nommé en 1789 député de la noblesse de la sénéchaussée d'Agen aux états généraux, il vota constamment avec le côté droit de l'assemblée constituante, s'opposa à la réunion des trois ordres, et protesta contre le décret du 19 juin 1790, qui abolissait la noblesse. Il se retira, après la session, en Angleterre, et ensuite en Russie. Rentré en France lors du gouvernement consulaire, il se fixa à Toulouse, où il mourut.

Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. — Biographie des Contemporains.

* BEAUMONT ( Basile), amiral anglais, né en 1669, célèbre par sa mort tragique arrivée en 1703. Entré de bonne heure dans la marine sous le patronage de lord Darmouth, il fut nommé lieutenant du Portsmouth en 1688. Il se distingua d'abord par ses exploits contre les corsaires, dont il capturait les bâtiments quand il ne les détruisait pas. Sa conduite militaire fut remarquée dans le blocus du port de Dunkerque, et dans les divers engagements qui eurent lieu avec la flotte hollandaise. Beaumont, qui avait commencé à servir sous le règne de Guillaume, fut promu par la reine Anne à la dignité de contre-amiral. Ayant reçu l'ordre de quitter l'escadre qui était devant Dunkerque, pour revenir à Rotterdam, il rentra dans les dunes avec le pressentirnent de sa fin prochaine. En effet, il s'éleva, le 26 novembre 1803, une tempête telle que, de mémoire d'homme, disent les historiens, on n'en avait vu une pareille. Les arches du pont de Londres furent enlevées par les vagues, et la ville de Bristol submergée. Trente vaisseaux furent engloutis avec quinze cents marins, au nombre desquels se trouva le contreamiral Basile Beaumont.

Burchet, Naval History, V, 15.

BEAUMONT ( Christophe DE), archevêque de Paris, né au château de la Roque, en Périgord, le 26 juillet 1703; mort à Paris le 12 décembre 1781. Entré de bonne heure dans les ordres ecclésiastiques, il devint successivement chanoine de Lyon, évêque de Bayonne, puis archevêque de Vienne; enfin, en 1746, archevêque de Paris. Jamais peut-être ce poste élevé dans la hiérarchie ecclésiastique ne fut plus difficile à remplir qu'à cette époque. La fameuse bulle Unigenitus; dirigée, comme on sait, contre les Réflexions morales du P. Quesnel, après avoir longtemps

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