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divisé le corps épiscopal français, avait été acceptée par la Sorbonne et par la majorité des évêques. Mais la conversion était loin d'être générale; un grand nombre de prêtres résistaient encore, plusieurs évêques se montraient réfractaires; et M. de Beaumont, qui, comme archevêque de Paris et proviseur de la Sorbonne, se croyait obligé par devoir de soutenir la bulle, fut entraîné à des rigueurs que ne tempéra pas toujours son caractère charitable. Ce n'est pas tout: pendant que ces controverses religieuses faisaient rétrograder les esprits jusqu'à la controverse du moyen âge, la philosophie avait ses hardis missionnaires, qui réclamaient avec force, avec éloquence, les droits imprescriptibles de la raison humaine. Ici, la lutte que M. de Beaumont eut à soutenir fut autrement vive et opiniâtre. Les cent une propositions du livre du P. Quesnel étaient tout à fait inoffensives pour la foi chrétienne, comparées à des livres tels que le Système de la nature, le Traité de l'esprit, etc. Ni les foudres du Vatican, ni les censures de la Sorbonne, ni la thèse de l'abbé de Prades (contre l'Émile, Bélisaire, etc.), ne purent en arrêter la propagation et en prévenir les effets. Les philosophes répondirent à ces condamnations par des attaques plus vives encore. Tout le monde connaît la lettre de Jean-Jacques Rousseau à monseigneur l'archevêque de Paris. Le prélat résista de toutes ses forces; mais la lutte était par trop inégale. L'orage qui s'amoncelait contre M. de Beaumont devint plus menaçant par la mésintelligence qui s'éleva entre lui et le parlement; et l'archevêque fut exilé au château de la Roque, puis à Conflans, ensuite à la Trappe. La fermeté de caractère qu'il avait déployée dans cette longue lutte ne l'abandonna pas dans la disgrâce. Le ministère le voyant résolu à combattre de tous ses moyens les nouvelles doctrines, chercha à lui faire donner sa démission, et l'y engagea par l'offre séduisante des distinctions les plus honorifiques de l'État et de l'Église : le prélat fut inflexible, et refusa tout. La devise de la maison de Beaumont était : Impavidum ferient ruinæ ; l'archevêque s'y montra fidèle jusqu'à sa mort. Si l'on peut reprocher à l'archevêque de Beaumont quelques actes d'intolérance, toujours funestes à l'Église, et un zèle dont l'ardeur alla quelquefois presque jusqu'à la violence, l'histoire s'accorde à lui reconnaître les plus nobles et les plus douces vertus que la morale de l'Évangile ait inspirées : l'oubli des injures et la charité. Nous nous contenterons de citer deux exemples. Un jour que madame de Marsan était allée lui rendre visite, elle vit sortir de son cabinet un homme qu'elle reconnut pour un des ennemis acharnés du prélat. « Je parie, monseigneur, ditelle à l'archevêque, que cet homme est venu vous demander de l'argent?» (Et, en effet, le solliciteur en avait obtenu quinze mille francs.) « Mais vous ne savez donc pas qu'il est l'auteur

d'un libelle publié contre vous?»« Je le savais,» répondit l'archevêque. Dans un temps de disette, le lieutenant de police Sartine eut recours à la charité du prélat pour soulager un peu la misère publique. Beaumont offrit cinquante mille écus : « Tenez, dit-il ; mais qu'est-ce qu'une somme si modique pour tant d'infortunés? » L'illustration de sa naissance, son savoir, et surtout la noble fierté de son caractère, lui firent une réputation européenne. Plusieurs souverains voulurent lier avec lui un commerce épistolaire; mais nul ne lui témoigna plus d'admiration que Frédéric. C'est ce prince qui, en apprenant l'exil de l'archevêque, disait : « Que n'est-il venu dans mes États, j'aurais fait la moitié du chemin! » Les lettres nombreuses que lui avaient adressées le roi de Prusse, l'impératrice de Russie, et tous ses augustes correspondants, paraissent s'être égarées; mais la famille de Beaumont conserve encore la correspondance du prélat avec Marie-Louise de France. On a de lui un Recueil de mandements de 1747 à 1779, en 2 vol. in-4°. Son tombeau, détruit pendant la révolution, fut rétabli en 1811 dans l'église de Notre-Dame.

