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CHRONIQUE PAROISSIALE

PAR FEU M. L'ABBÉ LE BRASSEUR

Curé-doyen de Talmond.

En 1850, les Évêques de la province ecclésiastique de Bordeaux, réunis en Concile, exprimèrent le désir que tout curé devait, chaque année, enregistrer les faits les plus mémorables accomplis dans sa paroisse, en y ajoutant le résultat de ses recherches sur les temps antérieurs. Ce livre devait rester dans les Archives de la paroisse et constituer une histoire locale.

En conséquence de ce qui précède, Mer Baillès, évêque de Luçon, publia, le 29 septembre 1851, une lettre pastorale annonçant la fondation, dans son diocèse, d'une ASSOCIATION CATHOLIQUE, Société d'archéologie religieuse qui devait donner satisfaction aux vœux émis par les prélats du Concile de Bordeaux.

M. l'abbé Le Brasseur, curé-doyen de Talmond, se mit aussitôt à l'œuvre et jeta les premiers fondements d'une Chronique paroissiale qu'il voulut bien me communiquer et dont je vais présenter le résumé.

Coup d'œil sur Talmond, avant l'année 1580, époque où
commence la Chronique paroissiale.

Quelle est l'étymologie de Talmond? Talus montis ou Talus mundi?

Appeler revers de la montagne une légère élévation de

terrain, semblait au vénérable doyen une exagération par trop ambitieuse; il trouvait plus convenable d'appeler bout du monde la colline que domine le château, parce que, autrefois, toute la vallée étant couverte d'eau, l'éminence, sur laquelle se trouvait le château-fort, dominait une sorte de promontoire baigné par l'Océan.

Cette assertion est conforme à l'orthographe ancienne : Talmundum. De nos jours, n'est-ce pas protester contre l'orthographe officielle qu'appeler Talmondais une partie de l'ancienne principauté ?

Le plus ancien titre relatif à Talmond est une charte de 1042 par laquelle Guillaume le Chauve appelle le moine Vitalis, abbé de Saint-Goldas de Rhuys, à gouverner l'abbaye de Sainte-Croix qu'il venait de fonder.

M. l'abbé Le Brasseur pensait que Talmond, comme centre de population, remontait à une époque beaucoup plus reculée. En effet, pour protéger la plage unie qui environnait le château et la mettre à l'abri soit des incursions des Sarrasins d'Espagne, soit du pillage des Normands, il est vraisemblable que l'on dût s'emparer d'un point aussi important et le munir de moyens de défense. A l'appui de cette opinion, l'on peut citer le chemin qui, de Luçon à Olonne, traverse le Talmondais et qui porte encore le nom de Chemin des Sarrasins. A Sainte-Flaive, l'on trouve des fossés qui ont gardé la même dénomination.

La fondation du château dut amener celle de la ville, qui était fermée, entourée de douves et de remparts, dans tous les endroits où la mer n'atteignait pas ses murailles. Plusieurs portes tenaient lieu de fortifications: près du Puits-Doux, la porte Potet; du côté de la Roche-sur-Yon, la porte qui ne fut détruite que pour livrer passage à la route de Nieul-le-Dolent; des autres issues, qui durent exister, il ne reste pas vestige. Mais l'on peut encore

suivre la ligne des fossés, qui subsistent en partie, quoique « menacés de destruction prochaine par l'administration << des ponts et chaussées. »

Au midi et à l'est, la population n'a pas été déplacée. La ville avait anciennement l'étendue que nous lui voyons aujourd'hui. De l'est au nord, le bras de mer qui venait battre les murailles s'opposait à toute construction et l'on peut suivre encore les fossés « qui, longeant les prairies << de Cadoret, passaient derrière la Ménardrie, envelop<< paient le vaste terrain en face, au nord-ouest de la << ville et allaient au-delà de l'emplacement du jeune châ<«<teau, finissant par se perdre tout à fait à l'ouest, dans «la vallée, maintenant cultivée, où l'on aperçoit l'ancien << emplacement des douves, derrière les ruines de sa << vieille forteresse.

