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soldats s'emparèrent de cette proie et s'apprêtaient à la manger, lorsque Fernandez Pacheco la prit et l'envoya au roi. Celui-ci, jugeant que celui qui lui faisait un semblable présent n'était pas près de se rendre par le manque de vivres, leva le siège et se dirigea sur Coimbra. C'est depuis lors que la villa de Celourico a dans ses armes cet oiseau qui a à peu pres la forme d'un aigle.

1248. Les Portugais, commandés par un grand nombre de leurs gentilshommes les plus illustres, secondèrent si puissamment le roi d'Espagne, D. Ferdinand au siège de Séville, que les Maures furent obligés de se retirer vers la fin de cette année-là.

1249-51. Le grand acte politique de D. Affonso 3o paraît avoir été la conquête de l'Algarve, si heureusement préparée par son frère, D. Sancho 2 :

Este que Afonso o bravo se chamɔu,
Despois de ter o Reino segurado,
Em dilata-lo cuida; que em terreno
Não cabe o altivo peito tão pequeno.

(Canto 3, estancia 94).

On désignait autrefois sous le nom d'Algarve une région beaucoup plus étendue qu'aujourd'hui, et nous avons déjà vu qu'en 1189, le roi D. Sancho 1o, après la prise de Silves, avait pris le titre de Roi des Algarves auquel les victoires des Maures le firent renoncer.

Les guerres partielles contre les musulmans de ce pays n'avaient pas discontinué, et un vaillant chevalier, Paio Peres Correa, s'était plus d'une

fois distingué dans l'Algarve. Il avait été nommé Grand-Maitre de l'ordre de São Thiago, en Castille, bien que Portugais, et lorsque D. Affonso 3o voulut renouveler là guerre contre les Maures de l'Algarve, ce fut à lui qu'il s'adressa.

Cette première expédition par terre et sur mer eut tous les résultats qu'on en attendait; la ville de Faro se rendit aux Portugais, et les Maures dont se composait la population exigèrent seulement, avant de se rendre, la conservation de leurs propriétés et le libre exercice de leur culte; Albuferra, Loulé, Algezur, Arronches et Arecena tombèrent également au pouvoir du Portugal; parmi les combattants de haute hiérarchie qui prirent part à ces combats, nous signalerons D. Theotonio, prieur de Santa-Cruz, cathédrale de Coimbra:

Olha hum Mestre que desce de Castella,
Portuguez de nação, como conquista
A terra dos Algarves, e já nella

Não acha quem por armas lhe resista :
Com manha, esforço, e com benigna estrella,
Villas, castellos toma á escala vista.

(Canto 8, estancia 25).

Hum Sacerdote vê brandindo a espada
Contra Arronches que toma, por vingança
De Leiria, que de antes foi tomada
Por quem por Mafamede enresta a lança;
He Theotonio, Prior. Mas vê cercada
Santarem, e verás a segurança
Da figura nos muros, que primeira
Subindo ergueo das Quinas a bandeira :
(Canto 8, estancia 19).

L'événement qui soumit entièrement ce petit royaume aux Portugais est réellement un curieux épisode dont nous abrégeons le récit pour nous renfermer dans les étroites limites de notre ouvrage. Une trève avait été conclue avec les Maures, et les Portugais vivaient sans défiance au milieu des populations musulmanes des environs de Tavira, lorsqu'un jour, six jeunes gentilshommes portugais, étant allés à la chasse, furent traitreusement attaqués par les Maures, et pendant qu'ils se défendaient avec un courage désespéré, un marchand de leur nation nommé Garcia Rodriguez, qui traversait le pays, courut se joindre à eux. Aucun d'eux n'échappa à la mort, mais ce combat fut digne de ces temps chevaleresques et les immortalisa. Ce fait, dont la véracité est bien prouvée, a quelque analogie avec la chronique des sept enfants de Lara. 1

Aussitôt que Paio Peres Correa apprit cette noire trahison, il courut venger les sept chasseurs, et s'empara de la ville de Tavira; ce fut cette dernière perte qui acheva de ruiner le pouvoir que les musulmans avaient conservé dans cette partie de la Péninsule :

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Vés Tavila tomada aos moradores,
Em vingança dos sete caçadores:

(Canto 8, estancia 25).

Da terra dos Algarves, que lhe fora
Em casamento dada, grande parte

1 Fernando Gonzalo, comte de Lara, vit égorger ses sept fils, appelés les infants de Lara, près du Pic de Moncayo; cet événement a inspiré un drame à Lopes de Vega.

Recupera co'o braço, e deita fóra
O Mouro mal querido já de Marte
Este de todo fez livre e senhora
Lusitania, com força e bellica arte,
E acabou de opprimir a nação forte,
Na terra que aos de Luso coube em sorte.
(Canto 3, estancia 95).

1252.-D. Alphonso de Castille ne vit pas sans jalousie les progrès des armes portugaises et porta la guerre dans l'Algarve ; le roi de Portugal vint alors à sa rencontre pour défendre ses conquêtes, mais les deux monarques, voyant à quel point serait nuisible pour les deux nations la guerre qu'ils étaient sur le point d'entreprendre, conclurent la paix et convinrent que le roi de Castille jouirait sa vie durant, des revenus des Algarves, et qu'à sa mort les Portugais resteraient seuls possesseurs de ce pays; depuis, ce droit qu'exigeaient les rois de Castille, à titre de souverains, fut converti en un secours de 50 lances que le Portugal devait fournir aux Castillans en cas de nécessité.

1253. - Dans le traité fait avec D. Affonso 10, le roi portugais s'obligeait à épouser Da Brites, princesse encore très jeune et d'une grande beauté, fille naturelle du roi castillan; ce fut pour cela qu'au profit de son ambition il répudia sa première femme, la comtesse Mathilde, au mépris de la reconnaissance qu'il lui devait pour tous les services qu'elle lui avait rendus et la vive affection qu'elle lui témoignait. D. Affonso alléguait pour se justifier de son ingratitude que la comtesse n'était déjà plus en àge d'avoir des enfants, et

que cela devait déplaire aux Portugais; mais il est tout à croire que son penchant pour Da Brites et ses visées politiques étaient les vraies causes de cette répudiation; en effet, on lui avait dit que la princesse était fort belle et, en outre, il redoutait la puissance castillane. Il eut de cette seconde union sept enfants, entre autres D. Diniz qui lui succéda au trône.

1265. Les difficultés extérieures ainsi aplanies, il survint une autre guerre terrible à laquelle jusqu'alors D. Affonso avait appliqué des palliatifs, mais qu'il ne put conjurer plus longtemps; ce fut la guerre que lui fit le clergé : le roi était aussi bon administrateur lorsqu'il s'agissait de recouvrer les recettes qu'il était déplorable gérant quant aux dépenses de l'État; jamais il n'était entré autant d'argent dans les coffres de la couronne, et jamais ceux-ci n'avaient été aussi peu remplis.

Or, il y avait trois principales causes de cette principale pénurie : la première avait son origine dans la question de l'Algarve, parce qu'alors comme maintenant l'argent était le nerf de la diplomatie; une autre provenait de la situation fausse dans laquelle s'était mis D. Affonso par l'illégalité de son avènement au trône, ayant à récompenser ceux qui l'avaient aidé à faire déposer son frère, et à payer également la déloyauté de plusieurs alcades et gouverneurs, investis de places fortes, qui tous ne s'étaient pas montrés des Martim de Freitas et des Fernandez Roiz Pacheco; enfin la troisième cause a son explication dans le caractère du roi qui n'était pas exempt

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