L'abbé Ferlet, Oraison funèbre de Mgr. de Beaumont, Paris, 1784.- Le Bas, Dictionnaire encyclopédique de la France. Chaudon, Dictionnaire historique.

BEAUMONT (Claude-Étienne), architecte, né à Besançon en 1757, mort à Paris en 1811. Il vint fort jeune à Paris, et y étudia l'architecture sous la direction de Dumont, professeur à l'Académie. Après avoir travaillé quelque temps dans les bureaux de Couture, il fut, à la création du département de Paris, attaché au bureau des domaines; puis, sous l'empire, Chaptal, ministre de l'intérieur, le chargea de la construction de plusieurs monuments publics. Mais de tous ses travaux, celui qui lui fit le plus d'honneur fut la salle du tribunat, pour laquelle le jury des prix décennaux lui accorda une mention honorable. Le gouvernement ayant décidé que la Madeleine serait convertie en temple de la Gloire, ouvrit un concours sur les changements à faire à cet édifice. Les plans de Beaumont furent préférés, et payés d'une indemnité de 10,000 francs; mais un autre fut chargé de la construction. Beaumont fit ressortir cette injustice dans une Lettre à un ami sur un monument public, brochure in-4° (de 23 pages). On lui doit aussi le plan du théâtre des Variétés.

Heinecken, Dictionnaire des Artistes, etc.

*BEAUMONT (Claudio-Francesco), peintre, né à Turin en 1694, mort le 21 juin 1766. On ne sait de qui il fut élève en peinture; mais, d'après son style, on peut croire qu'il étudia les œuvres du Solimènes, ou de quelque autre maître un peu maniéré. Étant allé à Rome, Beaumont reconnut la faiblesse des maîtres vivants de l'école romaine; aussi, s'étant lié d'amitié avec le Trevisani, il se mit à étudier avec lui les anciens, surtout Raphaël, le Corrége et le Guide. De retour à Turin, grâce à l'appui de Filippo Svara, archi

tecte de la cour, il obtint des secours qui lui permirent de continuer ses études, et il partit de nouveau pour Rome, d'où il envoya à son souverain plusieurs tableaux qui lui méritèrent le titre de peintre du roi. En 1727, l'académie de Saint-Luc lui décerna celui d'académicien d'honneur, espérant l'engager ainsi à se fixer à Rome. Beaumont résista, et revint dans sa patrie, où il fut nommé premier peintre du cabinet, avec un traitement de 3000 livres. Ce fut alors qu'il peignit dans le palais du roi les Vertus des princes, les Quatre áges de l'homme, le Jugement de Paris, et l'Enlèvement d'Hélène. Ces ouvrages furent justement appréciés. Directeur de l'Académie de dessin, il donna à cet établissement une impulsion toute nouvelle, forma un grand nombre d'élèves dans tous les arts du dessin, et put se vanter d'avoir inauguré une nouvelle ère de l'écolé piémontaise. Ce fut lui aussi qui introduisit dans son pays la fabrication des tapisseries pour l'usage de la cour. Enfin, en 1736, il termina la grande galerie du palais qui porte encore son nom, et dans laquelle il peignit l'histoire d'Énée; outre 10,000 livres, elle lui valut un magnifique brillant que le roi Charles-Emmanuel passa lui-même au doigt de

l'artiste.

Les ouvrages de Beaumont sont notfibreux à Turin. Pour apprécier son mérite à sa juste valeur, Il faut voir ceux qui datent du milieu de sa carrière, tels que les fresques du palais royal, qu'il exécuta en concurrence avec les premiers maltres des autres écoles d'Italie et de France, le Saint Sépulcre de l'église Sainte-Croix, et le Saint Pierre de l'église des Minimes, un des moins maniérés de ses tableaux. Il ne faudrait pas le juger sur les œuvres de sa vieillesse, car son talent déclina avec l'âge, et Beaumont mourut à soixante-douze ans.

ERNEST BRETON.

Lanzi, Storta Pittorica. Della Valle, Note alle vite di Vasari. Ticozzi, Dizionario dei Pittori.