<< Tout ce terrain, actuellement livré à la culture, sur << lequel la charrue passe désormais sans rencontrer « d'obstacle, était jadis habité. On est forcé de le reconnaî<< tre pour ainsi dire à chaque pas, car il est difficile d'y << faire la moindre excavation sans rencontrer des débris << de constructions, preuves incontestables des habitations

qui, en cet endroit, couvraient le sol. Le nom de quel« ques-uns de ces quartiers a survécu à leur disparition << et plusieurs vieillards en ont gardé le souvenir. Ainsi « l'on m'assure que le chemin qui longe la ville, tout à << fait au nord, et sur lequel on n'aperçoit que deux ou << trois maisonnettes d'assez chétive apparence, s'appe<< lait la rue de la Fontaine qui était bordée de deux belles « rangées de maisons. Le vaste champ situé au-delà du «fossé de ce même chemin, ainsi que les jardins de la « Ménardrie, formaient le quartier Ancelin ou plutôt « Ascelin, du nom d'Asceline, la fille bien-aimée de <«< Guillaume le Chauve. Quant au quartier populeux qui << se trouvait à l'ouest de la Ménardrie, je ne saurais << en dire le nom; il a dû disparaître devant la nouvelle

<< dénomination de cette partie de la cité. C'est là, en « effet, qu'après la démolition de la vieille forteresse, en « 1627 ou 1628, les princes de Talmond construisirent «<leur nouvelle demeure, habitation splendide qui a vu << naitre l'honorable famille Bréchard, de Fontenay-le<< Comte. Le père de feu M. Benjamin Bréchard occupait << encore, en 1793, cette résidence, probablement en qua«lité de sénéchal. Mais le jeune château ayant été con«< verti en caserne, les soldats de la République démoli<< rent les appartements supérieurs afin de se chauffer << avec les poutres de la charpente, pendant qu'ils habi<< taient le rez-de-chaussée. Aujourd'hui, il ne reste abso<< lument rien de cette magnifique demeure, si ce n'est le << nom de Jeune Château, conservé à son emplacement.

<«< Une autre preuve de la splendeur passée de la ville « de Talmond et de sa nombreuse population qui lui << donnait autrefois et la vie et l'éclat, résulte encore, << selon moi, de la quantité d'anciens cimetières que l'on << a decouvert à plusieurs reprises et sur plusieurs points.>>

M. l'abbé Le Brasseur pense que l'église actuelle a été construite sur l'emplacement qu'occupait celle qui fut détruite par les protestants. Outre le cimetière, qui entoure l'église et qui servait depuis longtemps de champ de repos aux habitants de Talmond, l'abbaye de SainteCroix avait le sien et, près du jeune château, on trouve des traces de sépultures. Une église y était-elle jointe? — C'est probable, répond M. le curé, — « La piété de « nos pères, leur foi vive ne leur permettaient point d'é<«<loigner du sanctuaire les défunts dont le souvenir leur << était toujours cher et dont les besoins spirituels ne << pouvaient cesser d'être présents à leur pensée. Ils ai<< maient, au contraire, à les faire reposer à l'ombre de <«<l'autel, à les faire participer, du moins autant que pos«<sible, à l'ineffable sacrifice qui, tous les jours, est offert << pour les morts aussi bien que pour les vivants. »

Des fondations assez considérables furent trouvées en cet endroit. Faut-il, comme le suppose l'auteur de la Chronique paroissiale, les attribuer aux premières assises de l'église dédiée à saint Pierre et à saint Barthélemy? Convient-il mieux de ne les considérer que comme des débris de l'ancienne résidence des princes de Talmond? En l'absence de renseignements précis, il est impossible de rien certifier.

La construction de la route de Jard fit découvrir un autre cimetière dans le champ de la Chapelle, à l'endroit même où se trouvait la chapelle de l'Aumônerie dont quelques personnes âgées ont aperçu les derniers vestiges. L'entrepreneur voulait exploiter un banc de cailloux : avant de l'atteindre, il rencontra un banc d'ossements et dut renoncer à son projet.

Enfin, le champ de repos le plus vaste était celui de l'église abbatiale et paroissiale de Sainte-Croix. Quelque part que l'on creuse dans cet enclos fort étendu, l'on trouve plusieurs couches de cadavres superposés et séparés dans tous les sens par des pierres plates de peu d'épaiseur. Dans un de ces compartiments, on découvrit récemment un petit pot contenant une bougie « placée avec une intention sym<< bolique qui se rattache à cette même pensée qui nous fait << allumer un ou plusieurs flambeaux auprès de la per<<< sonne qui vient de rendre le dernier soupir, afin d'indi<< quer, par ce moyen, que le défunt a persévéré jusqu'à << la fin dans la foi de l'Église. »

<«< Un autre fait, capable d'éveiller l'attention des ar«< chéologues, c'est la division de la ville par quartiers ou << cantons, comme on les appelait alors. Chaque canton << avait son puits, appartenant, je ne dirai pas à la com<«< mune, mais à la généralité des habitants, car je n'ai << trouvé, dans les papiers qu'il m'a été donné de com<< pulser, aucune trace, aucune indication qui ait pu me

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