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résultat à l'influence des prêtres. Soupçonnant un jour le curé de la Rabatelière d'une trahison, il le fit prendre et fusiller cela hâta sa perte. Hors ce cas, personne n'a accusé ce chef de cruauté. C'était du reste, à mes yeux, le plus illustre des généraux vendéens; il ne manque à sa renommée qu'un homme de talent pour en retracer les éléments. >>

L'Empereur fit trève à ses questions pour renvoyer un morceau de poisson qu'il ne trouva pas frais, malgré l'assurance du maitre d'hôtel. Je saisis cette occasion pour supplier Sa Majesté de me permettre de l'entretenir d'une question de propriété qui était pour le Poitou d'un immense intérêt. « Sire, vous qui avez déjà réparé tant d'injustices, il en est une que vous pouvez faire cesser d'un mot. Il existe dans la Vendée de grands clos de vigne, concédés à titre de complants, c'est-à-dire que le bailleur, resté propriétaire du terrain, avait droit à la cinquième ou à la sixième partie des fruits. On a pourtant attaqué ces concessions comme entachées de féodalité, parce que un denier de cens ou un chapon par journal était ajouté à la redevance. Ce n'est pas la justice qui doit trancher cette question, c'est la politique. Sire, vous avez pourtant établi ces prestations dans le comité nantais, où le contrat à complant n'a été introduit qu'à l'imitation de la coutume du Poitou. Le preneur n'a jamais payé l'impôt avant la Révolution; il pouvait être expulsé pour mauvaise culture, sur un simple procès-verbal de constat; en un mot, il n'était pas propriétaire. Tout cela, ce sont des distinctions de gens de loi"! Encore une fois, c'est la politique et non la justice qui l'emporte ici; il n'y a pas à revenir à cet égard. Mon Dieu! la propriété féodale, acquise de bonne foi avant la Révolution, était légitime, ne fut-ce que par la prescription; on l'a supprimée cependant. Que faire à cela? se sou

mettre. >>

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Puis l'Empereur se leva et me dit : « Avertissez le conseil municipal. >>

Peu d'instants après, je rentrai au salon avec le corps municipal. L'Empereur fut gracieux. On se borna à lui demander une cloche. Il la promit, puis nous fimes place au tribunal et aux juges de paix, etc.

Pendant que j'étais au salon, les dames d'honneur avaient prié ma femme de les conduire dans un appartement supérieur. Sur la question qu'elle leur adressa pour savoir si on coucherait à Montaigu, Mme de la Rochefoucault répondit : « Le savons-nous? L'Empereur va peutêtre, dans un instant, donner l'ordre du départ! >>

En passant à Saint-Georges, l'empereur avait accordé vingt mille francs pour la reconstruction du clocher. Il semblait s'étonner de la discrétion des Vendéens, qui ne lui demandaient rien ou presque rien. Aussi l'Impératrice, alors que je parlais en bons termes de la population, paraissait-elle heureuse, et elle ajoutait : « Je vous le disais bien, sire, que c'était un bon peuple. »

Cette excellente princesse était très décolletée, encore très bien et surtout gracieuse : je ne pouvais m'empêcher, pendant le repas, de la regarder avec amour. Aussi eus-je un grand chagrin lorsque l'Empereur eut la dureté de s'en séparer.

J'oubliais de dire que l'Empereur m'avait demandé si j'avais servi. Je répondis : « Fort peu de temps, sire. Je n'étais pas de la conscription de dix-huit à vingt-cinq; mon père, s'étant opposé à ce que je continuasse le service, m'avait obtenu une place au Comité de législation. C'est après les évènements du 13 vendémiaire que je suis venu dans la Vendée, où je me suis marié. »

Au reste, je ne demandai rien, à la grande surprise de nos amis. L'idée ne nous vint même pas de présenter notre chère petite Adèle à la bonne impératrice.

Après la réception, l'Empereur donna l'ordre du départ. Il était près d'une heure lorsqu'il se mit en route, escorté par la garde d'honneur du pays, et il arriva sur les trois heures du matin à Nantes, où on ne l'attendait plus, tant la patience avait été mise à l'épreuve auparavant.