*BEAUMONT (Clément-Guillaume), médecin français, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. On a de lui: Tractatus de Peste; Toulouse, 1629, in-8°.

Carrère, Bibliothèque littéraire de la médecine.

BEAUMONT ( Élie DE). Voy. ÉLIE de Beau

mont.

BEAUMONT (Etienne), avocat et philosophe, né à Genève en 1718, mort en 1758 dans sa ville natale. On a de lui un ouvrage anonyme, intitulé Principes de Philosophie, Genève, 1754, in-8°, faussement attribué à Diderot, qui a, en effet, traduit les Principes de Philosophie morale par Shaftesbury. C'est au même Beaumont que sont adressées des Lettres sur le Danemark, signées par un de ses amis, nommé Roger.

Sénebier, Histoire litteraire de Genève, t. III, p. 92. *BEAUMONT (Félix-Bellator, comte DE), sénateur, ancien député de la Somme, ex-représentant à la constituante et à la législative, né

à Paris le 25 décembre 1793. Élève à l'école militaire de Saint-Cyr en 1811, il en sortit l'année suivante, pour entrer comme sous-lieutenant dans un régiment d'infanterie, avec lequel il fit la campagne de Russie, qui lui mérita, le 23 mars 1813, le grade de lieutenant. Fait prisonnier à la bataille de Dresde, il ne sortit des prisons de l'ennemi qu'au commencement de 1815. Au retour de Napoléon de l'île d'Elbe, M. de Beaumont s'empressa d'aller rejoindre son drapeau, et assista à la bataille de Waterloo. Il entra, en 1816, dans la légion des Ardennes, devenue 1er léger en 1820, passa avec le grade de capitaine dans le 61° régiment d'infanterie le 19 février 1823, et fut mis en non-activité sans solde le 6 janvier 1826. Rentré dans la vie privée, il sé livra entièrement à l'agriculture dans une de ses terres, près de Péronne. Nommé membre du conseil général du département de la Somme, ses concitoyens l'élurent, en 1839, pour les représenter à la chambre des députés, où il alla siéger dans les rangs de l'opposition. Dévoué aux principes consacrés en 1789, il y défendit avec énergie les intérêts nationaux et agricoles du pays. Membre du conseil général de l'agriculture en 1841, les électeurs de Péronné lui accordèrent, en 1842, les honneurs d'une double réélection à la chambre des députés et au conseil général du département. Resté fidèle à la ligne politique qu'il s'était tracée, ses commettants lui confièrent en 1846 un troisième mandat législatif, et il revint s'asseoir sur les bancs de la gauche. Après la révolution de Février 1848, M. de Beatimont, qui, dans les premiers jours de la république, avait rendu de grands services au parti de l'ordre, fut élu à l'assemblée constituante par 138,453 suffrages; il s'y montra, comme dans les assemblées précédentes, ami de l'ordre et de la liberté, toujours dévoué aux intérêts populaires et agricoles. Réélu en 1849 à la législative par 88,582 suffrages, ses convictions politiques né sé démenfirent point, et il vota constamment avec le parti modéré, qui était en grande majorité dans cette dernière assemblée.

M. de Beaumont, qu'une rare modestie avait toujours tenu éloigné des affaires, a été appelé à siéger au sénat par décret présidentiel du 26 janvier 1852. Il doit cette brillante position à ses talents administratifs et à ses honorables antécédents. Il saura y acquérir de nouveaux titres à l'estime de ses concitoyens. SICARD. Biographie des Sénateurs. Sarrut, Biographic des Contemporains.

*BEAUMONT (George HOWLAND ), paysagiste et amateur d'arts, né dans le comte d'Essex le 6 novembre 1753, mort le 7 février 1827. Il entreprit des voyages artistiques en France, en Italie, en Suisse, et en rapporta des objets d'art curieux. En 1790 il fut nommé membre du parlement; mais il donna bientôt sa démission, et se mit de nouveau à voyager sur le continent, à la recherche des catalogues de tableaux

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BEAUMONT (Jean), poëte anglais, né en 1582 à Grâce-Dieu (Leicestershire), mort en 1628. Jeune encore, il passa dans un des colléges de justice de la cour. En 1626, Charles Ier le créa chevalier baronnet. Michel Drydenon le chanté dans ses poëmes, et laisse croire que Beaumont est mort de chagrin. On a de lui: the Crown of thorns, poëme religieux en huit chants (inédit); Bosworth-Field, poëme sur la bataille de Bosworth; Londres, 1629; On the true form of English Poetry, publié après sa mort, 1630; et quelques traductions de poëtes latins.

