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tor, et que celle-ci n'avait pas sa prétresse particulière. Nous avons exposé, dans nos Éclaircissemens historiques sur le contrat de Ptolemaïs (pages 32 à 36), nos doutes sur l'exactitude de cette leçon, sur la certitude du fait historique qui en résultait, et nos motifs pour y substituer, d'après l'inscription de Rosette, les mots καὶ ἱερέιας ̓Αρσινόης qui conservaient l'ordre ordinaire de ces faits; ces motifs paraissent avoir été admis postérieurement dans une Notice insérée au Journal des Savans (1) ; et comme on l'observe très-bien à ce sujet, la question est résolue par le contrat grec de la quatrième année du règne de Cléopâtre et de Soter II, analysé par M. Saint-Martin dans cette Notice que nous citons, contrat qui porte sans difficulté ἱερέας ( pour ἱερέιας ) Αρσινόης. Ainsi nos doutes et notre substitution se trouvent pleinement confirmés; et M. Young a admis cette correction dans le texte de ce contrat, qu'il vient de réimprimer dans son ouvrage tout récemment publié à Londres (2).

On trouve encore dans le même contrat de Ptolémaïs le surnom du quatrième Ptolémée, écrit evrárwp au lieu de ponάrop, et nous avons aussi indiqué ce mot comme une fausse leçon. On a cru, et MM. Letronne (3) et Saint-Martin (4) se sont rencontrés sur

(1) Notice sur quelques Manuscrits grecs apportés récemment d'Égypte; par M. Saint-Martin. Cahier de septembre 1822, page 559. (2) An Account of some recent Discoveries in Hieroglyphical Literature, and Egyptian Antiquities. London, Murray, 1823, p. 147. (3) Recherches pour servir à l'Histoire de l'Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, p. 125.

(4) Notice précitée, p. 560 et note 1.

cette idée, que Ptolémée-Philopator a pu porter aussi le surnom d'Eupator ; c'est le contrat seul et le désir d'expliquer cette espèce d'anomalie qui sont la source de cette opinion; il est vrai que Josèphe dans un passage cité par ces deux académiciens, désignant, dans l'intervalle de quelques lignes, le même Ptolémée d'abord par le surnom d'Eupator, et, un peu plus bas, par celui de Philopator (1), appuie singulièrement leur sentiment. L'on peut toutefois remarquer que le contrat de Soter II, qui porte bien le surnom de Philopator, ainsi que l'inscription de Rosette, exigent cette correction dans le contrat de Ptolémaïs; Josèphe reste donc seul avec sa legon ἐυπάτορα, qui peut être vicieuse, rectifiée même par quelque manuscrit, et qui, isolée, se trouve en contradiction manifeste avec tous les auteurs grecs qui ont parlé de PtoléméePhilopator, qu'ils n'ont jamais désigné par le surnom d'Eupator: nous inclinerions donc à corriger à la fois le texte de Josèphe en même tems que celui du contrat de Ptolémaïs, par le texte du contrat de Soter II, et par celui des autres manuscrits grecs qui désignent tous unanimement le fils de Ptolémée-Évergète I par le seul surnom de Philopator. Pour les mêmes motifs encore nous laisserions l'inscription de Paphos en l'honneur d'un Ptolémée-Eupator, au jeune fils de Philométor qui, sans nul doute, porta ce surnom d'Eupator, et régna quelques mois en Égypte, ainsi que nous l'avons suffisamment démontré ailleurs (2).

(1) Joseph., Antiq. Jud., Lib. XII, cap. 3.

(2) Annales des Lagides, II, 167. — Éclaircissemens historiques sur le Contrat de Ptolemaïs,, p. 28 à 32.

Revenant aux deux nouveaux contrats, on voit que les noms des prêtres d'Alexandre et des Ptolémées, sont suivis des noms des athlophores de BéréniceÉvergète, des canéphores d'Arsinoé-Philadelphe, et de la prétresse d'Arsinoé-Philopator; et l'on remarquera que, excepté pour la prétresse de cette dernière Arsinoé, tous les autres noms sont différens pour les deux époques de ces contrats. Ils sont trèsprécieux sous ce point de vue, puisque les autres contrats connus ne rapportent point les noms de ces prêtres dont on s'est contenté d'y mentionner le șacerdoce. Réunis aux noms de ces mêmes prêtres consignés dans l'inscription de Rosette, on a leurs noms et ceux de leurs pères pour trois époques du règne d'Épiphane; le tableau suivant les présente dans leur ordre successif et hiérarchique :

Prétres d'Alexandre et des Ptolémées.

