Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

où se trouvait la reine. Le même jour, dans l'après-midi, la nouvelle s'en répandit à Londres, dont les habitants apprirent la mort de la reine d'Écosse avec les transports fanatiques qu'ils avaient montrés quelques mois auparavant, lors de sa condamnation. Toutes les cloches de la ville sonnèrent, et des feux de joie furent allumés dans toutes les rues1.

Quel fut l'effet produit par cette tragique et audacieuse exécution sur les rois de l'Europe, et quelles en furent les suites pour Élisabeth? C'est ce que nous exposerons dans un dernier article.

MIGNET.

ESSAI SUR L'HISTOIRE DES ARABES, avant l'islamisme, pendant l'époque de Mahomet, et jusqu'à la réduction de toutes les tribus sous la loi musulmane, par A.-P. Caussin de Perceval; Paris, 1847 et suiv.

DEUXIÈME ARTICLE 2.

Une partie du premier volume de cet important ouvrage est consacrée à l'histoire du Yémen ou Yaman. Cette contrée, qui, grâce à sa fertilité, à l'importance de ses productions, avait mérité chez les anciens le nom d'Arabie heureuse, qu'elle conserve encore aujourd'hui; qui, par suite de son admirable situation, semblait destinée par la nature à devenir l'entrepôt d'un immense commerce, à entretenir des relations de négoce avec les vastes pays de l'Inde et de l'Afrique, n'avait pu manquer, dès les premiers temps historiques, d'attirer sur son territoire ces colons pour lesquels les jouissances de la vie opulente avaient plus de charmes que la vie libre, mais triste et monotone des solitudes de l'Arabie déserte; et bientôt une nombreuse population avait couvert ces plages et exploité les richesses du sol, ainsi que celles qui étaient dues au commerce. Aussi, nous apprenons par le récit de Moïse que Yoctan, fils d'Eber, se fixa dans cette contrée. Et un de ses fils, appelé Scheba, communiqua à tous les habitants du pays son nom, dont les auteurs grecs et latins ont formé celui de Sabéens. Il est probable que cette première colonie n'occupa qu'une partie de l'Arabie heureuse, car, suivant le témoignage

[ocr errors]

Châteauneuf au roy, dépêche du 27 fév. Bibl. nat., fonds de Béthune, n° 8880, autographe. Voir, pour le premier article, le cahier d'acut 1849.

2

T:

de Moïse, elle habitait le pays qui s'étend depuis Mescha, vp, la Muza des Grecs, jusqu'à Sefar, et la montagne de l'Orient. Or, si je ne me trompe, cette ville de Sefar répondait à celle de Safar ou Dhafar, située au midi de Yérim, et la montagne de l'Orient était cette même montagne que l'on désigne sous le nom de Sumara. Outre le nom de Scheba ou Saba, 2, qui, avec le temps, s'étendit à toute la contrée du Yémen, nous trouvons dans la Bible un autre nom qui ne diffère de celui-ci que par une seule lettre, je veux dire celui de Seba, 20. Les peuples auxquels s'applique cette dénomination n'avaient rien de commun avec ceux de Scheba, puisqu'ils descendaient de Kousch ou Couch, fils de Cham. Mais dans quel pays faut-il chercher leurs demeures? Si l'on en croit M. Caussin « le peuple Chamite issu de Saba, «fils de Couch, et le peuple Sémite, issu de Saba fils du Yoc«<tan, paraissent avoir occupé ensemble, au moins pendant plusieurs <«< siècles, une même contrée méridionale de l'Arabie. » L'auteur va plus loin: il suppose que le royaume d'Abyssinie fut fondé par une colonie sortie de la péninsule arabique. Il est porté à voir dans ces colons les Sabéens Couchites, obligés, soit en totalité, soit en majeure partie, de quitter l'Arabie, par suite de quelque circonstance politique. Il pense que cette migration des Sabéens Couchites doit être regardée comme postérieure à l'époque où écrivait le prophète Isaïe; et que, probablement, elle aura eu lieu, au plus tard, sept siècles et demi avant notre ère. Il croit reconnaître, dans ces Sabéens Couchites, les Adites, qui, suivant quelques légendes arabes, descendaient de Cham, étaient d'une taille gigantesque, et avaient habité le pays de Saba. « Ces rapprochements, <«< dit-il, me semblent, non pas prouver, mais rendre au moins probable, « que les Couchites Sabéens et les Adites sont une même nation. Si <«<l'on admet leur identité, on pourra penser que le souvenir de l'émigra«tion des Sabéens Couchites, expulsés du Yémen par les Sabéens Yecta«nides, et de la séparation définitive de ces deux peuplades homogènes, <«<et auparavant voisines, s'est perpétué parmi les Arabes, dans l'expres