Rosé, New Biographical Dictionary.

BEAUMONT (J.-T.-G. LÉPRÉVOT DE), secrétaire du clergé de France, natif de la haute Normandie, vivait dans la seconde moitié du dix-huitième siècle. Il est devenu célèbre par la découverte qu'il fit de l'acte connu sous le nom de Pacte de famine (1), et par la longue captivité dont il paya cette révélation. Le bail qui accordait à tine compagnie de monopoleurs le droit d'affamér la France avait été rénouvelé le 12 juillet 1767, par le ministre Laverdy, en faveur d'une société secrète, représentée par quatre gérants. Dans le mois de juillet 1768, le sieur Rinville, principal commis de Rousseau, l'un de ces gérants, invita Beaumont à dîner, et lui donna connaissance de l'acte de société (Pacte de famine). Beaumont étonné demanda dês éclaircissements, copia le bail sur les registres de Rousseau, compulsa les papiers du comité, et

(1) On appelle Pacte de fumine une conspiration ourdie contre les pauvres sous les règnes de Louis XV et de son successeur, et à la tête de laquelle étaient la cour, les ministres, les principaux membres de la noblesse, du clergé, de la magistrature, et les plus riches capitalistes. Le but de cette conspiration était d'acheter à vil prix et d'accaparer tous les blés du royaume, d'en exporter ou même d'en détruire une partie, afin de produire la cherté dans les années les plus abondantes, une disette affreuse dans les années médiocres, et de revendre alors à un prix exorbitant ce qui restait dans les magasins établis au dehors du royaume, et notamment dans les lles de Jersey et de Guernesey. Ces opérations avaient un double résultati: elles procuraient des bénéfices enormes à ceux qui y prenaient part, et elles augmentaient le produit des dimes que percevaient la noblesse et le clergé, dîmes que l'on recevait au moment ou l'abondance régnait encore, et que l'on avait bien soin de garder en magasin, jusqu'à ce que la famine que l'on préparait fût venue en doubler ou tripler la va

cur.

rédigea une dénonciation adressée au parlement de Rouen, qui venait de se plaindre avec énergie des accaparements. Le commis laissa cette dénonciation sur son bureau; un des associés la lut, et en fit part au ministre Sartine, qui fit arrêter Rinville. Celui-ci, interrogé pour savoir s'il n'avait point de complices, dénonça Beaumont, qui fut aussi arrêté et jeté à la Bastille. Alors commença pour lui une longue suite de tortures, qui dura vingt-deux ans. Pour le retenir prisonnier d'État plus de vingt-quatre heures, il fallut, d'après la loi, produire un chef d'accusation; Sartine manda à Phelippeaux que Beaumont et ses complices avaient écrit contre le gouvernement, et qu'il fallait le détenir longtemps pour calmer son ardeur. Phélippeaux lança aussitôt une lettre de cachet. Beaumont resta onze mois à la Bastille; on le transféra ensuite au donjon de Vincennes, où il demeura douze ans; puis il fut conduit à Charenton, de là à Bicêtre, et enfin à Bercy. On épuisa sur lui tous les genres de tortures, ét l'on fit répandrè le bruit qu'il était mort fou. Au mois de juin 1786, une dame, chargéé par sa famille de découvrir sa prison, obtint enfin, après dix ans de recherches et de démarches, la permission de visiter Bicêtre. La famille de Beaumont, instruite alors de la situation du prisonnier, lui fit parvenir de l'argent, et résolut de le délivrer. Mais la dame à laquelle il remettait ses lettres le trahissait. Il s'adressa à d'autres personnes, qui toutes le trahirent aussi. Enfin arriva la révolution. Cependant, deux mois après la prise de la Bastille, Beaumont était encore captif. Il avait écrit au ministre Saint-Priest; on avait nommé une commission, qui, suivant l'usage, resta inactive. Lorsque les membres de l'hôtel de ville voulurent aller délivrer le prisonnier, on leur répondit qu'il fallait laisser chacun exercer ses fonctions. Beaumont jeta enfin, par une fenêtre, une lettre à une personne qui passait dans la rue de Bercy; et trois jours après (5 septembre 1789), il était libre. Il employa les premiers instants de sa liberté à publier l'histoire de sa captivité (Tableau historique de la captivité de Leprévot de Beaumont, écrit par lui-même; Paris, 1791, bro chure in-8° de 184 pages), et à dénoncer à la France les infamies du Pacte de famine. On ignore quand, où et comment il est mort.