Pour l'an IV. Démétrius, fils de Sitaltès.

VIII. Ptolémée, fils de Ptolémée, fils d'Horos

hermès.

IX. Aëtès, fils d'Aëtès.

Athlophores de Bérénice-Évergète.

IV. Aréia, fille de Diogène.

VIII. Dropion ou Tropion, fille de Ménapion.

IX. Pyrrha, fille de Philinus.

Canéphores d'Arsinoé-Philadelphe.

IV. Nisis ou Nisias ou Nisea, fille d'Apelle.
VIII. Démétria, fille de Philinus.

IX. Aréia, fille de Diogène.

Prétresse d'Arsinoé-Philopator.

IV. Irène, fille de Ptolémée.
VIII. Irène, fille de Ptolémée.

IX. Irène, fille de Ptolémée.

Cette série nous fait donc connaître dix-sept noms appartenant à sept familles différentes.

1o. Sitaldès ou Sitaltès ou Sitalcès, père de Démétrius. 2o. Ptolémée, fils d'Horoshermès, père de Ptolémée et d'Irène.

3o. Aëtès, père d'Aëtès.

4. Diogène, père d'Aréia.

5o. Ménapion, père de Dropion ou Tropion. 6°. Philinus, père de Pyrrha et de Démétria. 7°. Apelle, père de Nisis ou Nisias.

Cette liste pourra servir peut-être un jour à l'intelligence plus complète de quelque autre monument; aujourd'hui nous en retirons ce premier fait, trèsprésumable d'avance, mais qu'il était de quelqu'intérêt de dégager de toute incertitude, c'est que le sacerdoce des prêtres d'Alexandre et des Ptolémées, des athlophores de la reine Bérénice-Évergète, des canéphores de la reine Arsinoé-Philadelphe, était annuel ɤÉTEIOE. M. Letronne, dans son beau travail sur les inscriptions grecques et latines de l'Égypte, appliquées à l'histoire civile et religieuse de cette contrée, l'avait déjà conjecturé d'après le titre de dis iepèvs, deux fois prétre, que porte un Psentuaxis, dit Panuphis, dans une inscription grecque des car

rières de Gartas en Nubie (1), et nos contrats vont mettre ce point historique dans tout leur jour. Ce sacerdoce annuel était d'ailleurs d'un usage général en Grèce; l'institution des prêtres qui furent affectés au culte des rois, ne paraît remonter ni en Égypte, ni en Syrie, au-delà des tems d'Alexandre, et rien n'autorise à croire que l'Égypte des Pharaons, si pieuse envers la Divinité, eût adopté une pareille pratique. Sous les Ptolémées, elle eut donc des prêtres annuels pour ses rois et pour quelques-unes de ses reines : on comprend par là toute l'importance qui serait propre à la collection plus ou moins étendue de leurs noms dans l'ordre de leur époque, puisqu'ils pourraient être une espèce d'échelle chronologique, et ce que nous apprennent les deux nouveaux contrats réalise en partie et confirme les espérances que nous avions déjà rattachées dans un autre écrit (2) à ces diverses listes sacerdotales, dans l'intérêt des recherches historiques on doit donc de toutes parts s'appliquer à les accroître.

La comparaison des deux nouveaux contrats avec l'inscription de Rosette, nous apprend donc avec quelque certitude :

1°. Que le sacerdoce du prêtre d'Alexandre et des

(1) Recherches pour servir à l'Histoire de l'Égypte pendant la domination des Grecs et des Romains, tirées des Inscriptions grecques et latines, relatives à la chronologie, à l'état des arts, aux usages civils et religieux. (Paris, Bolland -Tardieu, 1823, in-8°.) p. 489 Voyez aussi p. 214 du même ouvrage.

(2) Eclaircissemens historiques sur le Contrat de Ptolémaïs, p. 28 et 29.

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