Après le départ de l'Empereur et de sa suite, un officier me demanda combien j'avais de domestiques. « Deux, répondis-je. Voilà ce que je vous prie de leur distribuer de la part de Sa Majesté. » Il y avait, en or, 360 francs que je partageai entre la cuisinière, qui était de Nantes, et un jeune domestique de Chantonnay, Corqueteau. Vous jugez de leur joie!

Le lendemain, les cancans ne manquaient pas. L'Empereur devait me nommer préfet, m'attirer au Conseil d'État... ensin ma fortune était l'inévitable suite de la réception longue et gracieuse dont j'avais été l'objet. Il y avait plus de jalousie que de bienveillance dans ces commérages. Cependant quelques-uns se rapprochaient comme devant un soleil levant.

une

On trouva, dans les désordres de la cuisine, cuillère d'argent. J'emportai cet objet à Nantes où je me rendis, le 9 août, avec M. Bernard, le sous-préfet.

A mon arrivée à Nantes, je me hâtai d'aller au palais impérial, où je remis, entre les mains de M. Leclerc, la cuillère d'argent oubliée à Montaigu. M. Leclerc, en me remerciant, me dit : « Est-ce que vous n'avez rien à demander à l'Empereur? - Mais, dis-je, que voulez-vous que je lui demande ? - Il vous a reçu avec tant de bienveillance que je ne me rappelle pas un pareil accueil. »

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Les fêtes de Nantes furent magnifiques; mais M. Bernard ni moi ne pûmes obtenir l'entrée du bal qui fut donné au Cirque du Chapeau-Rouge.

(A. TORTAT.)

Sur le passage de l'Empereur Napoléon Ier en Vendée, en 1808, on peut consulter ure plaquette de 8 pages in-8°, publiée à 25 exemplaires par Benjamin Fillon, à la date. du 8 août 1869, et imprimée par Robuchon, à Fontenayle-Comte.

Elle a pour titre : Centenaire de Napoléon 1er. Passage de l'Empereur et de l'Impératrice à Fontenay, les 7 et 8 août 1808.

Après une courte introduction, viennent :

I. Une Relation de François Quéré, alors avocat à Fontenay, écrivant, le 10 août 1808, à son ami Cacault, de Saint-Hilaire-du-Bois.

II. Itinéraire de Napoléon 1er et de Joséphine en Vendée, extrait d'un Mémoire présenté, le 11 novembre 1811, au préfet de la Vendée par les maîtres de poste du département et déposé aux Archives de la Préfecture.

III. Extrait de deux lettres de Napoléon, emprunté au catalogue de la collection de lettres autographes de feu M. Tampon de la Jarriette, ancien receveur des finances à Nantes (et originaire de la Mothe-Achard). Paris, Charavay, 1860, in-8°.

B. Fillon nous apprend en outre que le journal de la préfecture, imprimé au chef-lieu du département, inséra, en 1808, « un morceau de prose officielle et louangeuse, œuvre de Louis Anglès, secrétaire de la mairie, » et que Clémenceau de la Serrie donna à son tour un simple historique sur le passage de Sa Majesté l'Empereur en Vendée. Paris, Didot, 1810, in-8° de xu et 71 pp., avec 5 sujets dessinés et gravés par l'auteur.

EUG. LOUIS.

DÉTERMINATION

DE L'INTENSITÉ TOTALE DE LA FORCE MAGNÉTIQUE TERRESTRE

A LA ROCHE-SUR-YON (')

La détermination de l'intensité de la force magnétique terrestre comporte, comme l'on sait, trois séries d'opé

rations :

1° La première consiste à mesurer la durée d'une oscillation d'un barreau aimanté sous l'action de la terre au lieu considéré, ce qui donne le moment du couple horizontal, c'est-à-dire le produit MH du moment magnétique du barreau oscillant, par l'intensité horizontale.

2° On fait agir le précédent barreau sur un second barreau dans l'une des deux positions indiquées par Gauss, et l'on obtient le rapport des deux éléments précédents.

M

Ayant ainsi le produit MH et le quotient, on peut calculer séparément M et H.

3° Il est nécessaire de connaître l'inclinaison au lieu de l'observation.

En effet, connaissant H, on a l'intensité de la force verticale Z du couple terrestre par la relation

Z= H tg i.

(1) Ce mémoire a été lu à Paris en 1885, à la réunion des Sociétés Savantes des départements, par M. A. Adam, qui était alors professeur de physique au lycée de la Roche-sur-Yon.

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