Le Bas, Dictionnaire encyclopedique de la France. BEAUMONT (Jean-François Albanis), antiquaire et agronome, né à Chambéry vers 1755, mort en 1812. Il étudia d'abord l'art militaire à l'école de Mézières, et s'établit ensuite comme ingénieur à Nice. C'est là qu'il fit connaissance avec le duc de Glocester, qui l'emmena dans ses voyages en Suisse, en Italie, en France et en Angleterre. Il passa les dernières années de sa vie dans sa terre de Vernaz, en se livrant tout entier aux sciences, et particulièrement à l'agronomie. Beaumont introduisit le premier dans son pays les mérinos d'Espagne. Outre un grand

nombre de mémoires, on a de lui: Voyage historique et pittoresque de la ville et du comté de Nice; Genève, 1787, in-fol.; Travels through the Rhætian Alps in the year 1786; Londres, 1792 et 1802; Description des glaciers de Faucigny, 1793, in-fol.;- Travels through the maritime Alps, etc.; Londres, 1795, in-fol. avec fig.; - Travels from France to Italy, through the Lepontine Alps, etc.; Description des Alpes grecques et cottiennes, ou Tableau historique et statistique de la Savoie; Paris, 1802, in-8°; 1806, 2 vol. in-4°. On y trouve des détails curieux sur les anciens bains d'Aix et sur l'arc de L. Pompeius.

BEAUMONT (Jean-Louis MOREAU DE ), magistrat français, né à Paris en 1715, mort au Mesnil le 22 mai 1785. Il fut successivement intendant du Poitou, de la Franche-Comté, de la Flandre, et des finances. On a de lui un ouvrage curieux, intitulé Mémoires concernant les impositions en Europe; Paris, 1768, 4 vol. in-4°. Chaudon et Delandine, Dictionnaire historique.

BEAUMONT (Jeanne LE PRINCE DE), femme de lettres, née à Rouen en 1711, morte en 1780. Mariée à Lunéville, elle fit déclarer son mariage nul peu de temps après l'avoir contracté, sous le prétexte d'un défaut de forme; mais dans le fait, comme elle l'écrivit à son avocat, pour ne point devenir mère d'enfants que l'inconduite de son mari lui laissait peu d'espoir d'élever. Ce fut par un roman intitulé le Triomphe de la vérité que Mme de Beaumont débuta, en 1748, dans la carrière littéraire. Ce roman, imprimé à Nancy, fut présenté au roi de Pologne par l'auteur même, qui, peu de temps après, passa en Angleterre, où elle se chargea de plusieurs éducations. Elle écrivit alors, sous le titre de Magasins, un traité complet d'éducation à l'usage des jeunes personnes. Cet ouvrage, dialogué, contient une courte instruction religieuse, morale, historique, géographique, et quelques notions sur la physique élémentaire. De petits contes (dont plusieurs, tels que la Belle et la Bête, Blanche et Vermeille, ont été arrangés pour le théâtre) égayent ces Magasins. Le style manque quelquefois de couleur; mais on ne peut trop louer la pureté de principes, la droiture et la force de raison qui ont dicté ces livres, les meilleurs peut-être que l'on puisse mettre entre les mains des jeunes filles. Tous les ouvrages de Mme Le Prince de Beaumont ont ce cachet religieux, moral et sensé, qui distingue ses premiers ouvrages. Outre les Magasins des Enfants, des Adolescents, des Pauvres, etc., qui ont d'abord paru périodiquement à Londres, elle a fait imprimer : Cida, roi de Burgo, anonyme, 1754;- Lettres de madame du Montier; · Anecdotes du quatorzième siècle; Letres curieuses; Principes de l'histoire sainte; - Instruction pour les jeunes dames; – Lettres d'Émerance; · Mémoires de ma

dame de Batteville;