ذهبوا ou تفرقوا ایدی سب sion proverbiale : Se diviser comme les Sabeens »

«.» Ces idées sont, à coup sûr, ingénicuses, mais j'oserais ne pas les adopter; d'abord, tout ce qui concerne les Adites, le pays qu'ils habitèrent, leurs mœurs, leur taille, est tellement environné de fables, qu'il serait impossible de fonder sur ces traditions mensongères une hypothèse historique tant soit peu vraisemblable. Rien, d'ailleurs, n'indique que les Adites aient jamais été désignés par le nom de Sabéens.

1 1 P. 42.

Rien ne démontre, ce me semble, que l'empire d'Abyssinie ait dù sa fondation aux Arabes. Comme la partie de cet empire qui avoisinait les rivages de la mer Rouge était peu distante de l'Arabie heureuse, et entretenait avec cette contrée des relations de commerce extrêmement intimes, on conçoit très-bien que de nombreux colons aient, à différentes époques, passé d'un pays dans l'autre. Et ce fait suffit pour expliquer comment, dans le Tigré et les provinces voisines, on parle un langage qui offre une si grande analogie avec l'arabe et les autres idiomes sémitiques.

Aucun passage de la Bible ne donne à entendre que le peuple appelé Seba, &, ait jamais habité l'Arabie. Partout nous le trouvons nommé avec des nations africaines. Dans un passage du prophète Isaïe, il se trouve joint à l'Égypte et à Kousch, c'est-à-dire aux peuples qui habitaient au midi de cette contrée, et que les anciens réunissaient sous la dénomi nation d'Éthiopiens. Plus loin, il est fait mention des travaux de l'Égypte, du négoce de Kousch et de celui de Seba. D'après ces indications, l'historien Joseph a supposé que le nom Seba ou Saba avait désigné le royaume de Méroé. Et cette hypothèse a obtenu le suffrage de plusieurs critiques modernes, entre autres de J. D. Michaelis, de Gesenius, etc. Mais je ne crois pas devoir souscrire à cette opinion. L'identité de Méroé et de Seba n'est appuyée que sur une conjecture, et n'a pour fondement aucun témoignage historique.

En second lieu, le pays de Méroé se trouvait naturellement compris dans la dénomination de Kousch par laquelle, comme je l'ai dit, des Hébreux désignaient d'une manière générale toutes les vastes contrées qui s'étendent au midi de l'Égypte. Il me paraît plus naturel d'admettre que, par le mot Seba, il faut entendre les provinces d'Afrique situées sur le rivage de la mer Rouge, et qui, à cette époque comme plus tard, étaient l'entrepôt d'un immense commerce; c'est ce qui explique l'expression du prophète Isaïe : « le négoce de Seba. » Si, dans un passage des psaumes3, l'on trouve ces mots adressés à Dieu : « Les rois de Scheba « et de Seba vous offriront des présents, » la réunion de ces deux mots n'a rien qui doive surprendre, et n'indique pas nécessairement que les deux peuples dont il est mention habitaient, l'un auprès de l'autre, dans la Péninsule de l'Arabie. Car, comme il existait un commerce trèsanimé et des relations très-fréquentes entre les peuples de la côte orientale de l'Afrique et ceux de l'Arabie, on conçoit très-bien comment ces nations se trouvent ici rapprochées et placées à la suite les unes des autres.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small]

quoique tous , تغرقوا ایدی سبا ou ذهبوا ايدى سبا Quant à l'expression

les écrivains arabes y voient une allusion à la dispersion des Sabéens, j'avoue que je ne saurais souscrire à cette opinion, que ne justifie pas, ce me semble, la liaison des mots du texte. Si je ne me trompe, il faudrait traduire : «Ils ont été dispersés par les mains de Saba. » Et on devrait y reconnaître une allusion, non pas à une séparation violente des Sabéens, mais à une dispersion de plusieurs peuplades arabes qui, écrasées par les armes des Sabéens, avaient été contraintes de fuir dans toutes les directions pour se soustraire à la fureur de ces redoutables ennemis.

Comme l'Arabie heureuse fut, dès les temps les plus reculés, le siége d'un ou de plusieurs empires puissants, on doit regretter qu'il n'existe, sur l'histoire de ce pays et de ses habitants, que des traditions ou fausses ou fort incomplètes. Les écrivains grecs et latins n'ont consacré à ce qui concerne ces peuples aucun récit tant soit peu circonstancié; quelques phrases isolées, quelques noms, quelques dates, voilà tout ce que l'antiquité grecque et latine nous offrent sur ce sujet intéressant. Comme les Sabéens ou Himiarites paraissent avoir eu, durant une longue suite de siècles, une existence brillante; que les arts de la paix comme ceux de la guerre avaient, sans doute, été portés chez eux à un haut degré de perfection, leur histoire devait offrir, sans aucun doute, bien des faits dignes d'être transmis à la postérité. On peut donc supposer avec vraisemblance que des écrivains nationaux, animés par le sentiment du patriotisme, s'étaient appliqués à recueillir les faits qui honoraient leurs ancêtres et leurs contemporains. Malheureusement, ces ouvrages, s'ils ont existé, ont disparu. complétement; et, pour ce qui concerne l'histoire de l'Arabie heureuse, nous ne trouvons d'autres monuments indigènes que quelques inscriptions gravées sur les ruines d'anciens édifices, et qu'on lit encore bien imparfaitement. Toutefois, est-il bien certain qu'il n'existe plus aucun ouvrage composé dans la langue des habitants de l'Arabie heureuse? Jusqu'à ce que l'on ait acquis, sur ce sujet, une triste certitude, j'aime à me persuader le contraire; certes, comme je l'ai dit, il est impossible qu'un empire florissant, et dont l'existence se perpétua durant une longue suite de siècles, n'ait pas eu des monuments historiques et littéraires. Or, quand ce pays tomba sous la domination des Arabes musulmans, ceux-ci n'avaient aucun motif de détruire avec acharnement les productions intellectuelles d'un peuple contre lequel ils n'avaient réellement aucun motif de haine. D'un autre côté, les indigènes, en perdant leur indépendance, en passant sous une domination étrangère,

avaient un intérêt national à se consoler de leur asservissement, en cherchant dans le passé les vestiges de leur grandeur anéantie; ils devaient donc conserver, avec un soin religieux, les monuments de leur histoire et de leur littérature. Enfin, les Musulmans, maîtres du Yémen, ont dû être curieux de connaître et d'approfondir le langage qu'avaient parlé, durant tant de siècles, leurs nouveaux sujets; il est probable que les philologues arabes s'attachèrent à recueillir des grammaires et des vocabulaires de cet idiome. Le nombre de mots himiarites, cités par les lexicographes et les grammairiens arabes, semble déposer en faveur de cette opinion. Si des ouvrages de ce genre existent encore, c'est, vraisemblablement, dans la bibliothèque de l'imam de Sana qu'on peut s'attendre à les découvrir. Nous engageons les voyageurs qui pénétreront dans l'intérieur du Yémen à diriger leurs recherches vers un objet si intéressant.

Les Arabes, en rédigeant leurs chroniques, ne pouvaient négliger les événements qui avaient signalé l'histoire d'une partie si importante de leur nation. Mais, par malheur, écrivant à des époques fort éloignées de celles où avaient eu lieu les faits relatifs aux Himiarites, n'ayant jamais consulté les historiens indigènes dont le langage leur était, ou tout à fait inconnu ou imparfaitement compris, ils n'ont réuni, sur ce qui concerne ce peuple, qu'une suite de traditions qui sont loin d'avoir l'authenticité nécessaire.

Quatre écrivains principaux, Hamzah-Isfahani, Tabari, Masoudi et Nowaïri, ont, dans leurs compilations historiques, recueilli un assez grand nombre de faits qui ont rapport à l'Arabie heureuse. Leurs extraits, réunis par A. Schultens et traduits par lui en latin, ont été publiés, longtemps après la mort de ce savant, dans un recueil qui porte pour titre Historia vetustissimi imperii Joctanidarum. . . . . Franequerræ, 1786, in-4°.

M. Caussin a mis à contribution tous ces matériaux, en y joignant ceux que présentent différents ouvrages historiques qui avaient échappé à la connaissance du docte Hollandais. A l'aide de ces renseignements, et en suivant les traces de feu M. Silvestre de Sacy, il a essayé de reconstruire une histoire chronologique de l'Arabie heureuse. Les efforts tentés par ces deux savants sont vraiment bien méritoires, leurs conjectures fort ingénieuses, et on ne peut nier qu'ils ne soient arrivés à plusieurs résultats satisfaisants; mais, d'un autre côté, ils n'ont pas pu toujours lutter avec fruit contre les vices inhérents au sujet, contre la confusion qu'a introduite, dans cette partie de l'histoire, l'incurie d'écrivains complétement dépourvus de critique.

« VorigeDoorgaan »