· Lettres du marquis

de Royelle; la Nouvelle Clarisse ; les Américaines; le Mentor moderne; -Manuel de la jeunesse; Lettres diverses et critiques; Nouveaux contes moraux; la Dévotion éclairée; Euvres mêlées; en tout 70 volumes. Mme de Beaumont s'était mariée en secondes noces à un de ses compatriotes. A cinquante et un ans elle revint d'Angleterre en France, pour y retrouver un meilleur climat. Elle y acquit la petite terre de Chenavoi, où elle se retira en 1768. [Mme DE BRADI, dans l'Enc. des g. du m.] Biographie des femmes célèbres.

* BEAUMONT (John), dit BARBER, écrivain anglais, vivait au commencement de notre siècle. Il suivit d'abord la carrière militaire, et commanda le corps des tirailleurs du duc de Cumberland. Il changea son nom de Barber en celui de Beaumont. On a de lui: Voyage dans la partie mé ridionale de la principauté de Galles et dans le comté de Montmouth, 1803, in-8°; Considérations sur les meilleurs moyens d'assurer la défense intérieure de la Grande-Bretagne; in-8°, 1805; - l'Arcanum de la dé fense naturelle, publié sous le pseudonyme d'Hartatus; in-8°, 1808.

Galerie historique des Contemporains, Bruxelles, 1817.

BEAUMONT (Joseph), théologien et poëte anglais, né en 1615, mort en 1699. Il devint professeur royal à Cambridge, et se livra à l'étude de la théologie. Il écrivit d'abord des dissertations sur l'Epitre aux Colosses et sur l'Épitre aux Romains, et attaqua un ouvrage de Henry More, the Mysteries of Godliness, comme plein de doctrines contraires à la religion réformée. Fatigué de ces controverses, Beaumont laissa de côté la théologie, et se mit à faire des poëmes. On a de lui: Psyche or Love's mysteries, intercourse between Christand christian's soul, poëme en vingt chants; Londres, 1652. Cette œuvre, lourde et indigeste, trouva cependant des admirateurs.

Rose, New Biographical Dictionary.

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in-4°), et dépensa des sommes considérables pour l'introduction de végétaux exotiques, ainsi que pour l'entretien des jardins de la Haye et d'Amsterdam, dont Kiggelaar (catalogue du jardin de la Haye, 1690) et Comnalyn ont fait connaître les richesses. Linné mentionne van Beaumont dans la préface de son Hortus Cliffortianus, et lui attribue une partie des progrès de la botanique. H.

Linné, Hortus Cliffortianus.

BEAUMONT DE LA BONNIÈRE (Marc-Antoine, comte DE), général de division, né à Beaumont (Touraine) le 23 septembre 1760, mort le 4 février 1830. Il fut d'abord page du roi Louis XVI le 31 décembre 1777, et passa le 2 juin 1784, en qualité de capitaine, au neuvième régiment de dragons. Pourvu d'une compagnie le 5 mars 1788, il reçut le brevet de lieutenant-colonel le 22 juillet 1792, et celui de colonel le 7 août suivant. Étant à cette époque avec son régiment à Lyon, il voulut s'opposer aux excès de la démagogie : dénoncé comme suspect, il fut arrêté par ordre de l'autorité, et condamné à mort. Bientôt la nouvelle de sa prochaine exécution se répand; les dragons qu'il commandait, réunis en armes, arrêtent le fatal cortége, et annoncent qu'ils exigent que leur chef leur soit rendu. Les représentants du peuple, intimidés par une résistance à laquelle ils ne sont pas accoutumés, ordonnent l'élargissement immédiat de Beaumont, qui, rendu à la liberté, reprend son service, et conduit bientôt son régiment à l'armée d'Italie, où il servit sous Masséna, Scherer et Bonaparte. Nommé général de brigade le 25 mars 1795, il se trouva l'année suivante à Lodi, à Crémone; concourut à l'enlèvement de la redoute de Medolano, près de Castiglione; se distingua en 1799 à la bataille de Magnano, près de Vérone, où il fut blessé d'un coup de feu, puis à la bataille de Marengo. Promu au grade de général de division en 1803, il passa la grande-armée à la tête de deux divisions de dragons. Il se distingua ensuite aux combats de Wertingen, d'Ulm, et à Austerlitz; grand officier de l'ordre de la Légion d'honneur le 10 février 1806, premier chambellan de Madame Mère, membre du sénat conservateur le 14 août 1807, comte de l'empire en mars 1808, Beaumont commanda une division de cavalerie à la bataille de Wagram en 1809. Ayant adhéré à la déchéance de Napoléon, il fut appelé le 4 juin 1814 par Louis XVIII à faire partie de la chambre des pairs, reçut la croix de Saint-Louis le 27 du même mois, et ne prit aucun service pendant les Cent-Jours. Ce général, dont le nom est inscrit sur l'arc de triomphe de l'Étoile, est inhumé dans le même tombeau que le maréchal Davoust, prince d'Eckmühl, dont il avait épousé la sœur.

A. S...Y.

Victoires et Conquêtes. Arch. de la Guerre, t. V. *BEAUMONT DE LA BONNIÈRE (GustaveAuguste DE), publiciste, né à Beaumont-la-Châtre (Sarthe) le 6 février 1802. Il suivit la carrière du

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barreau, et fut, avant la révolution de 1830, procureur du roi près le tribunal de 1re instance de la Seine. En 1831, M. de Montalivet, alors ministre de l'intérieur, le chargea, de concert avec M. Alexis de Tocqueville, d'aller en Amérique étudier le système pénitentiaire établi dans cette partie du monde. A l'époque du procès scandaleux de la baronne de Feuchères, M. de Beaumont fut destitué pour avoir refusé de représenter le ministère public. En 1840, il fut élu député par le département de la Sarthe, et siégea, à la chambre, sur les bancs de l'opposition dite dynastique. En 1847, il se montra partisan de la réforme du système électoral par l'adjonction des capacités, et revendiqua pour les réformistes le titre de conservateurs. Nommé représentant à l'assemblée constituante après 1848, il vota avec les républicains modérés, et fit partie du comité des affaires étrangères. Il fut envoyé comme ambassadeur en Angleterre par le général Cavaignac. Réélu à l'assemblée législative, il fit rapporter le décret de la mise en état de siége de Paris après le 13 juin 1849.

M. de Beaumont est membre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1841. Il épousa, en 1836, sa cousine, petite-fille du général la Fayette. Il a publié jusqu'à présent : Note sur le système pénitentiaire; Paris, 1831; -(avec M. de Tocqueville), Du Système penitentiaire aux États-Unis, et de son application en France, 2 vol. in-8°; Paris, 1832; Maris, ou l'esclavage aux États-Unis; 4o édit., 1840; l'Irlande politique, sociale et religieuse, 2 vol. 1839; 4° édit., 1840: ces deux derniers lives ont obtenu de l'Institut le prix Montyon; État de la question d'Afrique (brochure); Paris, 1843.

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BEAUMONT DE BRIVASAC (comte DE), géographe français, né aux environs de Toulouse en 1746, mort à Paris le 3 août 1821. Avant la révolution, il fut chef d'escadron au régiment de la Reine; il émigra ensuite, et resta longtemps à Londres. Ce n'est pas lui, quoi qu'en aient dit tous les biographes et bibliographes, mais un de ses parents vivant encore, qui est l'auteur de l'Europe et ses colonies en décembre 1819; Paris, 1822, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage contient des détails précieux sur les États indépendants de l'Amérique du Sud.

Mahul, Annuaire necrol., 1821. — Quérard, la France littéraire.

BEAUMONT DE CARRIÈRE (le baron), général français, mort en 1813. Il fut aide de camp de Murat, qu'il suivit en Italie et en Égypte, et se signala à presque toutes les batailles auxquelles il assista à l'affaire de Wertigen, il se précipita au milieu des ennemis, et leur enleva un capitaine de cuirassiers qu'il entraîna dans les rangs français. Nommé général de brigade après la bataille d'Austerlitz, il passa ensuite à l'armée

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